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en a soustrait presque entièrement les principes volatiles et les a transformés en Anthracite, produit d'un noir brillant et ne brûlant qu'avec difficulté sans flamme ni fumée.

D'ailleurs, ce lambeau de Sincey est, avec les gisements d'Aubigny-la-Ronce et ceux des environs de Menessaire, tout ce que l'on connaît du terrain carbonifère dans la Côte-d'Or, où aucun dépôt marin de l'époque n'a jamais été signalé. Le sol était donc alors généralement exondé et il a continué à l'être à l'âge permien, comme durant la formation des grès bigarrés et du muschelkalk qui constituent ailleurs l'étage conchylien.

C'est sans doute encore dans les mêmes conditions que se sont opérés les dépôts du Keuper auxquels les réactions chimiques semblent avoir pris une si large part, car, sauf de très rares empreintes végétales, généralement indéterminables, on n'y aperçoit aucune trace de fossiles. Mais si la sédimentation de cet étage s'est accomplie au sein de lagunes impropres à la vie et sans l'intervention des eaux marines, d'où vient donc le chlorure de sodium des eaux salées des sources de Pouillenay et de Santenay qui sortent des marnes irisées?

Divers géologues, à la suite d'Elie de Beaumont, sont portés à considérer les sels de cette formation comme dérivant de l'action éruptive, par la raison qu'ils ne contiennent ni chlorure de magnésium, ni trace d'iode ou de brôme.

Cette action éruptive semble en effet attestée par la présence d'amas irréguliers de gypse dans les marnes et argiles de cet étage, amas gypseux résultant probablement de la transformation épigénique des calcaires par des émanations sulfu

reuses.

Il ne faut pas oublier, d'ailleurs, que l'étage saliférien a été profondément affecté ici par les émissions minérales (barytine, fluorine, azurite, galène, fer oligiste, etc.), qui ont accompagné les filons de quartz auxquels est due la silification des arkoses du Keuper.

Il est vrai qu'ici se présente la question de savoir à quelle époque ont surgi ces filons quartzeux qui, outre le Keuper, ont également pénétré le Rhétien, l'Hettangien, le Sinémurien et la partie inférieure du Liasien.

La pénétration de ces divers étages a-t-elle été successive ou simultanée? Bien qu'à priori, il y ait de fortes raisons à faire valoir en faveur de la simultanéité, réservons notre opinion à cet égard, jusqu'à ce que nous avons vu comment lesdites émissions vont se comporter par rapport à chacune des masses sédimentaires qu'elles métamorphisent sur leur passage.

ERE SECONDAIRE

Avec l'étage Rhétien qui ouvre l'ère secondaire, un affaissement lent se produit; la mer prend possession d'une partie du sol de notre pays qu'elle envahira bientôt tout entier, pour ne l'abandonner, sauf quelques retraites locales et temporaires, que vers la fin de la période crétacée. Grâce à cet affaissement graduel et à peu près continu du sol sous-marin, les étages vont paisiblement succéder aux étages, entassant leurs produits sédimentaires les uns sur les autres, et avec eux d'inépuisables documents sur le passé de la région que nous habitons.

En cherchant à dégager les faits qui se sont accomplis durant cette immense succession paléontologique, c'est donc surtout l'histoire des populations marines de ces époques reculées que nous allons avoir à raconter, histoire assez monotone, sans doute, mais pleine d'enseignements en ce qui touche l'apparition comme l'extinction des espèces, ainsi que leur limite de propagation dans le temps et dans l'espace.

Durant tout ce temps, d'ailleurs, les faunes comme les flores qui vont se succéder, en pénétrant plus ou moins les unes dans les autres, n'auront à subir l'influence ni de la latitude, ni des saisons, en raison de l'isothermalité dont jouissait alors le globe de l'équateur aux pôles (1).

La faune rhétienne, apportée du large, est la première faune marine qui ait vécu dans la contrée. Elle est conséquemment ici sans passé et si, ailleurs, ses affinités génériques et spécifiques la rapprochent du Trias, elle n'a chez nous de rap

(1) Au sujet des causes de cette isothermalité voir l'hypothèse du Docteur Blandet intitulée : L'Excès d'insolation considéré « comme principe du phénomène paléothermal, ou le soleil du jour égal et de la zone torride paléozoïque ». Bul. soc. Géologique de France, 2o série, Tome XXV.

ports marqués qu'avec les genres et espèces de l'Infra-Lias dont elle présente déjà un certain nombre de types marquants.

C'est dans le Rhétien que les précurseurs des mammifères didelphes font leur première apparition. Ces rarissimes espèces (Microlestes antiquus et Hypsiprymnopsis rheticus) n'ont pas été recueillies jusqu'ici dans la Côte-d'Or ; mais les poissons des genres Saurichthys, Amblipterus, Pacodus, Lepidotus, Sargodon, Hybodus, Acrodus, etc., y sont fréquents. On trouve particulièrement leurs restes, dents et écailles, entassés pêle-mêle, dans un lit bréchiforme, avec des ossements de reptiles et des coprolithes. Ce lit est ce que les géologues anglais ont appelé le Bone-bed.

Les mollusques sont également nombreux ici dans le Rhétien, sauf les céphalopodes et les brachiopodes qui ne paraissent y avoir laissé aucune trace (1).

Les dépôts de cet âge sont généralement siliceux, peu puissants et sans grande continuité. Ils ne font que combler certaines dépressions et manquent souvent entre le Keuper et l'Infra-Lias proprement dit.

Ces sédiments rhétiens n'ont été qu'assez faiblement affectés par les filons Keupero-Liasiens et, lorsque cela est arrivé, la silice a été l'agent minéralisateur, au contact des lignes de fractures ouvertes dans le Keuper.

(1) Voir Zone à Avicula contorta ou étage Rhétien: Paris, Savy, 1865, 1 vol. in-8 de 288 pages avec planches, par Jules Martin.

L'Hettangien que l'on rencontre ensuite dans la série ascendante des dépôts, bien que très fossilifère, n'a ici ni l'ampleur stratigraphique, ni la valeur paléontologique des autres étages. Il consiste, dans sa partie inférieure, en assises lumachelliques intercalées de feuillets marneux riches en coquilles acéphales et particulièrement en Cardinies.

C'est la zone à Ammonites planorbis. On y rencontre aussi des brachyopodes nombreux, Spiriferina Walcoti, ainsi que des crinoïdes, des échinides et des coralliaires.

Les strates marno-calcaires ou argilo-calcaires de la partie supérieure avec Ammonites angulatus et Ammonites liasicus, sont fertiles en gastéropodes, parmi lesquels les genres turritelles, orthostomes, cérithes et turbos sont les plus nombreux. Beaucoup des espèces, d'ailleurs, sont communes à la zone inférieure et aussi au Sinémurien (1).

L'ensemble des dépôts hettangiens ne dépasse guère cing à six mètres d'épaisseur; il est même parfois beaucoup plus réduit et s'étend en stratification transgressive sur le Keuper et même sur le granit, ce qui prouve d'une manière évidente l'affaissement progressif de la côte morvandelle.

De toutes les parties du Lias, l'Hettangien est peut-être celle qui a subi l'action métamorphique avec le plus d'intensité et c'est surtout le fer oligiste qui a été l'agent modificateur. On trouve bien aussi des assises de ce groupe imprégnées de

(1) Voir: Paléontologie stratigraphique de l'Infra-Lias de la Côte-d'Or, 1 vol. in-4° avec 8 planches, 1860, par Jules Martin.

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