couches à bélemnites, l'assise à Ammonites cordatus annonce un milieu battu par la vague dans le voisinage immédiat de la côte. Ce n'est, à proprement parler, qu'un banc d'échouage, qu'un amas confus de débris de toutes sortes, corps flottants charriés du large, ou restes d'organismes ayant vécu dans les stations subpélagiques ou côtières, balayés par les flots et les courants. Aussi, tout n'y est-il pas toujours dans un bon état de conservation et a-t-on quelquefois de la peine à y trouver des fossiles intacts, malgré la prodigieuse quantité de débris dont ces strates sont encombrées. Le dépôt tout entier ne présente guère, moyennement, plus d'un mètre d'épaisseur et il est rare qu'il atteigne deux ou trois mètres sur les points où il est le mieux développé. Il se compose de fer hydroxydé, à l'état d'oolithes miliaires, avec gangue calcaire et marneuse empâtant des débris sans nombre, bizarrement enchevêtrés et transformés eux-mêmes en minerai. Le désordre et la confusion règnent particulièrement dans les strates inférieures et moyennes. A la partie supérieure, au contraire, sur une épaisseur qui dépasse rarement 20 à 30 centimètres, l'assise tend généralement à se régler et les corps à se déposer suivant l'équilibre de leurs parties. On dirait qu'un mouvement d'affaissement très sensible s'était déjà produit et qu'à ce moment, le dépôt n'était plus, au même degré, soumis à l'action du balancement des flots. Les gastéropodes, les acéphales et les brachiopodes, devenus plus nombreux, y sont souvent d'une merveilleuse conservation et certaines espèces, comme les Terebratula insignis, T. vicinalis et T. umbonella y sont très abondantes. Une interruption dans la sédimentation s'est généralement produite entre cette zone ferrugineuse et la suivante. La dernière assise, lorsqu'elle est solidifiée, est mamelonnée, couverte de serpules innombrables et fréquemment attaquée par les pholades. Puis, sur les calcaires à spongiaires souvent atrophiés, commence à se développer un puissant système de couches généralement marneuses. C'est un milieu d'origine vaseuse dont les sédiments se sont accumulés durant une période d'affaissement lent qui a permis à certains mollusques de vivre et de se multiplier d'une manière ininterrompue à travers ces dépôts sur une épaisseur de 30 à 40 mètres environ, ce qui suppose un temps considérable. A ce groupe sédimentaire succède celui des calcaires marno-compactes ou pseudo-lithographiques à Pholadomya lineata, dans lequel réapparaissent les ammonites, signe certain du voisinage de la côte. Enfin, l'étage se termine par des marnes et calcaires marneux à Pholadomya cor et à Ostrea caprina. Cette huître, généralement assez rare dans l'arrondissement de Dijon, est, au contraire, très abondante dans celui de Châtillon, où elle forme parfois des bancs épais au sommet de la zone. Elle y est souvent d'une belle conservation. Du reste, la faune oxfordienne se distingue, entre toutes, par la richesse de ses formes et la beauté de ses fossiles, dont la plupart ont conservé leur test et leurs ornements les plus délicats. Comme le terrain sinémurien, l'Oxfordien de la Côte-d'Or a conservé les restes de plusieurs des grands reptiles caractéristiques de l'époque secondaire. Ces animaux du jurassique moyen sont peutêtre moins étranges que leurs devanciers et moins éloignés par la forme de certains reptiles actuels; mais ils ne sont pas moins gigantesques. Ils appartiennent au genre Teléosaure et se rapprochent beaucoup du Gavial, crocodile à museau rétréci et cylindrique, qui habite les eaux du Gange. C'est la même forme grêle et allongée de la mâchoire; ce sont à peu près les mêmes dents coniques à pointe mousse, disposées sur une seule ligne et partout égales. L'ossature du reste du corps est aussi sensiblement la même que chez les crocodiles: seulement les vertébres restent