fier les hérétiques de la province où elle était. Les soldats, réunis pour aller à l'assaut des cités espagnoles furent lancés sur les villes et villages béarnais avec ordre de ne point tirer le sabre, il est vrai, mais de loger uniquement dans les maisons protestantes, et de leur faire sentir tout le poids de leur brutale présence jusqu'à ce que chaque famille fût convertie. En effet, on n'attendait même pas l'arrivée de ces hôtes; du plus loin qu'on apercevait l'habit rouge des dragons du roi, les villes entières envoyaient leur soumission. Vingt mille réformés, qui étaient à peu près tout ce qu'on en comptait dans le Béarn, furent ainsi convertis en trois mois. Au mois d'août, ce fut le tour de la Guyenne, qui renfermait sept ou huit fois plus de religionnaires, et qui se soumit presque entièrement avec la même facilité. Le marquis de Boufflers, qui commandait l'armée, eut l'ordre de la conduire ensuite, vers la fin de septembre, en Saintonge, en Limousin et en Poitou. Rien ne résistait aux nouveaux missionnaires, auxquels Louvois faisait enjoindre de « vivre licencieusement. » Ils ne tuaient pas précisément, à moins que les hérétiques ne fissent mine de résister, ou de s'assembler, ou de fuir; ils se contentaient de maltraiter les hommes, d'outrager les femmes, d'infliger de 17 octobre 1685. Médaille commémorative de la révocation de l'édit de Nantes. petites tortures. On en vit, par exemple, se relayer d'heure en heure pour priver leurs hôtes de sommeil en les tirant et les pinçant durant une semaine, ou davantage s'il le fallait, jusqu'à ce que ces malheureux signassent leur abjuration pour un peu de repos (4). On ne disait pas tous ces détails au roi; mais la cour était transportée de joie en voyant ses espérances dépassées, et les listes de convertis arriver, à chaque courrier, chargées de milliers de noms. « La gloire du roi », la puissance de son seul nom », n'avaient pas encore obtenu de si beau triomphe. Le moment était venu de consacrer d'une manière définitive ce grand ouvrage duquel dépendait, suivant Mme de Maintenon, le salut du roi et celui de ses sujets tout ensemble. Dès longtemps la révocation de l'édit de Nantes pouvait être considérée comme accomplie en fait; mais elle avait encore à passer de l'état de manoeuvre ténébreuse à celui d'acte patent et nettement proclamé. Ce fut (') Voy. Éclairciss. sur la révoc. de l'édit de Nantes, par C. de Rulhière; Mémoires de Foucault, intendant de Béarn. Sur tous les événements de l'hist. de la Réforme en France, voy. le dictionn. alphabétique intitulé la France protestante, par MM. Haag frères; Paris, 10 vol. in-8, 1853-1860. l'œuvre d'un édit formel d'abrogation rendu à Fontainebleau le 47 octobre 1685. Tout exercice de la religion réformée fut interdit, tout temple dut être démoli ou supprimé, tout ministre chassé de France, à moins d'abjurer. On ne leur donnait que quinze jours pour sortir du royaume, avec défense d'emmener avec eux leurs familles, à l'exception des enfants au-dessous de sept ans. A tous les autres protestants, au contraire, l'édit nouveau faisait très-expresse et itérative défense de chercher à quitter le royaume, sous peine de « confiscation de corps et de biens », c'est-à-dire des galères pour les hommes, et d'incarcération au couvent pour les femmes. Le dernier article de l'édit semblait ne proscrire que le culte public et permettre encore la liberté de conscience; mais on s'aperçut bientôt que les malheureux religionnaires y trouvaient un dernier refuge et s'y tenaient, au lieu de se convertir. Intendants et généraux réclamèrent contre cette faiblesse. « Cette dernière clause va faire un grand désordre en arrêtant les conversions», écrivit M. de Noailles. Louvois s'empressa d'expliquer les intentions du gouvernement. «Sa Majesté veut, dit-il, qu'on fasse sentir les dernières rigueurs à ceux qui ne voudront pas se faire de sa religion; et ceux qui auront la sotte gloire de vouloir rester les derniers doivent être poussés jusqu'à la dernière extrémité. » Ainsi, après tant de douleurs et une si longue série