Muse populaire: chants et poésies

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Garnier frères, 1875 - 463 pages

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Page 180 - On n'arrête pas le murmure Du peuple quand il dit : J'ai faim. Car c'est le cri de la nature : II faut du pain ! La faim arrive du village Dans la ville par les faubourgs.
Page 7 - Les voyez-vous, les belles bêtes. Creuser profond et tracer droit , Bravant la pluie et les tempêtes, Qu'il fasse chaud, qu'il fasse froid? Lorsque je fais halte pour boire , Un brouillard sort de leurs naseaux , Et je vois sur leur corne noire Se poser les petits oiseaux.
Page 7 - BŒUFS J'ai deux grands bœufs dans mon étable, Deux grands bœufs blancs , marqués de roux ; La charrue est en bois d'érable . L'aiguillon en branche de houx ; C'est par leurs soins qu'on voit la plaine Verte l'hiver, jaune l'été ; Ils gagnent dans une semaine Plus d'argent qu'ils n'en ont coûté. S'il me fallait les vendre , J'aimerais mieux me pendre; j'aime Jeanne ma femme , eh bien ! j'aimerais mieux La voir mourir, que voir mourir mes bœufs.
Page 9 - VTOUS, dont la lampe, le matin. Au clairon du coq se rallume ; Nous tous, qu'un salaire incertain Ramène avant l'aube à l'enclume ; Nous, qui des bras, des pieds, des mains. De tout le corps, luttons sans cesse, Sans abriter nos lendemains Contre le froid de la vieillesse, Aimons-nous, et quand nous pouvons Nous unir pour boire à la ronde, Que le canon se taise ou gronde, Buvons A l'indépendance du monde...
Page 10 - Mal vêtus, logés dans des trous, Sous les combles, dans les décombres, Nous vivons avec les hiboux Et les larrons amis des ombres; Cependant notre sang vermeil Coule impétueux dans nos veines; Nous nous plairions au grand soleil, Et sous les rameaux verts des chênes.
Page 77 - Au lieu de signer sur la page Où le diable avait mis ses doigts, Je songeai qu'il était plus sage De faire un grand signe de croix Le diable partit en fumée, Et je fus transporté soudain Chez ma meunière bien-aimée, Dans une chambre du moulin.
Page 10 - A chaque fois que par torrents Notre sang coule sur le monde, C'est toujours pour quelques tyrans Que cette rosée est féconde : Ménageons-le dorénavant, L'amour est plus fort que la guerre.
Page 186 - Dix-huit cent cinquante-deux ! (Bis.) 0 rois ! votre pourpre est fanée, Ne la teignez pas dans le sang; Ne disputez pas une année Au progrès toujours grandissant. L'idée est aujourd'hui rapide Plus que les chevaux et les cerfs; Elle dépasse qui la guide, Elle broiera tous nos vieux fers.
Page 152 - La braise flambe en tes prunelles Et tu reluis comme un miroir. As-tu des pieds, as-tu des ailes, Ma locomotive au flanc noir ? Voyez ondoyer sa crinière, Entendez son hennissement ; Son galop est un roulement D'artillerie et de tonnerre.
Page 187 - Mangeons du pain noir, buveurs d'eau ! Des monts sacrés où la lumière Forge ses éclairs et ses feux, Viens, en déployant ta bannière, Dix-huit cent ciuquante-deux ! Du peuple enfin voici le règne.

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