jets différents: Le père mort, les fils vous retournent le champ (La F.). La nuit venue et le signal donné, chacun se joint aux siens et retourne à ses foyers (Thiers). Mais, Rome prise enfin, seigneur, où courons-nous? (Boil.). Je suis parti, les cieux d'un noir crêpe voilés (Mol.). L'assemblée finie, chacun se retira chez soi. Dans certains cas, la construction par le participe présent est préférable : Mon père étant arrivé, mon ami partit; dans d'autres cas, il est indifférent d'employer l'une ou l'autre construction: La donation étant faite (ou la donation faite), Aristonous se rembarque dans son vaisseau pour retourner en Ionie (Fén.). pour que 399. L'infinitif rendant la diction plus vive, on l'emploie préférablement à l'indicatif ou au subjonctif, quand il n'y a pas d'équivoque à craindre, c'est-à-dire quand il se rapporte clairement à un nom ou à un pronom exprimé dans la proposition principale ou qui se sous-entend facilement. On peut donc dire: J'étudie pour m'instruire je m'instruise). Dieu nous a crés pour travailler pour que nous travaillions). Les moments me sont trop chers pour les perdre (= pour que je les perde) en paroles (Rac.). J'ai conseillé à mon frère d'aller (= qu'il aille) vous trouver. Peut-être assez d'honneurs environnaient ma vie, Pour ne pas souhaiter (= pour que je ne souhaitasse pas) qu'elle me fût ravie (Rac.). La comédie est faite pour rire (= pour que l'on rie). Mais l'on ne dira pas : Ce n'est que pour donner que le Seigneur nous donne. En effet, on ne sait trop si le sens est que le Seigneur donne pour donner, c'est-à-dire pour le plaisir de donner, ou s'il donne afin que nous don nions. Cette règle s'applique de la même manière au gérondif: On apprend en enseignant. La fortune lui vint en dormant (La F.). En disant ces mots, les larmes lui vinrent aux yeux (Fén.). Songez-vous qu'en naissant mes bras vous ont reçue? (Rac.). En disant ces paroles, son regard était farouche et ses yeux étincelants. (Fén.). Ce n'est pas être malheureux que d'occuper votre pensée, soit en dormant, soit en veillant (Mol.). L'appétit vient en mangeant (= lorsqu'on mange). Il en est de même du participe passé ou de l'adjectif construit avec le participe présent étant sousentendu Endormi sur le trône au sein de la mollesse, Le poids de sa couronne accablait sa faiblesse (Boil.). Sept évêques refusèrent de la lire dans leurs églises: conduits à la Tour, puis acquittés par un jugement, leur captivité et leur élargissement devinrent un triomphe populaire (Chat.). Et, pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre Ce que je viens de raconter (La Font.). On dit que, (étant) ravisseur d'une amante nouvelle, Les flots ont englouti cet époux infidèle (Rac.). Vives, agiles, légères, et sans cesse remuées, tous leurs mouvements ont l'air du sentiment, tous leurs accents le ton de la joie (Buf.). Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois S'éveillait (À. Chénier). Captifs, la vie est un outrage ils préfèrent le gouffre à ce bienfait honteux (Le Brun). Quant au participe présent invariable, c'est-à-dire remplaçant une proposition adjective, il ne peut bien s'employer que lorsqu'il se rapporte au sujet de la proposition. Ainsi on dira bien Cet élève, travaillant beaucoup (= parce qu'il travaille beaucoup), fera des progrès; mais on ne peut pas dire Je connais cet élève travaillant beaucoup; il faut dire : Je connais cet élève qui travaille beaucoup. Il y a cependant des cas où il est permis de rapporter le participe présent nvariable à un autre nom que le sujet, par exemple orsqu'il est construit avec le verbe voir: J'ai vu la mère souriant à son fils. Je l'ai rencontré se promenant. CHAPITRE IV. ACCENTUATION ET CONSTRUCTION DE LA PROPOSITION SIMPLE. 