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zième siècle celui de la Hollande. Mais si, en fait d'innovacions, vous avez le champ, plus libre pour oser davantage, je vous invite cepandant, ainsi que le dit Duclos, à ne pas dépasser les limites du possible, afin de ne pas choquer trop ouvertemant des habitudes invétérées.

L'ortografie que je me suis permis d'adopter dans cet écrit est un essai de ce que je crois praticable, sinon dès à présant, du moins dans un avenir très prochain. D'ailleur les modificacions que je propose, parfaitemant logiques, ne me semblent pas moins naturèles et pas plus dificiles à réaliser que le remplacemant de l'o par l'a, introduit par l'Académie dans la sixième édicion de son diccionaire, imprimée par nous en 1835. Les mots François, Anglois, je voulois, ils disoient, il auroit, je le connoissois, ils étoient foibles, ils paroissoient (1), etc., nous sembleraient bien bizares si nous les voyions maintenant écrits et imprimés de cette manière; et cepandant que de voix autorisées se sont alors récriées contre cette innovacion! Il semblait, à entandre Chateaubriand, Charles Nodier et autres, que c'était l'abominacion introduite dans le sanctuaire!

Quant à l'impression que vous désirez qui soit faite dans notre imprimerie, je ne saurais m'y refuser: elle est ouverte à toute discussion littéraire; mais mon nom ne saurait y figurer que come imprimeur. Le programe oficiel doit être l'œuvre des comités qui se sont formés en Suisse, en Belgique et en France, c'est-à-dire une œuvre collective où persone n'est nomé come individu. C'est ainsi que le diccionaire de l'Académie est une œuvre collective où chacun se fait des concessions réciproques sans accepter aucune responsabilité.

(1) On n'écrit donc plus : Il faut qu'il paroisse dans sa paroisse.

Le Programe oficiel, avant d'aborder la question des réformes ortografiques qu'il croit oportunes pour le momant, s'empresse de déclarer qu'il conserve l'ortografie actuèle:

1° Aux noms propres ;

2° Aux omofones ou omonimes, « afin, dit-il, de ne pas confondre des mots représantant des idées diférantes sous une même intonacion, come cau, ô, os, haut, au, oh, aulx, etc. »;

3° Aux mots primitifs dont les lettres muètes deviènent fonétiques pour leurs dérivés tels que: plomb, plomber; rond, rondeur, etc.

Cepandant, pour la seconde catégorie de mots, le Programe oficiel fait cette réserve qu'on suprimera ou remplacera les lettres inutiles à la distinccion des mots, et, pour doner un example de cette eccepcion, il dit que « pour distinguer « le mot temps de ses omofones tant, taon, tan et tend, on « poura ramplacer l'e par un a et suprimer l's quand il n'y a << pas liaizon eufonique ».

Toutefois à la page 18 je lis « et du tamp, et facilitera »....... où la liaizon eufonique exijait la présance de l's, ce qu'on a rectifié p. 6, 1. 8, en écrivant « tamps après », et p. 20, 1. 20, « de tamps et de place ». Devant une consone le Programe écrit tamp sans s: « En même tamp qu'il introduira, » etc.

Cette obligacion tantôt d'ajouter un s, tantôt de le suprimer, ofre plus d'inconvéniant que n'en présante le maintien de l'ortografie actuèle de ce mot. Temps, qui est un monosilabe, doit donc garder le p et l's au singulier come au pluriel : Lep, à cause de ses dérivés temporel, temporaire, tempo

riser;

L's, parce qu'il est indispansable pour l'eufonie devant une voyèle: le temps-z-est beau.

De même que le monosilabe temps, le mot corps doit conserver l's final à cause de l'eufonie, les corps-z-animés et les corps-z-inanimés, à moins d'admettre, come on le pro

pose au mot temps, deux ortografies diférantes, pour les cas où le mot suivant comancera par une consone ou par une voyèle.

Si le Comité ne veut pas que ses éforts demeurent stériles, il faut qu'il évite les subtilités et les eccepcions de ce genre qui prêtent flanc à une critique sévère et dont la défaveur rejaillit sur le sistème entier. Il faut donc admettre dans toute sa rigueur la règle suivante :

L'ortografie actuèle sera maintenue pour tous les monosilabes sans eccepcion, quand bien même il en résulterait quelquefois des contradiccions avec les réformes formulées dans le Programe oficiel.

J'insiste sur ce point, car les monosilabes sont en quelque sorte des hiéroglifes auxquels il serait dangereux de toucher témérairemant.

J'arive maintenant à l'analise des proposicions du Programe oficiel dans leur ordre successif.

Supression de l'H muète ou non aspirée au comancemant, à la fin et dans le corps des mots.

