Et M. Mestadier est nommé. On voit que cette méthode, qui donne la majorité à la moindre répugnance, est de tout point favorable au centre. L'espace nous manque pour présenter les objections morales et politiques qui s'élèvent contre cette méthode. Les exemples que nous avons pris en suggèrent quelques-unes. Observons au moins qu'en faisant entrer pour quelque chose le nombre total des électeurs dans la manière de compter les voix des électeurs présens, en permettant deux tours de scrutin, en n'admettant le ballottage que pour le troisième jour, nos lois électorales ont prévu une partie des inconvéniens qui frappent l'auteur espagnol et son traducteur. Cependant leur travail mérite d'être lu. XI. Rapport lu à la Société de Médecine pratique de Paris, dans la séance du 1er octobre 1829, au nom d'une Commission chargée d'examiner une série de questions relatives à un projet de loi sur l'exercice de la médecine, adressées, en 1828, à l'Académie royale de Médecine, et aux diverses Facultés du royaume, par son Excellence le Ministre de l'Intérieur. (Cet ouvrage ne se vend pas.) du Depuis long-temps il est question, dit-on, de présenter à l'approbation des chambres un projet de loi relatif à l'exercice et à l'enseignement de la médecine. En 1828, M. de Martignac adressa à l'Académie royale de Médecine, ainsi qu'aux diverses Facultés royaume, une série de questions sur les meilleurs moyens d'organisation du corps médical. Aussitôt la Société de Médecine pratique s'occupa de nommer une commission, dans laquelle toutes ces questions furent débattues, et successivement résolues par les médecins qui en faisaient partie. C'est le résultat de leur travail, rédigé par M. Léon Simon, secrétaire de la commission, que nous annonçons en ce moment. Il est aisé d'abord de s'apercevoir qu'il s'agit ici d'une œuvre de conscience et de bonne foi. L'amour désintéressé de la science se fait sentir à chaque page, et il serait injuste de ne pas en féliciter les auteurs de ce travail. Quant aux moyens qu'ils proposent, chacun pourra en juger à sa façon, car chacun a nécessairement ses idées particulières sur une telle matière; mais, après tout, quelque opinion que l'on adopte relativement à l'exécution des détails, l'on ne pourra du moins qu'approuver les principes généraux invoqués par la Commission, et d'où dérivent tous les projets d'amélioration qu'elle a présentés. Liberté complète de l'enseignement, égalité entre tous les hommes qui pratiquent la médecine, sévérité dans les conditions d'admission au grade de docteur, indépendance pour tous les corps savans, extension plus grande de tous les moyens destinés à assurer la santé publique tel est le but que veulent atteindre les commissaires. Nous pensons qu'il y aura profit dans la lecture de ce rapport pour les futurs ministres de l'intérieur qui auront le temps de songer sérieusement à l'organisation de la médecine.. : XII. De la Jurisprudence anglaise sur les crimes politiques, par M. de Montvéran, anteur de l'Histoire critique et raisonnée de la situation de l'Angleterre, etc. 3 vol. in-8. Prix: 21 fr. Paris, Ch. Gosselin, libraire, rue Saint-Germaindes-Prés, n. 9. 1829. La première partie de cet ouvrage a pour titre : Théorie sur les crimes politiques. Sous ce titre, l'auteur a retracé l'origine et l'histoire générale des institutions anglaises, avec une connaissance assez exacte des traditions reçues à cet égard parmi les jurisconsultes du pays. Les trois derniers chapitres seuls ont un rapport direct aux procès politiques, et donnent sur cet objet, en fait de droit pénal, de procédure et de juridiction, quelques notions positives. La seconde partie coutient l'énumération, et souvent le récit détaillé des principaux procès politiques qui ont été intentés en Angleterre depuis 1388 jusqu'en 1821. Le compte rendu de chaque affaire est ordinairement accompagné d'explications nécessaires sur les circonstances politiques dans lesquelles elle est intervenue. Mais, en général, cette histoire est surtout judiciaire, et c'est à ce titre qu'elle peut être utile. Le désir de porter, par l'exemple de la Grande-Bretagne, la lumière sur les questions débattues, dans ces deux dernières années, au sujet de l'accusation des ministres, a principalement inspiré à M. de Montvéran l'idée de cet ouvrage. Cependant il a dû comprendre, sous le nom de procès politiques, plus d'une affaire tout-à-fait étrangère à la sanction juridique de la responsabilité ministérielle. En général, les procès politiques dont il rend compte peuvent se diviser en trois classes. D'abord, ceux qui ont été intentés par le caprice du pouvoir absolu, la vengeance des ministres, ou la jalousie des favoris; puis ceux qui éclatèrent en des temps de révolution et de guerres civiles; enfin les procès ministériels proprement dits, incidens naturels du drame représentatif, et qui méritent d'étre étudiés comme des espèces en droit constitutionnel. A vrai dire, sur les vingt et un procès que M. de Montvéran a fait connaître, il n'y en a guère que six qui doivent être placés dans cette dernière classe, et dont l'examen puisse être instructif pour nous. C'est d'abord le procès du comte de Suffolk sous Richard II, évènement qui donne une haute idée de l'esprit de liberté parlementaire chez les Anglais de la fin du quatorzième siècle, et qui semble prouver que les premiers auteurs de la révolution de 1640 avaient bien quelque raison de chercher dans le passé l'origine des droits qu'ils revendiquaient. Nous