400. La subordination grammaticale des idées et des pensées dans la proposition se marque, dans le discours, soit par l'accent tonique proprement dit ou accent grammatical, soit par la construction dite usuelle, c'est-à-dire par l'ordre dans lequel sont rangés les membres de la proposition, suivant certaines règles que l'usage a établies. Mais très souvent on met en relief un membre de la proposition par l'accent dit oratoire et par une construction particulière à laquelle on a donné le nom d'inversion. 401. ACCENTUATION. L'accent grammatical distingue par la différence du ton fort et du ton faible les parties principales et accessoires, soit du mot (accent prosodique ou syllabique), soit de la proposition (accent rationnel). 1. L'accent prosodique marque l'unité du mot comme un tout qui a ses parties distinctes (les syllabes), prononcées avec une intensité différente, la voix appuyant sur la syllabe dominante, qui est toujours la dernière syllabe sonore (§ 47). 2. L'accent rationnel marque l'unité de la proposition comme un tout composé de parties distinctes (les mots), qui ne se prononcent pas non plus d'une manière uniforme, la voix s'élevant sur le mot principal de la phrase ou du membre de phrase, tandis qu'elle s'abaisse sur les autres. Le mot principal est: 1° le mot déterminant par rapport au mot déterminé, ou le mot régi par rapport au mot régissant, c'est-à-dire l'attribut prédicatif par rapport au sujet, l'objet par rapport au verbe, et l'attribut déterminatif par rapport au substantif; 2o le mot d'idée par rapport au mot de relation. Ainsi dans cette phrase: L'élève lit UN LIVRE intéressant, l'idée dominante est l'attribut lit; mais ce mot est déterminé par le régime un livre, lequel est déterminé à son tour par l'adjectif intéressant; c'est ce dernier mot qui aura le ton principal. Dans: L'élève le lira, l'attribut garde le ton principal, parce que le mot qui le détermine, c'est-àdire le, n'est qu'un mot de rapport, qui ne peut pas avoir l'accent tonique. De l'accent grammatical il faut distinguer l'accent oratoire, qu'on appelle aussi pathétique et qui, par un ton plus ou moins élevé, par une manière de parler plus ou moins vive, plus ou moins lente, exprime les sentiments dont celui qui parle est agité et les communique à l'âme de ses auditeurs. Le ton oratoire se fait surtout sentir dans l'antithèse; ex. : Là gît Lacédémone, Athènes fut ici (L. Rac.). L'accent oratoire appartient à la phrase comme l'accent rationnel; mais celui-ci est objectif, et l'autre subjectif: l'accent rationnel a son principe dans la raison et se règle d'après les lois de la construction grammaticale; l'accent pathétique ne dépend que du sentiment qui varie, et il est susceptible d'une infinité de nuances que l'oreille saisit, mais que l'art ne saurait démêler. 402. CONSTRUCTION. On appelle construction l'ordre dans lequel les propositions et les membres de la proposition sont rangés dans le discours, et l'on en distingue deux espèces la construction usuelle et la construction figurée. La construction usuelle est celle que suit chaque langue dans l'arrangement de ses mots et de ses phrases: l'ordre des mots y est déterminé, tantôt par l'importance, tantôt par la relation des idées, tantôt par l'harmonie soit des idées soit des sons. La construction figurée est celle qui s'écarte de l'usage ordinaire. Par figure on entend une forme particulière de locution qui plait par sa nouveauté et donne de l'énergie ou de la grâce au discours. Les figures de construction sont : l'inversion, la périphrase, l'ellipse, le pléonasme, la syllepse et la répétition. La construction s'apprend surtout par l'usage; c'est pourquoi nous devons nous borner à quelques remarques générales. 