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et alors les uns comme les autres exigent, à l'instar de tous les autres verbes transitifs, l'auxiliaire aroir: Il m'a appris l'allemand. Elle a cessé ses plaintes. On a changé les temples en églises. Vous avez désespéré cet homme. Il a échoué notre barque par malice. Il a sonné les cloches. On l'a sorti d'une fâcheuse affaire. On a descendu plusieurs passagers dans cette ile. Il a monté du foin au grenier. Le batelier m'a passé.

Il est à remarquer que quelques verbes intransitifs, qui forment leurs temps composés avec avoir, ont un participe qui s'emploie adjectivement avec être, par ex.: Cette race a bien dégénéré, est bien dégénérée. Il a expiré dans mes bras; la trève est expirée. Il a bien vieilli depuis deux ans; je le trouve bien vieilli (Ac.). Il en est ainsi des verbes changer, cesser et autres qui s'emploient aussi dans le sens factitif: Elle a changé, elle est bien changée. La fièvre a cessé, elle est cessée. Il a monté quatre fois à sa chambre pendant la journée; il est monté dans sa chambre et il y est resté (Ac.), etc.

Au lieu de aller, dans les temps composés, on emploie quelquefois le verbe être, mais avec cette différence que dans : J'ai été à Rome, par exemple, j'ai été fait entendre qu'on y est allé et qu'on en est revenu, et que dans: Il est allé à Rome, le verbe il est allé marque simplement le voyage sans indiquer le retour (Ac.). C'est abusivement qu'on emploie être pour aller dans d'autres circonstances, cependant, dans l'usage valgaire, on se sert souvent de je fus et j'ai été au sens d'aller avec un infinitif suivant; et on en trouve des exemples dans d'excellents auteurs et dans de très anciens textes (Littré): A peine ai-je été les voir trois ou quatre fois depuis que nous sommes à Paris (Mol.). Je fus retrouver mon janséniste (Pasc.). Elle fut au-devant d'elle. les bras ouverts (Sév.). Mais on ne doit pas dire: Il a été coucher ou se coucher; il faut dire: Il est allé se coucher, quand on parle de se mettre au lit, et: Il est allé coucher dans la rue, c'est-à-dire il est allé passer la nuit dans la rue.

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Article II. Réfléchi.
§ 194

1. Les verbes réfléchis forment en quelque sorte une voix moyenne dans laquelle le sujet est à la fois actif et passif; c'est pourquoi ils se conjuguent dans les temps simples comme les verbes actifs, tandis que, dans les temps composés, ils prennent l'auxiliaire être, comme les verbes passifs. (1)

On distingue deux espèces de verbes réfléchis: les verbes réfléchis propres ou verbes réfléchis intransitifs, et les verbes

(D) espagnol conjugue avec avoir tous les verbes refléchis.

rénéchis impropres, ou verbes actifs et neutres employes conme réfléchis.

2. Les verbes réfléchis intransitifs sont des verbes actifs qui, en prenant la forme réfléchie, perdent leur signification transi tive et expriment, comme les verbes passifs, une idée purement intransitive, le pronom réfléchi n'étant pas réellement l'objet de l'action. Ainsi, dans ces phrases: Il s'est évanoui, le ciel s'obscurcit, le pronom se, quoiqu'on le considère comme complément direct, n'est que l'objet apparent du verbe, qui est devenu intransitif.

Les verbes réfléchis intransitifs se divisent en verbes essentiellement et verbes accidentellement réfléchis.

3. Les verbes essentiellement réfléchis sont des verbes originellement transitifs qui ne s'emploient plus que dans la forme réfléchie, comme s'évanouir, s'emparer, se moquer, se repentir, etc. Ces verbes n'ont pas dans le pronom se un véritable complément direct, mais, comme d'autres verbes intransitifs, ils peuvent prendre un complément indirect, le plus souvent amené par de: L'ennemi s'empara de la ville. Il se repent de sa faute

Un certain nombre de verbes transitifs prennent dans la forme réfléchie un sens différent de celui qu'ils ont à l'actif comme s'apercevoir, s'attacher, s'attaquer, s'attendre, s'aviser, se louer (se féliciter), se plaindre, se servir, se taire, etc.: Je m'aperçois de mon erreur. (J'aperçois un voyageur). Je m'attends à un grand malheur. (J'attends un ami). Il se tait. (Il sait taire un secret). On doit considérer ces verbes comme essentiellement réfléchis.

Il y a des exemples de verbes essentiellement réfléchis' employés sans le pronom pour exprimer l'idée causative: Je viens réfugier mes dieux pénates sur cette ile déserte (Fén.). Ceux qui réfugiaient un esclave pour. le sauver étaient punis (Mont.).

Emparer, évanouir, etc. ont été à l'origine verbes transitifs : Donnons licence de fortifier et emparer le dit bourg. Celuy an emparerent les Anglais (Al. Chartier).

