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SC, ST, SP, SL, SN, SM. A l'initiale il y a prosthèse de e, comme pour le latin sc, st, sp; mais le groupe sl intercale ordinairement une ou une voyelle entre les deux lettres : skina (épine) échine, stal étal, spehen épier, slave esclave, slope salope, néerl. sloep chaloupe,schnapphan chenapan, smelz émail. A la médiale, il y a toujours syncope du 8: lisca laîche, first (la première, la plus haute, s. e. poutre) feste* faîte (freste en prov., fritha en romand) (1)

c) Quand la première consonne est une muette, elle se maintient à l'initiale devant r et l: krippea crèche, krazon gratter, graban graver, trapo trappe, drascon drêche, frisca fraîche, neerl. klinken clinquer* (d'où clinquant), neerl. klappen clabaud, neerl. glitsen glisser, blanch blanc; à la médiale, il y a en général syncope de la muette: goth. födr forre*, d'où fourrage, fourreau.

La muette suivie de 7 donne souvent un 7 mouillé ; m. h. all. hadel haillon, neerl. quakele quaquila* caille, keg(i)l quille. —- Le groupe kn a été dissous par l'insertion d'une voyelle landsknecht lansquenet, kneif canif, kneipe guenipe.

d) Après l, n, m, la spirantej (i) persiste: goth. skalja écaille, harmjan hargner* (d'où hargneux), minnia mignon; apres les autres consonnes, j passe ordinairement à la chuintante douce ou forte: burjan bourgeon, goth. vadi, génit. vadjis gage, laubja loge, krippea, c'est-à-dire kripja crèche.

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1. On disait autrefois plus correctement l'orthographie, graphie désignant toujours la science et gruphe le sàvant la géographie et un géographe, la calligraphie et un calligraphe, etc. Quoi qu'il en soit, l'orthographe ou l'orthographie est cette partie de la grammaire qui traite de l'emploi des lettres pour signifier les sons, ou, selon la définition ordinaire, c'est la manière d'écrire les mots d'une langue, selon l'usage établi et les règles de la grammaire. Elle consiste :

a) A écrire chaque mot dans son état simple avec les lettres ou les signes phonétiques dont il doit se composer; c'est ce qu'on appeile ordinairement l'orthographe d'usage.

(1) V. sur cette étymologie une note de M. G. Paris, dans la Romania, 96.

b) A écrire les mots variables 'avec les modifications qui leur sont propres, modifications qui atteignent le plus souvent la terminaison (par ex. le chant, les chants; il chantait, je chantai), mais quelquefois aussi le radical des mots (mourir, je mours); cette partie de l'orthographe porte le nom d'orthographe de principes ou d'orthographe grammaticale.

2. L'orthographe de principes s'appelle aussi orthographe relative, parce que c'est la manière d'écrire les mots selon la relation ou le rapport qu'ils ont dans le discours, abstraction faite de la forme qui leur est propre. C'est l'orthographe des terminaisons des mots variables, dont la grammaire enseigne l'origine et l'emploi dans des règles précises; c'est pourquoi on l'appelle aussi orthographe de règles ou de principes. Cette orthographe ne dépendant que des règles de la grammaire est certaine et ne peut pas nous induire en erreur. C'est une règle générale que les substantifs et les adjectifs font leur pluriel en s, quelques-uns en æ, que le féminin se forme en ajoutant un e et que la terminaison des verbes varie selon le temps, le mode et la personne. Tout cela est du ressort de l'étymologie ou première partie de la grammaire et ne présente aucune difficulté; avec un peu d'attention on est sûr de ne pas s'y tromper. Il n'en est pas tout à fait de même des règles de concordance que donne la syntaxe, grâce aux subtilités que se sont plu á y introduire la plupart des grammairiens; mais il est facile de débarrasser la syntaxe de toutes ces subtilités et de réunir en quelques pages toutes les règles concernant l'accord des mots, ainsi que nous avons essayé de le faire dans notre Grammaire élémentaire de la langue francaise (p. 124 à 134).