d'injustices patiemment supportées, ce qui restait encore de Français attachés à la réforme reçurent l'ordre définitif de l'abandonner, d'aller à la messe et de reprendre la foi catholique, apostolique et romaine. D'un jour à l'autre, le protestantisme était devenu un crime puni par la loi. Les protestants n'avaient plus d'état civil, plus de mariage, plus de baptême, à moins de recourir au prêtre catholique; et s'ils continuaient à se passer de lui, leurs enfants étaient bâtards. L'ardeur du clergé et le zèle intéressé des agents du pouvoir promenèrent la violence dans tout le royaume. A Paris même, les prisons se remplirent de récalcitrants, et dès le lendemain de la révocation, le peuple courut démolir le temple construit à Charenton par Salomon de Brosse (voy. p. 494). Seule l'Alsace fut exceptée, par prudence. Les hommes les plus honorables étaient arrachés de leurs demeures, et si la prison ne suffisait pas à les convertir, on les chargeait de chaînes et on les envoyait aux galères. Là, ils étaient enchaînés par le pied, deux à deux, parmi les malfaiteurs, sur les barques de la marine royale, astreints, sous le fouet des gardiens, au rude travail de la rame, et rivés à leur banc, même pour manger, même pour dormir. Ils montraient un courage admirable; ils croyaient peut-être que l'on ne voulait que leur faire peur, et ils ne cessaient, dans leur illusion, d'appeler Louis XIV «< notre bon roi. » Parmi les forçats de Marseille, il y avait un de Caumont la Force, et un conseiller du roi nommé Louis de Marolles, de qui l'on a conservé une lettre dans laquelle il écrivait à sa femme: «Tout le monde me fait civilité sur la galère, voyant que les officiers me visitent... Si tu me voyois avec mes beaux habits de forçat, tu serois ravie. J'ai une belle chemisette rouge faite tout de même que les sarreaux des charretiers des Ardennes; elle se met comme une chemise, car elle n'est ouverte que par-devant. J'ai, de plus, un beau bonnet rouge, deux hauts-de-chausses et deux chemises de toile grosse comme le doigt, et des bas de drap. Mes habits de liberté ne sont pas perdus, et s'il plaisoit au roi de me faire grâce, je les reprendrois. Le fer que je porte au pied, quoiqu'il ne pèse pas trois livres, m'a beaucoup plus incommodé dans les commencements que celui que tu m'as vu au cou à Paris... » Nous ignorons s'il soutint jus qu'au bout cette gaieté douloureuse: M. de Marolles demeura six ans au bagne, et, comme tant d'autres martyrs, il mourut forçat. Un grand seigneur de la cour de Louis XIV, bon catholique et surtout grand écrivain, qui était encore enfant à l'époque de la révocation, mais qui en vit de près les conséquences, le duc de SaintSimon, dans ses Mémoires (ch. CCCCXIII), a tracé de ce triste épisode la peinture ferme et vraie que voici : « La révocation de l'édit de Nantes sans le moindre prétexte et sans aucun besoin, et les diverses proscriptions plutôt que déclarations qui la suivirent, furent les fruits d'un complot affreux qui dépeupla un quart du royaume, qui ruina son commerce, qui l'affoiblit dans toutes ses parties, qui le mit si longtemps au pillage public et avoué des dragons, qui autorisa les tourments et les supplices dans lesquels ils firent réellement mourir tant d'innocents de tout sexe par milliers, qui ruina un peuple si nombreux, qui déchira un monde de familles, qui arma les parents contre les parents pour avoir leur bien et les laisser mourir de faim; qui fit passer nos manufactures aux étrangers, fit fleurir et regorger leurs États aux dépens du nôtre, et leur fit bâtir de nouvelles villes; qui leur donna le spectacle d'un si prodigieux peuple proscrit, nu, fugitif, errant sans crime, cherchant asile loin de sa patrie; qui mit nobles, riches, vieillards, gens souvent très- estimés pour leur piété, leur savoir, leur vertu, des gens aisés, faibles, délicats, à la rame et sous le nerf très-effictif du comite (4), pour cause unique de religion; enfin qui, pour comble de toutes horreurs, remplit toutes les provinces du royaume de parjures et de sacriléges... Telle