DICTIONNAIRE FRANÇOIS DE LA LANGUE ORATOIRE ET POÉTIQUE, SUIVI D'UN VOCABULAIRE DE TOUS LES MOTS QUI APPARTIENNENT F ins FABLE, s. f., chose faite et inventée pour truire et pour divertir. Fable morale. Fable mysterieuse. Les fables d'Esope, de Phedre, de La Fontaine. Sous le voile des fables. La moralité des fables. DICT. DE L'ACAD. Et pour t'en dire ici la raison historique, Souffre que je l'habille en fable allégorique. BOIL. (Voyez conclure, historien, vrai. ) FABLE, se prend aussi dans un sens collectif, pour signifier toutes les fables de l'antiquité paienne. Il est savant dans la fable. Il possede bien la fable. Les dieux de la fable. La religion des païens est fondée sur la fable. L'étude de la fable doit précéder celle de l'antiquité. DIC. DE L'A. « C'est dans les principaux traits de cette his»toire divine, que les fables du paganisme trou>> vèrent leur fondement. Les premiers con» quérans sont plus connus par les fables et par MASS. » les romans, que par les histoires. » La fable offre à l'esprit mille agrémens divers. Mais je te dirai, moi, sans alléguer la fable. BOIL. (Voyez incroyable, ressembler,) FABLE, se prend aussi, dans le même sens, pour le sujet d'un poëme épique, d'un poëme dramatique, d'un roman. La construction de la fable d'un tel poëme. La fable est bien disposée, bien conduite. FABLE, signifie aussi fausseté, chose controuvée. Vous nous contez des fubles. Je tiens cela pour une fable. Cette aventure est bien vraie, ce n'est pas une fuble. DICT. DE L'ACAD. Mais peut-être j'invente une fable frivole. Remplir leurs esprits de falles et de songes. Si quelque esprit malin les veut traiter de fables. (Traiter tes exploits de fables.) BOIL. Me tronblant par des fables," (I) grossit, pour se sauver, le nombre des coupables. RACINE. On dit qu'un homme est la fable du peuple, la fable de tout le monde, la fable de la ville, pour dire, qu'il est la risée de tout le monde, la risée de tout le peuple. DICT DE L'ACAD. RAC. Sur le haut Hélicon, leur veine méprisée Fut toujours des neuf sœurs la fable et la risée. BOIL. Suis-je, sans le savoir, la fable de l'armée. Tandis que je serai la fable de l'Épire. FABRICANT, s. m. (quelques-uns écrivent fabriquant), qui entretient un ou plusieurs métiers où l'on travaille à des étoffes de soie, de laine, etc. C'est le plus gros fabricant de Lyon. FABRICATEUR, s. m. Il ne se dit guère au propre qu'en cette phrase: Fabricateur de fausse monnoie. On dit figurément, fabricateur de faux actes, comme d'un contrat, d'un testament, d'une transaction, etc. On dit de même, fabricateur de nouvelles DICT. DE L'ACAD. On dit figurément, la fabrication d'un faux acte. DICT. DE L'ACAD. FABRIQUE, s. f., construction d'un édifice. Il ne se dit guère qu'en parlant des églises. Un fonds destine pour la fubrique d'une église paroissiale. FABRIQUE, en parlant d'une église paroissiale, signifie aussi tout ce qui appartient à cette église, tant pour les fonds et les revenus affectés à l'entretien et à la réparation de l'église que pour argenterie, le luminaire, les ornemens, etc. La fubrique de cette église est trèsriche. Quéter pour la fabrique. FABRIQUE, signifie aussi la façon de certains ouvrages et de certaines manufactures. La fabrique des monnoies. La fabrique des étoffes de soie, des draps, des chapeaux, des futairs, etc. Ce drap est de bonne fabrique. La fabrique en est belle, en est bonne. Il se dit aussi du lieu même où l'on