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B. Consonnes.

1. Liquides. Le 1 mouillé se rend par gli dans les mots italiens: imbroglio, de Broglie; par ll dans les mots espagnols: llama ou glama, llanos; et par lh dans les mots portugais ou provençaux: Merilhou, Trelhard. Le mot anglais rail se prononce rel ou à la française avec l mouillé; il en est de même du composé dérailler (que Littré écrit dérailer).

2. Mueltes et spirantes. La lettre k a le même son que le c guttural, mais ne se présente que dans les mots tirés du grec ou des langues étrangères; on a souvent remplacé k par c ou par qu devant e, i; kaleidoscope, kermės, kilogramme, ukase, alkali ou alcali, fakir ou faquir, kreutzer ou creutzer, quaker ou quacre, etc. Ck vaut pour un seul k: carrick ou carrique, blockhaus (pr. blokôs).

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Chsonne en général comme e guttural drachme, ischurie, lichen, loch, Machiavel (mais machiavélique a le ch chuintant), gutta-percha, Zurich, etc.; il est quelquefois le signe de la chuintante forte: punch, pacha.

La chuintante forte se rend par sch, sh dans certains mots tirés du grec, de l'allemand, de l'anglais, etc., comme schisme, schiste, schlague, schlot, stockfisch, bischof ou bishof, scheik ou cheik, schilling (pr. chelin), schlich ou chelik, shérif (différent de chérif), fashion, mackintosh, schako ou shako, etc.

La chuintante composée ou palatale tch ou dj se rend en italien par c ou g devant e et i: cicerone (que quelques-uns prononcent aussi à la française avec le c sifflant), adagio, et par ch ou g en anglais : speech (pron. spitch), gin.

Dans quelques mots tirés de l'italien, zz sonne comme z : lazzarone, lazzi, ou comme dz: mezzo-forte; c et sc comme ch : violoncelle, vermicelle, crescendo.

Le y a toujours le son de i consonne ou de y français : yacht (pr. yac), yard, yatagan, yole; on doit donc dire la yole et non l'yole

Wa le son d'un simple v dans les mots allemands: thalweg, Wagram; dans les mots venus de l'anglais, il a la valeur de ou: warrant (pr. ouarrant), whiskey, wiski, whist, wigh, etc.; ou de u dans Newton, NewYork; Law, clown, drawbach, railway se prononcent Lô, clôn, drôbac, reloué.

Quant aux consonnes finales, elles se prononcent en général; il faut en excepter cependant les mots qu'un long et fréquent usage a complétement francisés.

1. Les liquides ret l sont toujours sonores: frater, pater, Jupiter, Esther. 2. Les nasales n et m se prononcent toujours: amen, lichen, album. 3. Les muettes p et b, c et g sont également toujours sonores: Alep, cap, hanap, jalap, croup, group, sloop, julep; baovav, nabab, rob, radoub, club, rumb; bivouac ou bivac, cornac, gaiac, grec, mastic, manioc, stuc, zinc, zig-zag, grog, pouding (qui se prononce comme poudingue, terme de géologie); mais orang-outang a le 9 nul.

4. La liquide t est nulle dans: béat, fat, médiat, mât, opiat, pât, deb et fret, net, granit, prétérit, prurit, subit, et sonore partout ailleurs: adéquat, exeat, fiat, mat, pat, vivat, tacet, déficit, rit (aussi rite), transit, dot, knout, raout (aussi rout), chut, occiput, sinciput, etc. Le d est toujours sonore : sud, Jutland, David, sauf dans Madrid, plaid (manteau). Le th final est toujours sonore : zénith, luth.

5. Le s est toujours sonore : atlas, aloès ou aloës, cortès, cyprès, florès, kermis, Périclès, bis, cacis, gratis, iris, lapis, métis, myosotis, oasis, pubis, albinos, lotos, mérinos, pathos, rhinocéros, agnus, angelus, argus, bibus, blocus, calus, chorus, cosinus, cubitus, cholera-morbus, fétus ou foetus, hiatus, humus, mordicus, obus, omnibus, orėmus, olibrius, palus, papyrus, prospectus, quibus, rébus, rasibus, sinus, typhus; de même dans les noms propres : Agésilas, Brutus, Paris, Vénus, etc.; excepté Judas, Damas et autres mots francisés, comme anis, ananas, haras, locatis, las (interjection), lilas, motus, maïs, obtus, ras (de marée).

