ARCHIVES CHAMBRE DES COMPTES DE DIJON B 310 Sépultures des Ducs Phelippe, par la grâce de Dieu, duc de Bourgoingne, de Lothier, de Brabant et de Lembourg, conte de Flandres, d'Artois et de de la Côte-d'Or Bourgoingne, palatin de Hayneau, de Hollande, de Zellande et de Namur, marquis du Saint-Empire, seigneur de Frise, de Salins et de Malines, à notre amé et feal conseiller et receveur général de Bourgoingne, Jehan de Visen, salut et dilection, comme nagaires nous aions fait marchander à maistre Jehan de Lavverta, dit Daroca, natif du pais Darragon, tailleur d'images demourant en notre ville de Dijon, de loyalment faire et parfaire et rendre toute parfaite assouvie et assise en notre église des Chartreulx les notre dite ville de Dijon la sépulture de feux noz très chiers seigneur et père et Dame et mère, dont Dieu ait les âmes, pour la manière que plus à plain est contenu es lettres dudit marchié et pour lequel ouvraige faire et rendre tout parfait assis et assovy bien et déuement selon le contenu esdites lettres et pour toutes choses qui deues lui en pourroient estre, soiens tenus par ledit marchié lui faire paier, bailler et délivrer comptant, la somme de quatre mil livres tournois, monnoie courante dans le terme de quatre ans avenir, c'est assavoir chacun an mil livres tournois par portion en faisant ledit ouvraige, et avec ce lui faire bailler à noz fraiz hostel et place convenable en notre dite ville pour y faire ledit ouvraige faire ce que plus avant il nous en puisse ou doie demander si comme plus a plain est contenu esdites lettres d'icellui marchié desquelles la tenneur est ceste. En nom de NotreSeigneur amen l'an de l'incarnation d'icellui courant mil quatre cens quarante deux le vint et troisième jour du mois de mars, je Jehan de Lavverta dit Daroca, natif du pais Darragon tailleur d'images, demourant à Dijon, savoir fais à tous présens et avenir que j'ay fait et par ces présentes fais marchié et convenance avec très hault excellant et puissant prince mon très redoubté seigneur, Monseigneur Phelippe duc de Bourgoingne, de Lothier, de Brabant et de Lembourg, conte de Flandres, d'Artois, de Bourgoingne, palatin de Hayneau, de Hollande, de Zellande et de Namur, marquis du Saint Empire, seigneur de Frize, de Salins et de Malines, aux personnes de Messires les gens de ses comptes à Dijon, messire Mathé de Braile son aumosnier, Jehan de Visen son receveur général de Bourgoingne, Phelippe, Machefoing (1) son (1) Philippe Machefoing, fils de Monnot Machefoing, capitaine châtelain de Rouvres, premier valet de chambre et garde des joyaux du Duc et de Jehanne de Courcelles, nourrice de Philippe le Bon, fut varlet de chambre garde de ses joyaulx et maieur de la ville de Dijon et du notaire cy après nommé stipulant comme personne publique avec les officiers dessus dits au prouffit de mondit seigneur absent, de loyalment faire et rendre toute parfaite, assise et assouvie en l'église des Chartreux les Dijon là où ordonné me sera, la sépulture de feux très excellans prince et princesse de nobles mémoires monseigneur le duc Jehan et ma Dame Marguerite de Bavière sa compaigne dont Dieu ait les âmes, père et mère de Monseigneur le Duc qui à présent est. En laquelle église reposent et sont inhumés les corps desdits feurent seigneur et dame, laquelle sépulture sera aussi bonne ou meilleur, de tele longueur et haulteur et de teles et aussi bonnes pierres et matières qu'est celle de feu très excellent prince, de noble mémoire Monseigneur le Duc Phelippe, père dudit Monseigneur le Duc Jehan et ayeul de Mondit seigneur qui à présent est, sur laquelle sépulture qui se fera, seront les ymages ou représentations des personnes dudit feu Monseigneur le Duc Jehan et de feue madite Dame sa compaigne selons le pourtrait qui sur ce sera baillé à moy ledit Jehan de Lavverta et de semblable longueur qu'est l'ymaige dudit feu Monseigneur le Duc Phelippe estant sur sadite sépulture. Et à la teste d'une chacune desdites deux ymaiges aura deux anges qui tendront cest assavoir:les deux qui seront au dessus de la teste dudit monseigneur le duc Jehan un héaume et les autres deux qui seront à la teste de feue madite Dame un escu armoyé aux armes d'icelle et en laquelle sépulture qui se fera je ledit Jehan feray