AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR. L'OUVRAGE OUVRAGE que je présente au public, est un extrait de la volumineuse collection, connue sous le titre de Mémoires secrets de la république des lettres. Ils durent leur naissance au soin que pre. nait, M. de Bachaumont, homme de goût et fort instruit, de ramasser avec une scrupuleuse exactitude, tout ce qu'il pouvait se procurer de piquant et de curieux dans tous les genres. Il classait ces matériaux chronologiquement et en composait une espèce de journal, semblable à celui de l'Etoile, du tems de la ligue, et de nos jours à celui de Collé. M. de Bachaumont était de la société d'une Mme. Doublet, qui tenait alors à Paris, ce que l'on appelait un bureau d'esprit ; c'est-à-dire, qui réunissait chez elle, des gens de lettres, comme le faisaient Mme. de Tencin, et depuis Mme. Dudeffaut, Mme. Geoffrin et Mlle. Lespinasse. Il fit part de son travail à Mme. Doublet, qui trouvant cet idée 1 assez originale, voulut suivre cet exemple et ouvrit chez elle un registre où chaque personne de sa société écrivait ce qu'elle avait appris dans la journée, et ces différentes pièces y étaient maintenues ou rejettées selon qu'elles étaient jugées bonnes ou mauvaises par les co-opérateurs de ce travail. Le commencement de ce journal étant tombé entre les mains de quelques gens de lettres, ils eurent l'idée de le rendre public; et cet essai ayant complètement réussi, ils formèrent le projet de le continuer, et ont successivement fait part de leur travail, qui par livraisons s'est élevé jusqu'à trente-six volumes. Dès l'instant que cette compilation devint une spéculation de librairie, elle commença à dégénérer, on visa au volume et dès-lors, il fallut enterrer les anecdotes curieuses, sous un fatras de choses absolument insignifiantes. la Il n'est personne qui n'ait été repoussé par lecture de ces trente-six volumes, qui, pour quelques morceaux intéressans, n'offraient que des dissertations ennuyeuses sur des ouvrages, qui depuis ont été dans les mains de tout le monde, ou que leur médiocrité a fait oublier; sur des affaires qui faisant beaucoup de bruit à cette époque, ne sont restées dans la mémoire de personne, et auxquelles on ne prend plus le moindre intérêt; sur les débats des parlements, des jésuites, des chanceliers, etc., etc., qui ne peuvent piquer la curiosité que du côté plaisant, et c'est sous ce point de vue que je les ai conservés, et qui, sous le rapport historique, se trouvent plus longuement et plus fidèlement rapportés dans des ouvrages ad hoc. Enfin, les derniers volumes de cette collection ne sont presque plus remplis que de matières de jurisprudence, d'extraits, de factums, de plaidoyers, de réquisitoires, etc., qui vous mettent dans le cas de dire, à chaque instant avec Boileau : Je saute vingt feuillets pour en trouver la fin, Je n'ai pourtant pas exclu de ce recueil tout ce qui tenait aux affaires marquantes, et l'on y trouvera rapporté avec assez de détail tout ce qui a trait à la fameuse affaire du Collier. J'ai pensé qu'on retrouverait avec plaisir les pièces satiriques auxquelles elle avait donné lieu. Cette collection, imprimée en pays étranger, donnait aux éditeurs la facilité d'y insérer des pièces, dont les censeurs n'auraient pû, ni dû permettre l'impression en France, de ce nombre sont les pièces de vers sur les personnages titrés, les noëls sur la cour, si précieux à cause de la ressemblance des portraits; les épigrammes et les vaudevilles sur les gens en place, en un mot tout ce qui constitue les ouvrages défendus ou prohibés. Ainsi donc un choix qui n'aurait présenté que la quintessence des trente-six volumes, ne pouvait qu'être fort recherché, et c'est ce qui est arrrivé aux deux (1) qui ont été faits dans le tems, et qui malgré le mauvais choix des morceaux, le défaut d'ordre et le défaut plus grand encore de n'être pas complets ont été aussitôt vendus qu'imprimés. Ces deux recueils avaient laissé beaucoup à desirer, ils semblaient n'avoir été faits que pour amuser des enfans ou des oisifs; on y rapportait avec soin, les tours de filouterie, les morts tragiques, les suicides fameux et les exécutions de la Grêve; et l'on y avait omis tout ce qui n'avait qu'un intérêt purement littéraire. J'ai tâché de remédier à ces inconvéniens, en retranchant de cette édition tout ce qui m'a semblé puérile, et en réunissant toutes les anecdotes qui consacraient un point d'his (1) Le premier, sous le titre d'Anecdotes du dixhuitième siècle, en 2 vol,, qui ne contenaient que jusqu'à l'année 1783; c'est-à-dire, 24 vol. de la collection. Le second, intitulé Choix des Mémoires secrets, 2 vol. in-12, ne contenaient que 30 vol, |