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l'heure marquée par la connoissance des temps étoit assez juste. Or ce livre donne l'émersion du 13 août à 4 heures 27 minutes pour Paris qu'il faut ôler de 9 heures 22 minutes 1 seconde; il reste pour la différence des méridiens de Paris et de Jaepour 4 heures 55 mi

nutes.

On a cru déterminer encore plus exactement cette différence en comparant le milieu de l'éclipse lunaire de décembre 1732, conclu de l'immersion totale de la lune et du commencement de son émersion; ces deux phases, qui sont faciles à observer, l'ayant été à Paris par M. Cassini et à Jaëpour par les brames, qui, comme on l'a dit, y observent sans cesse jour et nuit.

Le 1er décembre 1732, à Jaëpour, immersion totale de la lune à 22 garis 7 pols après le coucher du soleil, commencement de l'émersion à 26 garis 20 pols: donc, milieu de l'éclipse à 24 garis 13 pols et demi après le coucher du soleil.

Chaque garis est de 24 minutes et contient 60 pols; ainsi milieu de l'éclipse à 9 heures 41 minutes 24 secondes après le coucher du soleil. En calculant à la manière des brames, c'est-à-dire sans avoir égard à la réfraction, le soleil se coucha à 5 heures 12 minutes 48 secondes; par conséquent milieu de l'éclipse à 14 heures 54 minutes 12 secondes. Selon l'observation de M. Cassini faite à l'Observatoire de Paris, milieu de l'éclipse à 9 heures 58 minutes 38 secondes : donc, différence des méridiens de Paris et de Jaëpour 4 heures 55 minutes 34 secondes.

Les observations des satellites de Jupiler ont été faites par le révérend père Gaubil avec une lunette de 20 pieds et par les pères jésuites qui étoient en voyage avec une de 17 pieds.

On appelle l'heure de l'immersion du satellite de Jupiter le moment auquel on a cessé de voir ce satellite, et l'heure de l'émersion l'instant auquel on a commencé de le voir.

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MÉMOIRE SUR L'INDE.

S'il falloit rendre un compte exact de tout ce qui s'est passé dans l'Inde pendant les derniers troubles, on se trouveroit forcé de sortir des bornes de la précision qu'on s'est prescrite

dans ce mémoire, on se contentera donc de donner une idée pure et simple du gouvernement des Maures, de l'origine d'Anaverdikan, nabab ou gouverneur d'Arcate, des motifs de la guerre, de la conduite qu'on a tenue pour l'éviter dans tous les temps, conduite tout à fait opposée à celle des Anglois, qui sont seuls la cause de la continuation des troubles; on fera voir les effets de la guerre, qui n'a causé aucun préjudice au commerce; on y ajoutera un état de comparaison des établissemens françois et anglois, avant et depuis la guerre, auquel on joindra quelques réflexions sur les avantages qu'ils peuvent procurer; on finira par un état des revenus de nos nouvelles concessions.

Du gouvernement des Maures.

Le soubedary du Dekan étoit autrefois ce fameux royaume de Golconde si connu par la richesse de ses mines de diamans et gouverné par des princes gentils.

La révolution occasionnée par les conquêtes d'Aurenzeb, empereur mogol, contemporain de Louis XIV, changea la forme de ce gouvernement, et de gentil qu'il étoit, il devint

maure.

Toute la presqu'île de l'Inde, qui commence au nord d'Ianaon et finit au cap Comorin, fut donnée pour apanage, à titre de souverainetė, à Nizamel-Moulouk, proche parent de ce même Aurenzeb, et à ses descendans, à condition cependant qu'ils paieroient un tribut annuel au Mogol à chaque mutation occasionnée par leur mort.

Lorsque Thamas Kouli-Kan vint s'emparer il y a quelques années des états du Mogol, it ne changea rien à cette disposition et la confirma même par le traité que ce prince fit avec le Mogol lorsqu'il retourna en Perse.

Ce soubedary est divisé en plusieurs nababies ou gouvernemens amovibles et non héréditaires, comme sont à peu près les gouvernemens des différentes provinces de France; c'est celui qui possède ce soubedary de qui dépend tout le pays où la compagnie des Indes fait son commerce, depuis Karikal jusqu'au nord de Masulipatam, qui forme environ cent soixante lieues de côte.

