consonnes, met n (qui est en partie formée par l'acuon des lèvres) sont bien moins susceptibles de se combiner que r ét 1, et sont sous ce rapport moins liquides que la sifflante s. Cette dernière, appartenant aux linguales. est si peu individualisée qu'à certains égards, elle est plus liquide que les consonnes liquides proprement dites, pouvant se joindre plus facilement que ces dernières à toute autre consonne; c'est pourquoi, dans différentes langues, la combinaison de la sifflante avec une autre consonne est marquee par un signe unique, par ex. le x latín, qui désigne la combinaison gs ou cs, le z italien, qui est égal à ds on 18, etc. A ces trois sons essentiellement liquides, s, r, l, on doit encore ajouter le y ou i consonne, qui peut se combiner avec un son initial, par ex. diable (= dja), et jusqu'à un certain point la muette linguale, qui peut se joindre à la muette gutturale ou labiale ou à la sistiante 8, par ex. lat. ptisana, status. TABLEAU DES SONS EN FRANÇAIS. 1. Comme il n'y a que trois organes articulateurs (gosier, langue et lèvres) et que la formation des sons par chacun de ces organes a lieu dans des degrés fixes d'articulation, toutes les langues ont un même nombre de sons principaux et élémentaires. Toutefois, outre les sons élémentaires, il y a encore des sons accessoires qui en dérivent, et les langues n'ont pas le même nombre de lettres dans leur alphabet, parce qu'elles expriment par ces signes un nombre plus ou moins grand de sons dérivés ou accessoires. «La série des sons articulés que peut émettre l'homme est aussi naturellement déterminée que la suite des tons de la gamme ou que l'ordre de dégradation des couleurs du spectre solaire. On ne peut franchir les limites tracées par ces lois naturelles. Il n'est pas possible d'imaginer une couleur en dehors des sept couleurs fondamentales, qui par leur mélange donnent une variété infinie de nnances. On chercherait vainement quelques voyelles en dehors des trois voyelles a, i, u (ou), qui ont donné naissance à l'e et à l'o. ainsi qu'aux diphtongues et aux longues, qui ne sont autre chose que des diphtongues contractées; il serait également impossible de changer en quelqu un de ses points fondamentaux l'ordre des semi-voyelles et des consonnes, dont les combinaisons sont en nombre pour ainsi dire illimité (1). » 2. Toutes les consonnes françaises, au nombre de 17, peuvent se grouper comme suit en ordres, degrés et familles. Chaque son est désigné dans ce tableau par la lettre qui lui est propre; toutefois le son z se rend le plus souvent par s, et devant e, i, les lettres c et g prennent, la première le son du s, et la seconde le son du j: place, gilet. La spirante gutturale faible ou i consonne peut se rendre non seulement par y, mais aussi par païen. La lettre x ne figure pas dans le tableau, parce qu'elle représente en général un son double (cs ou gz) : luxe, exact. Quoique l'élément matériel (la voix) domnine d'une manière absolue dans les voyelles, l'action des organes articulateurs n'est toutefois pas entièrement étrangère à la formation de ces sons. La facilité avec laquelle i se consonnifie en j (y) et u en v (w) prouve que i est principalement formé par l'action du palais, et u ou par celle des lèvres ('). On peut donc appeler i voyelle palatale et ou voyelle labiale; le a, selon Polt, est guttural et proche parent de h (2). Quant aux voyelles dérivées, e est une palatale, comme i; o une labiale, comme ou, enfin eu et u sont aussi des labiales ou des labio-dentales. DE LA COMBINAISON DES SONS. 1. Il n'y a, dans la langue, que les éléments opposés ou tout au moins hétérogenes qui puissent se combiner d'une manière organique. D'après ce principe, les sons de même ordre tout comme les sons de même degré ne peuvent pas facilement se fusionner. Les combinaisons de sons liquides, tels que rm, rn, rl, lm, ne se présentent qu'à la fin des mots, et seulement dans certaines langues. Il n'y a que les voyelles qui puissent facilement se réunir (diphtongues), parce que ce sont les sons les moins individualisés: toutefois, dans la combinaison