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lui qui se moque des constitutions les plus solennelles revêtues de l'approbation de tout le corps épiscopal! Homme charitable, soyez moins offusqué de cette paille qui s'est glissée dans l'œil de votre prochain, et enlevez cette poutre qui vous aveugle.

Car non-seulement M. Silvy se fâche contre ceux qui se permettent de fronder nos libertés, il trouve même à redire qu'on les défende mollement. M. l'abbé Clausel s'étoit plaint avec raison de cette exagération, qui taxeroit d'erreur contre la foi l'opinion de la supériorité du Pape sur les conciles généraux, d'où il suivroit que les trois quarts de l'Eglise où cette opinion est reçue sont hérétiques; et M. Silvy croit lui répondre en lui demandant s'il n'y cût jamais de vérités obscurcies dans l'Eglise, et si du temps de l'arianisme et du pape Libère la foi n'étoit pas couverte de nuages. Mais sans discuter ce fait de l'arianisme, l'erreur n'auroit au plus alors prévalu qu'un instant, au lieu qu'ici l'erreur inonderoit toute l'Eglise et depuis des siècles.

M. Silvy fait également la leçon à l'auteur de l'Examen du pouvoir législatif de l'Eglise sur le mariage, qui avoit parlé des quatre articles comme d'opinions locales, indifférentes et qui n'appartiennent pas à la foi. Cette interprétation modérée ne sauroit convenir à un homme qui n'a ni la science, ni la mesure nécessaire pour rester dans les justes bornes, et il essaie à ce sujet un argument qui ne montre pas une théologie bien forinidable, et qui au surplus se trouve précisément réfuté dans l'écrit de M. l'abbé Frayssinous. Nous le renvoyons aux pages 64 et 65 des Vrais Principes.

Enfin M. Silvy s'en prend à M. Frayssinous luimême; c'est l'objet de son second écrit, qui n'offre pas plus de difficulté capitale que le premier ne présente d'avis important. M. Silvy veut faire le théologien avec M. Frayssinous, et il déduit gravement les conséquences affreuses qui résulteroient si on n'adoptoit les quatre articles que comme des opinions. La première de ces conséquences, c'est que l'Ecriture n'est plus règle de foi, puisque, dit-il, on invoque des deux côtés l'Ecriture. Plaisante démonstration! M. Silvy ne sait pas apparement que dans toutes les controverses théologiques on s'appuye sur nos livres saints: dans toutes les questions qui s'agitent librement dans les écoles, il est d'usage d'alléguer des passages de l'Ecriture pour étayer son sentiment, et il n'est venu en pensée à personne d'en conclure que ce sentiment füt règle de foi. M. Silvy nous prouve qu'il ignore les premiers élémens de l'art de la discussion.

M. Silvy péche même doublement ici, et parce qu'il n'entend pas la matière, et parce qu'il ne connoît pas les conveuauces. Il est hors de la question, il manque des premières notions théologiques; et il veut avec cela redresser des théologiens de profession! II lui sied bien véritablement de faire la leçon aux écrivains les plus distingués, et de prétendre régenter le clergé qu'il accuse de foiblesse pour ne pas dire de lácheté! Et il parloit à M. l'abbé Frayssinous, c'est-àdire, à un écrivain que sa réputation et ses travaux ont placé au premier rang dans le clergé! Il parloit de M. l'abbé Clausel, à qui vous devons d'éloquentes réclamations en faveur de la religion et de l'Eglise. Il parloit de M. D. L. M., qui vient de montrer, dans l'Essai sur l'indifférence en matière de religion, la vigueur d'un talent dont se fût honoré le plus beau siècle de notre littérature, et dont s'étonne notre siècle, tout frivole qu'il est. Cette présomption inspire moins de colère que de pitié. Il faut plaindre la médiocrité ignorante qui, au lieu d'écouter les maîtres en Israël, les reprend avec aigreur, les corrige, les dénonce, les condamne. Il y a quelque chose de bien ridicule dans ces efforts d'un petit esprit contre des hommes supérieurs.