Nizam Elmoulouk mourut à Golconde au mois de juin 1748; il laissa cinq enfans måles: le premier, nommé Gazindikan, possédoit une

des principales charges à la cour du Mogol; le second, nommé Nazerzingue, s'étoit révolté contre son père; les trois autres étoient encore fort jeunes. Nizam, pour punir Nazerzingue de sa révolte, laissa par son testament la soubabie du Dekan à son petit-fils, nommé Mouzaferzingue, et lui en fit obtenir l'investiture du Mogol.

il avoit trois enfans: l'aîné, nommé SabderAlikan, mourut à peu près en même temps que lui; une fille mariée à Chandasaeb, gouverneur de Trichirapali, et le troisième étoit encore fort jeune. Daoust-Alikan vouloit faire passer son gouvernement sur la tête de so gendre Chandasaeb; mais les Marattes ayant pris Trichirapali, dont il étoit gouverneur, le firent prisonnier et l'emmenèrent dans leur

pays.

En 1742, Nizam étant venu reprendre Trichirapali sur les Marattes et voulant reconnoître les services de Daoust-Alikan, homme qui lui avoit en toute occasion donné des marques de sa soumission et de son zèle, il nomma son fils au gouvernement d'Arcate et mit pour

Mouzaferzingue, après la mort de son grandpère, songea à se mettre en possession de ses états; mais Nazerzingue, dont on a parlé cidessus, qui à la mort de son père s'étoit emparé des trésors de Golgonde et avoit gagné par ses largesses les principaux chefs de l'armée, voulut empêcher ce prince de monter sur le trône de Nizam et sollicita auprès du Mogol l'investiture de la soubabie du Dekan. Le Mo-régent de cette province Anaverdikan, homine gol, bien loin de la lui accorder, lui ordonna de la remettre à Mouzaferzingue; mais l'usurpateur ne tint aucun compte de ses ordres et sut profiter adroitement des troubles qui régnoient alors à la cour de Dely pour se rendre indépendant; on assure même qu'il alloit se Joindre à Hémet-Abdaly' pour détrôner son maître s'il n'eût pas cru sa présence nécessaire dans le Dekan pour conserver ses états quoique usurpés.

Cependant Mouzaferzingue, nanti des pouvoirs du Mogol, se mit en marche et crut convenable au bien de ses affaires de commencer les opérations par les provinces méridionales de la presqu'ile: 1° pour retirer les tributs qui étoient dûs à son grand-père par les différens nababs ou gouverneurs de ces provinces, car l'insubordination règne de façon, parmi eux, que leur maître est presque toujours obligé de mettre une armée en campagne pour leur faire rendre compte; 2° le grand âge et les infirmités de Nizam l'ayant empêché de venir remédier au désordre qui régnoit dans la province d'Arcate, qui est une des plus considérables du Dekan, il étoit nécessaire que Mouzaferzingue nommât au gouvernement de cette province, qui étoit occupée depuis neuf ans par Anaverdikan, dont on va faire l'histoire en peu de mots.

Daoust-Alikan, gouverneur d'Arcate, mourut dans son gouvernement en 1741 ou 1742;

Cet Hémet-Abdaly étoit au service de Thamas Koulikan lorsque ce prince fit la conquête de l'Indɔustan, et après sa mort il leva des troupes et s'approcha de Dely en 1748 pour tirer de l'argent du Mogol.

de fort basse extraction qui ne laissoit pas ce-
pendant d'avoir un certain mérite, mais il joi-
gnoit à ce mérite une ambition démesurée qui
le porta bientôt aux plus grands excès. Sitôt
qu'il sut Nisam de retour à Golconde et pen-
sant bien que son âge l'empêcheroit de venir
dans la province du Carnatte, il fit empoison-
ner le jeune Daoust-Alikan, dont il étoit gou-
verneur. Il donna avis de celle mort à Nizam,
ayant bien soin de l'annoncer comme une mort
naturelle, et lui demanda le gouvernement
d'Arcate, qui lui fut toujours refusé; mais.
voyant qu'il ne pouvoit pas l'obtenir, il se ren-
dit indépendant, leva les meilleures troupes
qu'il put trouver, et comme il passoit pour
être expérimenté dans l'art de la guerre, il se
fit craindre et respecter, et jouit pendant sept
ans des revenues de cette province sans en ren-
dre aucun compte au souba du Dekan. Il est
prouvé que jamais Anaverdikan n'a pu obtenir
du souba l'investiture d'Arcate; son fils Maha-
met - Alikan n'a pas mieux réussi que son
père lorsqu'il a demandé cette investiture.
Voyez à ce sujet les lettres des Anglois à Na-
zerzingue rapportées dans celles de M. Du-
pleix à M. Sannders et la lettre de M. Sannders
à Salaberzingue, dont ci-joint copie.

