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accoustrements, puisque leurs serviteurs en avoient en si grande superfluité qu'on nomma la dite assemblée le Camp du Drap d'or. » « La vue des deux princes fut à grosse difficulté. Et feurent trois ou quatre jours sur tous ces débats, et encore y avoit-il à redire deux heures avant qu'ils se virent. La chose entreprise et conclue, feust arrêtée la vue des deux princes à ung jour nommé qui fut ung dimanche; et pour ce que la comté d'Ardres n'a pas grande étendue du costé de Ghines, et qu'il falloit que les deux princes fissent autant de chemin l'un que l'autre pour se veoir ensemble, et pour ce que c'estoit sur le pays du roi d'Angleterre, fut ordonné de tendre une belle grande tente au lieu où la dite vue se fairoit. Ce faict, regardèrent les dits princes quels gens ils mèneroient avecques eulx, et s'accordèrent de mener chascun deux hommes. Et mena le roy de France avecques lui monsieur de Bourbon et monsieur l'admiral (Bonnivet); et le roy d'Angleterre avoit le duc de Suffolck, qui avoit espousé sa sœur, et le duc de Norfolk. Et estoit le dit camp tout environné de barrières, bien ung jet de boule éloigné de la tente, et avoit chascun quatre cents hommes de leur garde. Et quand se vint à l'approche, les dictes gardes demeurèrent aux barrières, et les deux princes passèrent outre, avecques les deux personnages, ainsi que dist est devant, et se vindrent embrasser tout à cheval, et se fisrent merveilleusement bon visage; et broncha le cheval du roy d'Angleterre en embrassant le roy de France. Et entrèrent dedans le pavillon tout à pied, et se recommencérent de rechef à ́embrasser et faire plus grande chère que jamais; et quand le roy d'Angleterre feust assis, print lui-même les articles et commença à les lire; et quand il eust lu ceulx du roy de France, qui doit aller le premier, il commença à parler de luy, et y avoit Je Henry, roy... Il vouloit dire de France et d'Angleterre; mais il laissa le tiltre de France, et dict au roy : « Je ne » le mettray point, puisque vous êtes ici, car je » mentirois. » Et dict: Je Henry, roy d'Angleterre. Et estoient les dicts articles fort bien faicts et bien escripts, s'ils eussent esté bien tenus. Ce faict, les dicts princes se partirent merveilleusement bien contents l'ung de l'autre, et en bon ordre, comme ils estoient venus s'en retournèrent, le roy de France à Ardres et le roy d'Angleterre à Ghines. Le soir vindrent devers le ΓΟΥ, de par le roy d'Angleterre, le légat et quelqu'un du conseil, pour regarder la façon et comment ils se pourroient veoir souvent, et pour avoir seureté l'ung de l'aultre. Et feust dict que les roynes festoyeroient les roys, et les roys les roynes; et quand le roy d'Angleterre viendroit à Ardres veoir la royne de France, que le roy de France partiroit quant et quant (aussitôt) pour aller à Ghines veoir la royne d'Angleterre; et par ainsi ils estoient chascun en otage l'ung pour l'aultre. Le roy de France, qui n'estoit pas homme soupçonneux, estoit fort marri de quoi on se fioit si peu en la foi l'ung de l'autre. Il se leva

