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et Gley (1897 et 1898), de Contejean (1895 et 1896), de Dastre et Floresco (1897 et 1898), de Delezenne (1896, 1897 et 1898), de Delezenne et Hédon (1896), de Gley (1896 et 1897), de Gley et Pachon (1895 et 1897) sur la fonction anticoagulante du foie ou sur le mécanisme de cette fonction; question entièrement née à la Société, comme celle du rôle des glandules parathyroïdes. Ce sont celles enfin de Livon (1898 et 1899) sur l'influence des extraits d'organes sur les phénomènes cardio-vasculaires. Toutes, elles ont contribué au succès de la théorie des glandes à sécrétion interne. L'idée des corrélations fonctionnelles s'est par là même développée, car on a vu, par exemple, que, pour une part, l'activité du pancréas s'exerce solidairement avec celle du foie et que celle de la glande thyroïde est associée au fonctionnement de plusieurs autres organes. Cette idée trouvait en même temps un autre appui dans les expériences de Pachon et de son élève Gachet (1898) sur les rapports entre la rate et le pancréas, le rôle de la rate dans la formation du ferment protéolytique du pancréas; par ces expériences a été enfin confirmée la théorie, si longtemps attaquée, de Schiff.

Le plus ancien exemple de corrélation fonctionnelle que l'on rencontre à la Société est certainement le fait, encore qu'il consiste en une constatation anatomique, signalé par Ch. Robin (janvier 1850), d'une corrélation entre le développement de l'utérus et celui de la mamelle. Il ne faut pas oublier non plus les observations de Sinéty (1872) sur les relations du foie et des glandes mammaires, durant l'allaitement, et celles du même auteur (1876) sur les rapportsentre l'ovulation et la menstruation. Ranvier avait d'ailleurs déjà parlé (1871) d'une fonction stéatogénique du foie à propos des dépôts de graisse qui se font dans cet organe chez les femelles en lactation. Dans le même ordre de constatations histo-physiologiques, je signalerai encore une observation déjà ancienne (1887) de Retterer sur les effets de la castration sur l'évolution des tissus péniens.

Ainsi nombre d'organes peuvent agir à distance 11 ke les uns sur les autres, non plus seulement, comme on le croyait, par l'intermédiaire du système nerveux, mais par l'intermédiaire de substances qu'ils produisent et qu'ils déversent ensuite dans le sang. Il résulte de là que certaines relations harmoniques que l'on peut constater entre divers organes commencent à s'expliquer cette explication paraît bien être de l'ordre des explications mécanistes.

3°. Une dernière question, plus importante encore peut-être que les précédentes, est celle du développement des fonctions organiques. Pas plus que la paléontologie n'explique l'origine des variations des espèces, l'embryologie n'explique la formation des tissus et des organes; c'est pour cela qu'est née peu à peu une science supérieure, la

morphogénie, appliquée soit à l'individu, soit à l'espèce, et qui s'occupe de déterminer les causes des agencements des éléments anatomiques dans l'être en voie de développement ou les causes des variations des êtres et par suite de la formation des espèces. De même, il est en physiologie une étude supérieure à celle du fonctionnement des organes, des tissus, des cellules et même du protoplasma; c'est celle de la formation et de l'évolution des fonctions, que l'on peut appeler la physiogénie.

Quelques faits, apportés à la Société, montrent la possibilité d'une telle science, et que celle-ci d'ailleurs a commencé de se constituer. Dès 1850, Prevost et Lebert, dans un mémoire sur le développement du cœur et de l'aorte pendant les cent quarante-quatre premières heures de l'incubation, notent que le cœur du Poulet commence à se contracter d'une manière évidente de la 36o à la 40o heure; d'autre part, vers le troisième jour, de la 48o à la 50o heure, la circulation du fœtus, chez l'Oiseau, est analogue à celle des Poissons. Ces observations restèrent longtemps isolées. En 1876, l'étude de l'apparition des contractions du cœur chez l'embryon du Poulet fut reprise avec le plus grand soin par Mathias Duval et Laborde. En 1884, Künckel d'Herculais note la suspension des mouvements du cœur chez divers Insectes pendant la métamorphose. La formation des éléments figurés du sang est l'objet des recherches méthodiques de Hayem (1877, 1879), de G. Pouchet (1870, 1877, 1878, 1880), de Malassez (1881); dès l'année 1868, à la suite d'une communication de Lortet qui fut l'occasion d'intéressantes observations de Cornil, Hayem, Ranvier, on voit que l'idée de la genèse spontanée des leucocytes dans les blastèmes n'a presque plus de partisans à la Société. Les recherches d'Ollier sur la production des os au moyen de la transplantation du périoste commencent en 1858; ses premières expériences sur ce sujet, qu'il devait faire si complètement sien et qui le conduisirent à des applications chirurgicales si heureuses, furent présentées à la Société le 13 novembre de cette année. L'importante question du mécanisme de la métamorphose a donné lieu, depuis l'année dernière, à la publication de nombreux faits d'un haut intérêt, dus à Giard (1898) et à quelques jeunes travailleurs étrangers à la Société, tels que Anglas, Terre (1899); dès la communication de Metchnikoff (1892) sur l'atrophie des muscles pendant la métamorphose des Batraciens, on pouvait aisément prévoir que cette question serait des plus fécondes. A mentionner encore toute une série d'expériences instructives qui concernent les fonctions des animaux nouveau-nés; on sait que beaucoup de phénomènes physiologiques ne se passent pas chez ces animaux comme chez les adultes; rien de plus utile que l'analyse de ces différences pour la connaissance du développement des diverses fonctions; c'est ce que montrent les expériences de P. Bert (1869) sur la résistance des nouveau-nés à plusieurs poisons, strychnine, digitaline; de Bochefontaine (1877) et de Gley (1892) sur les effets des excitations électriques directes du myocarde chez ces animaux; de J. de Tarchanoff (1878) et de J.-P. Langlois (1889) sur les centres dits psycho-moteurs; de J.-P. Langlois, en collaboration avec Charrin ou avec Rehns (1899), sur l'action physiologique de l'extrait surrénal de fœtus ou de nouveau-nés.

Ainsi s'élargit la voie que William Edwards, au commencement de ce siècle, avait ouverte par ses belles expériences sur la température des nouveaunés 1 et qui était restée trop longtemps inexplorée.

V bis

Cette revue de l'œuvre physiologique présentée à la Société ne serait point complète s'il n'était ici question des recherches de pharmacologie expérimentale dont les résultats y furent si souvent produits. Il n'est guère en effet de substances toxiques et médicamenteuses qui, au cours de ces cinquante années, n'aient été l'objet de quelque étude plus ou moins détaillée. Sous l'influence de Claude Bernard, puis de Vulpian, on fit porter autant que

1. William EDWARDS. De l'influence des agents physiques sur la vie. Paris, 1824.

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