fabrique. Des draps de la fabrique d'Abbeville. de Il se dit aussi de la manière de construire, l'aspect d'un bâtiment considérable. Belle fabrique. Riche fabrique. Fabrique élégante. DICT. FABRIQUER, v. act., faire certains ouvrages manuels. Fabriquer de la monnoie. Fabriquer des drups. Fabricmer des étoffles de soie, des cha peaux, des bas, etc. On dit figurément, fubriquer un mensonge, une calomnie, pour dire, controuver, inventer un mensonge, une calomnie; et, dans le même sens à peu près, fabriquer une pièce, fabriquer un testament, une donation, etc., pour dire, une fausse pièce, un faux acte, un faux testament, etc. DICT. DE L'ACAD. Les cinq dogmes fameux par ta main fabriqués. BOIL: FABRIQUE, participe. On dit figurément et familièrement, une histoire fabriquée, des lois fabriquées , pour dire, une histoire fausse et controuvée, des lois inventées. FABULEUSEMENT, adv., d'une manière fabuleuse. Cette histoire est écrite fabuleusement. FABULEUX, EUSE, adj., feint, controuvé, inventé. Cela est fabuleux Livre fabuleux. Histoire fabuleuse. Narration fabuleuse. Les divinités fabuleuses. L'histoire des temps fabuleux. DICT, DE L'ACAD. FAÇADE, s. f., face ou côté d'un grand bâtiment. Il se dit particulièrement du côté par lequel on entre. La façade d'une église. La façade d'un palais. La façade du Louvre. FACE, s. f., visage. Dans le sérieux, il ne se dit en ce sens, qu'en parlant de Dieu. Dieu détourne sa face du pécheur. Devant la face du Seigneur. Vir Dieu face à face. On dit: Couvrir la face. Se couvrir la face. Voir en face. Regarder en face. Je lui ai dit en face. Soutenir en face. Résister en face. Reprocher en face. Dans ces sortes de phrases, en face signifie en présence. DICT. DE L'ACAD. Pyrrhus m'a reconnu, mais sans changer de face. RACINE. Docte abbé, de ce pas j'irai dire à leur face, etc, BOILEAU. FACE, se dit aussi de la superficie des choses corporelles. La face de la terre. La face de la mer. En ce sens, on dit, en termes de l'Écri- | ture sainte, la face des eaux, la face des abimes. DICT. DE L'ACAD. « Cette race impie qui couvroit alors toute la » face de la terre. Répandus sur la face de » la terre. >>> MASS. Répandus sur la terre, ils en couvroient la fare. On appelle face d'un corps ou d'un solide, en géométrie, une des figures qui composent la superficie. Toutes les faces d'un cube sont des carrés. FACE, se dit aussi du devant d'un édifice, ou d'une de ses parties considérables. La face d'une maison. Le bâtiment a tant de toises de face. La face du côté de la cour. La face du côté du jardin. La face du côté du levant. Ce palais a une belle face, a une longue avenue en face, est imposant à voir de face. DICT. DE L'ACAD. S'il rencontre un palais, il m'en dépeint la face. D'un salon qu'on élève il condamne la face. BOIL. FAIRE FACE, façon de parler dont on se sert en termes de guerre, pour marquer le côté vers lequel une armée campée ou rangée en bataille présente le front. L'armée étoit campée ayant un bois à sa gauche, un ruisseau à sa droite, et faisant face à la plaine du côté des ennemis. Ou dit d'un bataillon, qu'il fait face de tous cótés, quand il est rangé en bataille de telle sorte que, de quelque côte que les ennemis puissent l'attaquer, il leur présente les armes. FAIRE FACE, se dit aussi, au figuré, en par | lant de quelqu'un qui est en état de satisfaire à ses engagemens, ou en état d'agir, quoi qu'il arrive. On dit, faire