infatigable obstination à me contrarier éternellement sur mes goûts, mes penchans, ma manière de vivre, fur tout ce qui n'intéressoit que moi seul; révolté de voir un homme plus jeune que mơi vouloir à toute force me gouverner comme un enfant, rebuté de fa facilité à promettre, & de fa négligence à tenir; ennuyé de tant de rendez-vous donnés & manqués de fa part, & de fa fantaisie d'en donner toujours de nouveaux pour y manquer derechef; gêné de l'attendre inutilement trois ou quatre fois par mois, les jours marqués par luimême, & de diner feul le foir, après être allé au devant de lui jusqu'à St. Denis, & l'avoir attendu toute la journée, j'avois déjà le cœur plein de fes torts multipliés. Ce dernier me parut plus grave & me navra davantage. Je lui écrivis pour m'en plaindre, mais avec une douceur & un attendrissement qui me fit inonder mon papier de mes larmes, & ma lettre étoit affez touchante pour avoir dù lui en tirer. On ne devineroit jamais qu'elle fut fa réponse fur cet article; la voici mot pour mot. " Je 1 دو دو qu'est - ce qu'elle veut donc dire ? Je l'ai relue plus de vingt-cinq fois. En „ vérité, je n'y comprends rien. J'y vois seulement que vous êtes inquiet & tourmenté, & que vous attendez que vous ne le foyez plus pour m'en parler. Mon cher ami, est-ce là ce dont ,, nous étions convenus? qu'est - donc devenue cette amitié, cette confiance, & comment l'ai-je perdue? Est-ce contre moi ou pour moi que vous êtes fâché? Quoiqu'il en foit, venez dès ce ,, foir, je vous en conjure; fouvenezوو vous que vous m'avez promis, il n'y دو دو دو دو دو دو a pas huit jours, de ne rien garder fur le cœur, & de me parler sur le champ. Mon cher ami, je vis dans cette con,, fiance.... Tenez, je viens encore de دد lire votre lettre; je n'y conçois pas da,, vantage, mais elle me fait trembler.ll me ,, semble que vous êtes cruellement agité. Je voudrois vous calmer, mais comme „j'ignore le sujet de vos inquiétudes, je ,, ne fais que vous dire, finon que me voilà tout auffi malheureuse que vous, „ jusqu'à ce que je vous aie vu. Si vous ,, n'êtes pas ici ce soir à fix heures, je » pars demain pour l'Hermitage quelque 5, temps qu'il faffe & dans quelqu'état „ que je fois; car je ne faurois tenir à ,, cette inquiétude. Bonjour, mon cher „bon ami. A tout hafard, je risque de „vous dire, fans savoir fi vous en avez „besoin ou non, de tâcher de prendre „garde & d'arrêter les progrès que fait „ l'inquiétude dans la folitude. Une mouche devient un monftre, je l'ai fou„ vent éprouvé.,, دو دد Réponse. Je ne puis vous aller voir, ni rece» voir votre vifite, tant que durera l'in„ quiétude où je fuis. La confiance dont دو vous parlez, n'est plus, & il ne vous وو fera pas aifé de la recouvrer. Je ne vois ,, à préfent dans votre empressement que , le défir de tirer des aveux d'autrui, „ quelqu'avantage qui convienne à vos , vues, & mon cœur fi prompt à s'épan دو cher dans un cœur qui s'ouvre pour „le recevoir, se ferme à la rufe & à ,, la finesse. Je reconnois votre adresse ,, ordinaire dans la difficulté que vous „ trouvez à comprendre mon billet. Me >> croyez - vous affez dupe pour penfer & furtout sa durée, pendant trois mois d'irritation continuelle & de privation, me jeta dans un épuisement dont je n'ai pu me tirer de plusieurs années, & finit par me donner une incommodité que j'emporterai, ou qui m'emportera au tombeau. Telle a été la seule jouissance amoureuse de l'homme du tempérament le plus combustible, mais le plus timide en même temps, que peut-être la nature ait jamais produit. Tels ont été les derniers beaux jours qui m'ayent été comptés sur la terre: ici commence le long tissu des malheurs de ma vie, où l'on verra peu d'interruption. On a vu dans tout le cours de ma vie, que mon cœur transparent comme le cristal, n'a jamais fu cacher, durant une minute entière, un sentiment un peu vif qui s'y fût réfugié. Qu'on juge s'il me fut poffible de cacher long - temps mon amour pour Mde. d'H....... Notre intimité frappoit tous les yeux, nous n'y mettions ni fecret ni mystère. Elle n'étoit pas de nature à en avoir besoin, & comme Mde. d'H....... avoit pour moi l'amitié la plus tendre, qu'elle ne se repro onnions choit point; que j'avois pour elle une eftime dont personne ne connoissoit mieux que moi toute la justice; elle, franche, distraite, étourdie: moi, vrai, mal-adroit, fier, impatient, emporté, nous encore fur nous, dans notre trompeuse fécurité, beaucoup plus de prises que nous n'aurions fait, fi nous en euffions été coupables. Nous allions l'un & l'autre à la C.......e; nous nous y trouvions souvent ensemble, quelquefois même par rendez - vous. Nous y vivions à notre ordinaire; nous promenant tous les jours tête-à-tête en parlant de nos amours, de nos devoirs, de notre ami, de nos innocens projets, dans le parc, vis-à-vis l'appartement de Mde. D'.....y, fous, fes fenêtres, d'où, ne ceffant de nous examiner, & se croyant bravée, elle affouvissoit fon cœur par ses yeux, de rage & d'indignation. Les femmes ont toutes l'art de cacher leur fureur, furtout quand elle est vive, Mde. D'.....y, violente mais réfléchie, possède furtout cet art éminemment. Elle feignit de ne rien voir, de ne rien foupçonner, & dans le même temps qu'elle |