des voyelles, on retrouve aussi l'application du principe d'après lequel deuz sons ne peuvent se fondre en une unité phonétique que quand l'un est moins individualisé que l'autre. Ls sons se combinent, au contraire, d'autant plus facilement et plus complètement qu'ils sont plus hétérogènes. C'est ainsi que toute voyelle peut se réunir à une consonne; et la consonne pour se faire entendre demande en général le con (1) C'est pour cette raison sans doute que la voyelle et la spirante avaient le même signe en latin, puisque la distinction graphique entre i et j, u et v, ne date que du XV• siècle. Ce fut un grammairien nommé Meigret, grand amateur de réformes, qui distingua par un signe différent le i consonante de i voyelle. Le même Meigret fut le premier qui plaça un accent aigu sur le prétendu e fermé; on lui doit encore l'invention de la cedille. Un autre grammairien du XVI' siècle, nommé Ramus (La Raméo), différencia le u voyelle du v consonne: toutefois le signe v existait déjà dans l'ancien français, mais v avait la valeur de u voyelle et ne se trouvait qu'au commencement des mots : Sour un cheual-coraunt (Lai du Corn, v. 37). (2) Pott; Forsch. II. 23. cours d'une voyelle. Les liquides et les muettes peuvent se combiner assez facilement, mais seulement de la manière suivante au commencement d'une syllabe, la muette peut être suivie d'une liquide, comme dans bras, et à la fin d'une syllabe la liquide peut être suivie d'une muette, comme dans port. Toutefois la facilité de la combinaison ne dépend pas seulement de l'hétérogénéité des sons, mais en même temps de leur nature et particulièrement de leur forme plus ou moins individualisée. Ainsi, dans tous les degrés d'articulation, les dentales ou linguales peuvent plus facilement se combiner avec d'autres sons que les gutturales ou les labiales, parce que celles-ci sont beaucoup plus individualisées que les premières. C'est pourquoi la dentale muette se joint à la gutturale et à la labiale dans les combinaisons allemandes kt, cht, pt, ft, et que la spirante linguale (s) se joint non seulement à toutes les liquides, mais encore à toutes les muettes ('). 2. En français, les combinaisons de sons sont beaucoup plus simples qu'en latin ou en allemand. La comparaison des dialectes populaires actuels conduit à poser les deux règles suivantes : a) Deux voyelles ne peuvent pas se faire entendre de suite, à moins qu'elles ne forment une diphtongue. Les exceptions sont nombreuses, mais elles sont souvent plus apparentes que réelles, ainsi prier se prononce avec un y placé entre les deux voyelles i et e: pri-yer. b) Deux consonnes ne peuvent pas se faire entendre de suite, à moins qu'elles ne forment une combinaison d'après les règles suivantes : 1° Une syllabe ne peut pas commencer avec deux consonnes, à moins que la première ne soit une muette et la seconde rou l, car alors la muette et la liquide ne forment qu'un seul et même son (§ 14); gros, écrire, dresser, tresser, ébranler, esprit, fracas, glace, classe, blanc, plan, flotte. On doit toutefois remarquer que ne peut pas s'unir aux linguales et d; r, au contraire, se joint, non seulement à toutes les muettes, mais encore aux spirantes f et v : front, vrai, pauvre, avril. 2o Une syllabe ne peut finir que par un son essentiellement liquide, c'est-à-dire par une voyelle, comme dans vérité, ou par r ou s (§ 14), mais, dans ce dernier cas, la syllabe suivante doit nécessairement commencer par une consonne, sans quoi le r ou les deviendrait le son initial de cette syllabe, par ex. pour r, qui peut être suivi de toute autre consonne cer-cle, (t) Gl. Becker, Ausf. deutsche Grammatik, § 29. or-gue, por-te, bor-der, bar-be, har-pe, her-se, par-ler, bor-ne, terme; pour s, qui ne peut être suivi que d'une muette forte: biscuit, es-pèce, pos-te. Si une syllabe se termine en latin par n ou m, ces deux sons liquides ne se font plus entendre en français, mais ils changent le son de la voyelle qui précède, c'est-à-dire que celle-ci devient nasale, par ex. man-teau, mon-de, aucun, impôt. L'application de cette dernière règle se fait