403. Construction usuelle. Le principe fondamental de la construction de la proposition en français est celui-ci : Le mot déterminant se place après le mot déterminé, s'il a l'accent tonique, et avant, s'il ne l'a pas : L'empire d'Allemagne compte vingt-six Etats; de même, le mot régi va après le mot régissant, s'il a l'accent tonique, et avant, s'il ne l'a pas J'ai un jardin; je le cultive. Avez-vous donné du pain aux pauvres? Oui, je leur en ai donné. L'application de ce principe a lieu conformément aux règles suivantes : 1. Le sujet occupe la première place de la proposition, et l'attribut la seconde L'enfant dort. La neige est blanche. Cependant le sujet se place après le verbe: 1o dans la proposition interrogative, avec un seul sujet (interrogation simple): Dormez-vous? ou avec un double sujet, le sujet véritable étant répété après le verbe sous la forme d'un pronom personnel conjoint (interrogation complexe): L'enfant dort-il? (§ 275); -2 dans la proposition optative sans que (§ 395): Vivent les gens d'esprit! Périssent les traîtres! Puisses-tu réussir! -3° dans les phrases qui commencent par ici, là, ainsi, alors, à peine, aussi, au moins, encore, peutêtre, en vain, vainement, à plus forte raison: Ici fleurit jadis une ville opulente (Volney). Ainsi parla la déesse (Fén.); mais la construction interrogative n'est pas de rigueur: Peutêtre il obtiendra la guérison commune (La F.);-40 lorsque l'attribut est un adjectif ou un substantif que l'on place en tête de la phrase pour le mettre en évidence: Grande fut sa surprise. Humbles furent d'abord les pouvoirs et les attributions de ces magistrats du peuple (Michelet). Telle est l'injustice des hommes (Chat.). 2. Le complément ou régime se place en général après le verbe; mais il se place avant, lorsqu'il est exprimé par un pronom personnel conjoint (sauf à l'impératif affirmatif, § 205) ou par un pronom interrogatif : Le chrétien aime son prochain. Je pense souvent à lui. Il ne fait rien. Je lui parle quelquefois. Que cherchez-vous? (§ 369). Lorsqu'un verbe a deux compléments, il faut distinguer si ces compléments sont exprimés par des noms ou par des pronoms. a) Si le verbe a deux régimes substantifs, le complément direct (accusatif) doit, d'après l'ordre des idées, venir avant le complément indirect: Les enfants sacrifient l'avenir au présent. J'ai écrit une lettre à mon père. b) Lorsque le verbe a pour régimes deux pronoms personnels, la place de ces pronoms est déterminée par les règles suivantes : 1o Les pronoms directs de la chose, le, la, les, se placent après les pronoms indirects de la personne, me, te, se: Je te le rendrai. Je vous les rendrai. Il se le procurera. Toutefois les pronoms lui et leur, qui sont toujours compléments indirects (datif), se placent après le complément direct : Je le lui rendrai. A l'impératif négatif, on suit le même ordre : Ne me le refusez pas. Ne le lui donne pas. Mais, à l'impératif affirmatif, le complément direct s'énonce le premier Rendez-la-moi. Rendez-la-lui. Si le complément de la chose est le en partitif, il se place toujours le dernier Je t'en donnerai. Je lui en donnerai. 2o Le complément direct de la personne, me, te, se, le, se place toujours avant le complément indirect de la chose (en, y): Il m'en remercie. Je l'en remercie. Il s'en va. Ne t'en va pas. Je vous y conduirai. Je l'y conduirai. Ne t'y arrête pas. A l'impératif affirmatif, l'accusatif est en tête : Remerciez-m'en. Allons-nous-en. Le pronom y, toutefois, se place avant les pronoms directs moi, toi : Menez-y-moi; au pluriel y prend la dernière place : Menez-nous-y. 3o Lorsque les deux pronoms marquent également la personne, le pronom direct se place avant le verbe, à la forme conjointe, et le pronom indirect après le verbe, à la forme |