Images de page
PDF
ePub

sûreté individuelle? Et cet accord lui-même, quelle était donc sa valeur morale entre le vieux républicain, fourvoyé dans une intrigue de cabinet, et ce rói puissant et absolu dont il avait dit, visitant un de ses palais :

«... Je passai plusieurs jours à Paris à voir tout ce qu'il y avait de curieux et de remarquable. Le Louvre me parut ressembler plutôt à une garnison qu'à une cour, tant il était rempli de soldats et de boue! Je visitai aussi les écuries du roi, et, quoiqu'il n'y eût pas un fort grand nombre de chevaux, je pris plus de plaisir à les regarder que je n'en aurais eu à voir leur maître, qui juge à propos de les mieux traiter que son misérable peuple!... »

On voit que l'austère Ludlow est de l'école de cette étourdie qui disait :

<< Plus j'ai connu les hommes, plus j'ai aimé les chiens. » Je ne triomphe pas, dirai-je en finissant, contre l'honneur de sir Edmond Ludlow de ces faiblesses de sa vanité et de sa conscience; j'en triomphe contre son inflexibilité. Je montre tout ce qu'il y avait de petitesse réelle et d'infirmité irremédiable sous cette grandeur d'emprunt. Je ne renverse pas la statue qu'une main illustre a dressée; je mêle un peu d'argile au marbre éclatant dont elle est formée. Je triomphe aussi, je le dis sans détour, de ces misères de l'âme et de la destinée de Ludlow contre le parti politique qu'il a représenté pendant sa vie, et que je n'ai trouvé nulle part plus intolérant, plus emporté, plus orgueilleux et moins sérieux que dans les Mémoires de ce puritain fanatique et sur ce sol de la vieille Angleterre, où il semble que la vigueur native des caractères et des esprits aurait dû lui inspirer une autre attitude. Est-ce la faute de l'Angleterre si le républicanisme y a joué un si pitoyable rôle? Est-ce la faute du républicanisme si des âmes anglaises, trempées dans le bronze, comme était celle de l'indépendant Ludlow, n'ont su porter avec aisance et grandeur ni la bonne fortune ni la mauvaise? Je ne sais; mais Ludlow lui-même, quand il vit (au temps de Monk) le major général Lambert ramené à coups de sabre dans la Tour de Londres, par une escouade commandée par des républicains, voici ce qu'il disait de cette triste fin de son parti :

<< Ainsi, c'était parmi les nôtres que se trouvaient alors nos ennemis! Et ce n'est pas le parti du roi qui nous a vaincus, ce qui est pour nous le comble de l'humiliation! >>

Et, quelques jours plus tard, quand il apprit que ses fermages étaient saisis en Irlande, et que quatre chevaux, « qu'il avait élevés lui-même, » et qui étaient alors dans son écurie, lui avaient été pris par le républicain Théophile Jones, voici ce qu'il ajoutait :

<< Ainsi ces hommes, qui s'étaient d'abord engagés dans la même cause que nous, surpassaient nos ennemis en rage et en cruauté à notre égard!... >>

Ainsi finit le parti républicain en Angleterre, par la discorde des chefs, par la révolte des subordonnés, par la confiscation et par le pillage des fidèles du parti, pratiqués par le parti luimême. Ludlow avait-il tort quand il s'écriait, dans un des rares accès de sa douleur, de son repentir et de sa franchise : « J'aimerais mienx servir le Grand Turc (1)! »

[blocks in formation]

TABLE DES MATIÈRES.

Le Maître inconnu, par M. Paul de Musset.

ROMANS.

[merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

POÉSIES.

Souvenirs d'un hussard, par

[ocr errors]

M. Paul de Molènes.
M. Rousset, par George Sand.
Étude sur Jean-Jacques Rousseau, par

M. D. Nisard

La Véronique. Les Fraises du bois. Le
Chien du berger.-La Ronde des paysannes,
par M. Pierre Dupont.

74

131

153

227

[ocr errors]

-

Le Tribun et le Fourmilier, fable,par M. Vien-

net.

235

La Fleur inconnue, par M. André Van Has-

selt.

236

qui.

237

INDUSTRIE. Exposition de Londres (suite), par M. A. Blan-

[blocks in formation]
[ocr errors][ocr errors]

Opéra-Comique. Raymond, musique de
M. Ambroise Thomas; par M. Paul Scudo. 275
Théâtre - Français. Les Caprices de Ma-
rianne, drame de M. Alfred de Musset;
par M. Jules Janin.

[ocr errors]

Études biographiques sur la révolution d'An-
gleterre, de M. Guizot. (Second article.) Par
M. Cuvillier-Fleury .

281

285

FIN DE LA TABLE.

[graphic]
[graphic]
« PrécédentContinuer »