ung jour bien matin, qui n'est pas sa coustume, et print deux gentilshommes et un page, les premiers qu'il trouva, et monta à cheval, sans estre botté, avecques une cappe à l'espaignolle, et vint devers le roy d'Angleterre, au chasteau de Ghines. Et quand il feust sur le pont du chasteau, tous les Anglois s'émerveillèrent fort et ne savoient qu'il leur estoit advenu; et avoit bien deux cents archers sur le dict pont, et estoit le gouverneur de Ghines avecques les archers, lequel feust bien étonné. Et en passant parmi eulx, le roy leur demanda « la » foy et qu'ils se rendissent à lui »>, et leur demanda la chambre du roy son frère, laquelle lui feust enseignée par le dict gouverneur de Ghines, qui lui dict : « Sire, il n'est pas éveillé. » Il passe tout oultre et va jusques à la dicte chambre, heurte à la porte, l'éveille et entre dedans. Et ne feust jamais homme plus esbahi que le roy d'Angleterre, et lui dict: « Mon frère, vous m'avez faict meilleur >> tour que jamais homme ne fist à aultre, et me >> montrez la grande fiance que je dois avoir en vous; » et de moi je me rends vostre prisonnier dès cette >> heure et vous baille ma foy. » Et deffist de son col ung collier qui valloit quinze mille angelots, et pria au roy de France qu'il le voullust prendre et porter ce jour-là pour l'amour de son prisonnier. Et soudain le roy, qui lui voulloit faire mesme tour, avoit apporté avecques lui un bracelet qui valloit plus de trente mille angelots, et le pria qu'il le portast pour l'amour de lui, laquelle chose il fit, et le lui mist au bras, et le roy de France print le sien à son col. Et adonc le roy d'Angleterre voullust se lever, et le roy de France lui dict qu'il n'auroit point d'autre valet de chambre que lui, et lui chauffa sa chemise, et lui bailla quand il feust levé. Le roy de France s'en voullust retourner, nonobstant que le roy d'Angleterre le voullust retenir à disner avecques lui; mais pour ce qu'il falloit jouter après disner, s'en voullust aller et monta à cheval, et s'en revint à Ardres. Il rencontra beaucoup de gens de bien qui venoient au devant de lui, et entre autres l'Advantureux (1), qui lui dict: « Mon maistre, vous estes » un fol d'avoir faict ce que vous avez faict; et suis » bien aise de vous reveoir ici, et donne au diable >> celui qui vous l'a conseillé. » Sur quoi le roy lui fist response et lui dict que jamais homme ne lui avoit conseillé, et qu'il sçavoit bien qu'il n'y avoit personne en son royaume qui lui eust voullu conseiller; et lors commença à compter ce qu'il avoit faict au dict Ghines, et s'en retourna ainsi, en parlant, jusqu'à Ardres, car il n'y avoit pas loing. Si le roy d'Angleterre estoit bien aise du bon tour que le roy de France lui fist, encore en estoient plus aises tous les Anglois, car ils n'eussent jamais pensé qu'il se feust voullu mettre entre leurs mains le plus foible, et pour ce qu'il y avoit eu grosse difficulté pour leur vue, afin qu'ils ne feussent point plus forts l'ung que l'aultre. Le roy

(') Nom que Fleuranges, auteur de ce récit, se donne à lui-même dans ses Mémoires.

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Bas-reliefs de l'hôtel de Bourgtheroulde, à Rouen, représentant l'entrevue de François Ier (Normandie ancienne, par Ch. Nodier,

mencèrent à faire, qui durerent huict jours, et feurent merveilleusement belles à pied comme à cheval. Après les joutes, les lutteurs de France et

d'Angleterre venoient avant et luttoient devant les roys et devant les dames, qui feust beau passetemps. Et y avoit de puissants Intteurs, et parce

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et de Henri VIII au Camp du Drap d'or. D'après les lithographies de Fragonard Taylor et Cailleux; imprim. Didot).

de France et le roy d'Angleterre, où ils beurent ensemble. Cela faict, le roy d'Angleterre prist le roy de France par le collet, et lui, dict: " Mon

» frère, je veulx lutter avecques vous. » Et lui donna une attrape ou deux. Et le roy de France, qui est un fort bon lutteur, lui donna un tour et