fut l'abomination générale enfantée par la flatterie et par la cruauté. De la torture à l'abjuration et de celle-ci à la communion, il n'y avoit pas souvent vingt-quatre heures de distance, et leurs bourreaux étoient leurs conducteurs et leurs témoins. Presque tous les évêques se prêtèrent à cette pratique subite et impie. Beaucoup y forcèrent; la plupart animèrent les bourreaux, forcèrent les conversions et ces étranges convertis à la participation des divins mystères, pour grossir le nombre de leurs conquêtes, dont ils envoyoient les états à la cour pour en être d'autant plus considérés et approchés des récompenses. Les intendants des provinces se distinguèrent à l'envi à les seconder, eux et les dragons, et à se faire valoir aussi à la cour par leurs listes. Le très-peu de gouverneurs et de lieutenants généraux de province qui s'y trouvoient et le petit nombre de seigneurs résidant chez eux, et qui purent trouver moyen de se faire valoir à travers les évêques et les intendants, n'y manquèrent pas. Le roi recevoit de tous les côtés des nouvelles et des détails de ces persécutions et de toutes ces conversions. C'étoit par milliers qu'on comptoit ceux qui avoient abjuré et communié: deux mille dans un lieu, six mille dans un autre, tout à la fois et dans un instant. Le roi s'applaudissoit de sa puissance et de sa piété. Il se croyoit au temps de la prédication des apôtres, et il s'en attribuoit tout l'honneur. Les évèques lui écrivoient des panégyriques, les Jésuites en faisoient retentir les chaires et les missions. Toute la France étoit remplie d'horreur et de confusion, et jamais tant de triomphes et de joie, jamais tant de profusions et de louanges. Le monarque ne doutoit pas de la sincérité de cette foule de conversions; les convertisseurs avoient grand soin de l'en persuader, et de le béatifier par avance. Il avaloit ce poison à longs traits. Il ne s'étoit jamais cru si grand devant les hommes, ni si avancé devant Dieu dans la réparation de ses péchés et du scandale de sa (Sous le nerf de bœuf du garde-chiourme ou comite (compagnon. vie. Il n'entendoit que des éloges, tandis que les bons et vrais catholiques et les saints évêques gémissoient de tout leur cœur de voir les orthodoxes imiter contre les erreurs et les hérétiques ce que les tyrans hérétiques et païens avoient fait contre la vérité, contre les confesseurs et contre les martyrs. Ils pleuroient amèrement l'odieux durable et irrémédiable que de détestables moyens répandoient sur la véritable religion, tandis que nos voisins exultoient de nous voir ainsi nous affoiblir et nous détruire nous-mêmes, profitoient de notre folie, et bâtissoient des desseins sur la haine que nous nous attirions de toutes les puissances protestantes. >> En effet, les populations de l'Angleterre, de la Suisse, de l'Allemagne du nord, de la Hollande, témoignèrent de la plus vive sympathie pour les protestants de France. Plusieurs princes, l'électeur de Brandebourg, le landgrave de Hesse, le stathouder Guillaume d'Orange, ouvrirent leurs bras aux ministres expulsés, à tous ceux qui parvinrent à les suivre, et non-seulement pourvurent à leurs premiers besoins, mais leur donnèrent des pensions, des places, des priviléges, et leur procurèrent des établissements durables qui profitèrent autant à leurs propres pays qu'aux réfugiés eux-mêmes. C'est de cette émigration que date l'importance de Berlin et la supériorité des fabriques de l'Angleterre. La persécution continuant pendant toute la durée du règne de Louis XIV, l'émigration ne s'arrêta pas, car, en dépit de la surveillance la plus rigide, on ne pouvait empècher des gens isolés de franchir les frontières. Le nombre des réfugiés, vers l'année 4700, est porté par les historiens les plus récents et les mieux informés (Ch. Weiss, Hist. des réfug., et H. Martin) à deux cent cinquante mille personnes environ. Et ce n'était pas, comme ils le font remarquer, la mème perte que si l'on eût chassé deux cent cinquante mille individus pris au hasard sur le sol de la France; c'étaient ceux qui étaient assez riches