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poraine de l'idée d'espace, mais on peut mais il faut dire qu'elle lui est antérieure effet, l'idée d'espace est contemporaine d dée de corps en ce sens qu'aussitôt que l de corps vous est donnée, vous ne pouvez pa pas avoir celle d'espace; mais enfin il a fallu vous ayez d'abord celle de corps, pour que, l d'un corps vous étant donnée, celle de l'es qui le renferme, vous apparût. C'est donc pa dée de corps que vous allez à l'idée d'espace. l'idée d'un corps, vous n'aurez jamais l'ide l'espace qui le renferme; l'une peut donc appelée la condition historique et chror gique de l'autre.

Sans doute, je ne saurais trop le répéter c'est là qu'est le nœud de la difficulté, le secre problème, sans doute aussitôt que l'idée de c est donnée, à l'instant l'idée d'espace arrive; enfin, si cette condition n'était accomplie, 1

raison, de comprendre l'idée de corps, si préalablement elle ne comprend l'idée d'espace; mais autrefois, dans le berceau des connaissances humaines, si l'idée de corps n'avait pas été donnée, jamais l'idée d'espace ne serait entrée dans l'entendement. L'une a été la condition chronologique de l'autre, comme l'autre en est la condition logique (1). Les deux ordres sont complétement renversés, et, à le bien prendre, tout le monde a raison et tout le mode a tort d'une certaine façon. Logiquement, l'idéalisme et Kant ont bien raison de soutenir que l'idée pure de l'espace est la condition de l'idée de corps et de l'expérience; et chronologiquement, l'empirisme et Locke ont raison à leur tour de prétendre que l'expérience, à savoir ici la sensation, et la sen

(1) Sur la distinction de l'ordre logique et de l'ordre historique ou chronologique des connaissances humaines, voyez dans les Fragmens philosophiques le Programme du Cours de philosophie de 1817, pag. 232.

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développé comme il l'est aujourd'hui, il n' cherche pas les acquisitions successives développement historique; il ne recherch l'ordre chronologique des idées, il s'arr leur vertu logique; il part de la raison, n l'expérience. Locke, au contraire, préoccu la question de l'origine des idées, en négli caractères actuels, confond leur condition nologique avec leur fondement logique, puissance de la raison avec celle de l'expér qui la précède et la guide, mais ne la con pas. L'expérience, mise à sa juste place, condition, non le fondement de la connaiss Va-t-elle plus loin, et prétend-elle cons toute la connaissance? Ce n'est plus alors système, un système incomplet, exclusi cieux; c'est l'empirisme, ou l'opposé de l lisme, lequel est à son tour l'exagération puissance propre de la raison, l'usurpatic la raison sur l'expérience, la destruction

17. PHILOSOPHIE.

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ce qu'il peut avoir de bon, comme nous venons de reconnaître ce qu'il a de vicieux, il faut descendre nous-mêmes sur le terrain de Locke, et jusqu'à la question qui est pour lui la question philosophique par excellence. Après avoir déterminé les caractères que l'idée d'espace et l'idée de corps ont aujourd'hui dans l'intelligence de tous les hommes, et montré que ces caractères déposent d'une profonde différence entre ces deux idées, il faut rechercher quelle est leur origine, quelle est l'origine de l'idée d'espace relativement à l'idée de corps. Tout a été simple et clair jusqu'ici, j'espère; car nous ne sommes pas sortis de l'intelligence humaine telle qu'elle est aujourd'hui. Poursuivons, et tâ chons de ne pas laisser s'éteindre les lumières que nous devons à une observation impartiale dans les ténèbres d'aucune hypothèse.

Il y a deux sortes d'origine; il y a dans les connaissances humaines deux ordres de rapports qu'il importe de bien distinguer.

Deux idées étant données, on peut chercher si l'une ne suppose pas l'autre; si l'une étant admise, ne pas admettre l'autre n'est pas encourir le reproche de paralogisme. C'est là l'ordre logique des idées entre elles.

Si l'on envisage sous ce point de vue la ques

DE L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE.

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tion de l'origine des idées, voici ce qui en résulte pour le point particulier qui nous occupe.

Étant données l'idée de corps et l'idée d'espace, laquelle suppose l'autre? Laquelle est la condition logique de l'admission de l'autre? Évidemment c'est l'idée d'espace qui est la condition logique de l'admission de l'idée de corps. En effet, prenez tel corps que vous voudrez, vous ne pouvez en admettre l'idée qu'à la condition que vous admettiez en même temps l'idée d'espace; sans quoi vous admettriez un corps qui ne serait nulle part, qui n'aurait point de lieu, et un tel corps est inconcevable. Prenez un agrégat de corps, ou prenez un seul corps, puisque tout corps est aussi un agrégat de parties, ces parties sont plus ou moins distantes entre elles, et en même temps elles coexistent l'une à l'autre; ce sont là les conditions de tout corps, même le moindre. Mais ne voyez - vous pas quelle est la condition de l'idée de la coexistence et de la distance? Évidemment l'idée d'es-pace. Car comment pourrait-il y avoir de la distance entre des corps ou entre les parties d'un corps sans espace, et quelle coexistence est possible sans un continu quelconque? Il en est de même de la contiguité. Détruisez par la pensée la continuité de l'espace, nulle distance n'est ap

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