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démie des sciences (1). Ces deux météorites, qui sont les seules jusqu'ici recueillies en Serbie, sont aussi les seules que comprenne le type lithologique désigné dans la collection du muséum sous le nom de Banjite (2).

Ce qui donne une haute signification à cette roche remarquable, c'est qu'elle est bréchiforme, c'està-dire, formée par la juxtaposition de fragments différents les uns des autres, et qu'elle témoigne par conséquent de la relation stratigraphique antérieure des masses pierreuses dont les débris la constituent. En effet, sur les cassures, la météorite de Jelica montre, dans une masse d'un gris clair à structure un peu lâche et globulifère, des petits blocs anguleux de couleur beaucoup plus foncée, à grains serrés et cristallisés. Si l'on prélève des échantillons séparés de ces deux éléments, on est frappé de leur aspect différent, et l'on arrive aisément à identifier chacun d'eux à un type particulier de roches cosmiques représenté par des météorites distinctes. La masse générale grisâtre est de la montréjite, type auquel appartiennent entre autres les météorites de Montrejeau (1858), de Hessle (1869), de Searsmont (1871), d'Assisi (1886), etc. Les fragments foncés sont de type erxlebénite dont dépendent les pierres tombées à Erxleben (1812), à Kernouve (1869), à Djati Pengilow (1884).

Un autre caractère spécial de la structure des brèches de notre météorite, c'est le peu d'adhérence

(1) Comptes-Rendus de l'Académie des sciences du 14 février 1881. (2) Guide de la collection des météorites du muséum (1889).

des fragments anguleux avec les matières dans lesquelles ils sont enchassés. Sous le choc du marteau, ils tombent facilement et laissent en creux une empreinte de leur forme.

En résumé, par l'ensemble de ces caractères, la météorite de Jelica oblige à voir, dans le milieu d'où elle dérive, un ensemble géologique où, à la suite de la constitution normale de roches distinctes, se sont exercées successivement des actions de concassement, puis de charriage, de mélange, et de cimentation des débris produits. Cette conclusion, défavorable à l'opinion d'une assimilation des météorites aux étoiles filantes et aux comètes, a, au point de l'histoire générale de ces corps, une grande importance, et la météorite de Jelica restera parmi les masses les plus éloquentes au point de vue de l'histoire des roches extra-terrestres (Stanislas Meunier).

H. D.

RAPPORTS

SUR LES PRIX DE 1890

(Section des Sciences)

Commission composée de MM. d'Arbaumont, vice-président, faisant fonctions de président, Drouët, Martin, Dr Marchant, Méray et Viallanes.

MESSIEURS,

Un des privilèges les plus agréables de notre compagnie est celui qui, chaque année, lui permet de décerner des récompenses ou des encouragements aux Bourguignons qui se sont distingués dans les sciences, les arts, ou les belles-lettres. Ici, je n'ai pas besoin de le dire, l'équité seule dicte vos décisions; souvent vous ne connaissez les candidats que par leurs travaux ou leur renommée; si parfois il vous semble bon d'aller au-devant de l'un d'eux, c'est uniquement lorsqu'une modestie excessive l'arrête et l'empêche de solliciter vos suffrages. L'an dernier vous avez récompensé les belles-lettres; l'année prochaine ce sera le tour des arts; cette fois vos lauréats sont choisis dans l'ordre des sciences, et vous allez voir que, même dans cette catégorie, en général plus restreinte, les postulants ne vous ont pas manqué.

1° M. COTTEAU

M. Edmond Cotteau, né à Châtel-Censoir (Yonne), le 9 novembre 1833, a depuis longtemps la passion des voyages. C'est vers 1851 qu'il a commencé ses pérégrinations à travers l'Europe, et c'est de cette époque à 1875 que, bien qu'il fût contrôleur des contributions directes à Paris, il a entrepris de visiter le bassin de la Méditerranée, l'Egypte, l'Asie-Mineure, allant du cap Nord au Maroc, d'Edimbourg au Caire, de Saint-Pétersbourg à Cadix, etc., se contentant le plus souvent, pour ces tournées, d'un congé de deux mois qu'il obtenait, chaque année, de son administration.

Mais c'est en 1876 qu'il a commencé à exécuter des voyages de plus longue haleine et plus lointains.

Ainsi en 1876, il a visité le Canada, traversé les Etats-Unis, de New-York à San-Francisco, et profité de son retour pour voir l'exposition de Philadelphie.

En 1877, il a fait le tour de l'Amérique du Sud, s'arrêtant, pendant ce périple, dans les villes principales du Brésil, de l'Urugay, du Chili, de la Bolivie, du Pérou, de l'Equateur, de Panama, et dans les îles des Antilles. Son plus long séjour a été à

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