Dans les deux premières édicions de mes Observacions sur le Programe oficiel, j'aprouvais cette supression sans aucune réserve. Aujourdui je vois la nécessité de conserver provisoiremant l'h non aspirée au comancemant des mots pour éviter leur déplacemant dans les diccionaires. Le temps fera le reste, car la supression de l'h partout où il ne se prononce pas est très logique; on y est même autorisé par l'example de l'Académie, qui écrit olographe, orge, odomètre, otage, alcyon, arpéger, erpétologie. On devra donc se borner pour le momant à la supression de cette lettre au milieu des mots, come

l'a fait l'Académie dans beaucoup de mots où l'h figurait: rapsodie, rétine, cataracte, rose, etc.; et à la fin des mots en écrivant almanac, bismut, come on l'a suprimé dans estomach. Je n'aprouverai donc pas qu'on écrive Omes (p. 10, lig. 18), mais on devrait suprimer dans ce mot la double m que n'exigent ni sa prononciacion ni son étimologie (homo, en italien uomo, en espagnol hombre), et écrire home, homes, come on écrit ses dérivés homicide, bonhomie, qu'il serait mieux d'écrire bonomie, et en se raprochant ainsi du pronom on, qui de homo s'est écrit homs, puis hom et enfin on.

Quant à la supression de cette lettre parasite dans les signes binaires thet rh, elle doit s'étendre à tous les mots sans eccepcion, ce qui a été fait par l'Académie pour un grand nombre d'entre eux, come: auteur, trésor, trône, rapsode, rétine, etc.

L'h qui a disparu avec raizon du mot hermite, écrit sans le signe de l'aspiracion en grec, et sans h en latin (eremita, épnuíns), devrait aussi disparaître immédiatemant des mots huis, huissier, huit, huître, puisqu'ils sont écrits en latin ostium, octo, ostreum. Chose singulière, dans huit l'h est aspirée, dans huissier et dans huître elle ne l'est pas, mais huit come monosilabe doit conserver sa forme.

L'Académie aurait dû suprimer l'h dans misanthrope puisque Molière de son vivant a toujours fait imprimer son immortèle comédie sous le titre de Misantrope. L'un de nos honorables membres de l'Académie française, M. de Rémusat, me disait avoir vu dans sa jeunesse cette pièce ainsi anoncée sur les afiches de la Comédie française, où la tradicion s'était conservée.

L'h aspirée ou sonore sera naturèlemant conservée partout; c'est pourquoi on continuera à écrire cahier, bahut, cahot, cahoter, etc., d'autant plus que dans ces mots la supression de l'h nécessiterait l'emploi du tréma pour figurer la prononciacion, qui serait faussemant représantée si l'on écrivait caier, baut, caot.

2. Supression de lettres doubles qui ne doivent pas

se prononcer.

C'est la bone prononciacion qui doit nous guider dans la supression ou la conservacion des doubles lettres, et, sauf certains cas où la variété de la prononciacion pourait exiger quelques eccepcions, il sera facile de sortir du désordre actuel.

Sous ce raport, la dificulté réèle n'existe que pour les doubles lettres précédées et suivies d'un e muet, come nouvelle, j'appelle, banquette, nous projetterons, etc.

Les partisans du maintien des doubles lettres dans ce cas prétandent que leur emploi indique l'élévacion de la voix sur la voyèle qui précède et que le son en est intermédiaire entre l'acçant grave et l'acçant aigu, plus rapide que l'acçant grave, moins aigu que l'autre. Cette subtilité dans la prononciacion est presque insaisissable et l'usage tend de plus en plus à l'afaiblir.

D'ailleur, on est en droit de demander à l'Académie d'apliquer à toute la série des mots ayant une prononciacion.idantique la même ortografie qu'elle avait consacrée pour un certain nombre d'entre eux. Elle écrit déjà fidèle, modèle, discrète, secrète, écartèlement, recèlement, qu'elle écrivait auparavant avec deux ll ou deux tt; or, du momant qu'elle a reconu que la prononciacion est grave dans ces mots, elle devrait reconaître qu'il en est de même pour les mots : nouvelle, dentelle, banquette, nette, renouvellement, morcellement, et autres substantifs et adjectifs avec les mêmes terminaizons, qui devraient alors être écrits come les précédants.

Quant aux terminaizons elle, ellent, dans les verbes, il règne dans le Diccionaire de l'Académie une grande incertitude à cet égard. On y dégagerait peut-être cette règle que, lorsque à l'infinitif il n'y a qu'une l, les terminaizons èle et èlent dans les verbes prènent l'acçant grave, come geler, il gèle, ils gèlent, tandis que les infinitifs en eller conservent les deux

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