4. Les verbes accidentellement réfléchis sont des verbes transitifs qui peuvent s'employer dans la forme transitive: Il ne peut me tromper, comme dans la forme réfléchie: Il se trompe. Ces verbes deviennent intransitifs en prenant la forme réfléchie, et ils expriment une action purement intellectuelle ou un sentiment, comine s'ennuyer, se fâcher, se troubler, se tromper, ou le passage d'un état à un autre, comme s'abrutir, s'endormir s'ébouler, s'obscurcir, se répandre, se rouiller, s'user, etc. En ce cas, le sens réfléchi touche de très près au sens passif. Je me fache. ct: Je suis fâché Je m'étonne et: Je suis étonné

Il y a cependant une différence entre: Le ciel se couvre de nuages, et: Le ciel est couvert de nuages. Le bruit se répand dans la ville, et: Le bruit est répandu dans la ville. Dans le premier cas, le verbe marque réellement l'action et le sujet est représenté comme actif; dans le second, le verbe n'exprime que l'état et le sujet est représenté comme passif. Mais très souvent, à la 3° personne du singulier ou du pluriel, on peut remplacer le passif, non seulement, comme on l'a vu plus haut, par l'actif avec le pronom on, mais encore par le réfléchi, ce qui n'a lieu en général que lorsque l'être passif (le sujet) est une chose et que l'être actif n'est pas exprimé, comme dans s'acheter, se vendre, s'apprendre, s'oublier. etc.: Ce mot ne s'emploie guère (= n'est guère employé). Les blés se sèment en hiver. La dé s'est retrouvée. La joie ne peut se dissimuler. Cet air se chante beaucoup. Ce qui s'apprend dès le berceau ne s'oublie jamais (Wailly). Le verbe réfléchi peut aussi s'employer au lieu du passif, quoique le sujet soit un nom de personne: Le brave ne se connaît qu'à la guerre, le sage dans la colère et l'ami dans le besoin. Suzanne s'est trouvée innocente. Quelquefois, pour exprimer l'idée passive, le verbe transitif prend à la fois la forme réfléchie et la forme impersonnelle : II s'est répandu une nouvelle. Il faut remarquer en outre que les verbes réfléchis qui marquent le passage d'un état à un autre sont pour la plupart des verbes composés à signification causative et qu'ils correspondent quelquefois à des verbes inchoatifs simples, de telle sorte que l'idée inchoative peut s'exprimer avec une nuance par les deux verbes, par ex. faiblir et s'affaiblir, grandir et s'agrandir, etc (1)

Les verbes accidentellement reflechis, exprimant une action qui ne sort pas du sujet, n'ont pas de complément réel, ni direct, ni indirect, mais ils peuvent être déterminés par un circonstanciel: Il s'ennuie partout. Le fer se rouille à l'air humide. Tout s'use en ce monde. Le ciel se couvre de nuages, La terre se meut autour du soleil. Les blés se sèment en hiver. Votre jardin s'est loue fort cher. Cette lanque se parle aisément.

Ce n'est pas en tant que verbes neutres, c'est comme verbes factitifs que dévier, pamer; panacher, percher, deviennent réfléchis: Il n en pout plus, il se pâme (Ac.). La dame, après s'être pâmée, alla se consoler avec un petit-maître du pays (Volt.). Pour peu qu'Aristote connut l'outarde, il ne pouvait ignorer qu'elle ne se perche point (Buff.).

5. Les verbes actifs employés comme réfléchis ont le pronom

(1) Ce sont la des synonymes qu în regrette de ne pas trouver dans le grand ouvrage de Lafaye

réfléchi pour complément réel de l'action, soit direct (accusatif), soit indirect (datif): L'enfant se lave, c'est-à-dire lave soi (accusatif); il se lave les mains, c'est-à-dire lave les mains à soi (datif).

a) Quelques-uns de ces verbes expriment une action que le sujet, une personne et non pas une chose, dirige immédiatement sur lui-même, ou sur une partie de lui-même dans le premier cas, le pronom réfléchi est toujours complément direct: Il s'est blessé, l'enfant se lave, elle s'était brûlée; dans le second cas, le pronom réfléchi peut aussi être complément direct: Il s'est blessé au bras; mais le plus souvent il est complément indirect et marque le datif de la personne, tandis que le second complément est direct et exprime l'accusatif de la chose: 1 se (datif) lave les mains (accusatif), elle s'est brûlé les doigts, etc.

b) D'autres verbes expriment une action transitive qui ne se réfléchit pas sur le sujet, mais passe à un autre objet qui marque l'accusatif de la chose, tandis que le pronom réfléchi exprime toujours le datif de la personne: Vous vous (datif) imaginez cela (accusatif). Je me (datif) le (acc.) rappelle. Il s'est acquis une grande fortune. Je m'étais figuré qu'il me rendrait service. Elle s'est mis dans la tête que vous le détestiez. Il s'est procuré de l'argent. Ne te dissimule pas tes défauts. Ces verbes ont la tendance à devenir intransitifs: ainsi beaucoup de personnes disent: Je m'en rappelle, comme je m'en souviens, et jusqu'à l'édition de 1835 l'Académie a écrit : Ils s'étaient persuadés qu'on n'oserait les contredire, en traitant le participe comme si le verbe était réflechi intransitif.

