bien que l'homme puisse espérer (Mont.). Le beaucoup sçavoir apporte l'occasion de plus doubter (Id.). Le longtemps vivre et le peu de temps vivre est rendu tout un par la mort (Id.). Il heurtoit de telle sorte que mon dormir s'en alla (Ronsard) On trouve encore dans La Fontaine: le long dormir est exclu de ce lieu, le dormir comme le manger et le boire, la cause du marcher, etc.; dans B. de St-Pierre : le voler des oiseaux frugivores, le nager des poissons; dans Lamartine: que ne puis-je au douх tomber du jour, etc. 3. Les noms tirés du participe présent sont en ant ou ent; mais la terminaison ant est une forme vivante qui renvoie toujours à un verbe français, comme le penchant de pencher, tandis que les mots en ent ne se rapportent qu'à des formes latines et n'ont pas de verbes correspondants en français, par ex. adolescent (de adolescere, croître, prendre de la force). - Les mots puissant, savant, vaillant étaient autrefois participes des verbes pouvoir, savoir, valoir; aujourd'hui ils ne s'emploient plus que comme noms. - And est une forme accessoire de ant qui ne se présente que dans quelques mots, comme friand de frire. Les mots en ant et ent sont: 1o des adjectifs ou des noms de personnes du genre masc. qui ont quelquefois un correspondant féminin en ante ou ente: charmant (personne, voix charmante), l'amant, le mourant, le négociant, le servant, le vivant; l'adolescent, le client, le régent, le sergent; 2 des noms de choses et des noms abstraits du genre masc.: l'aimant, le couchant, le courant, le levant, le montant, le penchant, le pendant, le séant, le tranchant, le vivant (de mon vivant); l'accident, l'incident, l'orient, l'occident, le torrent; les féminins sont rares et annoncent l'ellipse d'un substantif : la constituante (assemblée), la patente (lettre). Il faut remarquer : 1o qu'il y a quelques mots en ant dont les participes présents correspondants n'existent plus en français: ambiant, ambulant (v. fr. ambuler), appétissant, ascendant (v. fr. ascendre), béant (v. fr. béer, ouvrir la bouche), bienveillant (lat. benevolens, c'est-à-dire bienvoulant), contondant, dirimant, distant, élégant, exorbitant, exubérant, fébricitant, galant (v. fr. galer, se réjouir), instant, lancinant, marchand, malveillant, manant (de manere, demeurer), méchant (v. fr. meschéant, de mes-cheoir), mécréant (de més et créant pour croyant), nonchalant (v. fr. nonchaloir), navrant (v. fr. navrer ou nafrer, blesser), pétulant, protubérant, radiant, sémillant, stagnant, suffragant, vigilo ant; 20 que les adjectifs suivants en ent : adhérent, affluent, coïncident, vergent, différent, expédient, équivalent, excellent, négligent, précédent, président, résident, violent, ont des participes correspondants en ant: hérant, affluant, différant, équivalant, excellant, négligeant, précédant, présidant, résidant, violant. di ad 4. Les noms formés du participe passé sont masculins ou féminins. a) Noms masculins: un fait, un reçu, un dit, un joint, un réduit, participes passés de faire, recevoir, dire, joindre, réduire. b/ Noms féminins. Ils sont beaucoup plus nombreux que les précédents et se distinguent par la terminaison féminine e ajoutée aux participes passés: allée, arrivée, couvée, curée, destinée, durée, fumée, gelée, montée, pensée, saignée, veillée; partie, sortie, fondue, issue (de issu, part. de issir), découverte, contrainte. Quelques-uns de ces substantifs sont tirés de participes forts, comme vente (vendita), qui ont pris en français moderne la forme faible (vend-ue). Les mots hors d'usage comme participes et conservés encore comme substantifs sont assez nombreux: emplette (part. moderne employé), meute (mue) et son comp. émeute (émue), pointe (ce mot est resté comme participe dans courte-pointe), course (courue), entorse (tordue), source (de sors, ancien part. de sourdre) et son comp. ressource, trait et traite, route (rompue) et ses comp. déroute, banqueroute = banque rompue, défense (défendue) et offense, etc., tente (tendue) et attente, détente, entente, etc., rente (rendue), pente (pendue) et soupente, vente (vendue), perte (perdue), quête (de quérir) et conquête, requête, enquête, recette (reçue), dette (due), réponse (répondue), élite (élue), chute (de choir), faut dans défaut et faule (de faillir), secousse (de succutere, secouer), etc. 2. Dérivation propre. 294. Les suffixes nominaux peuvent se classer différemment, selon que l'on considère: 1o la nature des mots qu'ils servent à former, substantifs et adjectifs, noms de personnes ou noms de choses, noms concrets ou noms abstraits; 2o la forme de la dérivation, la base pouvant être verbale ou nominale. Mais certains suffixes peuvent servir à plusieurs usages; ainsi age a pour base un substantif (esclav-age) ou un verbe (chauff-age), et il sert à former non-seulement des noms abstraits, mais encore des noms concrets (vill-age); ier produit à la fois des adjectifs (singul-ier) et des substantifs, soit noms de personnes (cheval-ier) ou noms de choses (sucr-ier). La classification suivante tient compte de ces divers points de vue. a) Noms personnels. 