N'attendez pas, messieurs, que j'ouvre ici une scène tragique, que je représente ce grand homme étendu sur ses propres trophées, que je décous vre ce corps pâle et sanglant, et que j'expose à vos yeux les tristes image de la religion et de la patrie éplorées (Fléchier). En revanche, il faut éviter les qui et les que en cascade, c'est-à-dire subordonnés les uns aux autres. Les phrases suivantes ne sont donc pas à imiter : Il n'y a qu'une affliction qui dure, qui est celle qui vient de la perte des biens (La Br.) Il faut se conduire par les lumières de la foi, qui nous apprennent que l'insensibilité est d'elle-même un très grand mal, qui nous doit faire appréhender cette menace terrible que Dieu fait aux âmes qui ne sont pas assez touchées de sa crainte (Nicole). b) Les propositions adjectives se placent toujours après le mot auxquelles elles se rapportent. Le pronom relatif peut être séparé de son antécédent, mais à la condition expresse qu'il n'en résulte ni équivoque, ni obscurité. Les cris perçants et douloureux dont je faisais retentir les échos de tout le rivage, attendrirent son cœur (Fén.). Un loup survint à jeun, qui cherchait aventure (La F.). Je viens de me ressouvenir d'une de mes amies qui sera votre fait (Mol.). Il a fallu, avant toute chose, vous faire lire dans l'Ecriture l'histoire du peuple de Dieu, qui fait le fondement de la religion (Boss.). On vous a montré avec soin l'histoire de ce grand royaume, que vous êtes obligé de rendre heureux (Boss.). On voit par ces exemples que le pronom relatif se rapporte au substantif éloigné, toutes les fois que le dernier substantif, n'étant employé que pour déterminer le premier, ne demande lui-même aucune modification. c) Quelquefois un écrivain s'embarrasse par la difficulté où il est de lier également à une principale plusieurs prop. adverbiales. Ex. : La volonté de Dieu étant toujours juste et toujours sainte, elle est aussi toujours adorable, toujours digne de soumission et d'amour, quoique les effets nous en soient quelquefois durs et pénibles; puisqu'il n'y a que des âmes injustes qui puissent trouver à redire à la justice (Nicole). La dernière prop. amenée par puisque jette de l'embarras et de la confusion dans cette phrase de l'embarras, parce qu'elle n'est pas à sa place, car elle se rapporte immédiatement à la principale; de la confusion, parce qu'elle parait d'abord se rapporter à la subordonnée qui la précède et qui est introduite par quoique. Pour rendre la phrase claire et correcte, il suffit de retrancher la conjonction puisque; de cette manière la dernière proposition devient une prop. principale, appuyant la première principale, et qui par ce moyen se lie à ce qui la précède. d) En général, il faut disposer la phrase de manière à établir une juste proportion entre ses différentes parties et à produire ainsi l'harmonie de l'ensemble sans nuire à la liaison des idées et à la clarté du discours. Comparez ces phrases: Dans cette enfance, ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poème dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, et lutté, si je l'ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin inspiré d'un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable, accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu'il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l'atteindre, et n'osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et par leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu'ils ne pouvaient égaler. (Racine.) Pendant que Paul et elle se rafraichissaient, Domingue alluma du feu et ayant cherché dans les rochers un bois tortu qu'on appelle bois de ronde, et qui brûle tout vert en jetant une grande flamme, il en fit un flambeau qu'il alluma, car il était déjà nuit (Bern.). Je me souviens encore du plaisir que j'éprouvais lorsque, la nuit, au milieu du désert, mon bûcher à demi éteint, mon guide dormant, mes chevaux paissant à quelque distance, j'écoutais la mélodie des eaux et des vents dans la profondeur des bois (Chat.) Un jour, sur ses longs pieds allait je ne sais où Le héron au long bec emmanché d'un long cou (La F.). Bien posé sur un coussinet, Prétendait arriver sans encombre à la ville (La F.). Quoique, pendant tout l'an, libéral il nous donne 422. La phrase adversative est formée de deux propositions exprimant des pensées entre lesquelles il y a exclusion, restriction ou simple opposition. 1. Il y a exclusion, lorsque l'une des deux pensées est niée par l'autre, c'est-à-dire lorsque la seconde proposition exprime le contraire de ce qui est énoncé dans la première, de telle sorte que les deux pensées s'excluent réciproquement et ne peuvent pas être vraies en même temps; c'est pourquoi l'une des propositions est toujours affirmative, et l'autre négative. Ce rapport d'exclusion ou d'opposition négative se marque par ne-mais, qui admet facilement la contraction des propositions: Le soleil ne tourne pas autour de la terre, mais la terre tourne autour du soleil. Ce n'est pas le mot d'inquisition qui nous fait peur, mais la chose même (Pasc.). Quelquefois, pour donner plus d'énergie à la phrase, on répète le verbe après mais: Les convenances de la nature ne sont pas celles d'un sybarite, mais elles sont celles du genre humain et de tous les êtres (Bern.). Mais est souvent renforcé par bien ou par bien plutôt : Nous ne voulons pas nous imposer les privations de la vertu, des lois, mais bien aux autres (Boiste). Sa puissance n'est pas diminuée, mais bien plutôt elle est accrue (Ac.). On emploie quelquefois ne-plutôt pour marquer une exclusion moins forte que celle qui est exprimée par ne-mais : Il n'avait pas l'air triste; il était plutôt gai. On fait ressortir le rapport d'exclusion en supprimant la conjonction adversative, et dans ce cas la contraction n'a pas lieu : Ce n'est pas le soleil qui tourne autour de la terre, c'est la terre qui tourne autour du soleil. Je ne parle pas, j'agis (V. Hugo). Ne détruis pas, corrige (C. Del.). Les prop. peuvent être interverties, et alors la contraction est permise: L'absence est le plus grand des maux, non pas pour vous, cruel! (La F.). 