le jetta par terre, et lui donna un merveilleux sault. Et vouloit encore le roi d'Angleterre relutter, mais tout cela feust rompu, et fallust aller souper. »> «Le roy d'Angleterre festoya le roy, près de Guines, en un logis de bois où y avoit quatre corps de maison qu'il avoit faict charpenter en Angleterre, et amener par mer toute faicte; et estoit couverte de toille peinte en forme de pierre de taille, puis tendue par dedans des plus riches tapisseries qui se peurent trouver, en sorte qu'on ne l'eust pu juger autre sinon un des beaux bastiments du monde; et estoit le dessin pris sur la maison des marchands (l'hôtel de ville) de Calais... Et estoit la dicte maison trop plus belle que celle des François et de peu de coustance, et estant après desassemblée, fut renvoyée en Angleterre sans y perdre que le voiturage. Elle estoit assise aux portes de Ghines, assez proche du chasteau, et estoit de merveilleuse grandeur en carrure, et estoit la dicte maison toute de bois, de toille et de verre; et estoit la plus belle verrine que jamais l'on vist, car la moitié de la maison estoit toute de verrine; et vous asseure qu'il y faisoit bien clair. Et y avoit quatre corps de maison, dont au moindre vous eussiez logé un prince. Et estoit la cour de bonne grandeur; et au milieu de la dicte cour, et devant la porte, y avoit deux belles fontaines qui jectoient par trois tuyaux, l'un ypocras, l'autre vin et l'autre eaue; et la chapelle, de merveilleuse grandeur, et bien étoffée tant de reliques que toutes aultres parements; et vous asseure que si tout cela estoit bien fourni, aussi estoient les caves; car les maisons des deux princes, durant le voyage, ne feurent fermées à personne.... Le roy devoit festoyer le roy d'Angleterre près d'Ardres, où il avoit faict dresser un pavillon ayant soixante pieds en quarré, le dessus de drap d'or frizé, et le dedans doublé de velours bleu tout semé de fleurs de lis, de broderie d'or de Chypre; et quatre autres pavillons, aux quatre coings, de pareille despense; et estoit le cordage de fil d'or de Chypre et de soye bleue turquine, chose fort riche. Je ne m'arresteray à dire les grands triomphes et festins qui se firent là, ni la grande despense superflue, car il ne se peult estimer; tellement que plusieurs y portèrent leurs moulins, leurs forests et leurs prés sur leurs espaules. » (Fleuranges et du Bellay.)

En quittant Guines, Henri VIII se rendit à Gravelines, où il trouva l'empereur, qui l'accompagna. en appareil modeste, jusqu'à Calais. Charles-Quint n'essaya point de l'éblouir par de folles dépenses et des procédés chevaleresques; seulement, il lui proposa de prendre l'Angleterre pour arbitre de ses différends avec la France, et fit briller aux yeux du cardinal Wolsey l'espérance du trône pontifical. Les liens d'affection que les Anglais avaient pu contracter au Camp du Drap d'or ne pouvaient pas être aussi solides que ceux de l'intérêt, et l'àme généreuse mais légère de François avait fait un faux calcul. Les sacrifices par lesquels il avait chèrement acheté la faveur du pape Léon X lui furent

également inutiles. Le saint-siége, après avoir longtemps hésité, s'allia, comme le roi d'Angleterre, avec l'empereur; à ce prix seulement Charles-Quint consentit à prendre le parti de l'Église contre la réforme luthérienne, qui envahissait l'Allemagne à grands pas.

COMMENCEMENTS DE LA GUERRE CONTRE CHARLES- QUINT.

Sans attaquer directement le colosse autrichien qui, pendant un siècle et demi, allait étre l'ennemi redouté de la France, le roi prit cependant le premier les armes. Dans ses précédents accommodements avec Charles, il s'était réservé le droit de prèter main-forte à la maison d'Albret si le roi d'Espagne refusait de satisfaire aux réclamations de Jean de Foix sur la Navarre espaguole; or il n'y avait été nullement satisfait. La belle comtesse de Chateaubriant, toute-puissante sur l'esprit du roi, et qui appartenait à cette famille, obtint pour son plus jeune frère, le sire de Lesparre, la permission de rassembler une petite armée et d'essayer la conquête du pays contesté. Lesparre en fit effectivement la conquète en peu de temps et s'empara de Pampelune, où fut blessé grievement un Espagnol que cet accident jeta dans la vie dévote, et qui devint par la suite plus redoutable qu'aucun homme de guerre: Ignace de Loyola, le fondateur des Jésuites.

