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« dans leur principe de la matière ou non. « Quelque curieuses et instructives que soient « ces spéculations, je les éviterai, comme ne « pouvant me conduire directement au but que « je me propose. Il suffira, pour le dessein que << j'ai présentement en vue, d'examiner les fa<< cultés de connaître qui se rencontrent dans « l'homme, en tant qu'elles s'exercent sur les « objets qui se présentent à elles. »

Locke est persuadé que c'est là le seul moyen de rabattre la témérité de la philosophie, et en même temps de l'encourager à d'utiles re

cherches.

Chap. IV. « Quelle que soit l'activité de notre < esprit, cet examen pourra servir à la modérer « en nous obligeant à plus de circonspection << lorsque nous nous occupons de choses qui « passent notre compréhension, à nous arrêter « lorsque nous avons porté nos recherches jus<< qu'au plus haut point où nous soyons capables << de les porter, et à vouloir bien ignorer ce que « nous voyons être au dessus de nos pensées, << après l'avoir bien examiné. Si nous en usions « de la sorte, nous ne serions peut-être pas si « empressés, par un vain désir de connaître, à « exciter incessamment de nouvelles questions, « à nous embarrasser nous-mêmes et à engager « les autres dans des disputes sur des sujets qui

DE L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE.

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« sont tout-à-fait disproportionnés à notre en« tendement, et dont nous ne saurions nous << former des idées claires et distinctes, ou même « (ce qui n'est peut-être arrivé que trop souvent) << dont nous n'avons absolument aucune idée. « Si donc nous pouvons découvrir jusqu'où notre < entendement peut porter sa vue, jusqu'où il << peut se servir de ses facultés pour connaître « les choses avec certitude, et en quels cas il ne << peut juger que par de simples conjectures, « nous apprendrons à nous contenter des con« naissances auxquelles notre esprit est capable << de parvenir, dans l'état où nous nous trouvons << dans ce monde. >>>

Chap. VI. « Lorsque nous aurons examiné << soigneusement ce que notre esprit est capable « de faire, et que nous aurons vu en quelque << manière ce que nous en pouvons attendre, « nous ne serons portés ni à demeurer dans une << lâche oisiveté et dans une entière inaction, << comme si nous désespérions de jamais con< naître quoique ce soit, ni à mettre tout en « question, et à décrier toutes sortes de con< naissances parce qu'il y a certaines choses que

<< l'on ne peut pas comprendre. >>

Et encore, même chapitre.

« Il est extrêmement avantageux au pilote de << savoir quelle est la longueur du cordeau de < course, pour éviter les bas-fonds qui pour< raient le faire échouer. >>>

Je ne ferai plus qu'une citation décisive : << Ces considérations me firent venir la pre<mière pensée de travailler à cet Essai sur l'entendement.Car je pensai que le premier moyen < qu'il y aurait de satisfaire l'esprit de l'homme ▪ sur plusieurs recherches dans lesquelles il est = fort porté à s'engager, ce serait de prendre, pour ainsi dire, un état des facultés de notre = propre entendement, d'en examiner l'étendue, = et de voir à quels objets elles peuvent s'appli= quer. Jusqu'à ce que cela fût fait, je m'imaginai que nous prendrions la chose tout-à-fait à contre sens.... »

J'ai accumulé toutes ces citations à dessein, pour vous convaincre qu'elles ne renferment as seulement une vue fugitive, mais une règle xe, une méthode. Or, cette méthode est préisément, selon moi, la méthode véritable, elle qui est encore aujourd'hui la force et l'esoir de la science. Sans doute elle est dans

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les êtres les plus éloignés ou les plus de vous, vous ne les connaissez, vo pouvez les connaître qu'à une conditio voir, que vous soyez capable de connai général; et vous ne les connaissez, vous n vez les connaître que dans la mesure de faculté générale de connaître. Toutes les co sances que vous pouvez acquérir, les pl blimes comme les plus grossières, repos dernier résultat, et dans leur étendue e leur légitimité, sur la portée et la val cette faculté, appelez-la comme il vous esprit, raison, pensée, intelligence, en ment. Locke l'appelle entendement. Il su qu'une sage philosophie, au lieu de se aveuglément de l'entendement et de l'app à l'aventure, doit l'examiner d'abord, et r cher quel il est et ce qu'il peut, sans qu s'expose à des mécomptes et à des aber sans nombre. Or, l'entendement huma partie de la nature humaine; l'étude de l' peut être la logique, par exemple, c'est-à-dire la connaissance des règles qui doivent diriger l'esprit humain, sans la connaissance de ce qu'il s'agit de diriger, savoir, l'esprit humain lui-même? Que peut être la morale, la connaissance des règles de nos actions, sans celle du sujet même de toute morale, de l'agent moral, de l'homme lui-même? La politique, la science ou l'art du gouvernement de l'homme social, repose également sur la connaisance de l'homme que la société développe, mais qu'elle ne constitue pas. L'æsthétique, la science du beau et la théorie des arts ont leurs racines dans la mature de l'être capable de reconnaître le beau et de le reproduire, de ressentir les émotions particulières qui attestent sa présence, et de faire passer ces émotions dans l'ame des autres. Si l'homme n'était pas un être religieux, si nulle de ses facultés n'atteignait par de là la sphère bornée et finie de ce monde, Dieu ne serait pas pour l'homme, et il n'est pour lui que dans la mesure de ses facultés; l'examen de ces facultés et de

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