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commençant i'éloge de Mariotte: « Peude villes ont • produit un plus grand nombre d'hommes de mé<< rite, parce que peu de villes ont senti avec tant << d'enthousiasme le prix du talent et leur ont au<< tant décerné d'hommages publics. >>> Le secrétaire de l'Académie des Sciences n'était pourtant pas sûr de la valeur de son explication. Obéissant à ce scrupule, il met en note « savoir si ce que je < dis ici de la ville de Dijon est vrai ou non (1)? »

Il n'est pas aisé de comparer les degrés de l'enthousiasme que les hommes illustres ont provoqué ici et ailleurs, et vous seriez même plus excusables que bien d'autres d'en oublier ou d'en négliger quelques-uns; vous en avez tant à compter! C'est aux qualités natives de la race qu'il faut attribuer une influence puissante, que ne peuvent avoir les manifestations de l'esprit public.

Depuis que Condorcet rendait témoignage du mérite de vos ancêtres, les nouvelles générations nées sur cette terre privilégiée ont fourni une élite plus nombreuse encore que dans les siècles passés. Si votre ville, si votre province en ont une légitime fierté, la grande patrie, la patrie française en a tiré aussi profit et gloire. Elle ne l'oubliera pas et saura maintenir par ses institutions d'enseignement supérieur la haute culture intellectuelle dans une contrée qui lui a donné tant d'hommes de valeur et qui garde encore sa rare fécondité.

(1) Œuvre de Condorcet, tome II, page 23, Edition de 1832.

NOTICE

SUR LA

MÉTÉORITE DE JELICA

(SERBIE)

PAR

J. M. ZUJOVITCH (1)

I. PREMIERS INDICES

Le dimanche 1er décembre de cette année 1889, vers deux heures de l'après-midi, j'entendais une détonation retentissante qui fit légèrement trembler les vitres de ma maison, en même temps que du grenier un bruit sourd se produisait. Etonné, je monte aux étages supérieurs pour y trouver la cause de ce bruit étrange, mais n'y voyant rien d'extraordinaire je cessai complètement d'y penser,

(1) L'auteur de cette note, M. Jovan Zujovitch, auquel la géologie et la minéralogie doivent d'importants travaux, est professeur de géologie à la Faculté des sciences de Belgrade. Sa relation de la chute des aérolithes de Jelica présente un caractère de précision circonstanciée, qui devrait être adopté par tout observateur ayant à cousigner des remarques de cette nature. Si l'auteur avait pu y joindre quelques détails microscopiques sur les p'aques minces de la météorite, ainsi que l'analyse chimique, sa monographie eût été complète. Telle qu'elle est, la notice de M. Zujovitch n'en est pas moins très instructive et d'intérêt général, comme tout ce qui touche à l'étude des poussières cosmiques.

lorsque, le soir même, je reçus du ministère de l'intérieur une copie de la dépêche suivante :

<< Jagodina, 1er décembre 1889, 3 h. 40 du soir.

M. le ministre de l'intérieur, aujourd'hui vers deux heures de l'après-midi il s'est produit une forte détonation suivie d'un tremblement qui s'est fait sentir dans toutes les maisons. Cette détonation semblait provenir d'une explosion. Les habitants de la localité racontent qu'un pareil événement s'est produit hors de la chute de la météorite près d'Alexinac. Je crois de mon devoir de vous prévenir. Préfet, G. Djordjevitch. >>>

Après la lecture de cette dépêche, je me suis rendu aussitôt chez M. Protitch, secrétaire au ministère de l'intérieur, qui avait bien voulu me faire communiquer cette nouvelle, pour le prier de télégraphier à tous les préfets des districts voisins de celui de Jagodina, afin de savoir s'ils n'avaient pas, eux aussi, remarqué un fait semblable et si la chute d'une météorite n'en avait pas été la cause.

Le lendemain, avant même que les réponses à ces demandes ne me soient parvenues, je recevais de M. Stanojevitch, professeur au collège de Caçak, le télégramme suivant :

« Caçak, 2 décembre, 8 h. du soir. Hier à deux heures et demie de l'après-midi il y a eu à Jezevica l'explosion d'une météorite. Les morceaux seront recueillis. »

A cette nouvelle, j'ai cru de mon devoir d'aller personnellement au lieu de la chute de la météorite. Le lendemain, 3 décembre, je me dirigeai vers Caçak, regrettant que deux de mes collègues les plus compétents, M. Lozanitch et M. Kleritch, n'aient pu prendre part à cette excursion pour diriger les recherches, comme ils l'avaient fait précédemment lors de la chute de Soko-Banja.

Pour que ces recherches soient aussi complètes que possible je priai M. Andonovitch, doyen de l'école des ingénieurs, de mettre à ma disposition deux de ses meilleurs élèves, afin de relever la topographie des lieux que nous devions explorer, et tous les instruments qui nous étaient nécessaires. Au moment de mon départ de Belgrade, j'ai reçu du ministère les dépêches suivantes de Caçak, Kragujevac et Cuprija.

« Caçak, 1er décembre 1889, 7 h. 20 du soir. M. le ministre de l'intérieur, aujourd'hui, à deux heures et demie de l'après-midi, a eu lieu dans les villages de Jezevica, Banjica et Viljusa la chute de plusieurs morceaux d'une météorite. Cette chute était accompagnée d'un bruit sourd, semblable au son qui se produit lorsqu'on frappe sur un tonneau vide. Après cela, il y eut deux ou trois détonations semblables au bruit lointain du canon, et la chute même du météore était accompagnée d'un sifflement pareil à celui d'une fusée que l'on tire en l'air. Sa direction était de l'ouest à l'est. Il paraît que la chute des morceaux ne s'est pas faite entièrement à Jezevica, mais en partie aussi près du village de Bumbarevo Brdo, dans le district de Kragujevac. Ordre a été donné de recueillir ces morceaux et de les apporter à la préfecture. Préfet, Rajkovitch. >>

<< Kragujevac, 1 décembre, 7 h. du soir. M. le ministre de l'intérieur, aujourd'hui vers deux heu

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