ments réciproques de part et d'autre. Il n'a seulement qu'à se montrer. Il est possible qu'il puisse venir. Il le traita toujours avec une douceur qui ne se démentit jamais (St.-Lambert). On dit très bien: Je monte en haut. Je descends en bas (Ac.); si ce sont là des pléonasmes, ils sont parfaitement autorisés par l'usage. 408. Ellipse. L'ellipse est le contraire du pléonasme. Cette figure consiste dans la suppression d'un ou de plusieurs membres de la proposition. Les membres que l'on ellipse le plus fréquemment sont ceux qui, par leur signification générale, se laissent facilement sous-entendre (§ 352): Nul bien sans mal, nul plaisir sans mélange (La F.). Moi! des tanches (Id.)! Je t'aimais inconstant, qu'eussé-je fait fidèle? (Rac.). L'ellipse rend le discours vif et rapide; mais ce ne doit pas être aux dépens de la clarté. L'ellipse, quand elle est forcée, n'est point une figure de construction; c'est une simple forme grammaticale qui sert à marquer un rapport de la proposition, comme, par ex., l'ellipse du sujet à l'impératif (§ 258). L'anacoluthe, ou construction interrompue, se rapporte à l'ellipse. Par cette figure, on abandonne une proposition commencée pour en entamer une seconde qui se lie à la première par les idées et non par les mots; par ex.: Qui demanderait à tous les hommes où ils vont, ils répondraient tous qu'ils vont à la mort ou à l'éternité (Nicole). Une tache.... Eh! bon Dieu! le soleil même en a (C. Delavigne). Naître avec le printemps, mourir avec les roses, Voilà du papillon le destin enchanté (Lam.). On rapporte aussi à l'anacoluthe la construction au moyen de laquelle on met le sujet ou l'objet du verbe en tête de la phrase sous forme de proposition elliptique (§ 404). 409. Syllepse. La syllepse est une figure par laquelle, quand deux mots sont en concordance, on rapporte le déterminant au sens et non à la forme du déterminé. La syllepse ne porte jamais que sur le genre ou sur le nombre des mots : Les personnes d'esprit ont en eux les semences de tous les sentiments (La Br.). C'est peut-être un enfant d'Israël; Mon père les proscrit (V. Hugo). C'est par une syllepse du genre que les adjectifs se rapportant à gens se mettent en général au masculin (§ 137). Il ne faut pas confondre cette figure de construction avec la syllepse oratoire, qui est une espèce de métaphore par laquelle le même mot est employé dans la phrase en deux sens, l'un propre, l'autre figuré; par ex: J'ai failli cent fois être saisi par un gendarme à l'instant où je cherchais à saisir une étymologie (Nodier). 410. PONCTUATION. La virgule est le seul signe de ponctuation qui soit employé pour séparer, quand il y a lieu, les parties de la proposition simple, comme, par exemple, dans l'inversion: En toute chose, il faut considérer la fin. On s'en sert surtout pour séparer les termes similaires d'une proposition complexe: La candeur, la docilité, la simplicité, sont les vertus de l'enfance. Elle n'entend ni pleurs, ni conseils, ni raison (Rac.). La virgule ne se place point après le dernier des termes similaires qui forment le sujet d'une proposition complexe, lorsqu'il y a gradation ou que le dernier terme résume les autres: Une parole, un sourire gracieux, un seul regard suffit. Montagnes, précipices, rivières, tout est franchi (Chat.). Lorsque l'énumération ne se compose que de deux termes unis par et, ou, ni, ou supprime ordinairement la virgule, surtout si ces termes sont de peu d'étendue: Le sage est ménager du temps et des paroles (La F.). Le temps ou la mort sont nos remèdes (J.-J. R.). Ni loups ni renards n'épiaient la douce et l'innocente proie (La F.). 411. Les pensées que nous exprimons dans le discours ne sont pas isolées et indépendantes les unes des autres: elles se suivent, s'allient et se groupent conformément aux lois de la pensée. Il en est nécessairement de même des propositions que la langue forme à l'image de la pensée, et qui n'en sont, pour ainsi dire, que le miroir. On appelle proposition ou phrase composée la réunion de deux ou plusieurs prop. simples formant un tout au point de vue grammatical. Les rapports qui lient les propositions simples dans la phrase composée peuvent être logiques ou simplement grammaticaux. Si je dis: Le vent mugit et le tonnerre gronde, cette phrase renferme deux propositions pour le sens comme pour la forme, et ces deux propositions sont dans une relation logique ou de pensée; mais si je dis: Je désire qu'il guérisse, cette phrase ne renferme deux propositions que pour la forme, et le rapport qui lie ces deux propositions n'est pas logique, mais purement grammatical; en effet, la première proposition: je désire, n'exprime une pensée qu'à l'aide de la seconde : qu'il guérisse, et cette seconde proposition n'exprime en réalité qu'un membre (l'objet) de la première et équivaut à : la guérison. Les propositions qui composent une phrase sont donc indépendantes les unes des autres ou bien elles sont entre elles dans un rapport de dépendance grammaticale; dans le premier cas, il y a coordination, et, dans le second cas, subordination des propositions: la coordination est le rapport d'égalité, et la subordination le rapport d'inégalité qui existe 1 entre les différentes propositions dont l'ensemble constitue une phrase ou une période. La proposition composée s'appelle aussi phrase logique ou phrase grammaticale, selon que la liaison des propositions a lieu par coordination ou par subordination. 