3. L'orthographe d'usage est ainsi nommée parce que, ne dépendant pas des règles de la grammaire proprement dite, l'usage semble en être le seul régulateur. Cependant cette partie de l'orthographe n'est pas plus arbitraire que l'autre, et il vaudrait mieux l'appeler orthographe absolue, puisque c'est la manière d'écrire les mots absolument, c'est-à-dire seuls, isolés, tels qu'ils sont dans les dictionnaires, en particulier dans celui de l'Académie.

L'orthographe des mots dépend essentiellement de la nature des sons ou des éléments matériels qui les constituent. On appelle orthographe rationnelle ou phonétique la manière de représenter ces sons de la langue, soit par des lettres, soit par d'autres signes, appelés orthographiques, selon les règles propres à la phonétique française. Mais, en français, l'orthographe n'est pas toujours la représentation fidèle de la prononciation; comme, en général, c'est l'origine du mot qui en détermine l'écriture, cette orthographe étymologique est souvent en désaccord avec l'orthographe rationnelle. Ainsi, par exemple, les trois premiers sons du mot chapeau sont représentés régulièrement par les lettres ch, a, p, qui, en français, ont pour valeur propre de servir à marquer ces sons; au contraire, le son final

n est pas rendu par son signe propre o, mais bien par la combinaison de voyelles eau, à cause de l'étymologie, la forme aneienne de chapeau étant chapel (§ 38).

4. Quant aux lettres dont on se sert en français pour marquer les divers sons de la langue, elles sont en général étymologiques, c'est-à-dire données par l'étymologie latine ou romane. Elles sont étymologiques même quand elles ne sont pas de provenance latine, si elles ont été introduites dans l'ancienne langue en application des lois de la phonétique française, comme d dans peindre, et t dans croître, ou la consonne liuguale ou dentale d et t a été intercalée pour cause d'euphonie entre net pein-d-re, ou entre s et r : crois-t-re, d'où croître (§38).

Mais les lettres qu'emploie notre orthographe ne sont pas toutes étymologiques; il y a en outre des lettres dites serviles, ce sont celles qui, ne se prononçant pas, ne servent qu'à donner à la consonne ou à la voyelle qui précède telle ou telle prononciation, comme les voyelles e dans gageure, et u dans guide (v. § 54), et les consonnes t, I ou n, quand elles sont redoublées après un e: je jette, appelle, vienne (v. § 55).

Etymologiques ou non, les voyelles et surtout les consonnes sont quelquefois des lettres complètement parasites, qui ne se prononcent pas et qu'on appelle pour cette raison voyelles ou consonnes muettes, comme a dans aout, p dans appauvrir, n dans tonner, etc.

5. Les signes orthographiques étaient inconnus au vieux français et ne remontent qu'au XVIe siècle. Ces signes, qui suppléent jusqu'à un certain point aux lacunes et aux défectuosités de notre orthographe, sont des caractères qui servent à marquer tantôt le son (signes phonétiques) et tantôt la forme (signes formatifs) des mots.

a) Les signes phonétiques sont : les accents écrits (v. § 50), le tréma (§ 46), la cédille (§ 54) et l'apostrophe (§ 51).

b) II n'y a qu'un signe formatif, c'est le trait d'union (-) qu'on place entre les parties constitutives d'un mot composé, comme chef-d'œuvre, c'est-à-dire, dix-sept, ou entre deux ou plusieurs mots tellement unis qu'ils semblent n'en former qu'un au point de vue de l'accentuation, comme viens-tu? allez-vous-en, etc.

On emploie encore le trait d'union pour joindre les syllabes des mots que l'on partage à la fin des lignes : fai-re.

AVER, Grammaire comparée.

7

DE LA PRONONCIATION.

§ 43

1. La prononciation nous fait connaître la valeur des lettres et des autres signes employés pour exprimer les sons. Si la langue a varié dans les mots mêmes qui la constituent, à plus forte raison a-t-elle varié dans la prononciation qui, de soi, est plus fugitive et qui d'ailleurs est plus difficile à consigner par l'ecriture. Quoiqu'on puisse soutenir avec Génin (1) qu'en gros cette prononciation nous a été transmise traditionnellement et que les sons fondamentaux du français ancien existent dans le français moderne, il est certain aussi que la manière de prononcer les lettres s'est modifiée d'un siècle à l'autre, principalement sous l'influence de l'orthographe.

