avec un grand nombre de galères, et attaqua la flotte de Claudius avant qu'elle eut le temps de se ranger en bataille. Adherbal remporta, l'an 250 avant J.-C., la victoire navale la plus complète dont aient jamais pu se glorifier les Carthaginois. Les Romains perdirent 93 vaisseaux, 8000 hommes, tant tués que noyés, et eurent 20,000 prisonniers. Après avoir ravitaillé Lylibée et Drepane, Adherbal retourna à Carthage, où il reçut les honneurs et les récompenses dus à son habileté et à son courage. B-P. ADHERBAL, roi de Numidie, fils de Micipsa, allié des Romains, hérita de la couronne avec son frère Hiempsal, et Jugurtha, son cousin, que Micipsa avait adopté. Ces trois princes se partagèrent la Numidie; mais Jugurtha, pour s'en assurer la possession entière, assassina Hiempsal, et chassa Adherbal de ses états. Ce malheureux monarque s'étant réfugié à Rome, pour implorer la protection du sénat, trouva la majorité des sénateurs corrompus par l'or de son perfide cousin. Une décision inique, en faveur de Jugurtha, fut suivie d'un nouveau partage: Adherbal n'eut que la basse Numidie; les plus riches provinces et les plus fortes places échurent à Jugurtha. Persuadé qu'il n'avait plus rien à craindre de la part des Romains, ce prince résolut de se rendre maître de toute la Numidie. Adherbal, de retour dans ses états, fut réduit à la nécessité de combattre, courut les risques d'une bataille, fut défait, et se réfugia dans Cirta, sa capitale. Assiégé vivement, et se voyant, abandonné à la discrétion de Jugurtha, il se rendit, à condition que le vainqueur lui laisserait la vie; mais, sans égard pour la foi jurée, le barbare Jugurtha le fit massacrer dans son propre palais, l'an 113 av. J.-C. Ce ne fut qu'après avoir expié par plu sieurs défaites leur honteuse partialité, que les Romains se vengèrent enfin du meurtrier d'Adherbal. B-P. ADIMANTUS, général athénien, fut le seul qui, pendant la guerre du Peloponèse, osa s'opposer à la proposition qui fut faite par Philoclès, et adoptée par le peuple athénien, de couper le pouce droit aux prisonniers qui seraient faits, afin qu'ils ne pussent pas porter la lance, mais seulement ramer. Aussi lorsque l'escadre athénienne fut prise par Lysandre, à Egos Potamos, l'an 403 av. J.-C., futil le seul que les Lacédémoniens ne condamnèrent pas à mort. Conon l'accusa par la suite d'avoir trahi les Athéniens dans cette occasion: on ne sait pas quelle fut l'issue de cette dénonciation; mais Xénophon ne paraît pas ajouter beaucoup de foi à l'inculpation. C-R. ADIMANTUS, disciple de Manès, et zélé propagateur de sa doctrine, vivait vers la fin du 3o. siècle. Il composa un livre pour démontrer que le Nouveau Testament contredit l'Ancien, et que, par conséquent, celui-ci ne peut être d'autorité divine. Ce livre fut très-estimé des Manichéens, et S. Augustin y répondit: l'ouvrage est perdu; mais la réponse subsiste. S. Augustin dit qu'Adimantus s'appelait aussi Addas; mais d'autres écrivains prétendent que cet Addas fut un autre disciple de Manès, et qu'il composa, en faveur du manicheïsme, un autre traité, intitulé: Modion. D-T. ADIMARI, l'une des familles les. plus anciennes et les plus illustres du parti guelfe, à Florence, produisit beaucoup d'hommes célèbres. Tegghiaio Aldobrandi des Adimari passait en 1255 pour le plus vertueux magistrat de Florence, à une époque où cette ville était fertile en grands hommes. Le Dante le place dans l'enfer, car un vice honteux se mêlait chez lui aux plus nobles qualités; mais le poète dit qu'à peine il apprit le nom de Tegghiaio, qu'il voulut se jeter à ses pieds, en s'écriant que, dès son enfance, il avait appris à vénérer sa mémoire. Forèse des Adimari, l'un des émigrés guelfes de Florence, après la défaite de l'Arbia, forma de ces fugitifs un corps d'armée avec lequel il rendit des services importants au parti guelfe, d'abord en Lombardie, et ensuite dans le royaume de Naples. Plus tard, cette famille fut écartée des emplois, par la jalousie du peuple de Florence, qui excluait la noblesse des magistratures. S. S-I. ADIMARI (ALEXANDRE), poète italien, né en 1579, fut de cette ancienne famille des Adimari de Florence, qui était déja noble, nombreuse et puissante lors de la fondation, en 1010, après la destruction de Fiésole, et qui