et assez entreprenants pour pouvoir et pour oser partir, de même que leurs pères, les réformés du seizième siècle, avaient été les plus hardis et les plus ardents de la nation. C'étaient tous, sans contredit, des gens capables de sacrifier des intérêts mondains à un principe, et qui portèrent dans les pays où ils s'établirent un élément pur et vigoureux. Beaucoup aussi y apportèrent la haine de la terre marâtre qui les avait rejetés. Le prince d'Orange se fit avec les réfugiés français une garde de six cents gentilshommes, quatre régiments de braves soldats, et une troupe de libellistes qui remplirent l'Europe d'écrits dirigés contre Louis XIV. Dès l'année 4688, l'illustre Vauban adressait à Louvois un mémoire dans lequel il déplorait déjà l'émigration de cent mille hommes, la sortie de soixante millions d'argent, l'abaissement du commerce et de l'industrie, le passage à l'ennemi de neuf mille des meilleurs matelots de l'État, de douze mille soldats aguerris et d'une foule d'officiers. Les armées de la France allaient bientôt rencontrer ces ennemis acharnés sur tous les champs de bataille, et Louis le Grand, par cette tyrannie exercée contre ses propres sujets, comblait la mesure des craintes et des haines que son orgueil avait soulevées chez les nations voisines. L'heure de l'humiliation était venue. GUERRE DE LA LIGUE D'AUGSBOURG. TRAITÉ DE RYSWICK. Une si odieuse et si patente persécution des protestants de France était une sorte de défi jeté aux puissances protestantes. Celles-ci le comprirent si bien qu'elles s'unirent étroitement par de nouveaux traités, auxquels elles firent accéder peu à peu les États catholiques, dont Louis XIV s'était aussi attiré la haine. Telles étaient la méfiance et la crainte, que le saint-père lui-même se mit dans le camp des hérétiques. Trois mois après l'édit de révocation (12 janv. 1686), la Hollande resserra son alliance avec la Suède; le mois suivant, la Suède avec le Brandebourg; puis l'électeur de Brandebourg s'unit avec l'empereur. Le 9 juillet, une ligue générale fut secrètement signée dans la ville d'Augsbourg entre les princes protestants du nord de l'Allemagne, l'empereur, l'Espagne, la Suède, la Hollande, et dans le courant de l'année suivante, elle s'augmenta des adhésions de l'électeur de Bavière, du duc de Savoie, des princes d'Italie et du pape Innocent XI. Le but de leurs secrètes conventions était de maintenir cette liberté de conscience si antipathique au catholicisme, et de restreindre la France aux termes de ce traité de Westphalie qu'elle avait imposé. L'appréhension qu'inspirait Louis à toute l'Europe unissait des ennemis qu'on eût crus inconciliables. Il manquait cependant un membre à la ligue d'Augsbourg: l'Angleterre. L'erreur de Louis le Grand sur les questions religieuses était si grande qu'il avait cru pouvoir supprimer de ses États l'hérésie protestante (mais malgré l'émigration et les supplices, elle y subsista), et qu'il croyait mème, en donnant son assistance aux Stuarts, faire triompher un jour le catholicisme dans les îles Britanniques. Le roi Jacques II, frère et successeur de Charles II, partageait ces folles espérances et travaillait à les réaliser. C'était un catholique aveugle, qui portait le zèle jusqu'à s'ètre fait affilier de sa personne à la compagnie de Jésus, et qui menaçait hautement, en toute occasion, la religion nationale des Anglais. L'agitation et les craintes de ses sujets redoublerent à la nouvelle de la révocation de l'édit de Nantes; ils savaient leur souverain lié aux desseins du roi de France, soldé par lui comme avait été son frère, et ne se défendaient qu'avec peine contre les entreprises illégales par lesquelles Jacques s'efforçait de ramener l'Angleterre au catholicisme. Le gendre du roi, Guillaume d'Orange, mit habilement ces circonstances à profit. Ce protestant calculateur compta les colères que Louis le Grand avait sou levées, celles que Jacques Stuart amassait contre lui, et jugea qu'il pourrait peut-être renverser le trône de son beau-père pour apporter les forces de l'Angleterre au service