biconcaves, ce qui est un caractère commun à beaucoup de sauriens des temps secondaires. La forme étroite et grêle du museau de ces Téléosaures devait, malgré leur taille énorme, les rendre beaucoup moins redoutables que l'Ichthyosaure et, comme le Gavial du Gange, ils se nourrissaient, sans doute, presque exclusivement de poissons. Cette nourriture, du reste, ne leur faisait pas défaut, car les strates oxfordiennes sont riches en débris, particulièrement en dents d'Hybodus, d'Acrodus, de Placodus, de Pycnodus, etc. Ces Pycnodontes fort singuliers, eux-mêmes, par leur dentition, méritent également ici une mention spéciale. Leurs dents à surface arrondie étaient disposées linéairement en pavés contre les mâchoires, de manière à en recouvrir toute la surface. La mâchoire inférieure, de forme concave et débordante, avait le double de développement de la supérieure qui venait s'y insérer, et agissait autant par les bords que par les autres parties en contact. Les rangées linéaires des dents, alternativement grosses et petites, étaient disposées de telle sorte, que les petites du bas correspondaient aux grosses du dessus. Elles présentaient ainsi une large surface triturante éminemment propre à broyer les herbages dont se nourrissaient ces poissons. C'est aujourd'hui une famille éteinte, comme celle des Téléosaures auxquels elle servait sans doute de pâture. L'âge oxfordien, lui aussi, a pris fin, et, avec le Corallien, réapparaissent des dépôts madréporiques des plus intéressants. Ils rappellent les niveaux et stations corralligènes de l'Oolithe inférieure et de l'Oolithe blanche à Purpura glabra; mais ils sont beaucoup plus importants. Le nom appliqué à l'étage répond parfaitement ici à la nature des dépôts, au moins dans leurs parties essentielles. Ce n'est, toutefois, qu'un facies particulier et l'on a eu tort, à notre sens, de le considérer comme caractéristique de l'époque qu'il représente. Les produits coralliens sont, en effet, de tous les temps et leur développement n'est qu'une question de milieu et de profondeur. Il est vrai que les mers jurassiques, avec l'instabilité de leurs niveaux, leurs eaux tièdes, peu profondes et la proportion de calcaire en dissolution qu'elles contenaient, en raison des fréquentes émissions de cette matière, étaient plus que toutes autres aptes à déterminer la formation des atolls et autres centres coralligènes. Cependant, il fallait encore des fonds rocheux appropriés, des eaux limpides et suffisamment renouvelées par l'action des vagues et des courants. Ici le Corallien débute par une couche marneuse ordinairement riche en échinides: Cidaris florigemma, Hemicidaris crenularis, Glypticus hieroglyphicus, etc., caractéristiques de cet horizon à la partie supérieure duquel apparaissent parfois aussi des zoophytes des genres Montlivaultia, Dendrophyllia, Rhypidogira et autres, qui se propagent, d'une manière plus générale, dans les calcaires compactes inférieurs. Mais ce n'est qu'au-dessus de cette grande assise que le dépôt devient tout à fait madréporique. Il est minéralogiquement caractérisé pas un calcaire blanc irrégulièrement stratifié, pétri d'oolithes plus ou moins grosses et littéralement encombré de polypiers à texture sacharoïde: Thecosmilia, Stylina, Astrocenia, Meandrina, Pavonia, Thamnastrea et un grand nombre d'autres. Puis un mouvement d'affaissement survient et tous ces organismes, ne se trouvant apparemment plus dans un milieu qui leur convienne, cessent brusquement leurs constructions. L'élégant et prodigieux édifice est recouvert d'abord par des calcaires fissiles, suboolitiques, et quelquefois siliceux, auxquels succèdent des calcaires compactes d'une grande épaisseur; puis viennent l'Oolithe blanche à Diceras et enfin les calcaires à Nérinées et les calcaires à Astartes, que certains auteurs détachent du groupe pour en for |