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cation sont si opposées aux maximes du chris- | Sa femme et sa mère, qui étoient présentes,

tianisme, on ne peut guère s'empêcher d'y reconnoître le doigt de Dieu et la puissance de la grâce, qui des rochers les plus durs en fait, quand il lui plaît, de véritables enfans d'Abraham.

Je commence par un infidèle que je baptisai, il y a quelque temps, à l'article de la mort: c'étoit un Indien plein de bon sens, appelé Sany. J'allois souvent à Ikaroux, qui est le premier endroit où je m'étois établi avec le père Ramette. Ce bon sauvage ne manquoit pas de nous rendre de fréquentes visites, et nos entretiens rouloient toujours sur la religion chrétienne et sur la nécessité du baptême. Nos discours, aidés de la grâce, firent de vives impressions sur son cœur, et ces impressions se réveillérent aux approches de la mort. Il s'étoit retiré dans un lieu très-sauvage, où ses ancêtres av oient demeuré autrefois et où étoit leur sépulture. Ce fut par un coup d'une providence particulière de Dieu que j'allai le voir dans un temps où ma présence étoit si nécessaire à son salut. Mon dessein étoit d'aller à cinq ou six lieues visiter un Indien dont j'avois appris la maladie depuis peu de jours. Je passai par un carbet voisin, où la plupart des sauvages qui l'habitoient étoient chrétiens à peine fus-je arrivé qu'ils se mirent autour de moi et me demandèrent où je portois mes pas. Ayant satisfait à leur demande : « Tu vas chercher bien loin, me dirent-ils, ce que tu as auprès de toi: ton ami Sany, qui demeure à une demi-lieue d'ici, est à l'extrémité. Ne ferois-tu pas mieux de l'aller voir ?» J'y consentis très-volontiers, et deux Indiennes, parentes du moribond, s'offrirent à être mes guides. Nous nous mimes en chemin, elles, mon petit nègre et moi; nous arrivâmes bientôt à une savane presque impraticable les herbes et les joncs étoient montés si haut qu'on auroit eu de la peine à y découvrir un homme à cheval. Ces bonnes Indiennes marchèrent devant et me frayèrent le chemin en foulant aux pieds les joncs et les herbes : enfin elles me conduisirent à la pointe d'un bois épais, où le malade s'étoit fait transporter et où on lui avoit dressé une pauvre cabane. Aussitôt qu'il m'aperçut il s'écria tout transporté de joie : « Sois le bienvenu, Baba, je savois bien que tu viendrois me voir aujourd'hui; je t'ai vu en songe toute la nuit, et il me sembloit que tu me donnois le baptême. >>

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m'assurèrent qu'en effet il n'avoit cessé de parler de moi toute la nuit, et qu'il leur avoit dit que j'arriverois ce jour-là même. Je profitai des momens de connoissance qui lui restoient et des heureuses dispositions que le ciel avoit mises dans son cœur, et comme il étoit déjà trèsinstruit des vérités de la religion, je le préparai au baptême, qu'il reçut avec une grande piété. Il expira entre mes bras la nuit suivante, pour aller jouir, comme il y a lieu de le croire, du bonheur que la grâce de ce sacrement venoit de lui inspirer.