Ainsi la prononciation est intimément liée à l'orthographe. « Ce sont, dit Littré, deux forces constamment en lutte. D'une part il y a des efforts grammaticaux pour conformer l'écriture à la prononciation; mais ces efforts ne produisent jamais que des corrections partielles, l'ensemble de la langue résistant, en vertu de sa constitution et de son passé, à tout système qui en remanierait de fond en comble l'orthographe. D'autre part il y a, chez ceux qui apprennent beaucoup la langue par la lecture sans l'apprendre suffisamment par l'oreille, une propension très marquée vers l'habitude de conformer la prononciation à l'écriture et d'articuler des lettres qui doivent rester muettes. Ainsi s'est introduit l'usage de faire entendre le s de fils, qui doit être prononcé non pas fis', mais fi; ainsi le mot lacs (un lien), dont la prononciation est là, devient, dans la bouche de quelques personnes, lak' et même laks': On rapportera encore à l'influence de l'écriture sur la prononciation l'habitude toujours croissante de faire sonner les consonnes doubles: ap'-pe-ler, som'-met, etc. »

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Littré cite d'autres exemples de cet empiètement de l'écriture sur les droits de la prononciation. Autrefois on prononçait non secret, mais segret; aujourd'hui le c a prévalu. Dans reineclaude la lutte se poursuit, les uns disant reine-claude, les autres reine-glaude, conformément à l'usage traditionnel. Second luimême, où la prononciation du g est si générale, commence à être entamé par l'écriture, et l'on entend quelques personnes dire non segond, mais sekon. Il est de règle de ne pas prononcer le f final des mots bœuf, nerf, auf, quand ces mots sont employés au pluriel : beaucoup de personnes violent cette règle et font sonner le ƒ au pluriel comme au singulier.

(1) V. Variations du langage francais depuis le XII siècle, 1846.

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« II est un autre point par où notre prononciation tend à se séparer de celle de nos pères et de nos aïeux, je veux dire des gens du XVIII* et du XVIIe siècle c'est la liaison des consonnes. Autrefois on liait beaucoup moins; il n'est personne qui ne se rappelle avoir entendu les vieillards prononcer non les Eta-z-Unis, mais les Eta-Unis. A cette tendance je n'ai rien à objecter, sinon qu'il faut la restreindre conformement au principe de la tradition, qui, dans le parler ordinaire, n'étend pas la liaison au delà d'un certain nombre de cas déterminés par l'usage, et qui, dans la déclamation, supprime les liaisons dans tous les cas où elles seraient dures ou désagréables. Il faut se conformer à ce dire de l'abbé d'Olivet: « La conversation des honnêtes gens est pleine d'hiatus volontaires qui sont tellement autorisés par l'usage, que, si l'on parlait autrement, cela serait d'un pédant ou d'un provincial. »

«Dans la même vue on notera que, dans un mot en liaison, si deux consonnes le terminent, une seule, la première, doit être prononcée. Ainsi, dans ce vers de Malherbe La mort a des rigueurs à nulle autre pareilles, plusieurs disent: la mor-t-a... mais cela est mauvais, il faut dire la mor a. Au pluriel la chose est controversée; il n'est pas douteux que la règle ne doive s'y étendre les mor et les blessés; mais l'usage de faire sonner le s comme un z gagne beaucoup les mor-z et les blessés; c'est un fait, et il faut le constater ». (1).

:

En résumé, selon Littré, le mal vient de la tendance générale qu'on a, de nos jours, à conformer la prononciation à l'écriture; car, dit-il, dans une langue comme la nôtre, dont l'orthographe est généralement étymologique, il ne peut rien y avoir de plus défectueux et de plus corrupteur qu'une pareille tendance.

2. On peut, en élargissant la question, poser comme principe général, que toute prononciation qui viole une des lois phonétiques de notre langue est vicieuse et devrait être condamnée, fût-elle approuvée par les autorités les plus respectables.

a) Il est une loi bien établie en français, c est qu'il ne peut pas y avoir de voyelle longue en dehors de la syllabe accentuée. Il n'est donc pas permis de prononcer les mots en ation comme si le a était long. Par la même raison on proscrira la prononciation ô de au partout où cette monophtongue est atone par ex. dans autel, auberge, etc. (§ 19).

(1) Littré, Dict. de le langue fr., préface. p. xir et s.

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