autant d'imaiges et de telle haulteur et grosseur tant plorans que angeloz et autres et aussi autant de tabernacles comme il y a en la sépulture de feu Monseigneur le Duc Phelippe, et oultre plus y feray sur chacun valet de chambre, conseiller et garde des joyaux de Philippe le Bon, enfin vicomte-maïeur de Dijon de 1439 à 1445 et de 1448 à 1450. Il était enterré à Saint-Jean, sa paroisse, devant le maître-autel et Palliot nous a conservé sou épitaphe. Bibliothèque de Dijon, Fonds Baudot, manuscrit (copie) II, p. 381, - mais en l'attribuant par inadvertance à l'église de Longecourt. CY REPOSENT LES CORPS DE NOBLE HOMME PHILIPPE DE MACHEFOIN, PREMIER FONDEUR DE CETTE NOUVELLE ÉGLISE, JADIS CONSEILLER ET GARDE DES JOYAUX DU TRÈS VAILLANT DUC PHILIPPE DE BOURGOGNE ET DE BRABANT, LEQUEL FONDEUR ASSIT LA PREMIÈRE PIERRE LE for JUIN 1448 ET TRESPASSA LE 20 MAI 1453, ET DE SIMONNE DE TART, SON ESPOUSE, LAQUELLE TRESPASSA LE 23o D'AOUT 1476 DIEU AIT LEURS AMES AMEN. angelot qui assis y sera ung tabernacle ce qui n'est pas en ladite sépulture dudit feu Monseigneur le Duc Phelippe. Pour lequel ouvraige faire Je ledit Jehan livreray et soingneray à mes frais toutes pierres et autres matières y nécessaires excepté le marbre noir que Mondit Seigneur me fera livrer et mestre en place à Dijon et six pierres d'albastre blanc que icelui Mondit Seigneur me fera tirer et rendre hors terre de la perrière estant près de Salins où len prendra ledit albastre blanc de la grosseur et longueur que lon avoit accordé darrenièrement avec Guillaume Ami et Jehannin Conteke tailleurs d'imaiges demourant audit Dijon et des ladite perrière, je ledit Jehan les feray charrier et admener à mes fraiz audit Dijon en la place où lon les ouvrera. Et laquelle sépulture je ledit Jehan rendray toute asouvie assise et parfaicte en ladite église bien et loyalment dedens quatre ans prouchainement venant à compter et commencier du jour que ladite pierre de marbre me sera livrée en ladite ville de Dijon. Et aussi seray tenu par ce présent marchié de livrer, ouvrer et asseoir à mes fraiz tout le cuivre doré, fer, plomb, lectres, painctures, les elles des anges et toutes autres matières et estoffes qui pour ladite sépulture et enicelle seront nécessaires et tout ce que dit est. Je ledit Jehan feray et rendray assouvy, assis et parfait bien et loyalment comme dessus et selon le devis et patron par moy sur ce traissié et baillié en ung fueillet de parchemin signé au dessus de mon saing manuel. Et mondit Seigneur pour toutes lesdites choses faire et accomplir par moy ledit Jehan en la manière que dessus, me fera paier bailler et délivrer comptant, la somme de quatre mil livres tournois monnoie courant. Cest assavoir, chacune an durant ledit terme mil livres tournois par portion en faisant ledit ouvraige. Et avec ce me baillera ou fera bailler, Mondit Seigneur le Duc, à ses fraiz hostel et place convenable en ladite ville de Dijon pour y faire ledit ouvraige et plus avant n'en pourray demander à Mondit Seigneur. Promettant je ledit Jehan de Lavverta par mon serment pour ce donné corporellement aux Saints Envangilles de Dieu et soubz l'expresse obligation de tous mes biens meubles et immeubles et de ceulx de mes hoirs présens et advenir, quelxconques etpar espécial par la prinse détention et incarcération de mon propre corps à icellui prandre, mettre et détenir en prison, ferme lesdiz marchiez et convenance et tout le contenu en ces présentes lettres, avoir et tenir ferme et aggréable sans jamais contre-venir ne consentir en aucune manière on temps advenir. Et ladite sépulture cy dessus devisée faire parfaire et accomplir et la rendre parfaicte assise et assouvie deans ledit terme de quatre ans prouchainement venant en la forme et manière que cy-dessus est déclairé et avec ce rendre et restituer à Mondit Seigneur tous coustz intérestz et despens qu'il pourroit avoir et soustenir pour deffault des choses dessus dites non faites et accomplies par la manière que dit est. En renonçant quant ad ce par mondit serment et soubz l'obligation que dessus à toutes et singulières exceptions déceptions, fraudes, cautelles, cavillations, allégations, grâces, respis, dispensations de mon serment, oppositions, appellations et à toutes autres choses