ne s'est éteinte qu'en 1736. Alexandre participa, dans ses poésies, au mauvais goût qui caractérise la plupart des poètes de son temps; à cette recherche fatigante de pensées, et à ce luxe d'expressions figurées qui sort, comme le dit notre Misantrope, du bon caractère et de la vérité. Il fit paraître, depuis 1637 jusqu'en 1642, six Recueils de cinquante sonnets chacun sous les noms de six des neuf Muses, Terpsichore, Clio, Melpomene, Calliope, Uranie et Polymnie. Il était très-savant dans la langue grecque ; il entreprit de traduire Pindare: les vers de cette traduction, qui parut en 1631, à Pise, in-4°., sont faibles, et Apostolo Zeno a dit avec raison: « Je cher>> che Pindare dans Adimari, et je ne le >> trouve pas; » mais il se garantit du moins des vices que l'on peut reprocher à ses autres ouvrages. Il y joignit des notes savantes, et d'autres explications utiles pour l'intelligence du texte entre autres des arguments qui précèdent les odes, et des synopsis, ou tableaux qui présentent aux yeux du lecteur le plan qu'a suivi le poète, et l'ordre qui règne dans son désordre apparent. Il en avait emprunté l'idée, et même l'exécution entière, d'Erasme Schmidt, dont la traduction latine, avec des synopsis tout semblables, avait paru en 1616. Adimari, dans son avis aux lecteurs, dit bien que l'ouvrage de Schmidt lui a été donné, ainsi que plusieurs autres, pour l'aider dans son travail; mais il ajoute qu'il ne lui est parvenu que lorsque ce travail, commencé depuis seize années, était presque fini, et il ne dit rien de ces tableaux synoptiques qu'il a entièrement copiés. Il paraît, par un passage du même avis, qu'Alexandre Adimari ne fut point favorisé des biens de la fortune, et qu'il vécut même fort malheureux; il mourut en 1649. G-E. ADIMARI (Lours), poète satirique florentin, de la même famille que le précédent, naquit à Naples, le 3 septembre 1644, de Zanobi, fils de Louis Adimari et de Donna Allegra di Bivero Tassis, dame espagnole, et fit ses études à l'université de Pise, où il eut pour maître le célèbre Luca Terenzi. Il parcourut dans sa jeunesse les différentes cours d'Italie, où il se fit aimer par ses talents et par les rares qualités de son esprit. Adimari obtint du duc Ferdinand Charles de Mantoue, le titre de marquis et de gentilhomme de sa chambre : il fut de membre de l'Académie florentine, celles de la Crusca, des Arcades et de plusieurs autres. Il succéda au fameux Redi dans la chaire de langue toscane, à l'académie de Florence; il fut aussi professeur de science chevaleresque dans celle des nobles; ses leçons y eurent beaucoup d'éclat ; il savait les semer à propos de traits tirés de l'histoire ancienne et moderne qu'il possédait également. Elles n'ont point été imprimées, mais plusieurs bibliothèques de Florence les possèdent en manuscrit. On a imprimé de lui un Recueil en prose sur des sujets de piété: Prose Sacre, Florence, 1706, petit in-4°. Tous ses autres ouvrages sont en vers; ce sont : I. Des sonnets et autres pièces lyriques, entre autres un Recueil d'odes ou canzoni, et de sonnets, consacré à Louis XIV,magnifiquement imprimé à Florence, en 1693; II. Roberto, drame en musique; le Gare dell'amore et dell' amicizia, comédie en prose composée pour une société particulière, et imprimée à Florence en 1679, in-12, pièce si rare qu'aucun historien de la littérature italienne n'en a parlé, pas même l'Allaci dans sa Dramaturgie; il Carciere di se medesimo; Amante di sua figlia, etc.; III. cinq satires qui sont le fondement le plus solide de sa réputation. Le style en est élégant, et quoique les vices y soient sévèrement repris, elles n'ont rien d'âcre ni de mordant, si ce n'est sur le chapitre des femmes. Il a fait contre elles une satire qui a près de 1500 vers c'est la quatrième; il est vrai qu'elle est principalement dirigée contre les femmes de théâtre; mais la 5o. et dernière l'est contre le sexe en général : elle n'a guère moins de 1000 vers; les deux vers qui la terminent peuvent donner l'idée du reste. Il en est jusqu'à trois, a dit au moins Boileau; mais Adimari n'en connaît aucune. «S'il existe, dit-il, quelque » femme digne d'éloge, tu ne la con»nais pas, ni moi non plus. >> Tu non la vedi, ed io non la conosco. On peut juger, par la longueur de ces deux pièces, que