Une autre mort d'un jeune homme que j'ai élevé et qui se nomme Rémy, me remplit de consolation toutes les fois que j'y pense : il y avoit peu de temps qu'il étoit marié, et il avoit toujours fait paroître un grand attachement à tous les devoirs de la religion. Attaqué d'un violent mal de poitrine, dont tous les remèdes que je lui donnai ne purent le guérir, je lui annonçai que sa mort n'étoit pas éloignée. «< Il faut donc profiter, me répondit-il, du peu de tems qui me reste à vivre. Oui, mon Dieu, ajouta-t-il, c'est volontiers que je meurs, puisque vous le voulez, je souffre avec plaisir les douleurs auxquelles vous me condamnez: je les mérite, parce que j'ai été assez ingrat pour Vous offenser. Aouerle, disait-il en sa langue, Aouerle Tamoussi ye tombe eüa aroubou mappo epelagame ». Ce n'étoient pas là des sentimens que je lui eusse suggérés : le Saint-Esprit luimême, qui les avoit imprimés dans son cœur, les lui mettoit à la bouche: il les répétoit à tout moment, et je ne crois pas m'écarter de la vérité en assurant qu'il les prononçoit plus de trois cents fois par jour; mais il les prononçoit avec tant d'ardeur que j'en étois comme interdit, et je n'avois garde de lui inspirer d'autres sentimens. Dès qu'il se sentit plus mal qu'à l'ordinaire, il me demanda les sacremens. Après avoir entendu sa confession, qu'il fit avec des sentimens pleins de componction, j'allai lui chercher le saint viatique. A la vue de son Sauveur, il parut ranimer toute la ferveur de sa piété : il se jeta à genoux, et, prosterné jusqu'à terre, il adora Jésus-Christ, qu'il reçut ensuite avec le plus profond pespect; je lui administrai presque en même temps l'extrême onction, qu'il reçut avec une foi également vive; après quoi il ne cessa de s'entretenir avec Dieu jusqu'au dernier soupir.

tre capitaines et conduit à l'église par presque tous les Indiens de la mission, qui tenoient chacun un cierge à la main. Il fut enterré au milieu de la nouvelle église. Le reconnoissance demandoit qu'on lui fit cet honneur, parce que c'est lui qui a le plus contribué à la construction de ce saint édifice.

A une mort si édifiante, je joindrai celle de et j'étois le sien: c'est, après les liaisons du Louis-Remy Tourappo, principal chef de nos sang, une sorte d'union, parmi les Indiens, la Indiens et le premier de cette contrée qui ait plus étroite qu'on puisse avoir. Nous honorâembrassé la foi. C'étoit un homme d'esprit, mes autant que nous pûmes ses obsèques : son parfaitement instruit des vérités de la religion cercueil, sur lequel on avoit posé son épée et et qui m'a fourni en sa langue des termes très-son bâton de commandant, fut porté par quapropres et très-énergiques pour exprimer nos divins mystères. Il a été pendant toute sa vie un modèle de vertu pour nos néophytes: presque tous les jours il assistoit au saint sacrifice de la messe. Le soir et le matin il ne manquoit jamais de rassembler tout son monde et il faisoit lui-même la prière à haute voix. Un flux de sang invétéré nous l'enleva. Aussitôt qu'il Je n'ai garde, mon révérend père, de vous s'aperçut que son mal était sans remède, il ne fatiguer plus long-temps par des répétitions songea plus qu'à se préparer à une mort chré- ennuyeuses de faits qui sont assez semblables. tienne. Il reçut les derniers sacremens avec Je finirai cette lettre par le récit de la mort une dévotion qui en inspira au grand nombre d'un autre Indien nommé Denis, qui nous a de sauvages, dont sa case étoit remplie ; je ju- constamment édifiés par une piété exemplaire, geai à propos, pour l'instruction et l'édification par une extrême délicatesse de consience, et de cette multitude d'Indiens, de lui faire faire par la plus exacte fidélité à remplir toutes les sa profession de foi avant que de lui donner obligations qu'impose le nom chrétien. Il lui le saint viatique. Je prononçai donc à haute arrivoit souvent de rester dans l'église après la voix tous les articles de notre croyance. A grand'messe et d'y passer un temps considérachaque article il me répondoit avec une pré-ble dans un profond recueillement et comme sence d'esprit admirable et d'un ton assuré absorbé en lui-même par la faveur de sa prière. « Oui, je le crois, »> ajoutant toujours quelque Je le considérois quelquefois et je me disois à chose qui marquoit sa ferme adhésion aux vé-moi-même : «Que ne puis-je pénétrer dans le rités chrétiennes. Ce fut dans ces sentimens pleins de foi et d'amour pour Dieu qu'il finit sa vie.