Le z est sonore dans gaz, où il a le son qui lui est propre, et dans les noms propres tels que Åranjuez, Booz, Fernand Cortez, Suez, où il a le

son du s.

Dans les mots empruntés au grec ou au latin, x final se prononce toujours avec le son qui lui est propre Ajax, borax, index, larynx, lynx, phénix, onyx, storax. Dans les mots espagnols, a final sonne comme s : Cadix.

Les consonnes consécutives finales sont toujours sonores: ballast, toast, cobalt, smalt, spalt, blaps, convict, verdict, sport.

Il faut encore ajouter tz, qui sonne comme ts dans : quartz, strélitz, et comme s dans Metz, Coblentz, Seltz, et cht, dont le t est muet, tandis que ch sonne comme c: yacht, Utrecht.

CHAPITRE VII.

INFLUENCE DE L'EUPHONIE SUR LA FLEXION ET LÀ

DÉRIVATION.

110. Les consonnes finales reparaissent le plus souvent dans la flexion et la dérivation des mots; ainsi le t de fort se montre de nouveau au féminin forte et dans le dérivé forteresse; de même les finales muettes de lard, pays, parfum, plomb, sang, estomac, sonnent de nouveau dans larder, paysan, parfumer, plomber, sanguin, stomacal. C'est donc par la dérivation que nous apprenons à connaître les consonnes finales qui sont muettes pour l'oreille.

Cette règle d'orthographe souffre peu d'exceptions.

Dans la flexion et la dérivation des mots, le radical éprouve souvent des changements qui ont leur origine dans l'influence de l'accent tonique ou dans les lois de l'euphonie.

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I. Sous le rapport de l'accent tonique, on doit remarquer les faits suivants :

1o Deux syllabes inaccentuées consécutives ne peuvent pas se trouver à la fin d'un mot. Aussi de recevoir on a fait je reçois et non pas je reces; de jeter, je jette (= jète), et non pas je jete.

2o La voyelle accentuée prend souvent un son plein qui est représenté par une combinaison de voyelles. La dérivation ramène la voyellè simple et primitive en déplaçant l'accent tonique; ainsi ai devient a: faim, famine; clair, clarté; -ei devient e peine, pénible; - eu devient o, quelquefois ou meuble, mobilier; saveur, savourer; œu devient ou : œuvre, ouvrage ; oi deviento: voix, vocal. En pareil cas, la dérivation indique l'orthographe de la voyelle accentuée; ainsi la voyelle nasale de e s'écrira par ai dans faim, à cause de famine, par ei dans serein, à cause de sérénité, et par i dans fin, à cause de fine, finesse. Quelquefois la voyelle accentuée fait place à un e muet dans les dérivés : grain, grenier, chandelle, chandelier; étincelle, étinceler.

II. Sous le rapport de l'euphonie, il faut distinguer si la terminaison ou désinence commence par une voyelle ou par

une consonne.

A. La terminaison commence par une voyelle. Il peut se présenter deux cas :

1. Le radical finit par une voyelle. Cette voyelle forme avec la voyelle initiale de la désinence un hiatus que l'on évite généralement au moyen de l'intercalation de l'une des consonnes suivantes entre le radical et la terminaison : t, s, l, v, r, par ex. roi-t-elet, bijou-t-ier, cafe-t-ier, caillou-t-age, filou-t-er, ju-t-eux, numéro-t-er, érein-t-er, clou-t-ier, arbri-ss-eau, fourmi-l-ière, enjoli-v-er, oi-s-on. Après un e muet, on intercale aussir: mouche-r-on; mais le plus souvent on supprime le e : poule, poulet; toutefois, après g, e subsiste comme lettre servile: orgeat de orge; après c, on le remplace par la cédille : façade de face.

Dans un certain nombre de mots terminés par u, ce u se change en folle, folie de fou; molle, mollesse de mou; collet de cou; le mot cou se dit quelquefois par euphonie col: un cou court blesserait; dites un col court. La finale eau des substantifs et de quelques adjectifs retourne à la forme primitive el ou il; par ex. martelet de marteau (autrefois martel), batelier de bateau (batel), belle de beau (bel,

par ex. dans Philippe-le-Bel), oisillon de oiseau (oisel et oisil).

2. Le radical est terminé par une consonne. Cette consonne finale conserve en général le son qui lui est propre ; aussi le d de grand, qui sonne comme t dans la liaison, reparaît avec le son qui lui est propre dans le féminin grande et les dérivés grandir, grandeur.

