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pétition pour relever l'importance d'un motif de penser ou d'agir: La vertu se fait d'autant plus révérer qu'elle se montre plus modeste. L'homme est d'autant moins pauvre qu'il désire moins (Boiste). L'orgueil a d'autant plus de hauteur qu'il s'est élevé de plus bas. Enfin d'autant plus que ou d'autant que devient souvent conjonction composée avec le sens de puisque: Je ne sortirai pas, d'autant plus que je suis un peu indisposé. A votre place je n'irais point là, d'autant que rien ne vous y oblige.

2) Davantage a le sens de plus, mais il s'emploie toujours absolument, c'està-dire quand le second terme de la comparaison n'est pas exprimé (§ 248) : La science est estimable, mais la vertu l'est bien davantage (Ac.). Molière me venge davantage des sottises d'autrui, La Fontaine me fait mieux songer aux miennes (Chamfort). Au XVII® siècle, davantage se construisait correctement avec que: Je n'en veux pas davantage que cet aveu pour vous confondre (Pasc.). Il n'y a rien assurément qui chatouille davantage que les applaudissements (Mol.). Cette construction n'est plus usitée aujourd'hui.

2o Moins...que : Les lions sont maintenant beaucoup moins communs qu'ils ne l'étaient anciennement (Buff.). Thèbes n'était pas moins peuplée qu'elle était vaste (Boss.). La contraction n'est pas rare: Les vents me sont moins qu'à vous redoutables (La F. I, 22). La haine n'est pas moins volage que l'amitié (Vauvenargues).

3o Autre...que: On se voit d'un autre œil qu'on ne voit son prochain (La F. I, 7). Il agit autrement qu'il ne parle (Ac.). N'agissez pas autrement que vous parlez.- Autre...que peut se construire avec une proposition relative: C'est bien autre chose que ce qu'on disait.

La conformité entre deux actions est marquée par comme, ainsi que : La chose se passa comme (ainsi que) je l'avais dit, et la non-conformité par autrement...que: La chose se passa autrement que je ne l'avais dit.

1) La conjonction que peut aussi avoir pour corrélatif ailleurs : Le despotisme a régné ailleurs que dans l'empire romain (Guizot), ou bien différent, différemment, et alors la proposition subordonnée a la forme d'une proposition relative: Il a raconté l'affaire différemment de ce qu'elle s'est passée (Ac.). 2) La proposition comparative prend aussi la forme relative quand elle se rapporte à un superlatif avec qu'il est possible ou une expression analogue: Je vous recommande de lui faire tout le meilleur accueil qu'il vous sera possible (Mol.). Le tout alla du mieux qu'il put (La F.). — Contraction : S'il est impossible que tous les hommes soient heureux, tâchons qu'il n'y en ait de malheureux que le moins possible (Boiste).

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5. La proposition comparative peut encore être exprimée par les locutions conjonctives selon que, suivant que, à mesure que, à proportion que, qui expriment la conformité, la proportion et ne permettent pas la contraction: Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L'expression la suit ou moins nette ou plus pure (Boil.). L'homme grandit ou rapetisse la suprême intelligence, suivant que la sienne a plus ou moins d'étendue. A mesure que Télémaque parlait, sa voix devenait plus forte (Fén.). Le plaisir fuit, à proportion qu'on le cherche (Mme de Maintenon).

AYER, Grammaire comparée.

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Selon que les sciences sont cultivées ou négligées, elles rabaissent ou relèvent les nations (Rollin).

1) Selon peut se construire avec une proposition substantive relative:

Selon ce qu'il dira,

Chacun de nous décampera (La F. IV, 22).

2) Quand comme exprime la conformité, on le remplace par selon que : J'en userai avec lui, selon qu'il en usera avec moi (Ac.).

6. Pour exprimer la comparaison, surtout quand il s'agit de l'intensité, on se sert souvent de propositions principales coordonnées au moyen des mots ainsi, tel, autant, plus, moins répétés. En pareil cas, la première proposition est toujours subordonnée pour le sens, quoiqu'elle ait la forme d'une principale.

1° Ainsi...ainsi exprime la manière: Ainsi dit, ainsi fait (La F.), c'est-à-dire : Il fut fait ainsi qu'il avait été dit.

2o Tel...tel exprime la qualité: Tel maître, tel valet (Le valet est tel qu'est le maître). Tel fruit, tel arbre, pour bien faire (La F. IX, 4).