cœur de ce pauvre sauvage et y découvrir les communications intimes qu'il parait avoir avec Dieu!» Attaqué d'un flux de ventre sanguinolent, il vit bien qu'il n'avoit que peu de jours à vivre; il ne songea plus qu'à se préparer à ce dernier passage: il purifia plusieurs fois sa consience par des confessions très-exactes et avec les sentimens de la plus vive douleur. Dès qu'il eut reçu le corps adorable de J.-C., il n'eut plus d'autres pensées que celles de l'éternité. Il avoit sans cesse à la main le crucifix. Une fois entre autres que j'allai le voir, je lui trouvai les yeux collés sur ce signe de notre rédemption. Plusieurs Indiens l'environnoient dans un profond silence: je m'assis auprès de lui, et contre son ordinaire il ne me salua point tant il étoit appliqué à l'objet adorable qu'il tenoit entre les mains. « Hé bien! mon cher Denis, lui dis-je, cette image de J.-C. attaché à

Comme je consolais sa fille aînée de la perte qu'elle venoit de faire, elle m'apprit que son père, peu de jours avant sa mort, avoit assemblé tous ceux sur qui il avoit de l'autorité pour leur déclarer ses dernières volontés. « Je meurs nous a-t-il dit, et je meurs chrétien aidezmoi à en rendre grâce au Dieu des miséricordes. Je suis le premier capitaine qui ait reçu chez moi les missionnaires : vous savez que les autres capitaines m'en ont su mauvais gré et que j'ai été l'objet de leurs censures; mais je me suis mis au-dessus de leurs discours et je n'ai pas craint de leur déplaire. Imitez en cela mon exemple; regardez les missionnaires comme vos pères en J.-C.; ayez en eux une entière confiance et prenez garde qu'une vie peu chrétienne ne les oblige malgré eux à vous aban-la croix pour ton salut ne t'inspire-t-elle pas donner. » J'ai été très-touché de cette mort: C'étoit un ancien ami que j'affectionnois fort, à cause de son zèle pour la religion, et qui m'étoit véritablement attaché. Il étoit mon banaré

une grande confiance en ses miséricordes? Oui, Baba, me répondit-il d'un air serein et tranquille. » Le lendemain je le trouvai tellement affoibli que, n'ayant plus la force de tenir lui

LETTRE DU P. FAUQUE,

MISSIONNAIRE DE LA COMPAGNIE de Jésus,

AU P. DE LA NEUVILLE,

DE LA MÊME COMPAGNIE, PROCUREUR DES MISSIONS DE
L'AMÉRIQUE.

Description de la Guyane et particulièrement des rives de l'Oyapoc.

A Cayenne, ce 1er mars 1730.

MON RÉVÉREND PÈRE,

même le crucifix, il le faisoit tenir par sa femme. Ce fut là le spectacle édifiant qui se présenta à mes yeux lorsque j'entrai dans sa cabane: sa femme étoit à genoux à côté de son hamac, tenant le crucifix à la main et le présentant à son mari ; les yeux du mourant étoient immobiles et fortement attachés sur l'image de Jésus crucifié : ils ne m'aperçurent ni l'un ni l'autre, et je fus si attendri de ce que je voyais que je sortis sur l'heure pour donner un libre cours à mes larmes. Je trouvai le père Fauque, à qui je racontai le désolant spectacle dont je venois d'être témoin, et je m'appliquai en même temps ces paroles du roi prophète : « Euntes ibant et flebant mittentes semina sua, Le zèle dont vous êtes animé pour l'établisvenientes autem venient cum exultatione por-sement des missions que nous projetons parmi tantes manipulos suos. » Pouvois-je le croire, tant de nations sauvages qui habitent la Guyalui dis-je, qu'ayant semé avec tant de douleur je moissonnerois un jour avec tant de consolation? J'avois parcouru ces lieux sauvages en pleurant, et, semblable à un laboureur qui n'ensemence qu'à regret une terre ingrate, je semois sans presque aucune espérance de récolte pouvois-je m'attendre à la joie que je ressens maintenant, de me voir chargé des fruits de mes peines et de ma patience? »>

