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générale s'appelle compréhension. Ainsi l'étendue de l'idée générale d'homme, ce sont tous les êtres auxquels ce nom s'applique; sa compréhension, ce sont les qualités qui constituent essentiellement l'espèce humaine, comme d'être organisé d'une certaine manière et d'être doué d'une âme sensible, active et raisonnable.-La compréhension d'un mot est en raison inverse de son étendue, et réciproquement. Ainsi le mot cheval a plus de compréhension et moins d'étendue que le terme quadrupède. Les noms les plus généraux ont l'étendue la plus grande et la plus petite compréhension. Les noms propres d'individus sont ceux qui ont l'étendue la plus petite possible, mais en même temps la plus grande compréhension.

Pour apprécier la valeur exacte d'un mot, il faut donc s'attacher à bien connaître le nombre d'attributs caractéristiques qu'il renferme, ou, en d'autres termes, sa compréhension; et, parmi ces attributs, distinguer, d'une part, celui par lequel il se rattache aux autres mots de la même série, ce qui constitue le genre, et celui qui l'en sépare et en vertu duquel il forme une catégorie à part, ce qui constitue la différence ou l'espèce; il faut en second lieu avoir une idée suffisante des êtres compris dans l'étendue de la catégorie qu'il constitue, ou, en d'autres termes, avoir une idée juste de son extension.

C'est ainsi que se constituent les genres et les espèces, ou les idées générales et les idées spéciales. L'ensemble des idées rangées par genres et espèces s'appelle classification. On classe les idées d'après leur ressemblance, et on les distingue par leur différence.

117. Des noms communs on doit distinguer les noms de matière. Par le mot vin, par exemple, on désigne toute la masse de vin qui existe sur la terre, et l'on donne le même nom à une portion quelconque, grande ou petite, de cette masse; le tout s'appelle vin, ainsi que la moindre partie. De même l'eau désigne toute l'eau qui est sur la terre; mais toutes les parties, grandes ou petites, de cette eau, s'appellent aussi eau. Le mot table, au contraire, s'applique à un objet qui peut être composé de matières différentes ou hétérogènes (bois, marbre), mais qui, par sa forme seulement, est une table; si l'on détache de cette table une partie quelconque, cette portion ne s'appellera plus une table. Ainsi table est un nom commun qui convient au meuble tout entier à cause de sa forme, et non pas à l'une ou à l'autre de ses parties; vin, au contraire, est un nom de matière qui convient à la masse entière du vin qui existe et à chacune de ses molécules, quelque petite qu'elle soit.

Les noms de matière désignent des choses homogènes, c'est-à-dire formées d'une même matière ou de parties semblables dont chacune porte le même nom que le tout.

On peut encore les définir les noms des choses qui ne se comptent pas.

Le nom commun exprime l'espèce. Or, l'idée d'espèce suppose l'idée de nombre, puisque l'espèce se compose d'individus, c'est-à-dire d'êtres séparés dans le temps et l'espace et que l'on peut compter par unités : une table, deux tables, plusieurs tables. Mais il y a beaucoup de choses dans lesquelles l'idée de l'espèce n'est pas liée à celle de l'individu, soit que les individus n'existent point, comme l'air, l'eau, le lait, soit que l'esprit ne les distingue pas, comme la paille, le froment, le sable; en pareil cas, l'espèce se présente comme une matière homogène dans laquelle on distingue la quantité et non pas le nombre de l'air, beaucoup d'eau, peu de froment. Dire que ces substantifs sont des noms communs, comme le font la plupart des grammairiens, c'est brouiller toutes les notions et confondre la quantité avec le nombre, c'est laisser supposer, par exemple, que l'on peut dire un froment, deux froments, plusieurs froments, comme on dit : une table, deux tables, plusieurs tables.

118. Les noms de personnes sont des noms communs ou des noms propres.

Les noms communs de personnes sont de deux espèces : 1o Les noms de parenté et d'âge père, frère, enfant, vieillard.

2o Les noms de profession: maçon, médecin, maître, marchand.