le défaut de l'auteur n'est pas le trop de concision; celui de toutes ses satires est au contraire une excessive prolixité. Louis Adimari mourut à Florence, après une longue maladie, le 22 juin 1708; il eut trois enfants de sa femme Maria Cerbini de' Buonaccorsi, de Florence, une fille mariée avant la mort du père, et deux garçons; Buonaccorso, qui mourut encore enfant, et dont il a déploré la perte dans un de ses sonnets, et Smeraldo, qui avait hérité d'une partie des talents poétiques de son père, et qui fut avocat du college des nobles et académicien des. Arcades. G-É. ADLERFELDT, (GUSTAVE D', historien de Charles XII, naquit aux environs de Stockholm en 1671. Son père était trésorier de la couronne, et lui fit donner une éducation soignée. Lorsqu'il eut achevé ses études à Upsal, il entreprit un voyage en Hollande, en Angleterre et en France. Étant en 1697 à la Haye, il fut employé par l'ambassadeur de Suède dans plusieurs négociations relatives au traité de Ryswik. Il repassa en Suède sur le vaisseau qui conduisait le duc de Holstein, et ce prince le présenta à Charles XII, qui le nomma gentilhomme de la chambre. Adlerfeldt accompagna le roi dans toutes ses campagnes, et fut témoin de ses succès et de ses revers. Il rédigea le journal des opérations de l'armée suédoise, jusqu'à la bataille de Pultawa, pendant laquelle il fut tué d'un boulet de canon. Le journal d'Adlerfeldt fut sauvé par le prince Ch. Marin de Wurtemberg, qui était à l'armée, et qui le fit mettre en sûreté à Stuttgard. Il passa ensuite dans les mains du fils de l'auteur, qui le fit traduire en français. C'est cette traduction qui a été impri mée à Amsterdam, sous le titre d' Histoire militaire de Charles XII,1740, en 4 vol. in-12. On y a ajouté une relation de la bataille de Pultawa et du séjour de Charles à Bender, par un officier suédois. Adlerfeldt s'était marié à une demoiselle Steeben de Wismar, qui fit un extrait de l'ouvrage de son mari en allemand, jusqu'à l'année où l'armée suédoise entra en Saxe, et cet extrait fut imprimé à Wismar en 1707. L'ouvrage d'Adlerfeldt contient un récit impartial et fidèle des campagnes du héros suédois, et de plusieurs événements politiques. L'auteur avait obtenu par ordre du roi tous les secours nécessaires. Gustave Adlerfeldt avait un frère (Jean Adlerfeldt), qui parvint à la dignité de sénateur. Lorsqu'en 1743 les Dalecarliens se furent rendus à Stockholm pour obtenir le redressement de leurs griefs, le sénateur Adlerfeldt, pendant qu'il allait au-devant d'eux pour les apaiser, fut atteint d'un coup de fusil, dont il mourut trois jours après. G-AU. ADLUNG ( JACQUES), professeur au gymnase d'Erfurt, et organiste de l'église luthérienne de cette ville, né à Bindersleben, en 1699. On a de lui plusieurs ouvrages écrits en allemand, parmi lesquels on distingue l'Instruction sur la construction, l'usage et la conservation des orgues, clavecins, etc., avec des augmentations, par J.-F. Agricola, compositeur de la cour, Berlin, 1768, in-4°., avec figures. J.-L. Albrecht, maître de musique à Mulhausen, qui en fut l'éditeur, y a ajouté des notes. La vie d'Adlung, écrite par lui-même, se trouve dans la préface de cet ouvrage. Le même Albrecht est aussi l'éditeur des sept Étoiles musicales, Berlin, 1768, in-4°. Adlung choisit ce singulier titre pour publier des ré ponses à sept questions sur des objets relatifs à l'harmonie musicale; son Introduction à la Science musicale, imprimée d'abord à Erfurt, in-8., 1758, a été réimprimée en 1783. L'éditeur, Ch. Hiller, de Leipzig, l'a augmentée d'un chapitre. Dans un incendie qui priva Adlung d'une partie de sa fortune, plusieurs de ses manuscrits furent la proie des flammes. Ce célèbre organiste est mort à Erfurt, le 5 janvier 1762. P-x. ADLZREITER (JEAN), de Tottenweiss, chancelier privé de l'électeur de Bavière, né à Rosenheim, en 1596, fit ses études à Munich et à Ingolstadt, servit habilement la maison de Bavière dans plusieurs occasions importantes, et se fit un nom, comme historien, par ses Annales Boica gentis. Cet ouvrage, puisé dans des sources authentiques, renferme l'histoire de la Bavière depuis le commencement jusqu'à l'an 1662, époque de sa publication à Munich. Leibnitz le publia de nouveau en 1710. Le jésuite Ferveaux aida