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et qu'elle paraisse bonne : il la surfait pour la vendre plus cher qu'elle ne vaut : il a des marques fausses et mystérieuses, afin qu'on croie n'en donner que son prix, un mauvais aunage pour en livrer le moins qu'il se peut; et il a un trébuchet, afin que celui à qui il l'a livrée, la lui paie en or qui soit de poids.

Dans toutes les conditions, le pauvre est bien proche de l'homme de bien; et l'opulent n'est guère éloigné de la friponnerie. Le savoir-faire et l'habileté ne mènent pas jusqu'aux énormes richesses.

L'on peut s'enrichir dans quelque art, ou dans quelque commerce que ce soit, par l'ostentation

d'une certaine probité.

De tous les moyens de faire sa fortune, le plus court et le meilleur est de mettre les gens à voir clairement leurs intérêts à vous faire du bien.

Les hommes pressés par les besoins de la vie, et quelquefois par le desir du gain ou de la gloire, cultivent des talents profanes, ou s'engagent dans des professions équivoques, et dont ils se cachent long-temps à eux-mêmes le péril et les conséquences. Ils les quittent ensuite par une dévotion discrète, qui ne leur vient jamais qu'après qu'ils ont fait leur récolte, et qu'ils jouissent d'une fortunc bien établie.

Il y a des misères sur la terre qui saisissent le cœur : il manque à quelques-uns jusqu'aux aliments; ils redoutent l'hiver, ils appréhendent de vivre. L'on mange ailleurs des fruits précoces, l'on force la terre et les saisons pour fournir à sa délicatesse : de simples bourgeois, seulement à cause qu'ils étaient riches, ont eu l'audace d'avaler en un seul morceau la nourriture de cent familles. Tienne qui voudra contre de si grandes extrémités, je ne veux être, si je le puis, ni malheureux, ni heureux : je me jette et me réfugie dans la médiocrité.

On sait que les pauvres sont chagrins de ce que tout leur manque, et que personne ne les soulage: mais s'il est vrai que les riches soient colères, c'est de ce que la moindre chose puisse leur manquer, ou que quelqu'un veuille leur

résister.

Celui-ci est riche, qui reçoit plus qu'il ne consume: celui-là est pauvre, doni la dépense excède la recette.

Tel avec deux millions (1) de rente peut être pauvre chaque année de cinq cent mille livres. Il n'y a rien qui se soutienne plus long-temps qu'une médiocre fortune: il n'y a rien dont on voie mieux la fin que d'une grande fortune.

(1) De Seignelay.

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L'occasion prochaine de la pauvreté, c'est de

grandes richesses.

S'il est vrai que

l'on soit riche de tout ce dont

on n'a pas besoin, un homme fort riche, c'est un homme qui est sage.

S'il est vrai que l'on soit pauvre par toutes les choses que l'on desire, l'ambitieux et l'avare languissent dans une extrême pauvreté.

Les passions tyrannisent l'homme, et l'ambition suspend en lui les autres passions, et lui donne pour un temps les apparences de toutes les vertus. Ce Triphon qui a tous les vices, je l'ai cru sobre, chaste, libéral, humble et même dévot je le croirais encore, s'il n'eût enfin fait sa fortune.

L'on ne se rend point sur le desir de posséder et de s'agrandir : la bile gagne, et la mort approche, qu'avec un visage flétri, et des jambes déja faibles, l'on dit, ma fortune, mon établis

sement.

Il n'y a au monde que deux manières de s'élever, ou par sa propre industrie, ou par l'imbécillité des autres.

Les traits découvrent la complexion et les mœurs; mais la mine désigne les biens de fortune: le plus ou le moins de mille livres de rente se trouve écrit sur les visages.

Chrysante, homme opulent et impertinent,

ne veut pas être vu avec Eugène qui est homme de mérite, mais pauvre: il croirait en être dé-t honoré. Eugène est pour Chrysante dans les mêmes dispositions: ils ne courent pas risque de se heurter.

:

Quand je vois de certaines gens qui me prévenaient autrefois par leurs civilités, attendre au contraire que je les salue, et en être avec moi sur le plus ou sur le moins, je dis en moimême Fort bien, j'en suis ravi: tant mieux pour eux vous verrez que cet homme-ci est mieux logé, mieux meublé et mieux nourri qu'à l'ordinaire, qu'il sera entré depuis quelques mois dans quelque affaire, où il aura déja fait un gain raisonnable: Dieu veuille qu'il en vienne dans de temps jusqu'à me mépriser!

peu Si les pensées, les livres et leurs auteurs dépendaient des riches et de ceux qui ont fait une belle fortune, quelle proscription! Il n'y aurait plus de rappel: quel ton, quel ascendant ne prennent-ils pas sur les savants! quelle majesté · n'observent-ils pas à l'égard de ces hommes chétifs que leur mérite n'a ni placés ni enrichis, et qui en sont encore à penser et à écrire judicieusement! Il faut l'avouer, le présent est pour les riches, et l'avenir pour les vertueux et les habiles. Homère est encore, et sera toujours: les receveurs de droits, les publicains ne sont

plus: ont-ils été ? Leur patrie, leurs noms sontils connus? y a-t-il eu dans la Grèce des partisans ? que sont devenus ces importants personnages qui méprisaient Homère, qui ne songeaient dans la place qu'à l'éviter, qui ne lui rendaient pas le salut, ou qui le saluaient par qui ne daignaient pas l'associer à leur table, qui le regardaient comme un homme qui n'était pas riche, et qui faisait un livre? que deviendront les Fauconnets(1)? iront-ils aussi loin dans la postérité que Descartes né Français et mort en Suède?

son nom,

Du même fonds d'orgueil dont l'on s'élève fièrement au-dessus de ses inférieurs, l'on rampe vilement devant ceux qui sont au-dessus de soi. C'est le propre de ce vice qui n'est fondé ni sur le mérite personnel, ni sur la vertu, mais sur les richesses, les postes, le crédit, et sur de vaines sciences, de nous porter également à mépriser ceux qui ont moins que nous de cette espèce de biens, et à estimer trop ceux qui en ont une mesure qui excède la nôtre.

Il y a des ames sales, pétries de boue et d'ordure, éprises du gain et de l'intérêt, comme les belles ames le sont de la gloire et de la vertu ; capables d'une seule volupté, qui est celle d'ac

(1) Il y avait un bail des fermes sous ce nom.

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