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tions. Tâchez de tirer quelque chose d'un employé du télégraphe électrique, si vous pouvez! Indépendamment de ce que nous sommes par état obligés à la discrétion la plus absolue, on nous fait déposer, pour plus de sécurité, une somme assez ronde (500 liv. st.). Il n'y a done rien à tirer de nous, je vous assure. Il ne faudrait pas qu'il en fût autrement, car on transmet souvent par cette voie des choses de la plus haute importance; il faut donc que la confiance que nous inspirons soit entière, et que notre discrétion soit au-dessus même du soupçon.

Il me montra ensuite son logement. Près de son bureau était un petit salon, et, en face, se trouvait la cuisine. Les chambres à coucher, étaient à l'étage supérieur, et, quoique tout cela fût établi sur une petite échelle, il y avait cependant tout le confortable désirable. J'en fis la remarque à ma nouvelle connaissance, en louant la propreté et la bonne distribution de ce que je voyais.

Oui, me répondit-il, ce que vous dites est fort juste. La compagnie n'a rien ménagé pour le confortable, tout cela est parfait, et, en vérité, il n'en pouvait guère être autrement; car, étant obligés d'être toujours à notre poste et sur le qui-vive, nous n'y pourrions tenir sans toutes ces petites commodités. Aussi, mon frère et moi nous trouvons-nous assez heureux.

– Je supposerais volontiers que ce genre d'occupation, indépendamment du plaisir qu'il porte en lui-même, doit avoir pour vous personnellement un attrait tout particulier.

Et vous auriez raison de le penser, me répondit-il; d'abord, cette occupation a eu pour moi un charme inexprimable. J'y trouvais quelque chose de mystérieux, et c'était avec un sentiment étrange, qui ne ressemblait à rien de ce que j'avais éprouvé jusqu'alors, que je m'exerçais à converser de si loin avec d'autres employés, et à épier, pour ainsi dire, leurs physionomies sur ce cadran. Mais, une fois la nouveauté passée, ce charme disparut; aussi, quoique mes occupations soient restées les mêmes, elles n'ont plus pour moi le plaisir que j'y trouvais dans l'origine.

Avez-vous été longtemps, lui demandai-je, à apprendre les manœuvres du télégraphe?

- Non, pas très-longtemps. Ce n'est pas très-difficile ; mais il faut beaucoup de temps pour apprendre à traduire les communications qu'on reçoit, c'est-à-dire pour le faire vite et faciment. La rapidité de la transmission d'un message dépend surtout de l'employé qui le reçoit; car, s'il est vif et intelligent, il comprendra avant qu'on lui ait tout dit, et comme il ira, pour ainsi dire, au-devant de son collègue jusqu'à moitié chemin, le message sera transmis avec une extrême rapidité.

A ce moment, le marteau de la cloche d'avertissement, qui, avant que nous passassions dans le petit salon, avait été arrêté, recommença son bruit effrayant.

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- Ah! dis-je à l'employé, voilà quelqu'un qui veut vous parler.

Nous vinmes sur la porte du petit parloir, et nous regardâmes les aiguilles dans le bureau. Elles allaient en avant et en arrière, avec leur clic-clic ordinaire.

Est-ce pour vous? lui demandai-je.

Oui, me dit-il, tant de coups à droite, tant de coups à gauche; cela m'indique la station de ***.

- De quoi s'agit-il? demandai-je en examinant les deux aiguilles, dont les divers mouvements sur le petit cadran, avaient évidemment un sens.

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Il s'agit du prochain convoi de demain, auquel on nous dit d'ajouter quelques waggons.

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Est-ce encore de Londres qu'on vous parle?

Non; maintenant c'est de la station de

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Je pus alors juger avec quelle vivacité mon compagnon traduisait les mouvements des aiguilles. A chaque instant, il faisait le signe Je comprends, Il le répéta coup sur coup, et je lui demandai la signification de cette manœuvre inusitée.

- Cela veut dire : « Répétez ce que vous avez dit. » Car je ne comprenais pas ce qu'il disait, et, ainsi que je l'avais deviné, mon correspondant avait commis une erreur.

Il se mit alors à lui répondre, et il le fit avec une rapidité surprenante. Les mots partaient de ses doigts aussi vivement

qu'ils tombent des lèvres de quelqu'un qui parle. Après divers mouvements en arrière et en avant, les aiguilles s'arrêtèrent. Bientôt elles reçurent une vive secousse, et se précipitèrent sur l'un des côtés avec une agitation bien marquée. Il n'y avait là aucune hésitation. Clic! clic! clic! à droite! à gauche! à droite! Cela se fit sans intervalle, et la réponse demandée fut aussitôt transmise de notre station à la station de ***.

La nuit arriva et nous trouva assis devant le feu. Or, un feu de charbon de terre brûlant dans une grille a un attrait irrésistible pour un Anglais qui est absent depuis longtemps de sa vieille Angleterre. C'était précisément le cas où je me trouvais; aussi, m'étais-je installé au centre du foyer comme quelqu'un qui rencontrait là un objet plein des plus agréables souvenirs. C'était une situation calme, douce et joyeuse. Tout à coup le cliquetis des aiguilles se fit entendre de nouveau.