3o Autant...autant exprime une intensité égale: Autant la modestie plaît, autant l'arrogance blesse et irrite. Tant vaut l'homme, tant vaut la terre.

4° Plus...plus, moins...moins, indiquent que deux actions ou deux qualités augmentent ou diminuent dans la même proportion: Plus la haine est injuste, plus elle est cruelle. Plus on mérite de mépris, plus on a de penchant à mépriser les autres. Plus on apprend, plus on veut apprendre. Plus il se tourmentait, plus l'autre tenait ferme (La F.). Plus ils sont, plus il coûte (Id. XI, 1). Plus l'obstacle était grand, plus fort fut le désir (Ïd. VIII, 16). - Moins on mérite un bien, moins on l'ose espérer (Mol). Moins les nuits sont calmes et sereines, moins la rosée est abondante.

Les deux propositions peuvent être liées par et: Plus on le connaît, et plus on l'aime. Plus le tour est bizarre, et plus elle est contente (La F. IX, 16). Plus obscure est la nuit, et plus l'étoile y brille (Lam.). Moins on a de besoins, et moins on porte de chaînes. Moins on a de richesses, et moins on a de peine (Regn.). Plus... ..plus est remplacé quelquefois par plus... mieux ou plus...meilleur Plus on a souffert, mieux on sait consoler. Plus l'encre est noire, meilleure elle est.

5° Plus...moins, moins...plus, marquent que l'une des deux actions augmente, tandis que l'autre diminue: Plus vous le presserez, moins il en fera. Plus le sens est précis, et moins il nous échappe (Lamotte). Plus le vase versait, moins il s'allait vidant (La F.). Moins nous désirons, plus nous possédons. Moins l'assemblée est grande, et plus on a d'oreilles (Piron).

Chapitre XXVII.

DE LA PHRASE SURCOMPOSÉE.

Article. I. Phrase suroomposée de subordination.

§ 310

1. La phrase surcomposée de subordination est celle qui renferme deux ou plusieurs propositions subordonnées. Ces propositions peuvent être coordonnées entre elles, ou subordonnées l'une à l'autre, ou n'être dans aucun rapport ni de coordination, ni de subordination.

2. Une phrase peut être surcomposée au moyen de propositions accessoires de même espèce qui sont coordonnées entre elles, comme dans l'exemple suivant, où deux propositions substantives sont liées par la conjonction copulative et: Aimez qu'on vous conseille, et non pas qu'on vous loue.

En pareil cas, si le mot qui amène les propositions accessoires est un pronom relatif ou interrogatif, on le répète ou on ne le répète pas devant chaque proposition subordonnée.

C'est le balancier qui vous gêne, mais qui fait votre sûreté (Flor.). A insi ceux qui travaillent, qui expédient, qui font le plus d'affaires, sont ceux qui gouvernent le moins (Fén.)

L'hypocrisie est un vice privilégié, qui de sa main ferme la bouche à tout le monde et jouit en repos d'une impunité souveraine (Pasc.)

C'est un enfant docile qui aime ses parents et leur obéit.

Si le mot qui lie des propositions subordonnées est une conjonction, il peut se présenter trois cas:

a) La conjonction se répète complètement:

Il faut que je l'enlève ou bien que je périsse (Rac.).

S'il est marié et s'il a des enfants, il regarde sa femme comme sa sœur (Chat.).

b) La conjonction ne se répète pas:

Ces deux jeunes gens sont toujours ensemble, parce qu'ils s'aiment et se conviennent.

c) On emploie souvent la conjonction simple que pour éviter la répétition d'une conjonction adverbiale, comme quand, pendant que, parce que, afin que, comme, à moins que, sans que, etc., et alors le verbe reste au mode demandé par cette dernière: Quand on a marché longtemps et qu'on est bien futigué, on aime à se reposer. Quand les arbres sont dégarnis de feuilles et que la terre est couverte de neige, toute la nature semble attristée. Je le punis quelquefois pour qu'il se corrige de ses défauts et que son humeur devienne insensiblement plus douce et

plus égale. Toutefois que, tenant la place de si conditionnel, est toujours suivi du subjonctif: Si je le vois et que je puisse lui parler, je l'entretiendrai de votre affaire. Si les productions de tous les pays étaient les mêmes et qu'il y en eût suffisamment partout, les peuples vivraient dans l'isolement.

3. Une phrase peut être surcomposée au moyen de propositions accessoires, de même espèce ou d'espèce différente, qui sont subordonnées l'une à l'autre, comme dans l'exemple: Je veux qu'on m'écoute quand je parle.

