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Je ne dis point que le monde, les corps, les objets extérieurs ne soient rien autre chose que la cause de nos sensations; mais je dis que d'abord ils nous sont donnés comme causes de nos sensations, à cette condition et à ce titre. Plus tard, ou en même temps si l'on veut, nous ajoutons à cette propriété des objets d'autres propriétés encore; mais c'est sur celle-là que se fondent toutes celles que nous pouvons connaître ultérieurement. Otez le principe de causalité, la sensation reste sous l'œil de la conscience, et ne nous révèle que son rapport au moi qui l'éprouve, sans nous révéler ce qui la produit, le mon moi, les objets extérieurs, le monde. On dit souvent, et les philosophes même disent avec le vulgaire, que les sens nous découvrent le monde; on a raison si, l'on veut dire seulement que sans les sens, sans la sensation, sans ce phénomène préalable, le principe de causalité manquerait

ral, connaître quoi que ce soit, est au dessus portée dessens. C'est la raison, et la raison seul connaît, et connaît le monde; et elle ne le col d'abord qu'à titre de cause; il n'est d'abord nous que la cause des phénomènes sensitif nous ne pouvons nous rapporter à nous-mê et nous ne rechercherions pas cette cause conséquent nous ne la trouverions pas, si 1 raison n'était pourvu du principe de caus si nous pouvions supposer qu'un phénoi peut commencer à apparaître sur le théâtı la conscience, du temps ou de l'espace qu'il ait une cause. Donc le principe de causa je ne crains pas de le dire, est le père du m extérieur, loin qu'il soit possible de l'en tir de le faire venir de la sensation. Quand on des objets extérieurs et du monde sans adm au préalable le principe de causalité, ou o sait ce qu'on dit, ou on fait un paralogi

eulement de l'idée de cause, mais du principe Le causalité, le principe de causalité échappe bien plus encore à la tentative de l'expliquer par a succession et la sensation. Dans le premier cas, l'idée de cause, Locke confond l'antécédent l'une idée avec cette idée; et dans le second cas, le principe de causalité, il fait venir des phénomènes du monde extérieur précisément ce sans quoi il n'y aurait pour nous ni dehors ai monde; il suppose ce qui est en question; il confond non plus l'antécédent avec le conséquent, mais le conséquent avec l'antécédent, la conséquence avec son principe; car le principe le causalité est le fondement nécessaire de la onnaissance même la plus légère du monde, du lus faiblesoupçon de son existence; et expliquer e principe de causalité par le spectacle du monde [ue peut seul donnerle principe de causalité, c'est, ncore une fois, expliquer le principe par la con

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Messieurs, n'y a-t-il rien de plus dans I sur la grande question de la cause? Locke signe-t-il jamais à l'idée de cause une origine que la sensation? N'attendez pas de philosophe cette parfaite conséquence. Je l'ai déja dit, je vous le répéterai bien sou rien n'est aussi inconsistant que Locke; contradiction n'est pas seulement dans l' de livre à livre, mais dans le même liv chapitre à chapitre, et presque de paragı à paragraphe. Je vous ai lu le passage tif du liv. 11, chap. xxvi, dans lequel I dérive l'idée de cause de la sensation. Hé tournons quelques pages, et nous allons le oubliant et son assertion fondamentale, exemples particuliers, tout physiques, des à la justifier, conclure, au grand étonneme lecteur attentif, que l'idée de cause vient plus de la sensation seule, mais de la s tion ou de la réflexion. Ibid. : « Nous pou

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velle théorie; jusqu'ici Locke n'avait pas dit un mot de la réflexion; c'est une contradiction manifeste avec le passage que je vous ai cité. Mais cette contradiction est-elle jetée là au hasard, puis abandonnée et perdue? Oui, dans le chapitre xxvi : non, dans l'ouvrage entier. Lisez un autre chapitre de ce même second livre, chapitre xxı, sur la puissance. Au fond, un chapitre sur la puissance est un chapitre sur la cause; car, qu'est-ce que la puissance, sinon la puissance de produire quelque chose, c'est-à-dire une cause (1)? Traiter de la puissance, c'est donc craiter de la cause. Or, quelle est l'origine de L'idée de la puissance, selon Locke, dans le chapitre exprès qu'il consacre à cette recherche? C'est à la fois, comme dans le chap. xxvı, la sensation et la réflexion.

Liv. 11, chap. xxi. De la Puissance. § 1er. Comnent nous acquérons l'idée de puissance. «L'es

(1) Le fameux Essai de Hume sur la cause est intitulé : de l'idée Ju pouvoir.

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