volte-face, pour signifier, se retourner pour faire tête. Les ennemis fuirent jusqu'à un certain endroit où ils firent volleface. FACE, se dit figurément de l'état, de la situation des affaires. Telle étoit alors la face des af faires. Cette mort changea toute la face des affaires. Depuis cela, les affaires ont bien changé de face, ont pris une autre face, toute une autre face. La face de l'Europe a bien changé depuis Charles-Quint. On dit qu'une affaire a plusieurs faces, pour dire qu'elle peut être considérée sous plusieurs aspects, sous plusieurs rapports. DICT. DE L'AC. «Le royaume changea de face comme la capi» tale. Changer la face entière d'une nation. >> -Dieu, qui change sans cesse la face de l'uni» vers. Il faut que tout change de face sur la Tous les événemens dont les faces » différentes font porter des jugemens divers. » MASSILLON. » terre. Albe et Rome demain prendront une autre face. RAC. Ma fortune va prendre une face nouvelle. J'ai parlé, tout a changé de face. Et changer tous les ans la fuce de l'État. D'un secret tout à coup la vérité connue, Change tout, donne à tout une face imprévue, BOIL. En Face, vis-à-vis. En face du château est un beau canal. DICT. DE L'ACAD. « De quelque côté qu'on se tourne en cette » vie, on voit toujours la mort en face. » Boss. A LA FACE, façon de parler adverbiale, pour dire, en présence de... à la vue de... À la face de la cour. A la face du parlement. A la face de la justice. A la face de l'univers. À la face DICT. DE L'ACAD. des autels. FACÉTIE, s. f. (TI se prononce comme C[ dans ce mot et les suivans), bouffonnerie, plaisanterie de paroles ou de gestes, pour divertir, pour faire rire. Il y a souvent de la bassesse dans la facétie. Un livre de facéties. FACÉTIEUSEMENT, adv., d'une manière facétieuse. Il nous a conté cela facétieusement. FACÉTIEUX, EUSE, adj., plaisant, qui divertit, qui fait rire. C'est un homme fort facetieux. Un esprit facétieux. Un conte facétieux. Une histoire facétieuse. FACETTE, s. f., diminutif, petite face. L'un des côtés d'un corps qui a plusieurs petits côtés. Diamant taillé facette. Avec un microscope, on découvre plusieurs fucettes dans les plus petits grains de sable. facher personne. C'est un homme qu'il ne faut FÂCHER, v. a., mettre en colère. Il ne faut point fächer, qu'il est dangereux de fächer. Il signifie aussi, causer du déplaisir. Prenez garde de le facher. Sa mort m'a extrémement | faché, Je suis fáché de ce que vous ne m'avez pas BOIL. Mais ne nous fáchons point. Se fache est trop foible, trop du style familier. (Remarque de Voltaire.) Il se dit aussi à l'impersonnel. Il me fáche, il lui fáche, pour dire, je suis chagrin, je suis affligé; il est chagrin, il est afflige de... Il me fache bien de vous quitter. Il lui fächeroit fort de perdre sa charge. DICT. DE L'ACAD. Il te fáche en ces lieux d'abandonner ta proie. RAC. FACHEUX, EUSE, adj., qui fache, gui donne du chagrin. Facheux accident. Facheuse nouvelle. Mal fâcheux. Fâcheuse condition. Il est dans un fâcheux état. C'est une chose fácheuse que d'avoir affaire à des gens qui n'entendent DICT. DE L'ACAD. pas raison. « Il faut supporter les maux, et les remèdes » aussi fácheux que les maux mêmes. » FLÉCH. Pardonnez-moi ce mot, il est fdcheux à dire. (Voyez parole.) Mais n'examinons pas ces questions fâcheuses. De fácheuses nouvelles. Qu'a de fâcheux pour toi ce discours populaire? Ce fâcheux entretien. Un fácheur concurrent. Quel