que l'on pourroit dire, faire, alléguer ne impétrer contre la teneur et effect de ces présentes lettres mesmement au droit disant général renonciation non-valoir se l'espécial ne précède. Et quant à l'observance des choses dessus dites et d'une chacune d'icelles je ledit Jehan de Lavverta dessus nommé vueil, moy et mesdiz hoirs estre contrainct et exécuté ainsi comme de chose adjugiée par la cour de Mondit Seigneur le Duc et par toutes autres cours et juridictions quelconques tant réguliers comme séculiers qui sur ce seront requises l'une des cours non cessant pour l'autre aux juridictions et contrainctes desquelles cours et d'une chacune d'icelles quant ad ce je soubzmet et oblige moy mes diz hoirs biens et corps dessus diz. Entesmoing de ce j'ai requis et obtenu le seel de la cour de Mondit Seigneur le Duc, estre mis à ces présentes lettres. C'est fait et passé en la Chambre des Comptes de Mondit Seigneur à Dijon par devant Jacot Boisot notaire juré de la cour de Mondit Seigneur le Duc et coadjuteur de son tabellion de Dijon, présens avec les officiers dessus diz Ondot le Bédiet conseiller de Mondit Seigneur et son receveur du bailliage de Dijon et Claude Vivant clerc de mondit à Dole. Tesmoings ont été appellez et requis l'an et jour dessus diz. Ainsi signé J. Boisot Pour ce est que nous qui désirons ledit ouvraige estre commencié fait et parfait le plus tost que bonnement faire se pourra et selon le marchié dessus dit ce que faire ne pourroit ledit Maistre Jehan sans avoir argent, mesmement pour le paiement des matières et estoffes à ce nécessaires et pour les dispens de lui et des autres ouvriers qui lui conviendra avoir avecques lui pour l'avancement dudit ouvraige, voulons et expressément vous mandons et commandons par ces présentes que pendant ledit temps et terme desdiz quatre ans advenir dedens lequel temps ledit maistre Jehan est tenu de rendre ledit ouvraige tout parfait assis et assouvis, vous lui paiez, bailliez et délivrez chacun an la somme de mil livres tournois par portion selon que par noz amez et féaulx les gens de noz comptes à Dijon et vous sera advisié en regart à l'ouvraige qui par lui sera fait et à la quantité d'icellui. Et par rapportant pour une et la première foiz ces présentes ou vidimus d'icelles fait soubz seel autentique ou la coppie d'icelles collationnée par l'un de noz secrétaires ou en la Chambre de noz diz comptes avecques quittance souffisant d'icellui Maistre Jehan ensemble l'ordonnance de noz diz gens des comptes sur les paiemens que faiz lui aurez, pour la cause que dessus nous voulons tout ce que ainsi paié lui aurez, estre alloué en la despense de voz comptes et rabatu de votre dite recepte sans difficulté aucune par lesdites gens de noz comptes à Dijon, ausquelx nous mandons et par ces mesmes présentes commandons très expressément que ainsi le facent nonobstant l'ordonnance par nous faite de non passer ou allouer en la despense des comptes de noz receveurs généraulx tant de Bourgogne, Flandres, Artois que autres, aucunes sommes de deniers se non seulement par vertu des lettres et descharges du receveur général de toutes noz finances signées de notre contreroleur d'icelles et quelxconques autres mandemens ou deffenses ad ce contraires lesquelles ordonnances ne voulons préjudicier au cas présent ne à l'effect de ces présentes. Donné en notre dite ville de Dijon le onziesme jour d'aoust l'an de grâce mil quatre cens quarante trois. Ainsi signé par Monseigneur le Duc vous et le sire de Croy présens. J. Milet. Collatio hujus transcripti cum litteris originalibus signatis ac sigillatis et retentis in camera compotorum et positis cum litteris mercature et obligationis existentibus in camera facta fuit in dicta camera XXVIo mensis septembris Anno domini Mo CCCCmo XLIII• Per me J. Ruspy et me N. Monor. Ainsi c'est un pendant au tombeau de Philippe le Hardi que demande le duc; on retrouvera donc, dans le nouveau monument avec les base et table en marbre noir de Dinant, les tabernacles peuplés de plorants, les uns et les autres exécutés en albatre, cette matière fine, blanche et tendre pour laquelle le Moyen Age eut une passion assez malheureuse, car elle n'a pas la quasi indestructibilité des calcaires de choix et des marbres statuaires. Le |