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de re devient sonore réaction, réussir, réunir, excepté devant les préfixes ad et en, où il s'élide rentrer (re-entrer), rappeler, réchauffer; on a cependant réajourner.

24. Retro (formé de re, en arrière, et trans, au delà): rétrocéder, rétrocession, rétroagir, rétroaction, rétroactif, rétrograder, rétrogradation. Ce sont les seuls mots. Dans les formations françaises, retro est rière, avec un a préposé arrière-fief.

25. Sé indique séparation : séparer, placer en divers endroits; séduire, conduire séparément ou hors du devoir.

26. Sub marque une idée d'infériorité: subordonner, subjuguer, sublunaire; le b a disparu dans sujet, sujétion (il reparaît dans le dérivé subjectif); il s'est changé en c, en g, en p, en f, devant les mots simples qui commencent en latin par les mêmes lettres: succéder, suggérer, supposer, suffire, souffler, souffrir. Sub s'est transformé en se dans secourir et en sou dans sourire. Séjourner est de formation moderne. Dans les mots de comp. française, le préfixe sub est remplacé par la préposition sous (du latin subtus), jointe au mot simple par un trait d'union sous-louer, sous-aide, ou sans trait d'union, et alors sous devient sou: soulever, soucoupe, excepté dans soustraire, souscrire, où s se pro

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nonce.

27. Subter, qui vient de sub, en dessous, et trans, au delà, n'a qu'un seul mot: subterfuge.

28. Super est le contraire de sub et signifie au-dessus de. Comp. ancienne, super, sur: superflu, surabonder, sourcil. Les formations modernes expriment un excès ou un degré élevé; elles ont toutes la forme sur : surmonter, survendre, surplis, surnaturel. Sus a le même sens que super, dont

il est dérivé suscription.

29. Trans signifie au travers de ou au delà de. Comp. ancienne, trans, tra, tres: transporter, transcrire, traduire, tressaillir. Comp. moderne, tré: trépasser, trébucher, trẻfiler, trépigner. Préposé à des adjectifs, très a une force augmentative très grand (§ 283).

30. Ultra, au delà: ultramontain; la forme moderne est outre : outremer, outrepasser, outrecuidant (cuider, penser).

Il y a quelques préfixes tirés du grec, comme : 1) a privatif dans athée, sans Dieu, anodin, sans douleur; 2) ana, dans, au travers, dans analyse, analogie; 3) apo, loin, dans apologue, apogée; 4) cata, sur, sous, de haut en bas. dans catacombe, catégorie; 5) dia, en travers ou de divers côtés (v. préfixe dis), dans diamètre, diathèse; 6) épi, sur, dans épiderme, épi

logue, éphémère, épode; 7) hyper, par-dessus, par delà, dans hyperbole ; 8) hypo, sous, dans hypothèse; 9) méta, qui répond au trans latin et signifie au delà, dans métamorphose, transformation, méthode, chemin pour aller au delà; 10) péri, autour, dans période, périphrase; 11) para, auprès, à côté, dans paragraphe; 12) pro, avant, dans prologue, prophète.

2. Composition avec d'autres particules adverbiales.

1. On emploie comme préfixes les adverbes bien (de bene) et mal: bienheureux, bien-être; maltraiter, maudire, malheureux, mauvais; més et mé devant une consonne (de minus) mésestimer, médire, mécontent; archi (du grec), très archiduc, archange; - bis, qui concorde à peu près avec dés (désagréable) et més (mésestimer): biscornu, bévue.

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2. On emploie encore comme préfixes certains noms de nombre unilatéral, unanime, qui n'a qu'un côté, qu'une âme; bisaïeul, biscuit; - trisaïeul, tricolore, trépied; centigrade; -mille-pieds;-semi-historique, mi-août, midi, demi-heure, demi-savant.

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3. Enfin les particules négatives suivantes servent aussi à la composition, surtout à celle des noms in (im, il, ir), qui, dans le sens négatif, a mieux conservé sa forme que la prép. in, qui est devenue en (v. ci-dessus): indigne, imprévu, illégal, irrégulier, ennemi (en pour in); nonpareil, non-sens.

non:

Il est un certain nombre de mots qui reviennent souvent dans les mots composés de formation grecque ou latine pour exprimer l'idée principale, comme arque (du grec archos, chef), archie (du grec arché, puissance, gouvernement), dans monarque, monarchie; fère (du lat. fero, je porte) et phore (du grec phero, je porte), dans somnifère, pyrophore; frage (de frango, je brise), dans saxifrage, naufrage; fuge (de fugere, fuir), dans centrifuge; lege (de legere, prendre), dans college, privilége; logue ou loge et logie (du grec logos, discours), dans astrologue, astrologie, martyrologe; nome et nomie (du grec nomos, règle), dans agronome, astronomie; phage (du grec phago, je mange) et vore (du lat. voro, je dévore), dans ichthyophage, zoophage, anthropophage, piscivore, carnivore, omnivore, etc.

SECONDE PARTIE

SYNTAXE

LIVRE Ier

Syntaxe de la proposition simple.

CHAPITRE Ier.

DES DIFFÉRENTES ESPÈCES DE PROPOSITIONS SIMPLES.

351. Une proposition qui ne renferme qu'une affirmation s'appelle proposition simple, par opposition à la proposition composée, qui est la réunion de deux ou de plusieurs propositions entre lesquelles il existe une relation logique ou simplement grammaticale (§ 25).

