dez Prida (Madrid, 1901); le Curso de derecho internacional par Luis Gestoso y Lara (Valence, 1900); et les travaux du professeur Juan de Dios Trias, de l'Université de Barcelone. Mais, à mon avis c'est notre confrère Torres Campos, qui par son enseignement à l'Université de Grenade et par le nombre et l'importance de ses publications, ainsi que par sa participation aux travaux de la conférence de La Haye, doit être reconnu comme un des représentants les plus distingués du progrès de cette science en Espagne, sinon comme le chef actuel du mouvement. Son premier travail sérieux déjà cité est un véritable exposé, bref mais approfondi, du droit international privé, depuis l'antiquité orientale et occidentale jusqu'à nos jours. Il remonte aux origines de la science dans les époques les plus lointaines de l'histoire; il suit son évolution à travers les étapes de la civilisation et des organisations sociales et politiques, et finit par établir les conclusions compatibles avec l'esprit de notre temps, selon son point de vue. Cet exposé est orienté de telle sorte vers le progrès juridique des intérêts humains, considérés au-dessus des exigences de la souveraineté politique, sans y porter atteinte, que nonobstant les différences de détail qui peuvent nous séparer, je m'empresse de témoigner toute mon admiration et toute ma sympathie pour la direction donnée à ses études et à son enseignement. Ces directions ont été accentuées par les ouvrages postérieurs de l'auteur, parmi lesquels je citerai les suivants : Elementos de derecho internacional privado (Madrid, 1887), desquels on a publié, en 1903, une nouvelle édition revue et augmentée; Estudios de derecho internacional privado (Madrid, 1891), qui peuvent être considérés comme un complément de l'ouvrage antérieur; España y los tratados de Montevideo (Havane, 1859); Las conferencias de derecho internacional privado de La Haya (Madrid, 1895); et, finalement, le travail fondamental, synthétique et au jour, publié à Madrid en 1896, sous le titre de Base de una legislación sobre extraterritorialidad. De ce que nous venons d'exposer, il résulte que l'enseignement du Droit International Privé a conquis une place considérable dans les universités d'Espagne, quoique dans quelques-unes on n'ait pas séparé son enseignement de celui de l'international public. Mais cette communauté est contreba lancée par l'intérêt et la laboriosité des professeurs, dont les manuels et les programmes touchent tous les points cardinaux de la science. III. L'enseignement et la littérature du droit international privé ont pris en Italie un essor tel qu'ils ont abouti à fonder une école propre. En 1846, le gouvernement du Piémont, sous le règne de Charles Albert, initia la réforme des études universitaires dans le royaume. Le ministre Cesare Alfieri fonda à l'université de Turin une chaire d'économie politique; et le ministre Carlo Boncompagni établit en 1848 l'enseignement du droit constitutionnel et international. Les deux chaires furent confiées à un professeur, le juriste Amedeo Melegari. Le 12 Avril 1850, le ministre Mameli présenta au Sénat un projet de loi créant la chaire indépendante de droit international, qui fut approuvé le 7 Mai. La Chambre des Députés la vota le 8 Novembre. Cette loi établissait l'enseignement du droit international public, privé et maritime. L'enseignement comprenait aussi l'histoire du droit conventionnel, spécialement des traités concernant la maison de Savoie. Le gouvernement confia la chaire au juriste et patriote Pasquale Stanislas Mancini, qui avait été condamné à Naples, sous l'influence de la famille de Bourbon, à vingt-quatre ans de prison, pour son action politique. Celui-ci, étant arrivė fugitif au Piémont, fut accueilli par le roi, qui profita de ses talents pour la réorganisation universitaire. Le programme de Mancini pour l'enseignement de la matière en deux ans fut approuvé. L'éloquence ravissante et patriotique avec laquelle le professeur Mancini initia le cours, souleva l'enthousiasme de la jeunesse italienne au-delà des frontières du Piémont et l'amour de l'étude du droit international privé, public et maritime fit le tour des universités du pays. Mancini jeta les bases de la doctrine moderne de la nationalité, comme un drapeau politique sous lequel les universitaires devaient contribuer à la lutte pour l'unité de l'Italie, et comme un moyen très noble et très humanitaire, de protection et d'égalité en faveur des étrangers. Quelques unes de ces éloquentes conférences juridiques et politiques faites au Piémont de 1851 à 1853, ainsi que les conférences données à Rome en 1872, sur une nouvelle vie pour les peuples et pour l'humanité, sous l'influence du principe de la nationalité, furent publiées à Naples en 1873, sous le titre de Diritto Internazionale. Prelezioni. Dans la préface de celui-ci (page VII et VIII) on lit: « L'enseignement de la nouvelle doctrine fut un grand évènement « dans les premières années (1851-1852). Les journaux n'a<< vaient pas assez de paroles pour le louer. La discussion « s'étendit même aux journaux français, autrichiens et amé« ricains ». La diplomatie elle-même en fut émue, puisque comme nous le fait savoir l'éminent professeur 'Pierantoni dans son Storia degli studi del diritto internazionale in Italia, l'Autriche adressa une réclamation diplomatique au gouvernement du Piémont se plaignant des doctrines divulguées par Mancini. Le ministre D'Azeglio répondit dignement en refusant la réclamation, et alors le gouvernement de Naples confisqua les propriétés de Mancini dans son territoire, confiscation qui fut dérogée par l'épée triomphante de Garibaldi en 1860. Mais la doctrine de Mancini eut aussi une autre issue diplomatique. En effet, en 1861 l'Italie n'ayant pas encore sa législation civile nationale, Mancini proposa au ministre Ricasoli de