Images de page
PDF
ePub

séparées que par une virgule, ou qu'elles ne le sont pas du tout:

On a toujours raison; le destin, toujours tort (La F.). Le vent était frais, la mer belle, la nuit sereine (Chat.).

3. Les deux-points et le point-virgule, qui ont à peu près la même valeur, expriment des divisions intermédiaires plus faibles que le point, plus fortes que la virgule.

Le point-virgule est d'un emploi plus général que les deux-points et a pour fonction propre de séparer les prop. coordonnées (§ 413); mais ces deux signes peuvent se trouver dans la même phrase surcomposée, qu'elle soit copulative, causative ou adversative, et alors les deux-points ont une valeur plus forte que le point-virgule, de telle sorte que les divisions de la phrase sont indiquées d'une manière graduée par les deux-pomts, le point-virgule et la virgule :

Dans cette contrée devenue la proie du fer et de la flamme, les champs incultes ont perdu la fécondité qu'ils devaient aux sueurs de l'homme; les sources ont été ensevelies sous des éboulements; la terre des montagnes, n'étant plus soutenue par l'industrie du vigneron, a été entraînée au fond des vallées; et les collines, jadis couvertes de sycomores, n'ont plus offert que des sommets arides (Chat.).

Mais je vois que mes pleurs et mes vains discours
Pour vous persuader sont un faible secours;
Votre austère vertu n'en peut être frappée :

Hé bien! trouvez-moi done quelque arme, quelque épée;
Et qu'aux portes du temple, où l'ennemi m'attend,
Abner puisse du moins mourir en combattant (Rac.)..

Les deux-points s'emploient d'une manière spéciale avant une citation, avant ou après une énumération :

Tu t'ennuies de vivre, et tu dis: La vie est un mal. Tôt ou tard tu seras consolé, et tu diras: La vie est un bien (J.-J. Rousseau).

On demande quatre choses à une femme: que la vertu habite dans son cœur; que la modestie brille sur son front; que la douceur découle de ses lèvres, et que le travail occupe ses mains (Bon.).

Tempérance, gaieté, travail : voilà les trois meilleurs médecins.

Les signes de ponctuation peuvent se remplacer l'un l'autre. Ainsi: a) la virgule remplit quelquefois la fonction du point-virgule dans la phrase de coordination, lorsque les propositions sont de peu d'étendue (§ 413); - b) le pointvirgule remplace la virgule dans la phrase surcomposée quand il y a contraction, les prop. subordonnées ayant la même principale, qui n'est exprimée qu'une fois; - c/ les deux-points se mettent à la place du point-virgule dans la phrase de coordination quand il y a simple juxtaposition (§ 424), c'est-à-dire lorsque la conjonction n'est pas exprimée et que la seconde proposition développe, explique ou confirme l'idée contenue dans la première; d) enfin le point s'emploie au lieu du point-virgule pour séparer des prop. coordonnées, lorsqu'elles ont un sens indépendant l'une de l'autre.

Il faut se représenter que sous ses pas l'éléphant ébranle la terre; que de sa main il arrache les arbres; que d'un coup de son corps il fait brèche dans un mur (Buff.).

Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d'un plus petit que soi (La F.).

D'argent, point de caché. Mais le père fut sage

De leur montrer avant sa mort

Que le travail est un trésor (La F.).

4. L'alinéa, qui est formé par un espace vide laissé au commencement de la ligne, doit être considéré comme un signe de ponctuation. Il indique une séparation plus profonde que le point, et on l'emploie pour distinguer les différents groupes d'idées dont se compose un article ou pour marquer la transition d'un sujet à un autre.

L'alinéa se termine en général par un point; cependant il peut aussi être terminé par deux-points ou par point-virgule. On met deux- points avant une énumération dont chaque partie commence par un alinéa; on met alors un point-virgule à la fin de l'alinéa terminant chaque partie, à l'exception du dernier, après lequel on place un point (exemple au § 19).