Sous le rapport grammatical, on doit considérer comme propositions simples les propositions contractes ou complexes dans lesquelles le verbe contenant l'affirmation n'est exprimé qu'une fois (§ 25): Le pourpre, l'or, le cristal étincelaient de toutes parts (Chat.). Il ne dort ni nuit ni jour (Fén.).

352. Sous le rapport de la forme, la proposition simple est dite complète, lorsqu'elle renferme tous les termes qui lui sont nécessaires, et incomplète ou elliptique lorsqu'il lui manque un ou plusieurs termes que la pensée exige et qu'il faut sous-entendre

On ne peut ellipser que les mots que l'esprit sous-entend facilement, comme le pronom-sujet ou le verbe, quand il a un sens général, par ex. faire (§ 247): Feu! = (Vous, faites) feu. Aux armes! En route! On doit remarquer que ces sortes de propositions elliptiques ne se composent que d'un

terme, qui est le complément ou le circonstanciel du verbe, c'est-à-dire le mot qui précise ou détermine l'idée de l'action.

353. Sous le rapport de la signification, la proposition simple peut être déclarative, interrogative, impérative, ou optative, selon la nature de la pensée qu'elle exprime.

1. La proposition déclarative ou expositive exprime un jugement de celui qui parle. Le jugement se marque par le mode indicatif : La terre tourne autour du soleil. L'encens des arts doit brûler pour la paix (Bér.).

La proposition déclarative s'appelle exclamative, lorsqu'elle s'exprime sous la forme d'une exclamation. En français, l'exclamation est ordinairement marquée par la conjonction que placée en tête de la proposition: Que Dieu est puissant! Oh! quel malheur de naitre dans de si grands périls! (Fén.); elle peut aussi s'exprimer par la forme interrogative sans conjonction: Est-elle méchante!

2. La proposition interrogative exprime une question de celui qui parle, c'est-à-dire une pensée qui devient un jugement réel au moyen d'une autre pensée appelée réponse.

L'interrogation se marque d'une manière générale par le mode indicatif et par un ton propre à cette forme de la pensée et qu'on appelle le ton interrogatif; mais elle s'exprime d'une manière particulière, selon qu'elle est verbale ou nominale.

a) L'interrogation verbale n'a pour objet que l'affirmation, tous les membres de la proposition étant connus. Dans ce cas, l'interrogation se marque par la forme interrogative du verbe (§ 275) Suis-je bien affermi? Puis-je être ici tranquille? (Ducis.) La terre tourne-t-elle autour du soleil? Mais très souvent le ton interrogatif suffit, et la proposition a la forme affirmative, quoiqu'elle exprime une question: Il n'y a que la prose et les vers? (Mol.) Je ne la mettrai point dans un couvent? (Id.) Et vous croyez que la réputation de ce moine peut égaler la mienne? (Volt.) Quoi! vous avez le front de trouver cela beau? (Mol.)

b) L'interrogation nominale porte sur un membre de la proposion qu'il s'agit de faire connaître, et, dans ce cas, elle est marquée par des mots particuliers qu'on appelle pronoms interrogatifs, savoir: 1° Qui, pour les personnes : Qui cherchez-vous? 2o Que et quoi pour les choses : Que cherchez

vous? 3o Quel pour la qualité : Quel temps fait-il? 4o Où, quand, comment, combien, pour les circonstances de lieu, de temps, de manière et de quantité: Où menez-vous ces enfants et ces femmes? (Rac.) (§§ 226-231.)

Quand l'interrogation porte sur l'action (le verbe), on se sert du verbe faire avec le pronom interrogatif que. Dans ce cas, le verbe faire tient la place de tous les autres verbes : Que faites-vous? J'écris, je lis, etc. (§ 247).

3. La proposition impérative exprime un commandement de celui qui parle à celui qui écoute. Ce commandement, que ce soit un ordre ou une simple prière, se marque par le mode du verbe (l'impératif), par la construction et par un ton particulier appelé ton impératif : Sors donc de devant moi, monstre d'iniquité! (Rac.) O Dieu! confonds l'audace et l'imposture! (Rac.) Veuillez m'écouter avant de me condam

ner.

Le commandement exige en général que l'expression soit très brève; c'est pourquoi il est souvent exprimé par une proposition elliptique : Aux armes! Canonniers, à vos pièces! Au voleur! Silence! Feu!

4. La proposition optative exprime un désir de celui qui parle ou simplement une permission. Ce désir se marque dans le discours par le mode du verbe (le subjonctif comme optatif), et souvent par un verbe auxiliaire de mode: La volonté du ciel soit faite en toute chose! (Mol.) Qu'aux accents de ma voix la terre se réveille! (Rac.) Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre! (Corn.)

Le ton du discours distinguera seul les propositions suivantes: Dieu protége la patrie (pr. déclarative). Dieu protége la patrie? (pr. interrogative). Dieu, protége la patrie (pr. impérative). (Que) Dieu protége la patrie (pr. optative).

354. Toute proposition, qu'elle exprime un jugement, une interrogation, un commandement ou un désir, peut être positive ou négative, selon la nature de l'affirmation (§ 237).

1. L'affirmation est positive lorsqu'elle exprime une réalité vraie ou supposée. C'est l'affirmation proprement dite, qui s'exprime par la forme ordinaire du verbe, que l'on appelle, pour cette raison, forme affirmative. Dans la réponse, on peut affirmer par un seul mot, l'adverbe oui; mais le plus souvent on répète la proposition en lui donnant la forme affirmative: As-tu un canif? — Oui, j'ai un canif.

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