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un seul, come contramiral, contrépreuve, contrordre, etc.; au lieu de contre-amiral, contre-épreuve, contre-ordre, etc.; j'aprouve égalemant pour les cas analogues la supression de l'apostrofe qui remplace l'e muet, come dans les mots entr'acte, entr'aider, entr'ouvrir, etc., qu'il serait préférable d'écrire entracte, entraider, entrouvrir, come on écrit entrevue, contrefaçon, contredire; mais je maintiendrais l'apostrofe dans les mots composés avec grand, come grand – croix, grand'messe, grand'mère, grand'tante, grand' peine, grand'honte. On ne saurait suprimer le d come le fait le Programe qui écrit grancroix, granmère, grantante, bien que l'usage n'ait fait qu'un seul mot de la vile Granville.

Autrefois cet adjectif était invariable; on l'écrivait donc sans apostrofe; et c'est ainsi qu'il s'est conservé dans les contes de Perrault où le petit Chaperon va voir sa mère grand et aussi dans la chanson de Henri IV:

Si le Roy m'avoit doné
Paris, sa grand ville.

On ne conserverait donc le trait d'union que: 1° dans les mots composés de deux adjectifs se modifiant réciproquemant, come Journal politico-littéraire; 2° pour isoler la lettre eufonique t, come dans y a-t-il ? ira-t-il? A cet égard, je rapélerai encore ce que j'ai dit dans mon ouvrage, qu'on ne devrait pas écrire, come on le fait, donnes-en, poses-y, ce qui n'indique pas que l's finale est puremant eufonique et ferait suposer que dans toutes les conjugaisons la seconde persone de l'impératif doit avoir une s. Il faudrait donc isoler par un trait d'union cet s eufonique ou mieux lui substituer un z, puisque l'Académie écrit maintenant à quatre-z-yeux. On écrirait donc done-z-en, pose-z-y, etc.

Le trait d'union entre l'ad verbe très et un adjectif n'a pas de raison d'être, puisque on ne l'emploie pas pour les autres adverbes dans le même cas, come : bien, trop, assez, fort.

6. Supression des quatre lettres P, E, G et S dans les mots où elles sont inutiles, et quelquefois nuisibles à la bone pro

nonciacion.

Il serait fort racionel d'écrire domter, come l'écrivaient avec toute raizon Bossuet et l'Académie française dans la première édicion de son Diccionaire, et de même sculture, promt, promtitude, batême, examter, doitier, etc., pour éviter la fausse prononciacion. Il est pourtant nécessaire de faire quelques eccepcions et de laisser le p dans compte, à cause de ses homofones conte et comte, mais on pourait le suprimer dans les dérivés comter, comtable, comtabilité, etc., l'uniformité grafique du mot principal et de ses dérivés n'étant pas absolument nécessaire.

Je ne serais pas cepandant d'avis de suprimer le g dans doigt à cause de son homonime doit, ni d'écrire, come le Programe, prontitude et exanter avec l'n; dans ces mots, deux changemants à la fois auraient l'inconvéniant de choquer l'œil.

Le Programe a raison de demander qu'on écrive assoir, sursoir, vinsions, tinsions, etc., au lieu de asseoir, surseoir, vinssions, tinssions, etc.

Quant à la supression de l'S dans les ternaires sci, sce, des mots scie, scission, sceptre, etc., je la repousse ainsi que l'a fait l'Institut genevois. J'ai pu manifester le désir de voir le C disparaître du mot science, puisque l'Académie l'a suprimé dans savant, savoir, qu'on écrivait sçavant, sçavoir, cepandant l'étimologie diférante de scire et sapere peut justifier le maintien du c. Nous avons perdu malheureusement l'ancien et beau mot sapience.

7. Remplacemant du signe binaire PH par le signe simple F.

Malgré l'inconvéniant de déplacer dans les diccionaires les mots comançant par ph pour les porter à la lettre F, inconvé

niant auquel on remédiera par un renvoi, come l'Académie elle-même l'a fait originairemant pour les mots comançant par ph et th dont elle a modifié l'ortografie, cette réforme est trop indispansable pour n'être pas adoptée. Elle est, come vous le dites bien, «< si peu discutable aujourdui, qu'il sufit <«< de la mancioner ». Aux partisans de ces lettres étimologiques on peut répondre que leur maintien n'intéresse que les savants, qu'il en résulte un désacord avec les lettres simples fet t qui les remplacent si bien, et qu'enfin nous n'avons pas besoin d'y tenir plus que les Italiens, les Espagnols et autres.

Les Oriantaux ont une grande dificulté pour prononcer le ph et le distinguer du p et de l'f. C'est ce que j'avais signalé dans mes Observations sur l'ortografie française, p. 4, et que m'ont confirmé les ambassadeurs chinois venus en Europe pour étudier notre civilisacion; encore tout réçamant l'un de de nos oficiers de marine, M. Louro, envoyé de Cochinchine avec la mission de rechercher les meilleurs moyens d'instruire les Annamites, me disait combien nos instituteurs éprouvaient de peine à leur faire comprandre notre ortografie.