d'une manière particulière à la fin des mots. Un principe général auquel la langue actuelle déroge souvent, c'est que la syllabe finale ne peut être terminée phonétiquement que par une voyelle, soit par un e muet, comme dans âme, soit par une voyelle sonore. Mais la voyelle sonore finale est suivie graphiquement d'une ou de deux consonnes étymologiques (1), qui ne se prononçaient point dans l'ancien français, où l'on disait fini (finir), mê (mer), mô (mort), bô (bord), vê (vers), comme nous disons encore aimé (aimer), salû (salut), etc. (2) DE LA SYLLA BE. 1. La syllabe peut commencer par une voyelle ou par une consonne simple ou composée dans es-piè-gle, la première syllabe commence par une voyelle, la deuxième par une consonne simple, et la troisième par une consonne composée. Une syllabe médiale ou finale ne peut commencer par une consonne composée que quand cette consonne est formée par la réunion d'une muette et d'une des liquides r, l. Des mots tels que inspirer, inscrire, instruire, conspirer, ne font pas exception, car ils sont composés au moyen des préfixes in, con, etc. 2. Dans l'intérieur des mots, la syllabe se termine par une voyelle (syllabe ouverte), comme dans cui-si-nier, ou par une consonne simple (syllabe fermée), surtout par r, s, n (m), quelquefois par 1, plus rarement par une autre consonne, comme c, p, t, x: cer-cle, cas-que, san-té, bal-con, ac-teur, ap-te, at-las, mix-te. (1) La consonne finale peut avoir été supprimée dans l'orthographe moderne, comme aila pour allat; dans les mots en eau, eu, ou, le u est mis pour l (v. § 38). (2) 11 va sans dire qu'il ne s'agit dans ce § que des mots francais formés d'une manière organique: dans les mots modernes, calqués sur le latin, la syllabe peut commencer à l'initiale par sc, st, sp, et se terminer par c, p, t, x, comme dans sculp-teur fone-tion, etc. (v. §17). AYER, Grammaire comparée. 3 3. La syllabe finale peut être muette ou sonore. Elle est muette, lorsqu'elle est formée du e muet précédé d'une consonne simple ou composée: ap-te, cer-cle. Elle est sonore, quand elle est formée d'une voyelle sonore (simple ou composée), qui est quelquefois suivie d'un e muet : al-la, vais-seau, val-lée, tor tue. La syllabe finale sonore est le plus souvent terminée par uné consonne simple, qui peut être précédée d'un r ou d'un n (m): hiver, rat, chaud, loup, port, froment, champ. 4. C'est d'après ces principes qu'il faut syllaber, c'est-à-dire décomposer les mots en syllabes. La règle générale est qu'une syllabe ne peut commencer que par une voyelle ou une consonne simple ou composée. Ainsi : ré-el, é-ther, por-che, si-gne, gg-nat, val-lon, pail-le, ap-te, isth-me, lec-teur, es-poir, dis-trict, gyp-se, sym-phonie, fonc-tion, etc. Cependant y se joint toujours à la première syllabe, contrairement à l'étymologie: pay-san, moy-en. DE L'ACCENT TONIQUE. 1. L'accent tonique (il serait mieux de dire, le temps fort) consiste dans l'intensité et non dans l'élévation de la voix, c'està-dire dans l'amplitude et non dans le nombre des vibrations (2) Si le mot est polysyllabe, il a toujours une syllabe dominante qui en est comme le centre et autour de laquelle les autres viennent se grouper; c'est cette syllabe qui est accentuée, c'està-dire prononcée avec plus de force que les autres, et on l'ap pelle tonique par opposition aux autres syllabes inaccentuées, qu'on nomme atones. 2. En français, l'accent tombe sur la derniere syllabe du mot, excepté quand ce mot est terminé par une syllabe muette, dans quel cas la syllabe finale, n'ayant pas de son sensible, ne peut porter l'accent; celui-ci recule donc sur la syllabe précédente, qui est la dernière sonore, bien qu'elle soit en réalité l'avant dernière du mot. L'accent relève donc toujours en français la dernière syllabe sonore du mot (2). Ainsi, dans la phrase suivante, l'accent tombe sur les syllabes rai, let et sin : J'écrirai une lettre à mon cousin. Si le mot ne renferme qu'une syllabe, cette syllabe est nécessairement tonique. (1) A. Daristeter, Revue critique, 1876, HI, 104. (2) Voir la note-2 a la fin du volume. |