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Plutarque est le plus judicieux auteur du monde.

MONTAIGNE, fllet. 388, éd. de Paris, in-40. 1588.

DU TRAITÉ PREMIER,

S'IL EST LOISIBLE DE MANGER CHAIR.

Répugnance naturelle à manger de la chair des animaux. II. La cruelle nécessité pût seule y contraindre les premiers homines. III. Ils se nourrissoient de mousse, de glands, etc. IV. Ingratitude, cruauté et sensualité à manger de la chair. VII. La nature n'a pas destiné l'homme à étre carnivore. VIII. Excellente réponse d'un Lacédémonien. IX. Nous changeons le goût, l'odeur, la couleur, le nom méme de la chair, pour nous déterminer à en manger. X. Diogène veut vaincre cette répugnance: il mange de la chair crue. XI. La chair fortifie le corps au détriment de l'ame. XII. Humanité à ne point maltraiter les animaux. XIII. Raison de ne point manger de la chair, tirée de la métempsycóse.

SOMMAIRE DU TRAITÉ SECOND.

L'habitude veut qu'on mange de la chair. II. Recherches cruelles et dégoûtantes de la sensualité, III. Suites honteuses et terribles de l'intempérance. IV. Lycurgue les prévient par une loi sage. V. Il faut étre avare de la vie des bétes. VI. Moeurs des carnivores et des frugivores. VII. Les hommes se sont Tome XVII.

A

habitués à l'effusion du sang en cherchant à détruire la race des calomniateurs et des bétes malfaisantes. VIII. L'opinion vraie ou fausse de la métempsycose doit empêcher de manger de la chair. IX. Les Stoïciens prétendent qu'on doit en manger

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DE PLUTAR QUE.

S'IL EST LOISIBLE

DE MANGER CHAIR 1.

TRAITÉ

PREMIER.

Tu me demandes pour quelle raison Pythagoras a

s'abstenoit de manger de la chair, mais au contraire je m'esmerveille moy, quelle affection, quel courage, ou quelle raison eut oncques l'homme qui le premier approcha de sa bouche une chair meurtrie, qui oza toucher de ses levres la chair d'une beste morte, et comment il feit servir à sa table des corps morts, et par maniere de dire des idoles, et faire viande et nourriture des membres qui peu devant besloient, mugissoient, marchoient,

Ce sont lambeaux de déclamation qu'il avoit escriptes jeune par son exercice, mais tout y est corrompu et imparfaict. Amyot. Aussi ne faut il y chercher rien de satisfaisant sur l'usage de la chair des animaux, considérée comine un aliment utile ou nuisible à l'homme. Voyez les Observations.

2 Voyez ce premier Traité, ch. 13, et le second, ch. 8, où Plutarque tire du dogme de la métempsycôse la principale raison pour laquelle il veut que l'on s'abstienne de manger de la chair.

et voyoient. Comment peurent ses yeux souffrir de voir un meurtre? de voir tuer, escorcher, demem brer une pauvre beste? comment en peut son odorement supporter la senteur? comment est-ce que son goust ne fust degousté par horreur, quand il vint à manier l'ordure des bleceures, quand il vint à recevoir le sang et le jus sortant des playes mortelles d'autruy?

Les peaux rampoient sur la terre escorchées,
Les chairs aussi mugissoient embrochées,
Cuites autant que crues, et estoit

Semblable aux boeufs la vo ix qui en sortoit.

C'est une fiction poëtique et une fable que cela: Mais cecy certainement fut un soupper estrange et monstrueux, avoir faim de manger des bestes qui mugissoient encore, enseigner à se nourrir des animaux qui vivoient et crioient encore, ordonner comment il les falloit accoustrer ou rostir, et les presenter sur la table.

II. 2 C'estoit celuy là qui commencea le premier qui s'en devoit enquerir, non celuy qui cessa bien tard le dernier: ou bien on pourroit dire que ces premiers là, qui, commancerent à manger de la chair, eurent toutes causes de ce faire pour leur disette et necessité: car ce ne fut point par appetits desordonnez qu'ils eussent pris de longue main, ny par trop d'abondance des choses necessaires, 1 Odyssée XII, 395.

• C'est celui-là qui commença le premier qu'il faudroit chercher, et non celui qui cessa, etc. G.

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