Parmi les noms propres de personnes, on distingue les noms de famille, comme La Fontaine, Racine, qui appartiennent à toutes les personnes d'une même famille, et les prénoms ou noms de baptême, comme Jules, Louis, Guillaume, qui peuvent appartenir à un grand nombre de personnes de familles différentes. Chacun de nous a un nom de famille, comme Leblanc, Perrin, et un nom de baptême, comme Jules, Charles.

Les noms d'animaux sont tous des noms communs; ce n'est que par exception que l'on donne des noms propres à certains animaux, comme, par exemple, aux chiens.

Les noms de plantes sont des noms communs, quelquesuns, comme le blé, l'ivraie, sont des noms de matière, parce qu'on ne les compte pas ordinairement par unités.

Les noms de choses inorganisées sont ordinairement des noms de matière, comme la lave, la neige, le vin, le sel, ou des noms communs, comme la maison, le toit. Toutefois les noms de montagnes, de fleuves et de rivières, parmi les choses naturelles, et les noms de villes, parmi les œuvres de l'art, sont des noms propres, comme le Pô, le Vésuve, Lyon.

Les noms abstraits d'action, comme le cri, la course, l'invention, le regard, sont considérés comme des noms com

muns; les noms abstraits d'état ou de qualité, comme le sommeil, la sagesse, la gaîté, sont assimilés aux noms de matière.

119. Tous les mots peuvent s'employer comme substantifs et alors ils prennent l'article défini ou indéfini. Le lever du soleil. Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Les quarante de l'Académie.

Les adjectifs employés substantivement s'appellent adjectifs-substantifs. Un adjectif est employé substantivement s'il désigne en même temps un être qui est dans la pensée, mais qui n'est point exprimé dans le discours. Les adjectifssubstantifs s'appellent noms de personnes ou noms de choses, selon que le substantif sous-entendu exprime l'idée d'une personne, comme dans le riche, ou l'idée d'une chose, comme dans le beau.

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Quand je dis : l'homme riche méprise souvent l'homme pauvre, le mot riche ou pauvre est un adjectif qui exprime la qualité de l'être désigné par le substantif auquel il est joint. Mais si je dis le riche méprise souvent le pauvre, le mot riche ou pauvre désigne une espèce de personne caractérisée par cette qualité, il joue le rôle de substantif et est précédé de l'article; on dit alors que riche ou pauvre est un adjectif employé substantivement, ou, plus brièvement, que c'est un substantif-adjectif. Ainsi le substantif prend l'article, l'adjectif ne le prend pas, et, quand il le prend, il cesse d'être adjectif, il devient nom et s'appelle substantif-adjectif.

Les substantifs-adjectifs sont en général des noms de personnes, comme le riche, l'envieux, la convalescente; mais ils peuvent aussi être des noms de choses, comme le beau, le vrai, l'utile. Ces derniers sont des noms masculins qui ne peuvent pas s'employer au pluriel; ils se distinguent des noms abstraits correspondants la beauté, la vérité, l'utilité, qui sont tous du féminin et qui expriment l'idée pure de la qualité, tandis que les substantifs le beau, le vrai, l'utile sont des termes génériques pour tout ce qui est beau, vrai, utile, etc.

Les participes, étant des mots de nature adjective, peuvent s'employer aussi comme substantifs-adjectifs : les combattants, les blessés, les morts 'et les mourants.

Pour qu'un adjectif puisse s'employer substantivement, il faut que l'esprit sous-entende facilement le mot personne (homme ou femme) où chose, comme dans un sage, au lieu de : un homme sage; une savante, au lieu de une femme savante; le beau, c'est-à-dire toute chose belle, etc. Ainsi, dans cette phrase: les hommes légers aiment les choses frivoles, on ne pourrait pas faire abstraction des mots homme et chose, parce que l'on ne saurait pas s'il s'agit d'un homme ou d'une chose légère, d'une personne ou d'une chose frivole, les adjectifs léger et frivole se disant aussi bien des personnes que des choses.

120. Des noms propres de pays et de villes dérivent, au moyen des suffixes ain ou an (ien, in), on et ois ou ais, des adjectifs qui s'emploient aussi comme noms de personnes et

qui expriment une idée de nationalité romain, persan, égyptien, parisien, florentin, chinois, suédois, français,

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Les noms de nations sont considérés comme des noms propres et s'écrivent avec une majuscule le Romain, le Français, etc.