Je vous l'ai dit, mon révérend père, et il est vrai que le cœur de nos sauvages ressemble à ces terres qui ne produisent de fruits que par la patience de ceux qui les cultivent. Un missionnaire, sans avoir ces grands talens que Dieu donne à qui il lui plaît, mais qui sera plein de zèle et qui, loin de voltiger chez toutes ces différentes nations, s'attachera à une nation particulière de sauvages, pour les instruire à loisir et leur rabattre sans cesse les mêmes vérités, sans se rebuter, sans se décourager, verra, avec le temps, sa patience couronnée par les fruits de bénédiction que produira la semence évangélique qu'il aura jetée dans leurs cœurs. Fructum afferunt in patientiâ. Je me recommande à vos saints sacrifices et suis avec un profond respect, etc.

La paix de N. S.

ne, et la générosité avec laquelle vous êtes toujours prêt à nous seconder dans une si sainte entreprise, sont bien capables de nous soutenir et de nous fortifier dans les travaux qui en seront inséparables. Nous découvrons tous les jours quelques unes de ces nations, que nous espérons de réunir en diverses peuplades semblables à celle que le père Lombard vient de former à Kourou. Ce n'est qu'en fixant ainsi les sauvages qu'on peut se promettre de rendre leur conversion à la foi solide et durable.

Dans le dernier voyage que je fis à Oyapoc, je profitai d'un peu de loisir que j'y eus pour monter la rivière et faire une petite excursion chez les sauvages. M. du Villard s'offrit à être du voyage: nous partînes du fort le lundi 22 décembre de l'année dernière, dans deux petits. canots, avec sept Indiens qui nous accompagnèrent, savoir: trois Caranes, deux Acoquas, un Piriou et un Palanque. Nous arrivâmes de bonne heure au premier saut nommé Yeneri: il est long d'un demi-quart de lieue, c'est le plus dangereux qu'on trouve dans toute la rivière d'Oyapoc. Quelque favorable que soit la saison, il faut nécessairement y débarquer tout le bagage pour traîner plus aisément les canots sur les roches.

C'est aux environs de ce saut que demeurent les Caranes, nation à la vérité peu nombreuse, mais qui, par sa bravoure, a tenu tête autrefois aux François et à dix autres nations indiennes : ils me reçurent fort bien et me parurent très-disposés à se faire instruire des vérités de la foi.

Le lendemain nous ne fîmes qu'errer de roche en roche, pour donner le loisir à nos Indiens de haler nos canots. Nous arrivâmes avant midi au second saut, nommé Cachiri, qui est long de près d'un quart de lieue et éloigné du premier saut d'environ une lieue. On voit là une petite rivière sur la gauche, qu'on nomme Kerikourou, et qu'on monte plus de vingt lieues dans les terres, quoiqu'elle soit remplie de sauts. C'est à Cachiri que trois de nos François furent tués autrefois par les Caranes.

Après avoir passé ce saut, nous découvrimes sur la droite une crique assez grande qu'on nomme Armontabo. Un Palanque, appelé Kamiou, y avoit fait son abatis l'année dernière (c'est ainsi qu'en Amérique on appelle un terrain défriché), mais il n'y demeura pas longtemps: les Caranes l'obligèrent d'aller s'établir plus loin. Nous campâmes ce jour-là sur une roche au bord de la rivière. Les Indiens nous dressèrent un petit ajupa pour y passer la nuit (c'est une espèce d'appentis ouvert de tous côtés); mais comme il étoit mal couvert, par la difficulté de trouver dans ces cantons les feuilles propres à couvrir les toits, nous fùmes bien mouillés par quelques grains de pluie qui tombèrent.