Copie de la lettre de M. Sannders, gouverneur de Mairas,
Salaberzingue.

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« Je vous ai déja écrit deux requêtes pour vous informer des embarras dans lesquels nous étions, mais je n'ai pas été assez heureux pour qu'elles parvinssent à votre cour Avec l'aide et la protection de Dieu, les jours du malfai

:

teur et trop malheureux Chandasaeb ont été tranchés par le fer. Anaverdikan a remporté la victoire. Le père de ce dernier étoit un de vos affectionnés serviteurs tant qu'il a vécu il s'est comporté avec fidélité dans toutes les affaires; son fils Anaverdikan est votre esclave, il fait des vœux pour votre prospérité, et il est capable de sacrifier sa vie pour vous; c'est pourquoi je vous supplie de lui donner ce gouvernement. De plus, par rapport à Pondemaly, Saint-Thomé et Divy, notre commerce va mal si vous ne nous faites le don de ces trois endroits. Je vous promets de vous envoyer deux mille hommes de troupes portant chapeaux, des canons et munitions de guerre : ces hommes tiendront vos étriers et seront toujours prêts à sacrifier leur vie pour votre service. Je vous prie aussi de donner à un autre les terres qui sont entre Tevenapalam et Pondichery, que les François ont à leur disposition, parce que cela nous fait tort et que les François sont des envieux qui ne voient qu'à regret le bien des autres: ce qu'ils ont fait est à la connoissance de tout le monde. Je fais des vœux pour mériter votre protection, et je vous supplie de donner ce gouvernement à Anaverdikan, Pandemaly, Saint-Thomé et Divy aux Anglois. Si vous faites ainsi, je vous enverrai sans faute les deux mille hommes de troupes, les canons et les munitions de guerre dont je viens de vous entretenir, et j'espère que les troupes vous prouveront par leur travail et leur zéle l'attachement que nous avons pour vous. »

Mouzaferzingue prévint M. Dupleix de sa marche, lui donna connoissance de son droit sur le Dekan par l'investiture que lui avoit donné le Mogol et lui demanda des secours, lui promettant d'augmenter nos établissemens et de nommer au gouvernement d'Arcate Chandasaeb, dont on a parlé ci-dessus, homme de tout temps attaché à la nation, qui en avoit donné des preuves du temps de M. Dumas, gouverneur de Pondichéry, qui lui avoit donné des secours lorsque les Marattes vinrent faire le siége de Trichirapali, dont ce même Chandasaeb étoit gouverneur.

Motifs de la guerre.

De ce qu'on vient d'exposer, il résulte que la guerre étoit allumée dans l'Inde, indépendamment des nations européennes, non-seule ment entre Mouzaferzingue et Nazerzingue

pour la soubabie du Dekan, mais encore visà-vis des autres nababs ou gouverneurs pour le paiement des tributs qu'ils doivent à Mouzaferzingue.

Si l'on considère la justice de la cause des deux concurrens et l'autorité du Mogol, qui doit seule être respectée par les nations européennes, il n'est pas douteux que le bon droit ne fût du côté de Mouzaferzingue.

A tous ces motifs, pour se déterminer en faveur de ce prince, on peut ajouter le juste ressentiment des François contre la famille d'Anaverdikan et la nécessité de le lui faire sentit sitôt que l'occasion favorable s'en fut présen

tée.

La compagnie et toute l'Inde savent à quel point cette famille étoit acharnée contre la nation françoise: le blocus de Madras sitôt que nous nous en fûmes rendus maîtres, les secours qu'elle donna aux Anglois lorsque nous nous préparions à faire le siége de Goudelour, secours qui firent échouer nos projets sur cette place; les troupes que cette même famille joignit à celles des Anglois lorsque ces derniers vinrent faire le siége de Pondichery au mois d'août 1748, malgré le traité de paix que ce même Anaverdikan avoit signé avec les François au mois de février 1747; les avanies que la nation avoit reçues de la part de sa famille, tout cela, joint aux ordres de la compagnie, avoit autorisé à faciliter la nomination de Chandasaeb au gouvernement d'Arcate et détermina le gouverneur de Pondichéry à donner les secours que Mouzaferzingue demandoit.

Non-seulement il étoit de notre intérêt de lui accorder ces secours, mais encore il étoit à craindre que ce prince ne s'adressât aux Anglois, qui n'auroient pas manqué de lui en donner et d'établir, par les avantages que leur eût procuré ce prince, l'agrandissement de leur terrain et de leur commerce sur les ruines du nôtre.