Ah! ah! dit mon camarade en se levant, ceci vient de la slation de ***. C'est un de mes amis qui me parle, ajouta-t-il. Il désire savoir si je sortirai dimanche prochain ou non. Je lui réponds que je pense sortir, dit-il, en articulant les mots de sa réponse en même temps qu'il les faisait dire par les fils électriques. Il me demande si je suis seul.

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Non

unami

((— Je suis enchanté que vous ayez quelqu'un avec vous, car c'est diablement ennuyeux d'être seul, » fut-il répondu.

Presque tous les soirs, me dit mon camarade, nous faisons ainsi une petite conversation, avant de commencer la nuit. Il a donc tort de se dire seul, puisqu'il peut causer avec moi.

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Qui est avec vous ?» demanda l'ami solitaire de la sta

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répondu.

Quelqu'un que vous ne connaissez pas, » lui fut-il

Je vous en prie, dis-je en riant à mon camarade, donnezlui une énigme à deviner, demandez-lui, de ma part : « Quand est-ce qu'Adam a en sa première canne? »>

((- Quand Eve lui fit cadeau du petit Caïn (en anglais on pronce Cane), » fut-il immédiatement répondu.

Que le ciel confonde votre joyeux ami, m'écriai-je, il savait cela d'avance.

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Et nous rimes tous les deux de grand cœur.

Mon ami transmit une exclamation au moyen des fils électriques.

Regardez donc vos aiguilles ! lui dis-je; elles s'agitent

encore.

Oui, oui, me dit-il; mon ami exprime sa gaieté, il rit de tout son cœur.

Quatre coups de la machine lui transmirent notre bonne humeur et le rire auquel nous nous livrions aussi. Ils furent suivis d'un autre rire vigoureusement exprimé et d'un « bonne nuit auquel nous ripostâmes par un « Nous vous souhaitons une bonne nuit, » et notre petite conversation s'arrêta là.

Et aussitôt, ayant fait le même souhait à mon camarade, je l'abandonnai aux longues heures qui le séparaient encore du matin, en compagnie de cette machine merveilleuse, qui, bien que sans vie, est douée d'une si grande sensibilité, qui prend une existence dans les mains de celui qui s'en sert, et dont les plus légères vibrations sont appréciables comme le sont les pulsations du cœur, indiquant un reste de vitalité par d'imperceptibles battements.

L.-J. FAVERIE.

AU RÉDACTEUR.

Meeting anniversaire des enfants des écoles de charité dans la cathėdrale de Saint-Paul.

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Choeur de six mille cinq cents voix.

Londres, le...

Monsieur,

Le 5 juin dernier a eu lieu dans la cathédrale de Saint-Paul la réunion annuelle des enfants élevés par la charité dans les

écoles de Londres. J'avais lu il y a plusieurs années ce que M. Fétis a écrit sur cette cérémonie; je m'attendais donc à quelque manifestation remarquable, mais la réalité a dépassé de beaucoup les promesses de mon imagination.

C'est la chose la plus extraordinaire que j'aie vue et entendue depuis que j'existe.

Soyez persuadé, monsieur, que je n'emploierai pas légèrement dans mon récit les expressions admiratives.

Un lambeau de journal, tombé par hasard entre mes mains m'apprit que l'anniversary meeting of the Charity Children allait avoir lieu. Je me mis aussitôt en quêté d'un billet, qu'après bien des lettres et bien des démarches je finis par obtenir de l'obligeance de M. Gosse, le premier organiste de Saint-Paul. Dès dix heures du matin, la foule encombrait les avenues de l'église; je parvins, non sans peine, à la traverser. Arrivé dans la tribune de l'orgue destinée aux chantres de la chapelle, hommes et enfants, au nombre de soixante et dix, je reçus une partie de basse qu'on me priait de chanter avec eux, et un surplis qu'il me fallut endosser, pour ne pas détruire, par mon habit noir, l'harmonie du costume blanc des autres choristes. Ainsi déguisé en homme d'église, j'attendis ce qu'on allait me faire entendre avec une certaine émotion vague, causée par ce que je voyais. Neuf amphithéâtres presque verticaux, de seize gradins chacun, s'élevaient au centre du monument, sous la coupole, et sous l'arcade de l'est devant l'orgue, pour recevoir les enfants. Les six de la coupole formaient une sorte de cirque hexagone, ouvert seulement à l'est et à l'ouest. De cette dernière ouverture partait un plan incliné, allant aboutir au haut de la porte d'entrée principale, et déjà couvert du peuple immense qui pouvait ainsi, des bancs même les plus éloignés, tout voir et tout entendre parfaitement. A gauche de la tribune que nous occupions devant l'orgue, une estrade attendait sept ou huit joueurs de trompettes et timbales. Sur ce théâtre, un grand miroir était placé de manière à réfléchir pour les musiciens les mouvements du chef des chœurs, marquant la mesure au loin, dans un angle au-dessous de la coupole, et dominant toute la masse chorale. Ce miroir devait servir aussi à guider l'organiste tournant le dos au chœur. Des

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