Adlzreiter dans la rédaction de ces Annales. Adlzreiter mourut en 1662. G-T. ADOLPHE II, comte de Holstein, régnait à l'époque où Henri-le-Superbe et Albert-l'Ours se disputaient la souveraineté de la Saxe; il embrassa le parti du premier, et éprouva une alternative de succès et de revers, qui, tour à tour, agrandirent ses états, et l'en dépouillèrent. Rendu enfin à une situation paisible, il rebâtit la ville de Lubeck qui venait d'être détruite : la splendeur de la nouvelle cité nuisant à celle de Lunebourg, Adolphe se. brouilla avec Henri-le-Lion, vit brûler Lubeck, et fut contraint d'en abandonner le sol à son ennemi, qui fit relever la ville en lui laissant son nom. Adolphe fut tué en 1164, au siége de Demmin en Pomeranie. GT. ADOLPHE DE NASSAU, élu empereur le 1er. mai 1292, et couronné à Aix-la-Chapelle, le 25 juin de la même année, n'était qu'un simple gentilhomme, d'une famille illustre à la vérité et d'une bravoure éprouvée, mais sans autre patrimoine que son épée, sans influence, sans fortune, et n'ayant aucune des qualités morales qui avaient aidé Rodolphe de Habsbourg, son prédécesseur, né comme lui loin du trône, à y monter et à s'y maintenir. Adolphe dut son élection au désir qu'avaient les électeurs de se rendre indépendants du chef de l'empire, à leur haine contre Albert, fils de Rodolphe, dont l'arrogance les avait blessés (Voy. ALBERT Ier.); enfin à des transactions honteuses et illégales avec les archevêques de Cologne et de Mayence. Ces électeurs ecclésiastiques crurent l'occasion favorable pour imiter les papes, qui, depuis quelque temps, avaient essayé de prescrire de certaines lois aux empereurs avant de ratifier leur nomination. Ils imposèrent à Adolphe les conditions les plus onéreuses, le forçant à leur abandonner des portions de territoire et des villes qui ne lui appartenaient pas. Le comte Adolphe, qui se sentait faible, les accepta toutes. L'empereur Adolphe, qui se crut puissant, n'en vouJu tenir aucune. De-là ses fautes et ses revers. Décoré de la couronne impé. riale, ce prince se trouva dénué même de l'argent nécessaire aux fi'ais du couronnement, Il essaya de l'extorquer aux juifs de Francfort, qui lui résistèrent avec courage et succès. L'électeur de Mayence, son cousia germain, Gérard d'Eppenstein, qui avait été le principal auteur de son élévation, lui prêta les sommes indispensables; mais les embarras du monarque ne cessérent pas après qu'il eut été couronné. Cherchant partout des ressources, il pas se mit d'abord à la solde de l'Angleterre contre Philippe-le-Bel, et se fit payer par Edouard Ier., 100,000 liv. sterl. somme énorme pour le temps; mais il révolta contre lui l'Allemagne, qui rougissait de voir son chef au rang des mercenaires. Boniface VIII, qui n'était pas encore l'ennemi de Philippe, défendit à Adolphe de prendre les armes. Celui-ci, payé d'avance des efforts qu'il devait faire, ne demanda mieux que d'obéir au pape pour s'en dispenser; et licenciant 2000 cavaliers qu'il avait rassemblés pour le service d'Édouard, il ne garda du traité conclu entre eux que les subsides. L'électeur de Mayence saisit ce moment pour lui demander la restitution des avances qu'il lui avait faites. Adolphe crut plus utile d'acquérir des états que de satisfaire à des engagements dont il avait déjà reçu le prix ; il profita de l'aversion d'Albert-le-Dénaturé, landgrave de Thuringe, contre ses fils légitimes, pour acheter de lui sa principauté. Par cette transaction, doublement injuste, Adolphe se fit un ennemi mortel de l'archevêque auquel il devait son trône, et souleva contre lui l'Allemagne entière, qui ne vit plus dans son monarque qu'un vil spoliateur. La Thuringe se déclara pour les princes dépouillés. Adolphe se vit engagé dans une guerre qui dura 5 ans ; il ne parvint jamais à soumettre les peuples qu'il prétendait avoir achetés, et, con traint de tolérer les excès de ses troupes, qui ne le servaient qu'à regret, et dont il fallait vaincre la répugnance par le pillage, il acheva de s'aliéner tous ses partisans. Albert d'Autriche, qui, depuis l'élection d'Adolphe, épiait l'instant favorable pour ressaisir le sceptre que son père avait porté, se réunit à l'électeur Gérard, dont les intrigues disposaient du plus grand nom bre de ses collégues. La majorité des |