teurs nous trompent; par conséquent il ne faut pas les écouter. Je fuis; ainsi le veut la fortune ennemie (Rac.). Ces étoffes sont belles; aussi coûtent-elles cher (Ac.). La contraction est très rare: Il est envieux, donc sot. On supprime assez volontiers les conjonctions causatives ou conclusives, parce que le rapport logique de la phrase ressort de la liaison même des propositions; en pareil cas, on sépare ordinairement les propositions par deux points au lieu du point-virgule. a) Conjonction car: Vous ne me trompez pas (car) je vois tous vos détours (Rac.). Pourquoi l'irritez-vous? la chose est sans remède (La F.). Apaisez le lion: seul il passe en puissance Ce monde d'alliés vivant sur notre bien (La F.). Le jour du jugement viendra bientôt : les ânes parlent latin (Prov.). Vous êtes trop craintif : un rien vous met aux champs. b) Conj. conclusives: Il aime, (donc) il croira (A. Dumas). Les flatteurs vous trompent ne les écoutez pas. Son père est mort: que peut il faire? (La F.). Donc sert souvent à marquer une sorte d'étonnement, la surprise que l'on éprouve d'une chose à laquelle on ne s'attendait point: Et je n'ai done vaincu que pour dépendre d'elle! (Rac.) Il sert aussi à rendre plus pressante une demande, une injonction: Répondez donc. On l'emploie encore ironiquement: Laissez-moi donc tranquille. Or (§ 282) s'emploie à la tête d'une proposition qui, jointe à une autre de plus grande étendue quant au sens, sert à motiver une conclusion: Le sage est heureur; or Socrate est sage; donc Socrate est heureux (Ac.). Or sert aussi à lier un discours à un autre; en ce sens on le joint souvent à donc : Or donc, je vous le dis, cela n'est pas. Or s'emploie encore familièrement pour inviter, exciter à quelque chose: Or çà, sire Grégoire, Que gagnez-vous par an? (La F.). Partant, comme conjonction conclusive, ne s'emploie plus guère aujourd'hui Plus d'amour, partant plus de joie (La F.). D. Phrase copulative. 425. La phrase copulative (aussi appelée phrase d'addition) est formée de deux ou de plusieurs propositions dont l'une étend ou développe le sens de l'autre. Le rapport copulatif se présente surtout dans l'énumération des faits successifs ou simultanés, c'est-à-dire dans la narration ou dans la description. Les prop. réunies de cette manière se trouvent ordinairement dans un rapport causatif ou adversatif avec une autre proposition exprimée ou sousentendue. Il est un Dieu: (car) les herbes de la vallée et les cèdres de la montagne le bénissent, l'insecte bourdonne ses louanges, l'éléphant le salue au lever du jour, l'oiseau le chante dans le feuillage, la foudre fait éclater sa puissance, et l'océan déclare son immensité (Chat.). Notre laitière ainsi troussée Comptait déjà dans sa pensée Tout le prix de son lait; en employait l'argent; La chose allait à bien par son soin diligent (La F.). La phrase d'addition peut être purement copulative, et alors les prop. dont elle se compose ont la même valeur logique, comme quand on dit : On lui obéit et on aime à lui obéir, ou bien elle unit des prop. de valeur logique différente, et, par le rapport d'augmentation, met en relief celle qui a le plus d'importance: Non seulement on lui obéit, mais on aime à lui obéir (Fén.). La contraction est fréquen te dans l'un comme dans l'autre cas. A. Le rapport copulatif pur se marque: 1. Par la simple liaison des propositions; c'est ce qui a surtout lieu quand on veut donner plus de rapidité au discours, ou quand les termes d'une énumération sont synonymes ou placés par gradation : Il s'habille en berger, endosse un hoqueton, Fait sa houlette d'un bâton (La F.). J'ai fait son horoscope: il croîtra par la guerre (Id.). Nul n'y gagna, tous y perdirent (Id.). Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue (Rac.). Il va venir, il vient, il est là (A. Dumas). Remords, crainte, périls, rien ne m'a retenue (Rac.). Femmes, moine, vieillards, tout était descendu: L'attelage suait, soufflait, était rendu (La F.). 