Le 14 nous ne fùmes pas obligés de mettre pied à terre à la vérité on trouvoit de temps en temps des roches; mais comme elles sont éparses çà et là dans la rivière, elles n'empêchent pas de tenir la route. Le lit de cette rivière nous parut assez beau; nous découvrions quelquefois près d'un quart de lieue au loin, et en certains endroits la nature a si bien alligné le canal qu'on diroit qu'il a été tiré au cordeau.

Nos Indiens eurent souvent le plaisir de tirer leurs flèches sur des bakous: c'est un poisson fort délicat, que je comparerois volontiers à la dorade de Provence; on le trouve dans le plus fort des courans; il est d'ordinaire tellement attaché à succer une espèce de mousse qui natt contre les roches, qu'on peut s'approcher fort près de lui sans qu'il s'en aperçoive.

Vers les quatre heures du soir nous trouvâmes un paresseux je ne sais si lorsque vous étiez à Cayenne vous avez vu cette espèce d'animal. Le nom qu'on lui a donné convient bien à son indolence et à son inaction: je ne crois pas qu'il pût faire cent pas en un jour dans le plus beau chemin.

Il étoit perché sur la pointe d'un rocher élevé

au milieu de l'eau. Il a quatre pattes armées de trois griffes assez longues et un peu crochues. Sa peau est couverte d'un poil presque aussi long et aussi fin que la laine; sa queue est très-courte, et son museau ressemble parfaitement au visage d'un homme qui auroit la tête enveloppée d'un capuche bien étroit. Celui que nous vimes n'étoit guère plus gros qu'un chat. Si nos Indiens ne l'eussent pas trouvé si maigre, ils s'en seroient régalés '.

Il nous fallut coucher ce soir là dans le bois: la pluie que nous avions essuyée la nuit précédente rendit les Indiens plus attentifs à nous mieux loger. Leur précaution nous fut inutile, car il plut jusqu'à huit heures du matin.

Le 15 nous continuâmes notre marche, qui fut assez unie: il se trouva néanmoins assez fréquemment sur notre route des flots, des bancs de roche, des courans et des bouquets de bois, mais ils ne nous furent d'aucun obstacle. Nous rencontrâmes dans la matinée une assez grande rivière, qui monte jusqu'à trente lieues dans les terres où il y a une nation d'Indiens qui sont inconnus. Je crois qu'on les nomme Aranajoux. Vers les deux heures après-midi, nous découvrîmes de loin deux abatis faits tout récemment; nous n'eûmes pas le temps de les aller reconnoître de plus près.

Peu après nous rencontrâmes deux canots de pêcheurs qui nous conduisirent à leur case: c'étoient des Pirious établis depuis un an dans cette contrée. La pluie qui tomba en abondance aussitôt que nous y fùmes arrivés, nous obligea de passer la nuit chez eux. Nous étions si fort à l'étroit, et parmi des gens si sales, que j'aurois beaucoup mieux aimé loger dans les bois, comme nous avions fait les jours précédens. Un de nos Indiens nous avertit qu'il y avoit là un pyaie, lequel avoit trois femmes et laissoit mourir d'inanition ceux qui venoient chercher

Ce genre de quadrupède ne se trouve que dans l'Amérique méridionale. Le paresseux est de l'ordre des tardigraves. Il y en a de trois espèces : l'aï, l'unau, le

kouri.

L'aï est deux jours à monter sur l'arbre où il veut s'établir. Il le ronge jusqu'aux branches. Sa fourrure est d'un gris varié de brun, il a quelquefois une tache noire sur le dos.

L'unau est gros comme un mouton. Il n'a point de queue.

Le kouri est un petit hunau. Il a le poil varié de brun, de jaune, de gris. Il habite particulièrement la Guyane.

2 Enchanteur

la santé chez lui, afin d'épouser ensuite les veuves. La polygamie et la confiance aveugle que ces sauvages ont dans ces sortes d'enchanteurs seront le plus grand obstacle que nous trouverons à établir le christianisme dans ces terres infidèles.