Le verbe s'arroger, quoiqu'il ne se conjugue que dans la forme réfléchie, appartient à cette catégorie; il a gardé sa valeur transitive avec le pronom réfléchi au datif: Ils se sont arrogé ce privilège.

Quelquefois le mène verbe a le pronom réfléchi à l'accusatif ou au datif, selon qu'il a le sens réfléchi (intransitif) ou qu'il a gardé sa signification transitive: Plusieurs personnes se sont proposées pour cet emploi. Ils se sont proposé un plus noble but. - Cette idée se represente sans cesse à mon esprit. Repré- Il se refuse à l'évidence. Il se refuse le Celte image ne peut se retracer. Je m'en retrace parfaitement Cela se dit. Je me le dis souvent.

sentez-vous une riche campagne.

nécessaire.

bien l'image.

-

6. Un certain nombre de verbes neutres peuvent aussi s'employer comme verbes réfléchis impropres pour exprimer que le sujet (une personne) réagit sur lui-même; le pronom réfléchi est toujours au datif: Ils se sont nui par leur mauvaise conduite. Il se rit de vos vains projets. Il faut savoir se suffire à soi-même. Les événements s'étaient succédé avec rapidité (AC.). Je me parle à moi-même (Mol.).

Il y a cependant des verbes intransitifs employés comme réfléchis dont le pronom n'est que le complément apparent de l'action et qui sont ainsi devenus des verbes essentiellement réfléchis; ce sont:

a) Les verbes composés au moyen de la particule en signifiant de cela s'enfuir, s'ensuivre, s'envoler, s'en aller, s'en retourner: Ils se sont enfuis.

b) Les trois verbes se douter, s'échapper, se prévaloir, qui, dans la forme réfléchie, prennent un sens différent de celui qu'ils ont à l'actif: Ils s'en sont doutés. (Ils doutent de tout). Il en devrait être de même du verbe se rire, qui signifie se moquer : mais l'usage considère ce verbe comme ayant se pour complément indirect, et l'on n'admet pas de différence entre se plaire signifiant plaire à so1: L'orgueil se plaît et s'admire, et se plaire dans le sens de prendre plaisir: Ils se sont plu à me persé

cuter.

Souvent des intransitifs ou des transitifs employés avec une valeur intransitive s'adjoignent arbitrairement un pronom personnel qui renvoie au sujet. Ce pronom se met alors au datif. Les verbes qui expriment un mouvement corporel ou un état de repos favorisent surtout cette construction, qui était beaucoup plus fréquente dans l'ancienne langue que dans la langue actuelle, par ex.: Quand les Templiers virent ce, il se penserent que il seroient honniz se il lessoient le conte d'Artois aler devant eulz (Joinville).

On dit encoré se mourir, mais seulement au présent et à l'imparfait de l'indicatit: Il se meurt. Il se mourait (Ac.). Madame se meurt, Madame est morte (Boss.). C'est un reste d'une construction très fréquente dans l'ancienne langue. A l'inverse un certain nombre de réfléchis peuvent, sans porter atteinte à leur signification, se passer du pronom: Ils couchèrent ensemble. Cette colonne semble incliner à gauche. Les orges lèvent plus vite que les froments. Cette construction est surtont fréquente à l'infinitif avec les verbes faire et laisser : Je le ferai repentir de sa conduite, au lieu de: Je le ferai se repentir. On a fait évader le prisonnier. Laissez écouler la foule. Faites taire ce bavard Cette nouvelle a fait évanouir toutes nos espérances (Ac.). Mais on dira: Laissez la foule s'écouler, parce que les-deux verbes sont séparés par la foule.

7. Les verbes actifs ou neutres employés comme réfléchis expriment souvent, au pluriel comme au singulier, une action réciproque ou mutuelle de plusieurs sujets les uns sur les autres: Ces enfants se battent toujours. Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre (La F. IX, 2). Cet homme se bat bien. Je me suis rencontré avec lui. Il se querelle contre son voisin. Ils se sont convenu. Ils se sont parlé. Qui se ressemble s'assemble.

Quelquefois, pour éviter toute confusion du sens réciproqué avec le sens réfléchi, on compose le verbe avec entre ou l'on se sert de l'expression pronominale l'un l'autre: Les méchants s'entre-déchirent. Ils se sont promis fidélité l'un à l'autre. Ils se sont nui les uns aux autres. Distinguez: Ils se sont plaints les uns des autres, sens réfléchi, et: Ils se sont plaints les uns les autres, sens réciproque.

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