fácheur démon, etc. CORNEILLE. RAC. Censenr un peu fâcheux, mais souvent nécessaire. Un fácheux éclat. BOIL. Un souvenir fâcheux. cheux. Il signifie aussi, malaisé à contenter, bizarre, peu traitable. C'est un fácheux personnage. On ne sait comment vivre avec lui; c'est un esprit fâcheux, un naturel fâcheux. Humeur fácheuse. Il est facheux dans son domestique. DICT. DE L'A. « L'arrivée d'un maitre fâcheux. » Boss. BOIL. On dit impersonnellement, il est facheux, pour dire, c'est une chose triste, désagréable. Il est facheux d'étre trompé. DICT. DE L ACAD. Il est fâcheux de se voir sans lecteur. FACHEUX, se met quelquefois substantivement, et alors il signifie homme incommode et importun. C'est un facheux. Je hais les fâcheux. La comédie des Fácheux. DICT. DE L'ACAD. Au lieu de quatre amis qu'on attendoit le soir, Quelquefois de fácheux arrivent trois volées. La fâcheuse a pour nous des rigueurs sans pareilles. exécuter sans peine. Il n'y a rien de si facile. Cela est facile à dire, et non à faire. Il est facile de vous contenter. C'est une chose facile, très-facile. DICT. DE L'ACAD. Un moyen « Il lui étoit facile de se venger. » si sûr et si facile d'établir la fortune de son » fils.» (Voyez loi.) FLECH. « Plus vous en rendez l'accès facile à vos su» jets, plus, etc. » MASS. BOIL. RAC. On dit qu'un homme est de facile accès, your dire qu'il est aisé de l'aborder et de lui parler. DICT. DE L'ACAD. FACILE A. « Une piété crédule, facile à recevoir l'imMASS. »pression des préjugés. » Je me sens sur ce point trop facile à confondre. Pays facile à troubler. — Facile à séduire. Un trouble facile à calmer. BOIL. Un coeur facile d s'attendrir. - Facile à s'apaiser. RAC. Trop fucile à me laisser tromper. On dit, un esprit facile, un génie facile, pour dire, un esprit, un génie qui fait tout aisément et sans peine ; un auteur facile, pour dire un auteur aisé à entendre; un style facile, pour dire un style aisé, naturel, qui paroit n'avoir point coûté. On dit eucore, un pinceau, un ciseau, un burin facile, en parlant d'un tableau, d'une sculpture, d'une gravure qui semble n'avoir point coûté de peine à l'artiste. FACILE, signifie aussi condescendant, commode pour le commerce ordinaire de la vie. C'est un homme facile, d'une humeur traitable et facile. Elre d'un naturel doux et facile. Avoir les mœurs faciles. DICT. DE L'ACAD. «Y eut-il jamais un esprit plus doux, plus » facile ? » D'une mère facile affectez l'indulgence.. FLÉCH. RAC. Si mon cœur de tout temps facile à tes désirs. BorL. FACILE, se dit aussi quelquefois eu mauvaise part, d'une personne qui n'est pas ferme dans les occasions où il le faut être, mais qui se laisse aller trop aisément. C'est un homme trop facile; on lui fait faire tout ce qu'on veut. Mari fàcile. Femme facile. DICT. DE L'ACAD. FACILEMENT, adv., aisément, avec facilité sans peine Faire facilement toutes choses. Ĥ parle, il écrit, il peint facilement. DICT. DE L'AC. « Pour arriver plus facilement à leurs fins. » FLÉCHIER. (Voyez ruisseau.) Il no « Des obstacles facilement écartés. » croit pas facilement le mal. » (Voyez se déMASS. partir.). FACILITÉ, s. f., moyen, manière facile de faire, de dire, etc. Cela se peut faire avec facilité. Vous trouverez de grandes facilités dans cette affaire. Il a une grande facilité de parler, de s'expliquer. On n'a toujours que trop de facilité à mal faire. DICT. DE L'ACAD. « Vous ne cherchez dans votre crédit que la |