Après les plus sérieuses réflexions, M. Dupleix, frappé des avantages qui pourroient résulter des offres de Mouzaferzingue, qui lui promettoit de nous donner la propriété de Villenour, Valdaour et Bahour, qui formoient un arrondissement aux environs de Pondichery d'autant plus utile que notre terrain de ce côtélà étoit des plus borné, lui envoya 400 soldats européens et 2,000 cipayes ou soldats indiens commandés par M. d'Auteuil, qui, s'étant

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Mouzaferzingue crut ne pouvoir mieux témoigner sa reconnoissance à la nation des serVice qu'elle venoit de lui rendre qu'en joignant à son domaine Bahour, Villenour et Valdaour et leurs dépendances aux environs de Pondy- | chéry, quatre-vingts aldées ou villages auprès de Karikal, ce qui peut donner en tout un revenu de sept à huit cent mille francs de notre monnoie.

Ce prince, après avoir nommé Chandasacb au gouvernement de la province d'Arcate, se disposoit à prendre la route de Golconde; mais l'usurpateur Nazerzingue, appelé par les Anglois, jaloux de nos avantages, descendant dans la province d'Arcate, Mouzaferzingue fut obligé d'y séjourner encore quelque temps.

Pour éviter un trop long détail, on se contentera seulement de dire que Nazerzingue resta dans cette province environ un an et qu'enfin il fut tué dans une action le 16 décembre 1750 à douze lieues de Pondichery.

Sa mort laissa Mouzaferzingue sans concurrent; il donna encore à la nation une nouvelle marque de sa reconnoissance en lui donnant la propriété de la ville de Masulipatam et ses dépendances, six lieues de l'ile de Divy, et quantité d'aldées ou villages d'un revenu considérable, et après avoir pris quelque arrangement pour maintenir la paix dans la province d'Arcate, il prit la route de Golconde au mois de janvier 1751; mais dans une action qu'il cut à cause d'une révolte de quelques chefs de son armée, il fut tué au mois de février de la même année, environ à quatre-vingts lieues de Pondichery.

L'aîné des trois jeunes fils de Nizam, dont on a parlé ci-dessus, fut reconnu de toute l'armée pour successeur de Mouzaferzingue; il obtint du Mogol au mois d'août suivant l'investiture du Dekan, dont il jouit aujourd'hui. Nonseulement il confirma aussitôt les donations que son prédécesseur avoit faites à la nation, mais encore il les augmenta. Les dernières concessions de Masulipatam et dépendances ont toujours joui d'une tranquillité pafaite malgré les troubles de la province d'Arcate.

M. de Bussy, commandant des troupes

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Sitôt qu'on sut la nouvelle de la déclaration. de guerre en 1744 entre la France et l'Angleterre, M. Dupleix proposa au gouverneur de Madras un traité de neutralité dans l'Inde, malgré la guerre qui étoit allumée entre les deux nations en Europe, sentant bien l'importance de la paix pour le commerce.

Le gouverneur anglois fut peu fidèle à ce traité, puisque en même temps qu'il le signa, il dépêcha de Madras un paquebot qui fut donner avis à l'escadre angloise qui étoit déja rendue dans l'Inde des différens endroits où étoient nos vaisseaux, avis qui fut si bien suivi qu'ils prirent cette année-là tous ceux que nous avions

en mer.

M. Dupleix fit un pareil traité de neutralité avec Anaverdikan, gouverneur d'Arcale, qui n'y fut pas plus fidèle que l'Anglois, comme on l'a dit et prouvé ci-dessus.

La paix terminée en Europe en 1748, les Anglois jugèrent à propos, au mois de décembre 1748 ou janvier 1749, de déclarer la guerre au roi de Tanjaour. Ce prince, lors de l'établissement de notre comptoir de Karikal, qui est dans ses états, avoit fait en 1738 avec M. Dumas un traité de ligue offensive et défensive qui fut approuvé en Europe; ce prince, prêt à succomber sous les Anglois, pressa M. Dupleix de lui fournir les secours que lui avoit fait espérer son prédécesseur par le susdit traité; mais M. Dupleix sentant qu'en paix avec les Anglois, il ne lui convenoit pas de donner des troupes contre eux, écrivit au roi de Tanjaour qu'il étoit fâché de ne pouvoir remplir les engagemens que son prédécesseur avoit pris avec lui, qu'il lui conseilloit de faire la paix

avec les Anglois, que c'étoit le parti le plus sage, le plus nécessaire au bien de ses peuples et à la prospérité du commerce. Une pareille conduite prouve clairement l'envie qu'on a eue de tous temps d'avoir la paix dans l'Inde.