de la ligue d'Augsbourg. Il avait parmi les Anglais un parti actif qu'il entretenait par ses agents, par ses promesses, et que Jacques fortifiait chaque jour par ses imprudences; il accueillait les exilés et les mécontents de ce pays avec le même soin qu'il avait eu pour les réfugiés de France; il armait sourdement les forces maritimes de la Hollande, et excitait par ses vastes préparatifs les susceptibilités de Louis XIV. Sur ces entrefaites, Jacques II, qui s'était remarié, eut un fils (4688). Cet événement semblait devoir ruiner les espérances de Guillaume; au contraire, il précipita l'exécution de ses projets. Louis les avait enfin pénétrés. Les vaisseaux hollandais ne s'armaient ni pour aller châtier les Algériens, comme le stathouder en avait répandu le bruit, ni même, comme on l'avait craint, pour aller donner la main aux protestants de la Guyenne et de la Saintonge. Le roi de France avertit Jacques II avec instance des dangers qui se préparaient pour lui; il lui offrit des secours; il dénonça aux États généraux de Hollande qu'il regarderait comme une déclaration de guerre à la France tout acte d'hostilité dirigé contre les îles Britanniques. Le roi Jacques, inébranlable dans sa sécurité, resta sourd à tous les conseils, et se montra mème blessé de la protection que la France voulait lui accorder malgré lui. Il fit dire aux États généraux qu'il désavouait la récente déclaration de Louis XIV, et qu'il n'y avait point d'alliance entre eux. L'hésitation n'était plus permise; il fallait sauver Jacques en dépit de lui-même, et déjouer les plans de la ligue en l'attaquant chez elle avec vigueur. Louis pouvait, comme le conseillait le comte d'Avaux, son ambassadeur en Hollande, appuyé des instances du marquis de Seignelay, empêcher l'expédition du prince d'Orange en portant de suite toutes ses forces au cœur de la ligue, en Hollande mème, et en forçant Guillaume à se défendre chez lui. Il pouvait aussi ne voir qu'une folie dans l'entreprise méditée par Guillaume sur l'Angleterre, et tomber, comme le voulait Louvois, sur l'Allemagne, afin de briser la ligue tandis qu'elle n'était pas encore bien consolidée ou d'obliger du moins le prince d'Orange à rester sur le continent pour la défendre. Ce second projet fut celui auquel les circonstances entraînèrent. Louis était irrité contre les petits princes allemands, qui montraient une extreme animation contre lui après avoir été longtemps soudoyés de ses deniers; il réclamait une partie du Palatinat du chef de la duchesse d'Orléans, sœur de l'électeur palatin; l'électorat de Cologne, territoire important pour ses opérations militaires, venait d'ètre donné par le pape à un jeune prince de Bavière, au mépris des droits du cardinal de Furstemberg, prélat dévoué à la France. Un premier fait de guerre fut l'introduction dans la ville de Cologne d'un corps de trois mille phait d'une manière bien plus éclatante. Il vit avec joie l'armée française prendre le chemin de l'Allemagne, et se mit en devoir aussitôt de passer la mer, malgré les efforts suppliants du roi Jacques, qui avait enfin ouvert les yeux, fait à ses sujets des concessions tardives, et envoyé même offrir aux Provinces-Unies de se joindre à elles contre les Français. Son gendre ne permit pas qu'on l'écoutât, et les États généraux publièrent un manifeste où ils exposèrent la nécessité qui les conviait à s'opposer par la force aux projets tramés par les rois de France et d'Angleterre contre la con science et la sûreté des nations protestantes. En même temps, Guillaume d'Orange ménageait habilement la nation anglaise, et déclarait qu'il ne voulait apporter aux îles Britanniques que la liberté de leur parlement et l'exécution de leurs lois. Il partit des ports de Hollande, le 29 octobre 4688, à la tète de soixante vaisseaux de guerre et de seize mille hommes, dont une partie étaient des réfugiés anglais et français; malgré l'état orageux de la mer, il vint aborder, dans les premiers jours de novembre, à Torbay, sur la côte du Devonshire, à l'extrémité occidentale de l'Angleterre. Il avait |