412. La coordination des propositions se marque simplement par le sens : Tout vous est aquilon, tout me semble zéphir (La F.), ou bien par des conjonctions dites coordinatives: Il dit de bouche, mais le cœur n'y touche (Prov.). Dans le premier cas, il y a juxtaposition de propositions, et, dans le second cas, coordination proprement dite. La subordination des propositions se marque : 1o Par l'emploi des conjonctions subordinatives ou des pronoms conjonctifs (relatifs). Je sais | que Dieu est bon. Pierre | qui roule | n'amasse point de mousse (Prov.). 2o Par l'emploi de l'infinitif, du participe ou du gérondif, qui peut se ramener facilement à l'emploi de la conjonction. Il me défend | de partir = il défend que je parte. Et et que sont des conjonctions générales qui, dans certains cas, peuvent remplacer les autres, et pour marquer la coordination, et que, la subordination. La conjonction joint deux propositions, comme la préposition unit deux mots et en marque le rapport. Il résulte de là que toute conjonction suppose l'union de deux propositions dont l'une peut être contractée ou elliptique: Dans sa cave il enserre L'argent et (il enserre) sa joie à la fois (La F.). Tu parles comme (tu parlerais) si tu étais le maître. Cependant il est certains cas où la conjonction et n'unit que deux mots et remplit ainsi la fonction d'une préposition: Deux et (= avec) deux font quatre. Pierre et Jean se battent. Entre l'arbre et l'écorce il ne faut pas mettre le doigt (Prov.). 413. La liaison des propositions se marque encore d'une manière générale par l'accentuation et la construction, et dans l'écriture par la ponctuation. Quant à la ponctuation, on peut établir en principe que le point-virgule est le signe de la coordination, tandis que la virgule est propre à la subordination des prop.: La cause de la première guerre punique fut légère; mais cette guerre amena Régulus aux portes de Carthage (Chat.) Lorsque la foule des spectateurs fut réunie, on entendit venir de loin la procession de la fête (Mme de Staël). Toutefois, lorsque les propositions coordonnées sont de peu d'étendue, le pointvirgule est généralement remplacé par la virgule: Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés (La F.); on 1 peut même supprimer la virgule, si les propositions coordonnées sont unies par et, ou, ni: Prenez cet anneau et devenez mon époих (Chat.). 414. PHRASE DE COORDINATION. On appelle propositions coordonnées deux ou plusieurs propositions jointes ensemble pour marquer la relation logique qui existe entre les pensées qu'elles expriment. Ces propositions sont dites coordonnées, parce qu'elles occupent le même rang dans la pensée. La réunion de deux ou plusieurs propositions coordonnées se nomme proposition composée par coordination ou plus simplement phrase de coordination. La phrase de coordination s'appelle phrase copulative, causative ou adversative, selon que le rapport qui lie les propositions est copulatif (et), causatif (car, donc) ou adversatif (mais, ou). On cueille le café sur le caféier et on le fait bouillir dans une cafetière. Je pourrais décider, car ce droit m'appartient (La F.). La violette se cache sous l'herbe, mais son parfum la fait découvrir (§ 25). 415. La contraction de la phrase de coordination a lieu quand un ou plusieurs termes communs ne sont exprimés qu'une fois. Si la phrase ainsi réduite n'a plus qu'un seul verbe, elle doit être considérée comme une forme de la proposition simple (§ 351); mais, pour la distinguer de cette dernière, nous l'appellerons proposition complexe : Le soleil et la lune brillent. Si, au contraire, les propositions conservent chacune leur verbe, la phrase est réellement composée, et il y a autant de propositions qu'il y a de verbes: La louange chatouille et gagne les esprits (La F.); c'est à cette forme de la phrase de coordination que nous réservons le nom de proposition contracte. Il résulte de là que la proposition peut être complexe par chacun de ses membres, sauf par le verbe: Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux (La F.). La jujube est pectorale et apéritive. Les hypocrites font de la dévotion métier et marchandise. La canné à sucre prospère en Asie et en Amérique. Sans la culture il n'y aurait pas de climats salubres et agréables. 416. PHRASE DE SUBORDINATION. Chaque phrase de subordination renferme une proposition principale et une ou plusieurs propositions accessoires. Les propositions accessoires sont toujours subordonnées |