2. Par les conjonctions copulatives et, ni: Le cortège le traverse, et chacun prend sa place (Thiers). Le monarque en soupa, Et de sa peau s'enveloppa (La F.). Pendant ce temps le ciel était couvert de sombres nuages, et la pluie tombait par torrents (Thiers). Une nuée de traits obscurcit l'air et couvrit tous les combattants. Dans sa cave il enserre L'argent et sa joie à la fois (La F.). On ne suit pas toujours ses aïeux ni son père (Id.). a) La conjonction et sert à unir: 1' deux prop. affirmatives Il cherche son âne et il est dessus (Prov.); 2o deux prop. dont l'une est affirmative et l'autre négative: Je plie et ne romps pas (La F.); 3' deux prop. négatives dont chacune a un sens qui lui est propre : Ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. Quand il y a plus de deux prop. coordonnées, et ne se met ordinairement que devant la dernière: Je le connais, je l'aime et je lui rends justice (Gresset). Le prodigue déjeûne avec l'abondance, dine avec la pauvreté et soupe avec la misère. Dans les prop. contractes, lorsque l'énumération n'est pas complète, on omet souvent la conjonction : La France exporte des vins, des soieries, des tissus de coton, des draps, des articles de Paris; mais on se sert de la locution latine et cætera (et le reste), que l'on écrit etc. Quelquefois, on répète el pour donner plus de poids, plus d'énergie à une énumération; cette répétition 'a surtout lieu en poésie: Et le riche et le pauvre, et le faible et le fort Vont tous également de la vie à la mort (Volt.). Et peut précéder d'autres conjonctions causatives et adversatives: C'est votre père, et par conséquent vous lui devez le respect. L'étude du monde ne m'avait rien appris, et pourtant je n'avais plus la douceur de l'ignorance (Bern.). Quelquefois même, et, qui est la conjonction coordinative par excellence, remplace une autre conjonction de coordination, surtout une conj. adversative: Il faut manger pour vivre, et (mais) non pas vivre pour manger (Mol.). La lecture des romans échauffe la tête et (mais) glace le cœur. : b La conjonction ni a un sens négatif et sert à lier: 1 deux propositions négatives, quand il y a contraction : Il ne boit ni ne mange. Je ne veux, ni ne dois, ni ne peux obéir. Si la contraction porte sur le verbe, le sujet, l'objet ou l'attribut adjectif étant complexes (§ 415), la règle est de répéter ni Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux (La F.). Il ne boit ni eau ni vin. Elle n'a ni parents, ni support, ni richesse (Mol.). Le jeu est un gouffre qui n'a ni fond ni rivage. Elle n'est ni laide ni belle; -2 deux prop. subordonnées qui dépendent du même verbe employé négativement ou renfermant une idée négative: Je ne crois pas qu'il vienne ni même qu'il pense à venir (Ac.). J'ai peine à croire qu'ils traduisent ni impriment mon livre (J.-J. R.). La règle est: 1o de répéter ni dans la phrase contracte, quand il n'y a qu'un verbe, et 2o de ne l'employer qu'une fois, quand il y en a plusieurs qui se suivent. Toutefois cette règle n'est pas absolue, ainsi que le montrent les exemples suivants : 1o Le soleil ni la mort ne peuvent se regarder fixement (La Roch.). Comme, vous êtes roi, vous ne considérez qui ni quoi (La F.). Je n'aime pas la guerre et ses funestes ravages, ni l'ambition et ses prétentions injustes. 2o Un sot ni n'entre, ni ne sort, ni ne s'assied, ni ne se lève, ni ne se tait, ni n'est sur ses jambes comme un homme d'esprit (La Br.). Quand ni est répété, on omet pas ou point. On ne dit pas: Il ne faut pas être ni prodigue ni avare, mais bien:Il ne faut être ni prodigue ni avare. Toutefois les meilleurs écrivains se sont affranchis de cette règle : Cela n'est pas capable ni de convaincre mon esprit, ni d'ébranler mon âme (Mol.). Celui qui n'a jamais réfléchi ne peut pas être ni clément, ni juste, ni pitoyable (J.