275. Signes subjectifs. Ces signes indiquent la manière actuelle dont nous envisageons telle ou telle proposition ou tel ou tel membre de la proposition. Ce sont le point d'interrogation (?), le point d'exclamation (!), les points suspensifs (...) et la parenthèse ().

1. et 2. Le point interrogatif se met à la fin de toute proposition qui exprime une question. Le point d'exclamation indique que la phrase est le produit d'un élan de l'âme. Ces deux signes peuvent d'ailleurs désigner les mêmes pauses que la virgule, le point-virgule, les deux-points et le point.

La plupart des interjections demandent le point d'exclamation, à l'exception de ô, qui ne prend ce signe qu'après le substantif suivant.

3. Les points suspensifs servent pour marquer une réticence ou une interruption dans le discours. Dans une citation, ils indiquent qu'on passe exprès quelques mots qui ne sont pas importants.

4. La parenthèse signifie que l'on jette dans la phrase un mot ou une pensée intermédiaire qui explique le reste, mais sans en altérer la construction. La parenthèse peut avoir sa ponctuation propre, mais elle n'a aucune influence sur celle de la phrase, et si le mot qui la précède doit être suivi d'un signe de ponctuation, ce signe se place en général après et rarement avant la parenthèse fermée.

D'où venez-vous? Que nous direz-vous de bon? N'y a-t-il rien de nouveau? (La Br.)

Quel était votre état, votre rang, votre père? (Volt.)

Que deviendrai-je? hélas! si vous m'abandonnez.

Veux-tu devenir bientôt homme de bien? évite les méchants, fréquente

les bons et ne demeure jamais oisif.

Malheureuse! quel nom est sorti de ta bouche? (Rac.)

Ho! ho! vous faites bien l'entendu (Ac.).

Quel secret doit avoir eu la nature! disait Fontenelle, pour varier en

tant de manières une chose aussi simple qu'un visage.

O surprise! ò douleur! il voit autour de lui

Ses soldats (désormais quel sera son appui?),

Compagnons de sa chute, ainsi que de son crime,

Sans mouvement, sans voix, étendus sur l'abime (L. Rac.).

Un lièvre en son gîte songeait :

(Car que faire en un gîte à moins que l'on ne songe?)

Dans un profond ennui ce lièvre se plongeait (La F.).

Ah! les rois, qui peuvent tout (je le vois, mais hélas! je le vois trop tard), sont livrés à toutes leurs passions (Fén.).

Que feras-tu, mon fils, si Dieu ne te seconde,

Seul, parmi les méchants (car il en est au monde).
Sans ta mère, du moins, pour t'apprendre à souffrir?...

Oh! que n'ai-je du pain, mon fils, pour te nourrir! (Guiraud.)

476. SIGNES purement DISTINCTIFS. Ces signes sont les guillemets (« »), le tiret ou trait de séparation, l'accolade, l'astérisque, le point abréviatif et les lettres majuscules.

1. Les guillemets indiquent une citation. On les place au commencement de chaque ligne et à la fin de la dernière, ou au commencement et à la fin de la citation. Quand la citation est courte, on l'écrit en italique, ou on la souligne dans l'écriture.

2. Le tiret, qu'il ne faut pas confondre avec le trait d'union, s'emploie ordinairement pour indiquer un changement d'interlocuteur.

Sur les cornes d'un bœuf revenant du labeur
Une fourmi s'était nichée.

<< D'où viens-tu? lui cria sa sœur,
Et que fais-tu si haut perchée?

D'où je viens! peux-tu l'ignorer?
Nous venons de labourer. » (Villiers.)

3. L'accolade est une sorte de trait en forme de crochet brisé à son milieu, qui sert, dans l'écriture et dans l'impression, à embrasser plusieurs objets, soit pour en former un tout, soit pour montrer ce qu'ils ont de commun ou d'analogue entre eux.