Au sujet de ce malancontreux ph, je rapélerai l'anecdote raportée par l'abé Dangeau, de l'Académie française, l'un des plus chauds défanseurs de la simplificacion de notre ortografie, contre Regnier des Marais, dans les discussions qui ont précédé la première édicion du Diccionaire de l'Académie, en 1694:

« Pourquoi ne pas imiter les Italiens et les Espagnols, qui «< n'ont pas cru être obligés à garder l'ortografe latine dans << les mots dérivés du grec? Si l'on avoit toujours usé de cette << sorte, madame de... n'auroit pas été si scandalisée contre « Éliogabale. Oh! que ces empereurs romains étoient «< cruels! s'écria-t-elle un jour en bonne compagnie ; ils fai<< soient prendre des paisans et leur faisoient aracher la << langue pour s'en nourir! - Elle venoit de voir un livre qui << disoit que cet empereur mangeoit des pâtés de langues de « phaisans, et s'imaginant qu'un p se prononçoit toujours p,

« elle avoit lu des langues de paysans au lieu de langues de

«'faisans. »

8. Remplacemant du CH dur par C ou QU.

Cette réforme ne devrait pas rencontrer d'oposicion, car elle n'atindrait qu'une centaine de mots d'origine grecque et dont la plupart ne sont pas d'un usage très fréquant. J'en ai longuemant parlé dans mon ouvrage sur l'ortografie.

Dans les mots où le CH est suivi d'une consone ou de voyèles a, o, u, on n'aurait qu'à suprimer l' h, et écrire : acromatique, anacorète, anacronisme, arcaïque, arcange, caos, cronique, éco, psicologie, tecnique, etc., come on écrit caractère, mélancolie, etc., qu'on écrivait jadis charactère, mélancholie. Les mots qui se trouvent dans cette catégorie sont au nombre d'une cinquantaine, dont la moitié apartiènt au langage sciantifique. Par des raizons de haute convenance, on pourait faire eccepcion pour le mot Christ et ses dérivés, quoique les Italiens, les Espagnols et les Portugais écrivent Cristo. On ne toucherait pas aux noms propres, non plus qu'au mot chœur, qui d'ailleur est un monosilabe, et qu'il faut distinguer de son homofone cœur. Le mot chrême, pour le même motif, serait maintenu.

Pour les mots où le ch dur est suivi des voyèles e, i, j'avais proposé dans mon ouvrage d'en faire entrer neuf dans la règle comune en donant à la prononciacion du ch le son doux, qu'il prand d'ailleur assez généralemant dans les mots de cette catégorie, come: archetype, archiepiscopal, chélidoine, chirografe, chirografaire, chirologie, chiromancie, conchyliologie et lichen, qu'on écrirait et prononcerait come : monarchie, archevêque, chirurgie, alchimie, architecte, etc.; on prononce déjà chirografe plutôt que quirografe.

Il ne resterait que les mots : archéologue, archéologie, ecchymose, malachite, orchestre et synecdoche, dans lesquels on

pourait remplacer le ch par le qu, et écrire: arquéologue, malaquite, orquestre, come on écrit: monarque, quina. L'Académie elle-même autorise d'écrire indistinctemant synecdoche ou synecdoque; quelquefois même on écrit orquestre, et on prononce souvant malachite plutôt que malaquite. On pourait aussi écrire arkéologie avec un k come dans les mots : kilograme, kiste, ankilose et autres.

9. Remplacemant de l'Y par I, eccepté dans l'adverbe de lieu, dans le pronom et dans les mots où la bone prononciacion fait entandre deux I.

Je ne cesserai de réclamer l'adopcion de cette proposicion dont les travaux lexicografiques de l'Académie française ofrent de nombreux précédants.

Dans sa cinquième édicion du Diccionaire, l'Académie écrivait analise, analiser, analitique. Il est regrétable qu'après avoir remplacé l'y par l'i dans tant de mots : abime, alchimie, cristal, chimie, giratoire, satirique, lui, moi, toi, roi, proie, etc., elle ait cru devoir rétablir l'y à analyse et ses composés.

Il n'y a aucun argumant valable en faveur du maintien de l'y lorsqu'il représante le son simple de l'i, et il serait plus naturel d'écrire ritme, stile, péristile, sistème, tiran, hiperbole, etc., come on écrit cristal et tant d'autres.

Bossuet écrivait mistère et tiran. J'ai cité le grand nombre de mots que La Bruyère écrivait par un i.

C'est sous le titre de Psiché et de Cupidon que La Fontaine écrit son livre, et non Psyché, et si l'on imprimait sa pièce de vers aux Nimfes de Vaux avec son ortografie, on verrait avec étonemant combien elle difère peu de l'anciène simplicité de nos vieux manuscrits.

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