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les marnes à Ostrea acuminata sont séparées par une importante succession de dépôts de nature diverse et dans lesquels se produit l'évolution paléontologique qui caractérise les assises ci-après, savoir:

1o Calcaires marneux à Pinna ampla et Pholadomya bucardium;

2o Calcaires grenus ou subcompactes, rarement oolithiques à Ammonites arbustigerus ;

3o Oolithe blanche miliaire à Purpura glabra et autres coquilles littorales;

4o Enfin, grande assise de calcaire compacte à échinides et à astéroïdes.

Une pareille diversité de sédiments, avec variation concomitante dans la faune, ne saurait toutefois avoir été indépendante des changements qui ont affecté le milieu où elle a pris naissance. Il est évident, par exemple, que les conditions de profondeur ne sont pas restées les mêmes pendant le dépôt des produits vaseux où pullule l'Ostrea acuminata et celui des calcaires à Pinna ampla, en raison de la nature spéciale de ses fossiles qui accusent une station subpélagique, tandis que les calcaires à Ammonites arbustigerus témoignent d'un retour manifeste au dépôt côtier. Il est non moins certain que ces conditions ont dû varier aussi entre la formation de ces derniers calcaires et celle des assises sableuses, avec parties madréporiques de l'Oolithe blanche, pour changer encore avec le dépôt des calcaires à échinides.

Il y a eu, durant cet intervalle, une série d'oscillations qui, bien que généralement d'une moindre amplitude que les précédentes, n'en méritent pas moins d'être signalées. Celle qui s'est produite entre l'Oolithe blanche et les calcaires compactes a même été accompagnée de phénomènes éruptifs des plus remarquables. Une émission magnésienne coïncidant avec les premiers sédiments de la grande assise à échinides en a généralement envahi les bancs inférieurs.

A propos de ces émissions minérales, c'est le moment de dire ici qu'il semble impossible d'attribuer une autre origine à la matière calcaire ellemême et particulièrement aux calcaires oolithiques, si abondamment répandus dans la partie moyenne des terrains secondaires. La formation des oolithes, sorte de pralines minuscules à couches concentriques, nous semble devoir être attribuée au mouvement giratoire imprimé à l'élément minéralisateur par la force de propulsion dont il était animé à son arrivée dans la masse liquide. Dans cette hypothèse, le volume plus ou moins gros des oolithes se trouverait expliqué par le plus ou moins de vitesse giratoire combinée au degré d'abondance de la matière éruptive, la texture non oolithique pouvant être considérée elle-même comme le résultat d'émissions moins actives, se répandant à l'état floconneux dans les eaux.

Mais revenons au Bathonien. Ce n'étaient point les derniers mouvements oscillatoires qui devaient affecter la formation de ce grand massif. Une nouvelle commotion allait bientôt mettre fin au dépôt des calcaires compactes et cinq fois encore le même phénomène se renouvelait, donnant ainsi

successivement naissance aux calcaires jaunâtres oolithiques à Terebratula cardium, aux marnes et calcaires lamellaires à Terebratula digona, variété minor, aux calcaires feuilletés à empreintes rameuses de plantes, aux calcaires lumachelles à Terebratula digona, variété emarginata et aux calcaires spathiques connus sous le nom de dalle nacrée ou zone à Pernostrea et à Pentacrinus Buvignieri. Toutes ces zones débutent ordinairement par une couche ou, au moins, par un lit marneux généralement très fossilifère, avec plus ou moins de petits galets ou cailloux roulés, troués par les pholades et couverts de serpules.

Limitées comme il vient d'être dit, ces zones paléontologiques avec la longue succession d'assises variées qu'elles présentent, ont dû demander un temps immense pour leur accumulation. On en pourra juger par ce fait que chacune de celles qui se terminent par un banc usé et poli par la vague a dû être solidifiée avant de recevoir les sédiments de la zone suivante. Les morsures des lithophages qui en criblent ordinairement la surface, pénétrant les dépouilles testacées qui se trouvent enfouies dans la roche, aussi bien que la roche elle-même, le prouvent surabondamment (1).

Ainsi, rien n'est plus certain, les organismes contenus dans chacune des assises étaient déjà passés à l'état fossile avant que la faune du niveau immé

(1) Voir: Description géologique du groupe Bathonien dans la Côte-d'Or, par M. Jules Martin. Extrait des Mémoires de l'Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 1878.

diatement supérieur vînt prendre possession des lieux où ils avaient vécu et où les générations avaient succédé aux générations.

Quand on voit de pareils faits se produire et se répéter jusqu'à six fois dans l'étendue d'un seul et même étage géologique, on reste confondu à la pensée de la prodigieuse antiquité que cela suppose à notre globe et à l'incommensurable durée des temps depuis lesquels il est habité.

Les poussées souterraines de plus en plus rapprochées dont il vient d'être parlé devaient aboutir au soulèvement qui a mis fin aux dépôts bathoniens. D'une amplitude bien supérieure à celle des poussées antérieures, il a refoulé les eaux marines et momentanément exondé une bonne partie de la contrée. La preuve en est fournie par l'état particulier dans lequel on trouve ici l'étage Callovien. En effet, dans la partie nord-est du département, nous n'avons rien qui corresponde statigraphiquement, ni paléontologiquement aux zones à Aттоnites macrocephalus et à Am. anceps, si largement développées dans la Haute-Marne et dans la Nièvre. Seule la zone supérieure à Ammonites athleta y existe et encore en lambeaux discontinus et toujours étroitement limités à certaines dépressions du sol où ils n'ont laissé, le plus souvent, que d'insignifiants témoins. Il en résulte qu'en beaucoup de localités les assises à Ammonites cordatus de l'Oxfordien reposent directement sur le Bathonien resté émergé jusque-là.

Ce retour de la mer oxfordienne dans les parages précédemment abandonnés par les eaux calloviennes a été le résultat de la grande commotion éruptive qui a fait surgir des entrailles de la terre l'immense nappe de fer oolithique venant recouvrir à cette époque non seulement la Côte-d'Or, mais encore le Jura, le Doubs, la Haute-Saône, la HauteMarne, l'Yonne, la Nièvre et une partie de Saôneet-Loire. L'émission, toutefois, n'a pas été simultanée dans tout ce rayon. Elle a commencé à se produire, dès les débuts de l'àge callovien, dans le Chatillonnais et la Haute-Marne, comme dans le Haut-Jura. Puis elle s'est propagée successivement dans la Nièvre, dans l'Yonne et dans toute la partie non encore atteinte de la Côte-d'Or, où elle se trouve à son paroxysme quand elle est près de s'éteindre dans la Haute-Marne et le Jura. Sur ces derniers points elle ne se manifeste plus guère alors que par les émissions sulfureuses qui ont donné naissance aux couches pyriteuses oxfordiennes de ces contrées (1).

Tous les minerais de fer de cet âge, dans le périmètre qui vient d'être déterminé, ont la texture oolithique, comme la plupart des calcaires jurassiques eux-mêmes, ce qui indique bien que les uns et les autres ont la même origine.

Cette invasion de la mer oxfordienne, dès son apparition dans le pays, par des matières ferrugineuses aussi abondantes et probablement à une température fort élevée, a dû avoir les mêmes conséquences qu'au temps du Lias moyen. Comme les

(1) Voir: Le Callovien et l'Oxfordien du versant méditerranéen de la Côte-d'Or, par Jules Martin, 1877.

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