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La proposition accessoire de 1er rang qu'on m'écoute est subordonnée à la principale je veux, mais elle subordonne à son tour l'accessoire de 2o rang quand je parle, et devient ainsi principale relative.

Autres exemples: Un consul romain souhaitait que sa maison fût de verre pour que tout le monde pût voir ce qui s'y passait. Socrate demanda à ses amis s'ils connaissaient un pays où l'on ne mourût pas. Je désire que tu trouves un ami qui te dise la vérité, même quand elle pourrait te blesser. Un philosophe ancien voulait que l'on priât à haute voix, afin que chacun pût se convaincre qu'on ne demandait rien aux dieux dont on eût à rougir. Mais l'amour est un sot qui ne sait ce qu'il dit (Mol.). Je vous assure que je suis ravi que vous soyez unis ensemble (Id.).

Et personne, monsieur, qui se veuille bouger
Pour retenir des gens qui se vont égorger (Id.).

Il faut que je lui sois fidèle, en dépit que j'en aie (Id.). Narbal savait que Baléazar ne fut point noyé quand on le jeta dans la mer (Fén.). Voilà, Mentor, ce qui fait que vous m'avez trouvé si vieilli (Id.). L'on est mort avant qu'on ait aperçu qu'on pouvait mourir (Fléch.).

4. Une phrase peut être surcomposée au moyen de propositions accessoires, de même ou de différente nature, qui sont indépendantes les unes des autres:

a) Quand elles se rapportent au même mot, mais qu'elles sont de nature différente: Lorsqu'il revint de voyage, il apprit que son ami venait de mourir.

il apprit

que son ami était mort.

PRINCIPALE: ACCESSOIRE I: Lorsqu'il revint, Autres exemples: Lorsque vous faites l'aumône, que votre main gauche ignore ce que fait votre main droite. Je ne

crois pas ce qu'il dit, parce qu'il a l'habitude de mentir. Quand j'ai bien bu et bien mangé, je veux que tout le monde soit soûl dans ma maison (Mol.). Enfin, quand j'aime bien, j'aime fort que l'on m'aime (Id.). Quoiqu'il fût toujours en mouvement, dès que sa sœur paraissait, il devenait tranquille (Bern.). Comme il espérait sa délivrance de la part des puissances coalisées, il ne voulut pas se servir des constitutionnels, parce qu'il aurait fallu traiter avec eux (Mignet).

Dans les exemples suivants les propositions accessoires sont de même nature; mais ce cas ne se présente que lorsque ces propositions sont adjectives: Il est temps que j'arrête une fois pour toutes cette hardiesse que vous prenez de me traiter d'hérétique, qui s'augmente tous les jours (Pasc.). J'allai trouver l'homme qui m'avait parlé, lequel me parut dans les mêmes sentiments (Bussy-Rabutin). Ce n'est pas ordinairement la perte réelle que l'on fait dans une bataille qui est funeste à un état (Mont.).

b) Lorsqu'elles ne se rapportent pas au même mot, substantif ou verbe: Le navigateur préfère la tempête qui le pousse au calme plat qui l'enchaine.

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qui le pousse

au calme plat

qui l'enchaine.

Autres exemples: L'avare qui se prive pour ses héritiers ressemble à un chien qui tourne la broche pour son maître. Les personnes dont on parle le moins ne sont pas celles qui ont le moins de mérite. L'enfant qui ment d'habitude n'est pas cru, même quand il dit la vérité. Dans le temps qu'il fait un salon, il ne prévoit pas qu'il faudra faire un escalier convenable (Fén.). Pendant que j'étais dans la foule des spectateurs, j'ai remarqué un homme qui ne témoignait aucun empressement (Id.). Après qu'Idoménée eut achevé de raconter ses peines, il demanda à Télémaque et à Mentor leur secours dans la guerre où il se trouvait engagé (Id.). Le petit pays de Jérico, qu'ils envahirent, est un des meilleurs qu'ils possédèrent (Volt.).

Un sot qui ne dit mot ne se distingue pas

D'un savant qui se tait (Mol.).

Rien ne s'est pu passer dont il faille être en peine,
Puisque rien ne le doit défendre de ma haine (Id.).

5. Ces trois sortes de combinaisons peuvent se trouver dans une même phrase de subordination où les propositions accessoires sont réunies soit d'une manière indépendante, soit par coordination ou par subordination, par ex. : Pour que le méchant fût heureux, il faudrait qu'il oubliât qu'il existe un Dieu.

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