2. Il y a restriction, lorsque la première proposition n'est exclue qu'en partie, c'est-à-dire qu'elle est seulement limitée ou restreinte par la seconde proposition, appelée prop. adversative. Ce rapport existe : a) Quand la prop. adversative oppose à la première affirmation une autre affirmation qui en limite l'étendue; on se sert en pareil cas des conjonctions toutefois, néanmoins, cependant, pourtant: Toujours l'espérance nous trompe, toutefois nous la croyons toujours (Boiste). Il lui avait promis de l'aller voir, néanmoins il ne l'a pas fait (Ac.). Hippocrate n'eut pas trop de foi pour ces gens; Cependant il partit (La F.). Le mal est grand, il ne faut pourtant pas se désespérer. b) Quand la proposition adversative nie ou exclut la conséquence que l'on pourrait tirer de la première proposition, qui prend alors le nom de proposition concessive; en pareil cas, le rapport adversatif se marque toujours par la conjonction mais, qui ne souffre pas volontiers l'ellipse: L'autruche a des ailes, mais elle ne vole pas. L'adversité nous accable, mais elle nous instruit. Son cheval le met à couvert des voleurs, mais non de l'onde noire (La F.). Les secrets de la nature sont cachés: (mais) le temps les révèle d'âge en âge. 3. Il y a simple opposition ou contraste, lorsque la seconde proposition exprime une différence, c'est-à-dire qu'elle affirme quelque chose d'opposé à la première sans l'exclure ni la restreindre; c'est le rapport adversatif proprement dit, qui peut s'exprimer par les conjonctions mais, au contraire, mais qui le plus souvent est marqué par la simple juxtaposition des propositions: Le ciel est dans ses yeux, mais l'enfer est dans son cœur. L'aîné est assidu à son travail; le cadet, au contraire, ne fait que s'amuser. L'avare jouit en imagination: il pâtit en réalité. L'homme est de glace aux vérités, il est de feu pour les mensonges (La F.).. L'ane. français marquait l'exclusion par ains, ainçois : Digne non de pitié, ains de compassion (Regnier). Quelquefois la conjonction mais ne marque qu'une transition pour revenir à un sujet abandonné, ou pour quitter celui dont on parle : Mais revenons à notre affaire. Mais il est temps d'en finṛr. Mais s'emploie encore dans la conversation, au commencement d'une phrase qui a quelque rapport avec ce qui a précédé : Mais enfin, que dites-vous de cela? Cependant s'emploie encore quelquefois dans sa signification première de pendant cela: Commençons dans deux jours, et mangeons cependant La corde de cet arc (La F.). Vous vous amusez, et cependant la nuit vient. B. Phrase disjonctive ou alternative. 432. La phrase disjonctive se rattache à la coordination. adversative et indique toujours un rapport d'exclusion entre les deux propositions, mais sans se prononcer pour l'une plutôt que pour l'autre; elle n'exprime donc qu'une alternative. La coordination disjonctive se marque par la conjonction ou, que l'on renforce quelquefois avec l'adverbe bien, ou en répétant la conjonction devant chacune des prop. coordonnées : Demeurez au logis, ou changez de climat (La F.). Oui, vous l'êtes; ou bien je ne suis pas belette (Id.). Peignez-les-moi, dit l'aigle, ou bien me les montrez (Id.). Ou la maladie vous tuera, ou le médecin, ou bien ce sera la médecine (Mol.).— On supprime quelquefois la conjonction ou: Est-ce un boeuf, un cheval? (La F.). Le bien ou le mal se moissonne, Selon qu'on sème ou le mal ou le bien (Lamotte). Ou signifie quelquefois autrement, d'une autre façon, en d'autres termes: Byzance ou bien Constantinople (Ac.), la logique ou la dialectique, le nom ou le substantif, etc. La coordination disjonctive se marque aussi par autrement: Il y a des gens qui voudraient qu'un auteur ne leur parle jamais des choses dont les autres ont parlé; autrement on l'accuse de ne rien dire de nouveau (Pasc.). C. Phrase causale. 424. La phrase causale est formée de deux propositions, dont la seconde donne la raison ou la conséquence de la première. 1. Quand la seconde proposition exprime la raison ou le motif d'un jugement, elle est liée à la première proposition par la conjonction causative car (§ 288), qui ne permet jamais la contraction: N'écoutez pas les flatteurs, car ils vous trompent. Je te rabats ce mot; car il vaut tout un livre (La F.). L'alouette eut raison; car personne ne vint (Id.). 2. Quand la seconde proposition exprime la conséquence ou la conclusion que l'on déduit du fait avancé dans la première, elle est amenée par les conjonctions conclusives: donc, par conséquent, aussi, ainsi, or: Je pense, donc Dieu existe (La Br.). Tu vis, donc tu souffres (Chat.). Les flat |