Le 16, nous commençâmes à trouver les abatis en plus grande abondance à l'un et à l'autre bord de la rivière. Nous nous arrêtâmes sur une roche vers les onze heures, afin de donner le temps à nos Indiens de se refaire un peu de leurs fatigues. Comme il y avoit là quelques cases et qu'il ne paroissoit aucun sauvage, j'eus la curiosité d'y entrer; mais à peine eus-je fait quelques pas que je sentis la terre s'enfoncer sous mes pieds: je retournai aussitôt vers nos Indiens, qui me dirent que depuis peu on avoit enterré en cet endroit une famille presque entière d'Acoquas, et que la peur dont les autres avoient été saisis les avoit fait décamper au plus vite.

Rien de plus digne de compassion, mon révérend père, que de voir la quantité de ces malheureux Indiens qui périssent faute de secours; je suis persuadé que, quand nous serons une fois établis parmi eux, nous prolongerons la vie à un grand nombre. Dans les diverses excursions que j'ai faites, je n'en ai guère trouvé qui fussent d'un âge avancé. La confiance qu'ils paroissent avoir aux remèdes que leur donnent les François nous facilitera le moyen de nous insinuer dans leurs esprits. M. du Villard ouvrit la veine à plusieurs, qui lui témoignèrent beaucoup de reconnoissance. J'ai amené quatre de ces sauvages avec moi, afin qu'ils apprennent à saigner, et en même temps ils aideront le père Lombard à achever le vocabulaire qu'il a commencé. Ce secours que nous procurons aux Indiens les rendra bien plus dociles à nos instructions, car le caractère du sauvage est de ne se conduire d'abord que par des vues d'intérêt.

proche. Nous ne fûmes pas néanmoins longtemps sans les joindre le plus ancien, qui faisoit la fonction de capitaine, vint me saluer. Un saut dangereux nous obligea de mettre pied å terre et d'aller à leurs cases. L'accueil froid et indifférent qu'ils nous firent ne nous engagea pas à demeurer avec eux je leur donnai cependant le loisir de me bien examiner, car j'étois pour eux un objet nouveau et tout-à-fait extraordinaire.

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Après avoir avalé un coui d'une très-mauvaise liqueur qu'on me présenta, je profitai du reste de la journée pour me rendre chez le capitaine des Pirious, qui a une grande autorité dans sa nation et sur toutes les autres nations du voisinage. Il s'appelle Apariou: c'est un bon vieillard d'environ soixante et dix ans, qui a l'œil vif, l'air résolu et qui paroît homme de main. Un capitaine françois, à ce que m'assura M. du Villard, n'est pas mieux obéi de ses soldats qu'il l'est de tous ceux qui composent sa nation.

Quelques-uns de ses gens vinrent au-devant de moi avec leurs flèches, leurs plumets et les ornemens dont ils se parent. Apariou étoit resté chez lui dans une case haute. Aussitôt que j'eus pris place dans le taboui ( c'est une case basse au rez-de-chaussée), je le vis paroître au haut de son échelle il tenoit à la main une espèce d'esponton, et il avoit la tête couverte d'un vieux chapeau bordé dont M. de La Garde, envoyé à la découverte d'une mine d'or au haut de la rivière, lui avoit fait présent de la part du roi, comme à un banaré des François.

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Avant de m'aborder, il s'adressa à son neveu, qui avoit fait quelques mois de séjour Kourou, et lui demanda si j'étois véritablement celui chez qui il avoit demeuré. Après avoir été satisfait sur cet article, il s'approcha de moi avec un air épanoui et me dit en son langage que j'étois le bienvenu et qu'il étoit ravi de me voir. Je lui fis présent de quelques curiosités qui lui étoient nouvelles parce qu'il n'est jamais sorti de son pays, et il me parut très-content de mes libéralités. Je crus ne devoir rien négliger pour nous affectionner ce chef des sauvages, car c'est de lui que dépend le succès de l'établissement que nous projetons de faire en ce lieu-là. Sur le soir, je demandai au neveu quelles étoient les intentions du chef

Jalte de bois vernissé.

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