Si Lesparre avait promptement réussi, il fut plus promptement encore accablé par des forces supérieures; les Espagnols le battirent à leur tour (30 juin 1524), et l'obligèrent à lâcher sa proie. Une autre agression de la France vers le Nord ne fut guère plus heureuse. Robert de la Mark, duc de Bouillon et sire de Sedan (le père de Fleuranges), était feudataire de l'empire; mais, irrité par un déni de justice de l'empereur, puis poussé par son fils et d'autres familiers de la cour de France, il se délia, suivant les us féodaux, des liens de la vassalité, et, non content de défier l'empereur, il fut assiéger Virton, place forte du Luxembourg. Les troupes impériales arrivèrent, conduites par le comte de Nassau et un fameux chef allemand, François de Sickingen; elles mirent le duché de Bouillon à feu et à sang, y commirent des atro| cités, et le roi de France, après avoir cherché à désavouer les la Mark, fut obligé de les défendre et de faire entrer une armée de vingt mille hommes sur les terres de l'empire par les frontières de Champagne. « Dieu soit loué, dit Charles-Quint, de ce que ce n'est pas moi qui ai commencé cette guerre! »

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Le Milanais était le côté le plus vulnérable des États de François Ier. Le sire de Lautrec, autre frère de Mme de Châteaubriant, y commandait pour le roi. C'était un médiocre politique, haï des Italiens pour sa dureté, et un médiocre général. Il était brave et savant militaire; mais, frappé des fàcheux résultats de ce qu'on appelait dès cette époque la furia francese, la bravoure aveugle, il

temporisait toujours avec une lenteur systématique non moins fatale que cette précipitation qu'il condamnait. La principale difficulté de sa position, le manque d'argent, poussa ses deux défauts naturels à l'extrême. François Ier, habitué à dissiper follement en fetes et en libéralités le produit des impositions, qui ne suffisaient déjà plus en temps de paix, se trouva tout à fait au dépourvu lorsque se firent sentir les premiers besoins de la guerre. La ligue formée par l'empereur, en Italie, commençait cependant, de Bologne, à mettre ses troupes en mouvement et à faire l'attaque des frontières milanaises, en attendant qu'elle pût, comme elle l'annonçait, rétablir à Milan François Sforza, second fils de Ludovic le More. Au pape, qui avait choisi Prosper Colonna pour général, s'étaient joints le marquis de Mantoue, les Florentins. quelques Suisses débauches de l'alliance française par le cardinal de Sion, et de redoutables régiments de cavalerie et d'infanterie espagnoles commandés par le marquis de Pescara.

Lautrec accourut à Paris dire au roi que le Milanais était perdu si l'on n'avait à lui donner quatre cent mille écus pour soutenir la guerre; ses soldats, Suisses en grande partie, étaient depuis une année sans solde. Il n'était pas possible, en ce moment, de tirer aucun argent des provinces du centre et du nord; mais le surintendant des finances, Jacq. de Beaune de Semblançay, se fit fort de les trouver dans le Languedoc. Il promit solennellement, ainsi que le roi et la reine mère, à Lautrec, que les quatre cent mille écus arriveraient à Milan avant qu'il y fût de retour. Sur cette assurance, Lautrec s'en revint, mais il ne reçut jamais l'argent promis, et fut obligé d'exaspérer les Milanais en les surchargeant violemment de contributions énormes, puis de conduire au combat des troupes dont il n'était plus le maître. Il abandonna d'abord Parme et Plaisance, que Léon X réunit à l'État de l'Église avec une telle joie que, diton, il en mourut. Lautrec fut forcé ensuite d'abandonner sa capitale, Milan (nov. 4524), et de se retirer sur un territoire allié, celui de Venise. Renforcé par l'armée vénitienne et par un secours de dix mille Suisses, il reprit l'offensive au mois de mars 4522. Le 29 avril, il rencontra les Impériaux, fortement retranchés dans un endroit appelé la Bicoque, près de Milan; bien que n'étant nullement d'avis de les attaquer, il fut forcé de le faire: les Suisses demandaient impérieusement « argent, bataille ou congé. » Il donna malgré lui la bataille. Les Suisses, ayant échoué dans un premier assaut, s'en retournèrent chez eux sans vouloir rien écouter; les Vénitiens s'étant retirés de leur côté, Lautrec n'eut plus qu'à renfermer sa gendarmerie dans quelques places, qui bientôt furent forcées de capituler. Le Milanais était encore une fois perdu.

