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et dont Paris ne veut guère quand ils viennent de province, et d'une petite ville de province encore. Ne regrettons pas trop cependant de trouver ici tant de feuilles volantes et si peu de livres, et ne tenons pas en médiocre estime ces humbles travaux historiques que seule la province laborieuse peutmener à bien et où elle mettant de choses avec tant de sincérité et d'exactitude. Sans doute, parmi tant de documents, de preuves et de faits mis au jour, l'histoire générale fera son choix, mais jusque dans ce qu'elle dédaigne, il y a encore pour nous des trésors. A côté, en effet, au-dessous si l'on veut de l'histoire abstraite de la patrie française, il y a celle des Français, de ces générations d'hommes, nos ancêtres qui, à l'ombre du clocher natal, ont vécu, travaillé et souffert, ouvriers inconnus, mais utiles eux aussi de la grandeur et de la prospérité nationale. Saluons-les avec un respect ému, messieurs, car le sol qui nous porte les a portés autrefois, et ceux qui, même au risque de tomber dans le détail du détail, s'appliquent à faire refleurir leurs mémoires oubliées, méritent plus que notre bienveillance.

La pleine lumière de Paris a manqué à M. Jeandet, et sa vie s'est écoulée loin même des centres secondaires de l'activité intellectuelle de son temps; du moins dans cette saine atmosphère d'une petite ville, il n'a connu ni la lassitude, ni le scepticisme, ni l'usure des grandes, il a conservé vivante en lui la flamme de l'enthousiasme et de la jeunesse, et tel nous l'avons vu s'asseoir parmi nous l'année dernière, tels nos

anciens et nos maîtres l'ont connu il y a quarante ans. En vérité, on peut appliquer à M. Jeandet le mot latin : qualis ab incepto, et à tout prendre, il ne nous semble pas que notre confrère ait eu la mauvaise part dans la vie.

Nous vous proposons de décerner une médaille d'or à M. Jeandet, membre non résidant, pour l'ensemble de ses travaux historiques sur la Bourgogne.

Votre commission ne croit pas devoir vous proposer d'accorder d'autres médailles, qui seraientforcément de vermeil ou d'argent; il lui a semblé qu'ayant dû aller chercher des écrivains qui ne s'offraient pas à son jugement, l'Académie ne pouvait pas légitimement établir entre eux des comparaisons et des degrés.

Votre commission vous propose enfin de proroger à l'année 1892 le concours ouvert en 1889.

Le Rapporteur,

H. CHABEUF.

Par délibération du même jour, l'Académie a adopté les conclusions du rapport.

Pour extrait conforme:

Le Secrétaire de l'Académie,

H. CHABEUF.

APERÇU GÉNÉRAL

DE

L'HISTOIRE GÉOLOGIQUE DE LA COTE-D'OR

PAR JULES MARTIN

PREMIÈRE PARTIE

Le département de la Côte-d'Or, très richement doté sous le rapport de la variété de sa constitution géologique, compte vingt-six étages sédimentaires, autrement dire, vingt-six âges paléontologiques distincts, sur les quarante-deux dont se compose, au total, l'écorce minérale de notre globe (1).

Parmi les lacunes que présente cette incommensurable succession chronologique, la plus importante se trouve à la base, où le Cambrien et le Silurien, siège des plus anciennes manifestations vitales, font absolument défaut. Il en est de même sans doute aussi du Devonien, bien que l'on ait cité dans notre voisinage, sur les confins de la Nièvre et de Saône-et-Loire, divers produits organiques comme devant être rapportés à cette

(1) Voir ci-après page 52, la nomenclature générale des terrains sédimentaires, avec indication de ceux qui sont représentés dans la Côte-d'Or.

époque, car, à part les doutes qui planent encore sur le bien fondé de cette attribution, on peut affirmer que rien de semblable n'a été recueilli jusqu'ici dans notre département.

ERE PRIMAIRE

Ce serait à cette époque devonienne, suivant M. Michel Lévy, qu'auraient surgi les Granulites si abondamment répandues dans tout le Morvan et aux âges carboniférien et permien qu'il faudrait ensuite reporter les émissions de Microgranulites, de Porphyre à quartz globulaire ou petrosiliceux et de Porphyrite micacée dont les nombreux filons enchevêtrés se coupent les uns les autres et permettent ainsi d'en déterminer l'âge relatif.

On imagine sans peine l'énorme perturbation ayant dû résulter de l'arrivée au jour de pareilles masses en fusion. Si la flore carbonifère ne semble pas s'en être ressentie, c'est que ces émissions, si importantes qu'elles aient été, ne représentent qu'un laps de temps très court par rapport à l'immense durée que suppose une série de générations végétales capable de donner naissance, par l'accumulation de leurs débris, aux nombreuses et épaisses couches de combustible de cette période.

A l'îlot de Sincey-les-Rouvray, cependant, la poussée des Porphyres pétrosiliceux, en redressant les couches de houille, leur a fait subir, sans les altérer autrement, une sorte de distillation qui

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