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DE L'HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE.

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se fait pas toute seule, elle suppose et elle exige un arithméticien. Or, Messieurs, pensez-y: l'arithméticien nécessaire pour faire l'addition, Locke l'a détruit en niant la substance; l'esprit humain n'est plus, vous n'êtes plus un esprit un et identique, une unité intégrante capable de faire la somme des différentes quantités dont doit se composer une collection, etil ne reste que des quantités réduites à s'additionner entre elles et à percevoir elles-mêmes les rapports qui les lient. Mais franchissez cette difficulté radicale entre plusieurs autres; supposez que la collection soit possible sans quelqu'un, sans un esprit qui la fasse; supposez-la faite, et faite toute seule, que sera-ce que cette collection? ce que peut être une collection, une classe, un genre, c'est-à-dire une abstraction, c'est-à-dire un mot. Voilà donc à quoi vous arrivez définitivement; et, sans parler de Dieu qui pourtant est aussi une substance, la substance des substances et l'être des êtres, voilà donc l'esprit, voilà la matière réduits à des mots. La scholastique avait converti bien des collections en substances, bien des mots en entités; par une exagération en sens contraire, Locke a converti la substance en collection, et fait des mots de tous les êtres; et cela, Messieurs, nécessairement et par la force

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système explique et admet. De là l'assimilation systématique des qualités et de la substance, des phénomènes et de l'être, c'est-à-dire la destruction de l'être, et par conséquent des êtres. Rien n'existe en soi, ni Dieu ni ce monde, ni vous ni moi-même; tout se résout en phénomènes, en abstractions, en mots; et, chose admirable, c'est la peur même de l'abstraction et des entités verbales, c'est le goût mal entendu de la réalité, qui précipitent Locke dans un nominalisme absolu, c'est-à-dire dans un absolu nihilisme.

Dans la prochaine leçon, je poursuivrai l'examen du deuxième livre de l'Essai sur l'entendement humain, et vous rendrai compte des chapitres qui traitent de l'idée de cause et de l'idée du bien et du mal.

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dement humain. De l'idée de cause. - Origine ( sensation. Réfutation. - Origine dans la réflexio sentiment de la volonté. Distinction de l'idée de c du principe de causalité. Que le principe de causa inexplicable par le seul sentiment de la volonté. vraie formation du principe de causalité.

MESSIEURS,

Le premier tort de Locke sur les idées pace, de temps, d'infini, d'identité persoı et de substance, est un tort de méthode. A de rechercher et de reconnaître d'abord pa observation impartiale les caractères que ces ont actuellement dans l'entendement hur Locke débute par la question pleine d'obsc et de périls de l'origine de ces idées. En cette question de l'origine des idées de pace, du temps, de l'infini, de l'identité pe nelle et de la substance, Locke la résout p

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sont aujourd'hui incontestablement marquées, cont inexplicables par la sensation et la rélexion, et par conséquent incompatibles avec e système de Locke. Il ne restait donc à Locke qu'une ressource, savoir, de mutiler ces idées vec leurs caractères, de manière à les réduire aux dimensions d'autres idées, lesquelles entrent en effet dans l'entendement humain par la réflexion ou la sensation, par exemple, les idées de corps, de succession, de nombre, celles des phénomènes directs de la conscience et de la mémoire, et celles des qualités des objets extérieurs et de nos propres qualités. Mais nous croyons voir démontré que ces dernières idées, qui -ont bien assurément la condition de l'acquisition les premières, ne sont pas elles, qu'elles en sont antécédent chronologique, mais non pas la raion logique, qu'elles les précèdent, mais qu'elles ne les engendrent ni ne les expliquent. Ainsi les aits défigurés et confondus sauvent le système le Locke; rétablis et éclaircis, ils le renversent.

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reconnaître et la décrire exactement, telle

est aujourd'hui et se manifeste par nos a et par nos discours. Loin de là, Locke par rechercher l'origine de l'idée de cause la rapporte sans hésiter à la sensation. V passage de Locke.

Livre 11, chap. xxvI, § 1er. - De la caus l'effet. D'où nous viennent les idées de co d'effet.

<< En considérant par le moyen des s << constante vicissitude des choses, no « pouvons nous empêcher d'observer qu << sieurs choses particulières, soit qualités < stances, commencent d'exister, et qu'el <<< çoivent leur existence de la juste applicat << opération de quelque autre être. Or, c' <<< cette observation que nous acquérons les << de cause et d'effet. Nous désignons ce qu « duit quelque idée simple ou complexe << terme général de cause, et ce qui est p

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