121. Les substantifs peuvent aussi quelquefois remplir les fonctions d'adjectifs, lorsqu'ils expriment des qualités ou des manières d'être d'un autre substantif; dans ce cas, ils ne sont précédés d'aucun article: David était berger. Soyez hommes.

Des cas ou fonctions du substantif.

122. On appelle cas en français les différents rôles ou fonctions que le substantif ou le mot qui en tient la place peut jouer dans le discours.

Les cas marquent trois espèces de rapports de dépendance, savoir les rapports : 1o entre le sujet et le verbe, 2o entre le verbe et son régime, 3o entre un substantif et un autre substantif qui lui sert de complément déterminatif.

1. Quand le substantif est sujet, on dit qu'il est au nominatif: Dieu créa le monde.

Nominatif vient du latin nominare, nommer; par le nominatif, on exprime une chose comme nommée simplement, ou comme sujet de la proposition. Le nominatif s'appelle aussi cas direct, parce qu'il gouverne directement toute la construction de la phrase; les autres cas, au contraire, sont appelés obliques ou indirects, parce qu'ils s'emploient ordinairement à la suite d'autres mots qui les régissent.

2. Quand le substantif est complément d'un verbe, il est à l'accusatif, au datif ou à l'ablatif :

a) Il est à l'accusatif, si c'est un complément direct J'adore Dieu.

Accusatif vient du latin accusare, accuser, parce que c'est le cas qui déclare, qui accuse l'objet de l'action.

b) Il est au datif, si c'est un complément indirect amené par à: Obéis à Dieu.

Datif vient du latin dare, donner, parce qu'il sert à marquer un rapport d'attribution, et par suite un rapport de direction vers une chose ou de tendance je donne un livre à l'enfant, j'aspire à la vertu; c'est pourquoi quelques grammairiens l'appellent terme.

c) Quand le complément indirect n'est pas un datif, il s'exprime en général par la préposition de, qui sert à marquer en français le génitif: Nous dépendons de Dieu; mais notre complément indirect amené par de répond le plus souvent à l'ablatif latin.

Ablatif vient du latin ablatum, ôté, parce qu'il exprime un rapport de séparation ou d'éloignement, comme quand on dit : arracher une branche d'un arbre.

3. Quand le substantif est le complément déterminatif d'un autre substantif, il est en général lié à ce dernier par la préposition de, et on dit alors qu'il est au génitif : La bontè de Dieu, le livre de l'enfant.

Génitif signifie qui engendre, qui produit, parce qu'en latin c'est dans le génitif qu'on trouve la désinence caractéristique des déclinaisons. Le génitif marque en général un rapport de possession: le livre de l'enfant, c'est-à-dire le livre possédé par l'enfant.

On voit qu'en français, le génitif et l'ablatif se confondent quant à l'expression, mais ils se distinguent l'un de l'autre, quant au sens, en ce que le génitif marque les choses comme unies, au lieu que l'ablatif les marque le plus souvent comme séparées; d'ailleurs, en latin, le génitif est toujours régi par un nom, tandis que l'ablatif n'est guère régi que par un verbe.

123. Les cas sont remplacés en français par les désignations de sujet pour le nominatif, de régime ou complément direct pour l'accusatif, et de régime ou complément indirect pour le datif, l'ablatif et le génitif. D'où il suit que, lorsqu'on traduit du français dans une langue qui a des cas, on met au nominatif les mots qui sont sujets, à l'accusatif ceux qui sont régimes directs, au génitif, au datif ou à l'ablatif ceux qui sont régimes indirects, selon qu'ils expriment un rapport de possession, de tendance ou d'éloignement, à moins que d'autres cas ne soient exigés par le génie de la langue.

Chez les Grecs et les Romains, la terminaison des noms variait, non pas seulement comme chez nous, selon qu'ils étaient au singulier ou au pluriel, au masculin ou au féminin, mais selon leur fonction dans la phrase; ainsi, dans amo Deum, la flexion du mot Deus marquait que ce mot est complément direct de amo ou qu'il est à l'accusatif. Ces terminaisons s'appelaient alors des cas (dn latin casus, chute). Les cas ainsi entendus sont une propriété commune à presque toutes les anciennes langues et à plu

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