-J. R.). Ni ne doit pas précéder sans, qui est négatif. Ainsi ne dites pas: On ne gagne rien sans peine ni sans travail; dites sans peine ni travail. Cependant il était permis autrefois de construire ni avec sans. Il faut encore remarquer que, si deux membres coordonnés se trouvent réunis dans une phrase négative, on peut les lier par ni ou par et. En employant ni, on nie chacun des membres en particulier : Il ne boit point d'eau ni de vin; en employant et, on les additionne pour ainsi dire et l'on fait rapporter la négation au tout qui en résulte: Il ne boit point d'eau et de vin (Bon.). Le sénat et le peuple romains n'oublient jamais ni les services ni les injures (Vertot). mais B. Le rapport d'augmentation se marque par non-seulement... mais (encore, aussi), aussi, encore, même, au reste, en outre, outre cela, d'ailleurs, de plus, au surplus; non-seulement se met en tête de la phrase lorsque les deux coordonnées sont complètes, et après le verbe s'il y a contraction: Nonseulement il n'est pas savant, mais il est très ignorant (Ac.). Un chrétien doit aimer non-seulement ses amis, même ses ennemis (Ac.). Ces pères de l'Eglise furent non-seulement des professeurs éloquents, mais encore des hommes politiques (Chat.). Les Egyptiens ont été les premiers à observer le cours des astres; ils ont aussi les premiers réglé l'année (Boss.). Les gens soupçonneux se défient de tout le monde, même de leurs proches. Votre intérêt l'exige, de plus l'honneur vous le commande. La conjonction peut être supprimée Les cannibales ne se contentent pas de vaincre leurs ennemis: ils déchirent leurs chairs et s'en repaissent. Au reste exprime une idée d'addition et peut se traduire par au surplus, d'ailleurs: Vous ferez bien de suivre ce conseil; au reste vous ferez ce que vous voudrez (Ac.). Du reste marque une opposition et signifie cependant, malgré cela: Il est bizarre, emporté, du reste brave et intrépide. Aussi peut s'employer dans une phrase simple; il y a alors une prop. sous-entendue: Et Mardochée est-il aussi de ce festin (Rac.)? Cette conjonction se joint souvent à et; il en est de même de en outre, outre cela, d'ailleurs, de plus: La faveur du prince n'exclut pas le mérite et ne le suppose pas aussi (non plus) (La Br.). C. On doit envisager comme phrases copulatives les propositions qui sont unies par les conjonctions ordinatives: d'abord, puis, ensuite, enfin, ou distributives: tantôt-tantôt, partie-partie: D'abord elle entra dans sa peine, puis elle le calma, enfin elle lui fit entendre ce qui pouvait excuser ce malheureux (Fén.). Tantôt l'avenir disparait aux yeux d'un homme passionné, tantôt il l'absorbe tout entier. C'est-à-dire et savoir (c'est à savoir) sont également des expressions copulatives: Comptez sur vous ou chassez-moi, c'est-à-dire ôtez-moi la vie (J.-J. R.). CHAPITRE III. DE LA PHRASE DE SUBORDINATION. A. Proposition substantive. 1. Proposition conjonctive. 426. Espèces. La proposition substantive conjonctive se place après le verbe de la principale, dont elle n'est séparée par aucun signe de ponctuation. Elle a toujours la valeur d'un substantif et en remplit les fonctions dans la phrase, soit comme sujet (proposition subjective): Il faut que justice se fasse, soit comme complément (prop. objective) : Je demande que justice se fasse, soit même comme attribut (prop. attributive). La proposition conjonctive peut exprimer : 1o comme le substantif, l'idée abstraite d'une action, et dans ce cas elle est toujours amenée par la conjonction que: Je désire qu'il me réponde (= une réponse); 2o ou, comme la prop. principale, une pensée, c'est-à-dire un jugement que l'on rapporte d'une manière indirecte, en le liant au verbe de la principale au moyen de la conjonction que: Il a dit qu'il lui répondrait. On peut aussi rapporter de cette manière une question, et alors la prop. subordonnée, qui est amenée par la conj. si ou un pronom interrogatif, s'appelle prop. interrogative et doit être traitée à part (v. § 429). Les paroles et les pensées d'une personne (que ce soit la troisième, la seconde ou la première) peuvent être présentées de deux manières. Ou bien on les reproduit textuellement dans la forme même que leur a donnée celui qui les a prononcées; c'est ce qu'on appelle discours direct (oratio recta): Il a dit: Je lui répondrai. Ou bien on les fait dépendre d'un verbe déclaratif, c'est-à-dire d'un verbe placé dans la principale et qui exprime une perception des sens ou de l'esprit (verbum sentiendi ou declarandi); c'est ce qu'on appelle le discours indirect (oratio obliqua): Il a dit qu'il lui répondrait. 1. Proposition subjective. Lorsque la prop. conjonctive exprime le sujet de la principale, le sujet grammatical, s'il |