citerons ensuite les procès de lord Somers et de ses collègues, du comte d'Oxford, du chancelier Macclesfield, de M. Hastings et de lord Melville. Nous ne parlons point du jugement du comte de Strafford; car il appartient plutôt à l'histoire de la révolution qu'à celle de la constitution. Cet ouvrage est une compilation. Il a tous les défauts du genre: peu d'ordre, peu de netteté, un style négligé et souvent mauvais, nulle précision dans la critique; on croirait lire un livre anglais. Cependant l'auteur ne manque pas de connais sances; mais il ne sait pas s'en rendre maître pour en tirer bon parti: il semble écrire un peu au hasard. L'esprit de l'ouvrage, d'ailleurs, est libéral, mais fort modéré. Il est difficile de le lire avec beaucoup d'intérêt ; mais on pourra le consulter avec fruit. XIII. 18 LITTÉRATURE, VOYAGES ET BEAUX-ARTS. XIII. Nouveaux Proverbes dramatiques, par M. Théodore Leclercq. 1 vol. in-8. Prix: 7 fr. Paris, 1830. Chez Alexandre Mesnier, libraire, place de la Bourse. M. Théodore Leclercq s'était long-temps reposé : il y a telle fécondité d'auteur qui devance sans cesse l'impatience du public. M. Leclercq préfère l'attendre; s'il y trouve mieux son compte, au moins n'est-ce pas celui de nos plaisirs. Et pourtant quel moment fut jamais plus propice? Dira-t-il que les sujets lui aient manqué? Les ridicules abondent de toutes parts; ils nous pressent, nous entourent, et semblent n'attendre que le stigmate de l'auteur comique pour disparaître et faire place à d'autres, car il faut que chacun ait son tour, et longue est la série. Si l'on n'y prend garde, ils prendront bientôt chez nous droit de bourgeoisie, et la faute tout entière en aura été à celui de nos écrivains que la nature de son talent appelait le premier à les combattre. De la vie privée, les travers et les ridicules ont passé sur la scène politique, car c'est là aujourd'hui qu'est toute notre existence; c'est là, en définitive, que vient aboutir tout mouvement intellectuel. Nulle liberté n'a été laissée au théâtre : le moindre sujet, le plus mince individu politique, la plus légère allusion, sont pour lui un fruit défendu auquel il ne peut mordre. La censure, plus prévoyante que Dieu, ne lui laisse pas même la faculté de pécher. Louis XIV livra bien à Molière ses courtisans et ses faux dévots; mais Louis XIV, pour être grand et puissant, n'avait besoin, ni de l'escorte de ses ridicules marquis, ni des prières de ses dévots. Tant qu'il sera défendu à la scène française de s'attaquer franchement aux matières politiques, de se placer sur un terrain où nous avons mis nos intérêts, nos passions, en un mot, toute l'activité de notre existence, elle languira, et verra à jamais s'éloigner d'elle le génie de la comédie qui l'avait illustrée plus qu'il n'avait fait aucune autre scène. Le théâtre a besoin d'une pleine franchise; aussi bien, voyez Aristophane chez les anciens, Molière en France: bravant hardiment les puissances de leur temps, ils poursuivaient et atteignaient le vice sous le ridicule dont il cherche en vain à se convrir; mais, pour y réussir, il fallut qu'un monarque absolu étendît sur notre grand comique la protection que le poète grec trouvait dans les mœurs républicaines. Une pareille protection, une liberté aussi illimitée, manqueront long-temps encore à nos auteurs dramatiques. M. Théodore Leclercq l'a parfaitement compris : il s'est donc créé à lui-même son théâtre, théâtre libre, sans contrôle, sans censure, placé à l'abri des sottes exigences des acteurs, plus funestes souvent que les découpures des censeurs. Adoptant le cadre qui s'adaptait le mieux à ses charmans tableaux de genre, l'élargissant ou le resserrant selon ses besoins, ou même selon son caprice, il a pu peindre la société telle qu'elle était, et non cette société de convention du Gymnase, et gourmander à son aise les ministres, les courtisans, les abbés de salon ou de plein air, les députés, les préfets, et jusqu'aux garçons de bureau, s'il l'a voulu, tous gens couverts jusqu'alors d'une redoutable égide. Qu'en est-il résulté ? on a senti que l'auteur des Proverbes était le véritable, j'oserais dire le seul auteur comique de nos jours au lieu d'un théâtre, il en a eu mille, dans les châteaux, dans les salons de Paris ou des provinces, où ses Proverbes ont été représentés, et nous nous sommes faits acteurs nous-mêmes pour jouer ce que l'on nous défendait de jouer. Avais - je donc tort, en commençant, de reprocher à M. Leclercq de nous laisser bientôt manquer de pièces nouvelles, quand nous fournissons à sa verve comique tant de nouveaux sujets, plus curieux chaque jour et plus bouffons? Mes reproches, toutefois, n'ont pour objet que le temps perdu : j'aurais mauvaise grace à les renouveler aujourd'hui que M. Théodore Leclercq nous présente un volume de nouveaux proverbes; et, si l'on reconnaît avec moi que, dans l'intervalle, le talent de l'auteur a grandi, que son observation, sans rien perdre de sa finesse ni de sa légèreté de touche, est devenue plus profonde, et qu'il a mieux compris la nature et les ressources du comique, si complètement méconnues de nos jours, on sera plus porté à lui pardonner un repos dont il a si bien profité pour nos plaisirs et pour notre éducation. Le volume se compose de six pièces : les Honneurs, le Sermon de société, les Préventions, la Folle, la Disgrace et l'Enseignement mutuel. Je n'en essaierai aucune analyse, car ce serait enlever la fleur d'une de nos plus agréables lectures; |