295. Les suffixes qui servent à désigner les personnes sont originairement des suffixes adjectifs; ils ont pour base soit des verbes, soit des adjectifs. Les noms formés par ces suffixes sont masculins, mais ils peuvent avoir des féminins correspondants en e (§ 152). Les substantifs de cette catégorie sont appelés en latin nomina agentis, parce qu'ils désignent les personnes agissantes. 1) Noms personnels tirés de verbes. 296. Suffixe EUR. Il sert à former des adjectifs et des noms de personnes du genre masculin, et signifie qui fait habituellement, ou a l'habitude de: menteur, qui a l'habitude de mentir. Les mots en eur sont de deux espèces : les uns ont pour base le radical du verbe (ou participe présent), comme parl-eur, blanchiss-eur, ment-eur, dis-eur, fais-eur, buv-eur; les autres dérivent de supins latins, de la même manière que les noms abstraits en ion, comme acteur, compositeur. Le latin employait t-or, s-or pour désigner la personne qui agit; de là est venu notre suffixe eur: lecteur, de lector, fait de lectum, supin de legere, lire; successeur, de successor, fait, de successum, supin de succedere succéder. 2) Noms personnels tirés de substantifs. 297. Suffixes AIRE, IER. Ils ont la même origine et une signification peu différente; ier et ière se changent en er et ère, après les consonnes chuintantes jet ch et après y ou l mouillé. 1. Aire sert à former: 1o des noms masculins de personnes, comme libraire de livre; 2o des adjectifs, dont quelques-uns s'emploient aussi substantivement, comme originaire, qui tient à l'origine, salutaire, qui procure le salut, la santé. Aire forme aussi des noms de choses: horaire, inventaire. 2. Le suffixe ier signifie qui a ou fait habituellement, et s'ajoute à des noms de choses; il forme, comine aire: 1o des noms de personnes du genre masculin, par ex., serrurier, homme qui fait des serrures; blatier (blé ou bled), cavalier, chevalier, écuyer, huissier (huis, porte), menuisier (menu), porcher, sorcier (sort), etc.; 2o quelques adjectifs : fruitier, guerrier, passager, viager. Les noms personnels en ier sont au nombre de plus de 200; ils marquent une fonction, un emploi, un état, une condition sociale; quelques-uns ont des noms fém. correspondants en ière. Le suffixe ier sert aussi à former des noms de choses, qui sont masculins ou féminins: 1o Les noms de choses en ier du genre masculin sont de deux espèces : a) noms d'arbres et de quelques plantes désignés en quelque sorte par leur principale fonction végétale, celle de produire tel fruit ou telle fleur, comme cerisier, arbre qui porte des cerises, caféier ou cafier, cognassier, mûrier, pêcher, etc.; - b) un grand nombre de noms de vases, d'instruments ou de lieux, qui servent à contenir ou resserrer les objets désignés par les primitifs: guêpier, lieu où sont les guêpes; bénitier, bûcher, clocher, collier, échiquier, fruitier, grenier, poulailler, ratelier, rocher, rucher, terrier, vivier, etc. 2 Les fém. en ière désignent le lieu ou le vase où l'on ferme, où l'on garde, où l'on trouve, où l'on creuse, où l'on prépare, où l'on met quelque chose, comme théière, vase où l'on met le thé; ratière, petite machine à prendre les rats; caféière, cafetière, houillère, tanière, verrière, volière, etc; aussi des noms collectifs, comme crinière, fourmilière, etc. Le suffixe aire ou ier vient du lat. aris: populaire de popularis, régulier de regularis, ou de arius, aria, arium : contraire de contrarius, primaire de primarius, écuyer de scutarius, grenier de granarium, saunier de salinarius (propr. de sel), carrière de quadraria, culinaire (culina, cuisine), mercenaire (merces, salaire), oculaire (oculus, œil), vul gaire (vulgus, foule), salaire (sal, sel), carnassier (caro, carnis, chair), casanier (casa, maison). 298. Suffixe ISTE. Il désigne celui qui s'applique à, ou prend parti pour: chimiste, qui s'applique à la chimie; égoïste, qui n'aime que soi; anarchiste, déiste, dentiste, таtérialiste, oculiste, royaliste, etc. Il a quelquefois un sens dépréciatif: papiste. 299. Suffixe AIN. Ce suffixe, qui a pour forme accessoire an, forme non-seulement des noms de personnes, mais aussi des noms de choses: 1o noms de personnes: chapelain, châtelain, écrivain, hautain, levain, mondain, plantain, poulain, prochain, terrain, vilain; artisan (comp. artiste), courtisan, mahométan, partisan, paysan; quelques mots en en ou ien: citoyen, раïеп; — 2° noms de choses en aine: fontaine, mitaine. Ce suffixe vient du lat. anus: publicain de publicanus, forain (foras, hors), vilain de villanus (villa, métairie), vétéran (vetus, veteris, vieux, ancien). Il sert aussi à former des noms de nations (§ 309). 300. Suffixe IEN. Ce suffixe signifie, qui appartient à, de la nature de; il marque la profession, la communauté, la secte: patricien, paroissien, galérien, grammairien, musicien, gardien, luthérien, magicien, terrien, etc. Le suffixe ien sert aussi à former des noms patronymiques; on appelle nom patronymique le nom commun à tous les descendants d'une race et tiré du nom de celui qui en est le père: Mérovingiens, Carlovingiens, Capétiens. Ce suffixe vient du lat. anus: plébéien de plebeianus (extension de plebeius). On s'en sert aussi pour désigner la nationalité (§309). b) Adjectifs. 1) Adjectifs tirés de verbes. 301. Suffixe IF. Il sert à former plus de 400 adjectifs à base de supin, qui ont presque tous un sens actif: actif, qui |