Conduite des Anglois pour susciter et continuer les troubles de l'Inde.

Siles Anglois eussent suivi un pareil exemple, les troubles de la province d'Arcate n'auroient pas été d'une plus longue durée; mais plus jaloux de notre agrandissement, que nous ne l'avions été du leur, ils ont cherché à les continuer en appelant Nazerzingue dans la province d'Arcate et lui conseillant toujours de ne faire aucun accommodement avec les François.

La mort de Nazerzingue eût dû mettre fin aux troubles; mais les Anglois trouvèrent bientôt un autre prétexte pour les continuer en soutenant Mahamet-Alikan, fils d'Anaverdikan, dans sa rébellion et prétendant que le gouvernement d'Arcate lui appartenoit de droit, quoiqu'il n'en eût jamais eu l'investiture de Nazerzingue, de Mouzaferzingue ni de Salaberzingue, ce qu'ils avouent eux-mêmes par leurs lettres à ces seigneurs, qui ont seuls droit de nommer au gouvernement; mais il leur falloit un prétexte pour nous nuire : celui-ci leur a paru suffisant.

Après avoir rendu compte des motifs de la guerre, examinons les effets qu'elle a produits.

Effets de la guerre.

Les terres que la compagnie possédoit à la côle de Coromandel, jusqu'au mois d'octobre 1749, se bornoient à la ville de Pondichéry, celles de Karikal et leurs dépendances, une loge ou maison de commerce à Masulipatam, une autre à Janaon, au nord de cette ville, ce qui pouvoit former deux lieues de terrain.

Les présens que la compagnie étoit obligée de faire aux nababs ou gouverneurs d'Arcate et à plusieurs autres petits chefs qui à chaque instant la génoient dans son commerce, les droits que ces mêmes gouverneurs exigoient des marchands qui fournissent nos toiles, les douanes qu'ils avoient auprès de nos limites la constituoient dans des dépenses énormes; d'ailleurs notre terrain très-borné et le peu de connoissance que nous avions de l'intérieur du pays nous empêchoient d'étendre notre commerce trop peu considérable pour les frais dont il étoit charge.

Les terres que Mouzaferzingue et son successeur Salaberzingue ont jointes à Pondichery sont d'autant plus utiles à la compagnie qu'elles lui donnent, indépendamment de cinq à six lieues de terrain, 500,000 livres de rente. Ce n'est pas le plus grand avantage qu'elle en peut retirer. Les villages de la dépendance de Valdaour, Villenour et Bahour étant à la portée de Pondichery, on y a déja établi plusieurs manufactures: l'exemption de quelques droits accordée à ceux qui voudroient s'y établir y a attiré une grande quantité d'ouvriers; un fortin qu'on y fait bâtir met les nouveaux habitans à l'abri des inconvéniens des voleurs, assez fréquens dans cette partie de l'Inde. Au moyen de ces manufactures bien établies, la compagnie pourra retirer par la suite de son propre terrain la plus grande partie de ses cargaison; elle évitera par là les risques qu'elle couroit auparavant, étant obligée d'envoyer son argent å cinquante et soixante lieues dans les terres et de s'en rapporter à la bonne foi des tisserands et marchands, qui souvent se faisoient voler; elle sera encore exempte et percevra même des droits qu'elle étoit ci-devant obligé de payer aux gens du pays.

Les nouvelles concessions fourniront encore, indépendamment des manufactures, une partie des vivres nécessaires à la colonie, quelquesunes de ces terres étant propres à la culture du riz; les autres moins arrosées donneront des cotons, avec lesquels on fera les toiles pour les cargaisons, dont les prix doivent nécessairement diminuer dans quelques années et donner par conséquent un bénéfice réel à la compagnie.

Le comptoir du Karikal, situé dans le royaume de Tanjaour, qui depuis son établissement étoit à charge à la compagnie, lui rapporte aujourd'hui environ 100,000 écus de rente au moyen de quatre-vingts aldées ou villages que Mouzaferzingue y a joints. Cet établissement, dont la compagnie a déja reçu des toiles, est devenu si considérable, par le nombre de tisserands et de marchands qui s'y sont établis depuis quatre ans, qu'on en peut tirer aujourd'hui sept à huit cents balles de marchandises, indépendamment de beaucoup de riz dont la compagnie fait le commerce tout le long de la côte de Coromandel et du débouché qu'elle y trouve des marchandises de France,

La ville de Masulipatam et dépendances dont

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