« Le seigneur de Lautrec, de retour en France, si le roi lui feit mauvais recueil, il ne s'en fault estonner, comme à celuy qu'il estimoit avoir par sa faulte perdu son duché de Milan, et ne voulut

parler à luy; mais le seigneur de Lautrec, se voulant justifier, trouva moyen d'aborder le roy, se plaignant du mauvais visage que Sa Majesté luy portoit. Le roy luy fait response qu'il en avoit grande occasion, pour luy avoir perdu un tel héritage que le duche de Milan. Le seigneur de Lautrec luy fait response que c'estoit Sa Majesté qui l'avoit perdu, non luy, et que par plusieurs fois il l'avoit adverty que, s'il n'estoit secouru d'argent, il cognoissoit qu'il n'y avoit plus d'ordre d'arrester la gendarmerie, laquelle avoit servy dix-huict mois sans toucher deniers, et jusques à l'extrémité, et pareillement les Suisses, qui mesmes l'avoient contrainct de combattre à son désavantage, ce qu'ils n'eussent faict s'ils eussent eu paiement. Sa Majesté luy répliqua qu'il avoit envoyé quatre cens mille escus alors qu'il les demanda. Le seigneur de Lautrec luy feit response n'avoir jamais eu la dite somme; bien avoit-il eu lettres de Sa Majesté, par lesquelles il luy escrivoit qu'il luy envoiroit la dite somme. Sur ces propos, le seigneur de Semblançay, superintendant des finances de France, fut mandé, lequel advoua en avoir eu le commandement du roy, mais qu'estant la dite somme preste à envoyer, madame la régente, mère de Sa Majesté, auroit pris la dite somme de quatre cens mille escus, et qu'il en feroit foi sur-le-champ. Le roy alla en la chambre de la dite dame avec visage courroucé, se plaignant du tort qu'elle luy avoit faict, d'estre cause de la perte du dit duché, chose qu'il n'eust jamais estimé d'elle, que d'avoir retenu de ses deniers qui avoient été ordonnez pour le secours de son armée. Elle s'excusant du dit faict, fut mandé le dit seigneur de Semblançay, qui maintint son dire estre vray; mais elle dist que c'estoient deniers que le dit seigneur de Semblançay luy avoit de long-temps gardez, procédans de l'espargne qu'elle avoit faicte de son revenu, et luy soustenoit le contraire. Sur ce différend, furent ordonnez commissaires pour décider ceste dispute. » (Du Bellay, liv. 11.)

Comme vient de le raconter Martin du Bellay, le surintendant montra que l'argent si nécessaire en Italie, la mère du roi l'avait forcé de le lui livrer à elle-même pour payer ses énormes pensions, et d'autres ajoutent pour nuire à Lautrec, qui s'était permis de blåmer ses galanteries. Semblançay parut justifié; mais quelques années après, Louise de Savoie et le chancelier Duprat, qui s'entendaient pour le perdre, lui suscitèrent une suite de procès et de redditions de compte où il finit par être convaincu de malversations, et condamné à la potence. Il se prétendait créancier du roi pour plusieurs centaines de mille livres, et avait payé quatre-vingt-sept mille livres la seigneurie de Laigle, en Normandie. Vraisemblablement il n'était pas plus coupable que les autres trésoriers royaux de son temps; de plus, il avait soixantequinze ans, et il avait servi avec honneur sous Charles VIII et Louis XII. Mais il n'en fut pas moins pendu (en 4527) au gibet de Montfaucon.

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