Ce qui est moins risible à mon gré, et ce qui rend plus fâcheux le rôle que joue M. Silvy, c'est que cet homme, si exact, si vrai, si scrupuleux, cite à faux, et qu'il altère ou même dénature entièrement des passages. L'accusation est sévère; en voici la preuve. M. Silvy s'exprime ainsi, page 3, de sa Difficulté capitale : « Maudit est celui, disoit Grégoire VII, qui n'ensanglante pas son épée, c'est-à-dire, comme il l'entendoit, qui n'exécute pas l'ordre de Dieu pour punir ses ennemis ». Vous croiriez d'après ce c'estdire, que cette explication est du Pape lui-même. Point, elle est de M. Silvy tout seul. Grégoire VII en donne an contraire une fort différente. Citons le passage tel qu'il se trouve dans les lettres de ce pontife: Maledictus homo qui prohibet gladium suum à sanguine; hoc est, sicut ipsi benè intelligitis, qui verbum prædicationis à carnalium hominum retinet increpatione. (Grégoire VII, lib. II. ep. v; Labbe, tome X, col. 73). Qui n'admirera ici l'artifice de M. Silvy? D'abord, il veut faire croire que cette sentence, maledictus homo qui prohibet gladium suum à sanguine, est de Grégoire; elle est de Jérémie, chap. XLVIII, 1. 10. Première infidélité: la secoude est dans l'interprétation que M. Silvy donne à ce passage; c'est-à-dire, comme il l'entendoit, qui n'exécute pas l'ordre de Dieu pour punir ses ennemis. Or il n'y a rien de cela dans Grégoire VII; ce pontife ne parle que de ceux qui retiennent la parole de la prédication, dont ils devroient s'armer pour reprendre les hommes charnels; interprétation digne d'un pasteur qui combattoit les mœurs corrompues de son temps. Ainsi M. Silvy lui prête l'intention d'allumer la guerre et de verser le sang, et Grégoire VII ne parle que du zèle qui doit animer les prédicateurs. Il insiste même, sicut ipsi benè intelligitis, et il avoit tant à cœur qu'on ne se méprît pas sur son explication, qu'il la répète en trois autres endroits, lib. II, ep. LXVI, Col. 117; lib. III, ep. iv, col. 131, et lib. VII, ep. xx111, col. 244. Que penser actuellement d'un auteur qui se permet de dénaturer des textes en matière si importante, qui prête à un pape une explication directement contraire à la véritable, qui s'efforce ainsi de corrompre la tradition, de tromper ses lecteurs et de fomenter la haine contre Rome et contre ses pontifes? Comment qualifierons-nous cette insigne et patente falsification? Le voilà ce doucereux enfant de l'Eglise romaine! Nouseulement il en relève les taches avec une infáme joie, suivant l'expression de M. Frayssinous, mais il appelle à son aide l'imposture et la calomnie; il a peur que Grégoire VII ne soit pas assez sévèrement jugé; il lui met dans la bouche des maximes violentes, et il les appuie d'interprétations inventées à plaisir! Nous abandonnons M. Silvy aux réflexions des lecteurs.

Après cela nous n'avons aucune intention de nous plaindre de ses procédés envers nous. Nous n'avous pas le droit de demander quelque ménagement à celui qui n'en garde avec personne; qui falsifie les lettres d'un pape; qui taxe le clergé de lâcheté; qui attaque tous les auteurs que nous avons nommés. Il faut bien se consoler de ne pas plaire à un homme à qui tout le monde déplaît. Au moins il nous met en bonne compagnie. Seulement il est bon de lui dire que cet acharnement à revenir sur nous à tout propos, accuse trop la passion, et que des plaisanteries de mauvais goût, des citations infidèles, des répétitions fréquentes finissent par fatiguer. Que signifie cette épithète de trompette de l'ultramontanisme? car c'est ainsi que l'on nous a nommé, dit M. Silvy. Cet on, c'est lui-même; personne que lui ne nous applique cette dénomination. Nous ne professons point l'ultramontanismes nous n'attaquons point nos libertés; seulement nous ne les entendons pas comme lui. Il nous permettra de ne pas hésiter entre lui et M. Frayssinous, et de nous ranger avec des théologiens doctes, graves et sages, plutôt qu'avec un écrivain sans autorité comme sans mesure, qui ne sait que divaguer, qui a l'air d'être toujours en colère, qui s'en va partont accusant les uns, dénonçant les autres, injuriant le clergé, calomniant les papes, falsifiant les textes, et qui veut, après cela, qu'on croie qu'il ne se donne ces petits passe-temps que par zèle, et en esprit de donceur et de charité. Le charmant caractère, et la belle autorité!

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. La Maison des Incurables du faubourg SaintMartin doit au zèle de plusieurs personnes, et principalement des charitables Filles de Saint-Vincent de Paul, l'avantage d'avoir eu, pendant le Carême, une retraite qui a eu d'heureux résultats. Deux ecclésiastiques, M. l'abbé Soyer, nommé à l'évêché de Luçou,

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