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et l'on voudra bien excuser cette citation pour ce qu'elle convient ici, que les travaux, non pas seulement, bien entendu, des zoologistes et des anatomistes, mais même des paléontologistes et des embryologistes, le cèdent en valeur explicative et en portée doctrinale à ce qu'on pourrait appeler les recherches morphogéniques, appliquées soit à l'individu, soit à l'espèce, il n'est pas moins vrai que la détermination du fonctionnement des organes, des tissus, des cellules et des protoplasmas ne conduit pas encore au plus profond de la science de la vie... Il faut arriver à voir dans l'être vivant les relations génétiques qui existent entre ses diverses parties... » Il est donc temps que la physiogénie se développe.

A ce développement serviront déjà sans aucun doute des travaux comme celui de Bottazzi, d'une façon partielle seulement, il est vrai, car c'est là encore surtout une étude d'organologie physiologique plutôt que de physiogénie. A l'heure présente, celle-ci se trouve bien plus directement intéressée dans beaucoup des recherches faites depuis quelques années sur les fonctions glandulaires. C'est ce que j'ai essayé de montrer dans le travail cité ci-dessus sur les corrélations fonctionnelles.

Toujours est-il que les études sur les mécanismes fonctionnels des êtres en voie de développement sont un acheminement vers la physiogénie proprement dite ou, si l'on veut, constituent une des introductions à cette partie capitale de la science physiologique, puisqu'elles permettent de saisir les perfectionnements successifs des organes à mesure que ceux-ci acquièrent la permanence de leur forme et en même temps arrivent à leur fonctionnement définitif, et ainsi qu'elles peuvent, dans certains cas au moins, laisser entrevoir quelques-unes des conditions et même parfois faire supposer les causes de ce fonctionnement. Il y a quelques années, un physiologiste français, E. Meyer (de Nancy), avait bien compris l'utilité de ces recherches et semblait devoir les poursuivre méthodiquement 1. C'est d'ailleurs dans cette voie que déjà William Edwards, au commencement de ce siècle, s'était engagé, avec ses belles expériences sur la température des nouveau-nés 2.

1. Exposé des données expérimentales sur les corrélations fonctionnelles chez les animaux (in L'Année biologique, 1r année, 1895, p. 313. Paris, 1897).

Les biologistes qui connaissent les recherches du professeur G. Fano, le maître de Bottazzi, ne seront point surpris qu'une telle direction soit donnée à l'expérimentation physiologique dans le laboratoire de l'auteur du beau travail : Sullo sviluppo della funzione cardiaca nell'embrione 3.

1. Voy. Arch. de physiol., 1893 et 1894.

2. William EDWARDS, De l'influence des agents physiques sur

la vie, Paris, 1824.

3. Lo Sperimentale, 1885.

A regarder les choses d'un point de vue plus général, cette direction n'est-elle pas d'abord conforme au génie italien, chez lequel un goût très vif de la réalité et l'instinct même des choses de la nature s'unissent à une large intelligence des faits et à une imagination déliée?

VI

LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE

ET L'ÉVOLUTION DES SCIENCES BIOLOGIQUES EN FRANCE
DE 1849 A 19001

MONSIEUR LE MINISTRE,
MESDAMES, MESSIEURS,

Au mois de mai 1848, deux jeunes chirurgiens, Follin et Houel, et un naturaliste, Charles Robin, décidèrent d'organiser à Paris une réunion périodique où viendraient s'éclairer mutuellement sur les phénomènes de la vie tous ceux, physiciens, chimistes, naturalistes, médecins, qui, avec les physiologistes proprement dits, s'intéressent à ces phénomènes; et ils pensèrent que le nom de Société de biologie conviendrait à une telle réunion. C'est Follin qui avait eu l'idée de cette fondation; et il en avait fait part d'abord à Houel et à Charles Robin.

1. Rapport lu à la séance du Cinquantenaire de la Société de biologie, le 27 décembre 1899 (Comptes rendus de la Soc. de biologie, 1899, no 40, p. 1011.)

Les noms de nos trois premiers fondateurs devaient être rappelés en ce jour.

La Société était conçue; on en offrit la présidence à Rayer, qui l'accepta. Nous ne connaissons pas d'une façon sûre les noms des autres fondateurs, à l'exception de ceux de Claude Bernard, Huette, Laboulbène, Lebert.

Organisée en 1848, la Société de biologie n'a cependant rien publié des travaux qui lui furent présentés durant cette même année. Le premier volume de ses Comptes rendus porte le millésime de 1849. C'est pourquoi, et puisque la vie manifestée d'une société scientifique consiste essentiellement en ses publications, il a paru que le Cinquantenaire de la Société de biologie devait être célébré en 1899 seulement.

Il avait paru d'abord à tous les membres de la Société que cet anniversaire devait être commémoré. Ainsi que les familles et que les peuples, les sociétés ont leurs anniversaires; mais pour elles comme pour les peuples, ceux-ci ne doivent jamais être que des jours d'allégresse. Les collectivités humaines n'ont pas à considérer tristement le passé; leur raison d'être est la vie et l'action qui préparent l'avenir, et la vie et l'action, pour être bonnes et fécondes, demandent de la force et de la gaieté. Quand donc elles se tournent vers le passé, c'est pour y trouver des sources de réconfort, pour y puiser de la joie et

GLEY.

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