Si g et c ont le son sifflant de j ou s, on maintient ce son devant a, o, u, au moyen d'un e nul ou servile, qui se place après le g, ou au-dessous du c sous la forme de la cédille; c'est ce qui arrive en particulier dans les verbes en ger et cer: il mangea, nous, traçons. En revanche gu, qu subsistent dans toute la conjugaison, même devant a, o: il naviguait, nous fabriquons. Mais, dans les dérivés, gu devient g, et qu se change le plus souvent en c: navigable, fabricant.

Quelquefois la consonne finale se transforme en une autre consonne ou même en une voyelle. Ainsi :

a) Le c devient le plus souvent sifflant et prend le son du s dur; il s'écrit alors avec la cédille, par ex. suçon de suc, arçon de arc, tronçon de tronc. Souvent aussi le c se change en ch, par ex. sèche, sécheresse de sec; blanche, blancheur de blanc; franche, affranchir de franc; sachet de sac; crochet de croc. Il peut aussi conserver le son guttural, comme dans grecque de grec, turque de turc, banquette de banc, choquer de choc, parquer de parc, tronquer de tronc. Le c de arc devient sifflant dans arçon, chuintant dans archer, et reste guttural dans arquebuse. Devant une voyelle composée commençant par i, le c se change en t, par ex. tabatière (pour tabaquière) de tabac, ferblantier de ferblanc. Le q reste guttural dans les dérivés de cinq, tels que cinquième, cinquante; il se change en ch dans cochet de coq, qui a aussi formé coquet, et en c sifflant dans musicien de musique, etc.

b) Le g de bourg devient chuintant: bourgeois.

c Le t se change quelquefois en c; sorcier de sort, monceau de mont, froncer de front, foncier de fond, pinceau de peint. Dans essentiel, substantiel, de essence, substance, on voit reparaître le t étymologique.

d) Led se change en t dans piéton, piétiner, de pied. Tous les dérivés de vert ont d: verdâtre, verdelet, verdeur, verdir, verdure, verdoyant, etc.; mais vert s'écrit avec t, parce qu'au féminin il fait verte.

e) Lef se change en v vive, vivacité de vif; veuvage de veuf.

f) Ng se change en gn ou n mouillé; par ex. poignée de poing, cognassier de coing.

Quelquefois on intercale une consonne euphonique; c'est ce qui a lieu après n; par ex. faisandeau de faisan, lion

ceau de lion.

Les deux liquides n et l se redoublent en général, particulièrement devant un e ou après un e qui doit rester sonore (§ 56); par ex. cruelle (cruèle), bonne, ancienne, questionner, pigeonneau. Il en est de même de s et r, lorsque le redoublement est demandé par l'étymologie; par ex. grasse, grossesse, ferrer, ferrure.

Les mots gras, gros, fer dérivent du latin crassus, ferrum; ils ne s'é crivent pas avec deux s ou deux r, parce qu'en français le redoublement de la consonne ne peut jamais avoir lieu à la fin des mots. C'est pour la même raison que l'on écrit il et an, malgré elle et année. Mais en général les lettres retranchées de cette manière à la fin des mots primitifs reparaissent dans la flexion et dans la dérivation; par ex.: grasse, année, journée, fournée, etc.

B. La désinence commence par une consonne. Si dans ce cas le radical est aussi terminé par une consonne, il en rẻsulte souvent un choc d'articulations que l'on évite de trois manières différentes.

1. Si la terminaison est une consonne nulle, on supprime ordinairement la consonne finale du radical, quand elle n'est pas un rou un n; par ex. je pars au lieu de je parts de part-ir, je peux au lieu de je peuvs de pouvoir.

2. Si la terminaison commence par r, on intercale souvent l'une des deux linguales t et d; par ex. croître (c'est-à-dire crois-t-re), joindre au lieu de joinre, il fau-d-ra.

3. Si le radical est terminé par un l, cette consonne se change en u; par ex. je vaux au lieu de vals de valoir, chevaux de cheval, royauté de royal.

* Dans la conjugaison et la dérivation, si y n'est pas suivi d'une voyelle sonore, il devient i: essayer, j'essaie, l'essai ; soyons, sois.

Réciproquement, i devient y devant une voyelle sonore : voie, voyage; balai, balayer.

III. La réunion du préfixe au mot simple fait souvent naître un hiatus ou un choc de consonnes.

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