L'accolade s'emploie souvent dans les comptes, dans la formation des tableaux, etc., et se place, suivant le besoin, horizontalement ou perpendiculairement (exemple au § 286).

4. L'astérisque ou étoile est un signe en forme d'étoile (*) qui indique un renvoi, ou qu'on emploie pour quelque désignation convenue. Quand il n'y a qu'une ou deux notes dans la page, l'astérisque entre parenthèses suffit. S'il y en a trois ou plus, il faut se servir de chiffres: (1), (2), (3), etc. On remplace ordinairement par des astérisques les syllabes d'un nom propre dont on ne met que la lettre initiale: M. A***. Souvent on met autant d'astérisques que le nom propre comporte de lettres.

5. Le point abréviatif. Le point abréviatif ou point d'abréviation, qu'il ne faut pas confondre avec le point, signe de ponctuation, se place après tout mot indiqué abréviativement par ses premières lettres, comme c.-à-d. pour c'est-àdire, M. pour monsieur.

6. On appelle lettres majuscules, capitales ou grandes lettres, certaines lettres plus grandes que les autres et qui ont une figure différente de celle des lettres que l'on appelle minuscules ou petites lettres. On met une capitale au commencement de chaque vers, après un point, c'est-à-dire, au commencement d'une phrase, après les deux-points employés pour annoncer un discours, au commencement d'un nom propre, etc.

1

II. L'ANALYSE.

A. Analyse étymologique.

477. L'analyse étymologique consiste à faire connaitre la formation des mots et à indiquer la manière dont les mots dérivés sont tirés des mots primitifs et les mots composés des mots simples. Cette analyse est de la plus grande utilité pour apprendre le sens précis des mots; mais elle exige la connaissance détaillée des suffixes et des préfixes (§§ 291 à 350). Exemples':

1. La gelée affile les blés (c'est-à-dire en rend les fanes petites et pointues comme un brin de fil).

Gelée, nom dérivé du part. passé gelé, au moyen de la terminaison fé-minine e, comme sortie, issue (§ 293).

Affiler, verbe composé du subst. fil et du préfixe ad dont le d s'assimile au f f ($ 350).

Blé, autrefois bled, nom de chose d'où dérive, au moyen du suffixe ier (§ 297), le nom de personne blatier.

2. Le lion vint à lui la gueule béante.

Lion, nom d'animal d'où dérive lionceau, au moyen du suffixe diminutif masc. eau (§ 312).

Gueule; le gest suivi d'un u servile (§ 87). Nom de chose qui a formé l'adjectif goulu, au moyen du suffixe u, qui a le même sens que le suffixe eux et signifie plein de ou qui a de, comme dans barbu, qui a de la barbe (§ 307).

Béant, part. présent de l'ancien verbe béer, qui est le même que bayer (par ex. bayer aux corneilles) et bäiller, ouvrir la bouche (§ 264). Derivés: badaud, badin. Composé: bégueule, c'est-à-dire bée-gueule, littéralement: qui ouvre la bouche.

3. Les cochons paissent le gland.

Cochon, nom d'animal, dérivé de coche (= truie), au moyen du suffixe diminutif on (§ 314). Synonymes: porc, pourceau. Distinguer coche, f., de coche, m., bateau, voiture, d'où cocher.

Paître, c'est-à-dire paistre (le test intercalaire, § 110), verbe qui ne s'emploie point au prétérit et dont le part. pu est inusité (§ 269). Dérivés : pâtre (pastre) et pasteur, qui sont les deux formes françaises d'un même mot latin (pastor), d'où pastoral; pâture, d'où pâturage; pâtis; pacage.. Cómposé: repaître, d'où repas.

Gland, d'où glande, par assimilation au fruit du chène.

1 Ces exemples sont tirés de notre Cours gradué de langue française (1870, ой се genre d'analyse a été exposé pour la première fois.

« PrécédentContinuer »