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le signalement, partoit de Vienne & devoit paffer à Venise allant furtivement dans l'Abruzze, chargé d'y faire foulever le peuple à l'approche des Autrichiens.

En l'abfence de M. le comte de M....... qui ne s'intéressoit à rien, je fis paffer à M. le marquis de l'H.....l cet avis si àpropos, que c'est peut-être à ce pauvre Jean-Jaques fi bafoué, que la maison de Bourbon doit la conservation du royaume de Naples.

Le marquis de l'H..... 1 en remerciant fon collégue, comme il étoit juste, lui - parla de son secrétaire & du service qu'il i venoit de rendre à la cause commune.

Le comte de M......., qui avoit à se reprocher sa négligence dans cette affaire, crut entrevoir dans ce compliment un reproche, & m'en parla avec humeur. J'avois été dans le cas d'en user avec le comte de Ce ambassadeur à Conftantinople comme avec le marquis de l'H.....1, quoiqu'en choses moins importantes. Comme il n'y avoit point d'autre poste pour Constantinople que les courriers que le sénat envoyoit de temps en temps à son Bayle, on donnoit avis du départ de ces courriers à l'ambassadeur de France, pour qu'il pût écrire par cette voie à son collégue, s'il le jugeoit à propos. Cet avis venoit d'ordinaire un jour ou deux à l'avance: mais on faifoit si peu de cas de M. de M....... qu'on se contentoit d'envoyer chez lui, pour la forme, une heure ou deux avant le départ du courrier; ce qui me mit plusieurs fois dans le cas de faire la dépêche en fon abfence. M. de C........e en y répondant, faisoit mention de moi en termes honnêtes; autant en faifoit à Gênes M. de Jonville; autant de nouveaux griefs.

J'avoue que je ne fuyois pas l'occafion de me faire connoître; mais je ne la cherchois pas non plus hors de pro pos, & il me paroiffoit fort juste, en servant bien, d'aspirer au prix naturel des bons services, qui est l'estime de ceux qui font en état d'en juger & de les récompenfer. Je ne dirai pas fi mon exactitude à remplir mes fonctions étoit de la part de l'ambassadeur un légitime sujet de plainte, mais je dirai bien que

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c'est le seul qu'il ait articulé jusqu'au jour de notre séparation.

Sa maison, qu'il n'avoit jamais mife sur un trap bon pied, se remplissoit de canaille: les François y étoient mal traités, les Italiens y prenoient l'ascendant, & même parmi eux les bons serviteurs, attachés depuis long-temps à l'ambassade, furent tous mal - honnêtement chaffés entr'autres fon premier gentilhomme, qui l'avoit été du comte de F.....y, & qu'on appeloit je crois le comte Peati, ou d'un nom très-approchant. Le second gentilhomme, du choix de M. de M...... étoit un bandit de Mantoue appelé Dominique Vitali, à qui l'ambassadeur confia le foin de fa maifon, & qui, à force de patelinage & de basse lésine obtint sa confiance & devint son favori, au grand préjudice du peu d'honnêtes gens qui y étoient encore, & du secrétaire qui étoit à leur tête. L'œil intègre d'un honnête homme est toujours inquiétant pour les fripons. Il n'en auroit pas fallu davantage pour que celui - ci me prît en haine; mais cette haine avoit une autre cause encore, qui la rendit Second Suppl. Tome I.

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bien plus cruelle. Il faut dire cette cause, afin qu'on me condamne, fi j'avois

tort.

L'ambassadeur avoit, selon l'usage, une loge à chacun des cinq spectacles. Tous les jours à dîner il nommoit le théâtre où il vouloit aller ce jour-là; je choisisfois après lui, & les gentilshommes disposoient des autres loges. Je prenois en fortant la clef de la loge que j'avois choifie. Un jour Vitali n'étant pas là je chargeai le valet-de-pied qui me fervoit de m'apporter la mienne dans une maison que je lui indiquai. Vitali au lieu de m'envoyer ma clef, dit qu'il en avoit disposé. J'étois d'autant plus outré, que le valet - de - pied m'avoit rendu compte de ma commiffion devant tout le monde. Le foir, Vitali voulut me dire quelques mots d'excuse que je ne reçus point. Demain, Monfieur, lui dis-je, vous viendrez me les faire à telle heure dans la maison où j'ai reçu l'affront & devant les gens qui en ont été témoins, ou après demain; quoiqu'il arrive, je vous déclare que vous ou moi sortirons d'ici. Ce ton décidé lui en

impofa. Il vint au lieu & à l'heure, me faire des excuses publiques avec une baffeffe digne de lui: mais il prit à loifir fes mesures, & tout en me faisant de grandes courbettes, il travailla tellement à la fourdine, que, ne pouvant porter Tambaffadeur à me donner mon congé, il me mit dans la nécessité de le prendre.

Un pareil miférable n'étoit assurément pas fait pour me connoître, mais il connoiffoit de moi ce qui servoit à ses vues. 0.11 me connoiffoit bon & doux à l'excès, pour supporter des torts involontaires, fier & peu endurant pour des offenses préméditées, aimant la décence & la diIgnité dans les choses convenables, & non moins exigeant pour l'honneur qui m'étoit dû, qu'attentif à rendre celui que je devois aux autres. C'est par-là qu'il entreprit & vint à bout de me rebuter. Il mit la maison sens-dessus-dessous, il en ôta ce que j'avois tâché d'y maintenir de règle, de fubordination, de propreté, d'ordre. Une maison sans femme a besoin d'une discipline un peu févère pour y faire régner la modestie inséparable de la dignité. Il fit bientôt de la

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