chercher le moyen le plus convenable pour mettre un terme aux discussions journalières sur les conflits des lois relatives aux personnes, aux biens et aux actes des étrangers en Italie et des Italiens à l'étranger. Le ministre accepta l'initiative et donna à Mancini la mission de rédiger un projet de traité international pour le soumettre aux puissances. Le vaillant juriste de Naples, était déjà professeur à l'Université de Rome et membre de la Chambre des Députés d'Italie. Dans la session du 30 mars 1863, le député Mancini présenta la motion suivante: « La Chambre exprime son désir que le gou< vernement du roi initie les négociations passées pour la « révision générale des traités de commerce et de navigation, « d'extradition, des garanties des droits civils des nationaux « à l'étranger et de la propriété littéraire, artistique et industrielle, ainsi que des conventions consulaires et postales « déjà conclues par le royaume de Sardaigne actuellement « étendues à tout le royaume d'Italie et pour la stipulation « des nouveaux traités, an point de vue des conditions et des « intérêts généraux de toute l'Italie. » Mancini prit aussitôt une part très active à la rédaction du nouveau Code Civil d'Italie; et il eut la bonne fortune et l'honneur de voir sa doctrine codifiée pour la première fois en Europe (1) dans les articles 6 à 12 des dispositions préliminaires du Code. En 1867, Rattazi étant ministre des affaires étrangères, Mancini reçut la mission diplomatique de se rendre à l'étranger pour explorer et préparer l'opinion des gouvernements sur l'établissement de certaines règles obligatoires de droit international privé; et à la suite des démarches très favorablement accueillies à Paris, à Bruxelles et à Berlin, l'éminent professeur rédigea un projet de convention internationale en vingt articles, dont la discussion fut remise à conséquence de l'intervention française. En 1873, le député Mancini insistait pour que la Chambre exprimât le vœu que le gouvernement du roi poursuivit la louable initiative. La motion fut approuvée à l'unanimité dans la séance du 24 novembre, avec l'appui du Ministère. A cette époque-là, la personnalité de Mancini avait un éclat plus politique que scientifique. La littérature inspirée dans sa doctrine et cultivée par ses disciples et ses amis les plus éminents, Pierantoni, Fiore, Esperson, de Rossi et d'autres, était taxée d'exubérante et de politique. Mais en 1874, l'Institut de Droit International célébra à Genève la session du 31 août que présida Mancini. Alors celui-ci présenta le rapport: de l'utilité de rendre obligatoires pour tous les états sous la forme d'un ou de plusieurs traités internationaux, un certain nombre de règles générales de droit international privé, pour assurer la décision uniforme des conflits entre les différentes législations civiles et criminelles. Ce mémoire fut lu à l'Institut et publié dans le premier volume du Journal de Droit International Privé de M. Clunet, alors naissant (p. 221 et 285). Le document était digne de la sensation avec laquelle il fut reçu. Il contient un exposé fondamental et synthétique d'histoire, des systèmes de droit international privé et de ses évolutions à travers les temps et les conditions de la société politique pour conclure avec le système italien de la nationalité. (1) J'ai déjà dit que la République Argentine codifiait le droit international privé dans la mème année. Voir ce BULLETIN I— 43, La doctrine italienne était présentée pour la première fois au monde sous une forme rigoureusement scientifique et dénuée des redondances de la propagande politique. Je me réserve pour une autre opportunité la discussion des fondements de la doctrine italienne, qui a fait le tour du monde, et qui serait le desiratum de la science, si elle était compatible avec tous les attributs de la souveraineté des pays étrangers, et si la République Argentine n'avait pas trouvé heureusement dans sa codification de 1865 un autre système de droit international privé qui, en harmonisant l'action de l'état et de l'individu, offre aux intérêts privés une plus ample et plus humanitaire protection. Il ne serait pas juste de dire que la littérature italienne de droit international privé naquit et se développa avec l'éclatante école de la Nationalité. Sans rechercher les origines de cette littérature, dans les écoles des statuaires des siècles passés, il est équitable de dire qu'en 1837 l'éminent juriste Nicola Rocco fit son apparition en Italie avec les ouvrages suivants : Dell'uso è dell'autorità delle leggi del regno delle Due Sicilie considerate nelle loro relazioni con le persone, col territorio degli stranieri, et Del sommo principio del diritto privato e internazionale. << Il fut le premier, nous dit son compatriote « Francisco Paolo Contuzzi dans une monographie rédigée le « 25 Mars 1901 pour le Digesto Italiano, qui ordonna systéma«tiquement le droit international privé, profitant de toutes les A investigations et de toutes les discussions faites antérieure<<ment par les autres juristes. L'œuvre de Rocco fut une révé<lation scientifique, et son exemple origina le mouvement << en faveur des études de droit international privé dans notre « siècle. » Sans méconnaître le haut mérite et l'influence de Rocco, on ne doit pas oublier que Story (1831) aux Etats Unis, Fœlix (1837) en France et Savigny (1836 à 1839) en Allemagne, l'avaient précédé dans les publications organiques et systématiques de la matière, réveillant son étude dans leurs pays respectifs et à l'étranger. Après les travaux de Rocco et de Mancini, l'Italie a vu culminer une véritable constellation de juristes, qui traitent les questions de droit international privé dans les universités, dans la politique et dans la littérature, d'une manière si profonde et à la fois si brillante, qui a conquis à l'Italie une des |