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mifères? On sait qu'ils s'enroulent en boule dans des lieux où l'air ne peut que difficilement se renouveler et où la proportion d'acide carbonique doit pouvoir s'élever très haut. De plus, on sait que chez eux l'oxygène inspiré ne se retrouve pas dans la proportion habituelle dans l'acide carbonique expiré, d'où résulte une augmentation de leur poids. Il y aura là de curieuses expériences à entreprendre. » C'est dans cette voie que notre collègue R. Dubois (1888, 1889, 1893 à 1895) a entrepris de longues recherches qui l'ont conduit à ramener l'hibernation à une « narcose » due à l'accumulation de l'acide carbonique dans le sang de l'animal hibernant.

La question de l'influence des agents physiques sur les êtres vivants et sur leurs éléments constitutifs a donné lieu à de nombreux travaux, tels que ceux de P. Bert, relatifs à l'action de divers rayons lumineux sur le développement des plantes (1869 et 1871), sur la vie des végétaux (1878), sur l'étiolement des animaux (1869), sur la contractilité des chromatophores du Caméléon (1874), et que la longue série des recherches du même physiologiste sur l'action que les modifications de la pression barométrique exercent sur les phénomènes vitaux, dont la Société, il est vrai, n'a reçu que des fragments (1868, 1870, 1871, 1873, 1875, 1878); mais c'est à elle qu'il a donné sa première note à ce sujet, qui contient l'énoncé des principales expériences qu'il va pouvoir réaliser, « grâce à la générosité du Dr Jourdanet », sur la vie des animaux dans une atmosphère à pression diminuée (novembre 1868). — Les expériences de d'Arsonval sur l'action physiologique de l'électricité (1882, 1884, 1886, 1887, 1890, 1891, 1893) forment un ensemble moins complet que le précédent et moins systématique, mais qui peut pourtant en être rapproché. - Le même physiologiste, pour généraliser les anciennes et admirables observations de Brown-Séquard sur l'iris de l'Anguille, a fourni en 1891 une élégante démonstration de l'excitabilité de la fibre musculaire par la lumière. - L'influence de la chaleur n'a pas été moins étudiée; il faudrait revenir en partie, à ce propos, sur la question des animaux reviviscents; je rappellerai seulement, à ce sujet, quelques communications de P. Bert (1872 et 1876), de P. Bert et Bureau (1868), de Davaine (1856), de J. Chatin (1885), de Maurel (1899), de Maurel et Lagriffe (1899).

Ce sont tous les résultats des recherches de ce genre qui ont conduit à la claire conception des conditions physiques de la vie. Et celle-ci apparaissait en même temps comme liée également à des conditions chimiques. Si la Société n'a jamais vu se produire, au sujet de l'influence de l'oxygène, des séries d'expériences de l'importance de celles de Kühne, par exemple, toujours est-il cependant que P. Bert (1873), Quinquaud et Schützenberger (1873) ont apporté d'utiles contributions à cette question. Corrélativement, celle de l'asphyxie a suscité un grand nombre de travaux, de Balbianı (1857), de P. Bert (1864, 1868, 1883), de Gréhant et Quinquaud (1883), de Mangin (1896), de Ch. Richet (1879, 1883, 1898), de Ch. Richet et J.-P. Langlois (1898). Je ne mentionnerai ici que pour mémoire les recherches de R. Dubois, dont il a été déjà parlé, sur le rôle de l'eau dans divers processus vitaux (1884, 1885). Mais il importe de ne pas oublier les mémorables expériences de Claude Bernard (1876) sur l'influence des anesthésiques sur les végétaux et toute la série des observations de G. Pouchet et Legoff (1875), de G. Mer et Maxime Cornu (1876), de A. Certes (1885 et 1886), de Pilliet (1897) sur la fixation de différentes matières colorantes par les tissus vivants. Cette importante question, dont l'étude n'a certainement point encore procuré les résultats qu'on est en droit d'en attendre, est donc née à la Société de biologie.

Les conditions physiques et chimiques dans lesquelles vivent les éléments anatomiques étant déterminées, on a pu rechercher quelles sont les causes qui entrent en jeu dans les fonctionnements cellulaires. Ces causes sont d'ordre physique ou chi mique. En 1874 déjà, Onimus montre qu'il se produit des phénomènes électro-capillaires entre deux solutions séparées par de l'albumine. Mais c'est d'Arsonval qui a tenté une explication générale des phénomènes électriques qui se passent dans les nerfs et dans les muscles; il voit la cause de l'oscillation négative du muscle dans la variation de tension superficielle qu'entraîne la déformation mécanique interne de tout tissu contractile (1885). D'un autre côté, par les variations de la tension osmotique, Ch. Bouchard et ses élèves, Claude et Balthazard, Charrin et Levaditi, et, d'autre part, Carrion et Hallion, Chabrié, Hédon, Hédon et Arrous, Vaquez essayent d'expliquer les variations de composition de quelques humeurs et diverses actions sécrétoires (1898 et 1899); on sait quelle importance a prise, dans ces dernières années, tout spécialement sous l'influence de Hamburger (d'Utrecht), la question de l'isotonie qui avait été présentée, d'une manière sans doute encore indécise, il y a trente ans, à la Société, par Bouchard (1870) et par Malassez (1872) sous la forme modeste de la recherche du liquide le plus propre à empêcher la destruction des globules rouges du sang extrait des vaisseaux. Quant aux recherches récentes d'André Broca et Ch. Richet sur le travail des muscles (1896) et sur le rythme de l'activité du système nerveux central (1896 et 1897), elles aboutissent à des explications d'ordre mécanique.

L'étude des causes chimiques des phénomènes de la vie cellulaire a fourni plus de résultats encore. Sans doute on sait depuis longtemps que dans les éléments anatomiques il se produit des actions chimiques intenses. Mais on a commencé de connaître de façon précise, en les isolant et les caractérisant, plusieurs des substances entre lesquelles se font ces réactions. Aussi beaucoup de problèmes physiologiques se sont-ils simplifiés en même temps qu'expliqués. Ce n'est plus du fonctionnement d'un organe donné qu'il s'est agi de rendre compte; on a vu que la question se ramène à saisir le fonctionnement des éléments cellulaires qui composent cet organe, et, dans les cellules, du noyau et du protoplasma; mais on a été plus loin encore et l'on a compris que l'activité protoplasmique se réduit à l'exercice des propriétés essentielles d'une substance définie et des influences qui mettent en jeu ces propriétés. Ne semble-t-il pas alors que l'idée de fonction aboutisse à celle d'instrument chimique? A chaque fonction, exception faite des fonctions d'ordre mécanique, correspond un instrument qui n'est autre chose qu'une substance douée d'une action chimique spéciale. Ainsi la fonction respiratoire s'exerce au moyen de l'oxyhemoglobine; chacun des actes de la digestion est assuré par un ferment spécifique; d'autres fonctions, encore à l'étude, s'accomplissent grâce à des substances telles que l'iodothyrine, la substance active des capsules surrénales, etc. Sous cette idée générale, se réuniraient aisément un grand nombre de communications faites à la Société dans ces dernières années par Abelous, Abelous et Biarnès, Arthus, Arthus et Pagès, Bourquelot, Bourquelot et Gley, L. Camus, L. Camus et Gley, Dastre, Hanriot,

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