COMPLÈTES DE DUCLOS PRÉCÉDÉES D'UNE NOTICE SUR SA VIE ET SES ÉCRITS CHEZ JANET ET COTELLE, LIBRAIRES, M DCCCXXI. L 1. A REMARQUES SUR LA GRAMMAIRE GÉNÉRALE ET RAISONNÉE. La grammaire est l'art de parler. Parler est expliquer ses pensées par des signes que les hommes ont inventés à ce dessein. On a trouvé que les plus commodes de ces signes étoient les sons et les voix. Mais, parceque ces sons passent, on a inventé d'autres signes pour les rendre durables et visibles, qui sont les caractères de l'écriture, que les Grecs appellent γραμματα, d'où est venu le mot de gram maire. Ainsi l'on peut considérer deux choses dans ces signes. La première, ce qu'ils sont par leur nature, c'est-à-dire, en tant que sons et caractères. La seconde, leur signification, c'est-à-dire, la manière dont les hommes s'en servent pour signifier leurs pensées. Nous traiterons de l'une dans la première partie de cette grammaire, et de l'autre dans la seconde. PREMIÈRE PARTIE OU IL EST PARLÉ DES LETTRES ET DES CARACTÈRES DE L'ÉCRITURE. CHAPITRE PREMIER. Des lettres comme sons, et premièrement des Les divers sons dont on se sert pour parler, et qu'on appelle lettres, ont été trouvés d'une manière toute naturelle, et qu'il est utile de remarquer. Car, comme la bouche est l'organe qui les forme, on a vu qu'il y en avoit de si simples, qu'ils n'avoient besoin que de sa seule ouverture pour se faire entendre et pour former une voix distincte, d'où vient qu'on les a appelés voyelles. Et on a aussi vu qu'il y en avoit d'autres qui, dépendant de l'application particulière de quelqu'une de ses parties, comme des dents, des lévres, de la langue, du palais, ne pouvoient néanmoins faire un son parfait que par l'ouverture même de la bouche, c'est-à-dire, par leur union avec ces premiers sons, et, à cause de cela, on les appelle con sonnes. |