teurs et des imprimeurs, qui détermine les délits, et en attribue le jugement aux jurés. On avertira, par lettres, du jour de la prochaine séance. Le 16, il y a eu comité secret pour entendre diverses propositions. M. Mousnier-Buisson a développé, et la chambre a pris en considération, une proposition pour proroger le sursis précédemment accordé aux Colons de Saint-Domingue. M. Mestadier a fait un rapport sur la proposition de M. Cassaignoles, relative à un article de la loi sur les cris séditieux. La majorité de la commission est d'avis que cette proposition soit rejetée. On la discutera après celle de M. Bourdeau. M. le marquis de Villefranche a proposé de supplier S. M. de faire une loi répressive des abus sur le commerce des grains; M. le ministre de l'intérieur a combattu cette proposition, dans un long discours, où il a établi qu'il ne falloit rien changer à la législation actuelle, et que les entraves apportées au commerce des grains avoient presque toujours les effets les plus fàcheux. La proposition de M. de Villefranche n'a pas été appuyée. M. Laîné de Villevêque a fait un rapport sur la proposition de rendre aux émigrés leurs rentes sur l'Hôtel-deVille; il a conclu à l'adoption. Le 12 février, on a continué au tribunal de police correctionnelle de Rouen', l'interrogatoire des témoins. René Prudhomme de Maisonneuve a déclaré être le parrain de Mathurin Bruneau ici présent. Bruneau a dit qu'il avoit pour parrain le duc de Brissac, gouverneur de Paris. Jean Bernard, dit l'Emballé, fabricant à Chollet, a reconnu Bruneau, en 1815, lorsque celui ci vint le trouver, et lui dit qu'il ne s'appeloit plus Bruneau. - Magdeleine Joly, femme Pellerin, se rappelle avoir vu, en 1796, Mathurin Bruneau, ici présent, qui apprenoit à Vihiers l'état de sabotier, et qui ne voulant pas travailler, recevoit plus de roulées que de morceaux de pain. (On rit.). Ce témoin confirme que Paccusé est Mathurin Bruneau. - Mme. Briand, aubergiste à Vihiers, reconnoît Bruneau. - Claude-Louis le Clerc, traiteur au Pont de-Cé, Let ancien cuisinier au château de Versailles, fut sollicité par Bruneau de le reconnoître pour Louis XVII. Vous m'avez plus d'une fois, dit-il, tiré les oreilles dans votre cuisine. Si je m'étois permis cette familiarité envers le fils du Rot, dit le Clerc, on m'auroit mis à Bicêtre, et je P'aurois mérité. Vous ressemblez à un prince de la maison de Bourbon comme un verre d'eau à un verre de vin rouge. - Marie Bourdon, femme Gaudré, a reçu l'accusé quand il fut chassé du châtuan do r Mme. de Turpin. - Bruneau prétend ne pas avoir été chez elle; mais lors de l'instruction de son affaire, Il faut Dans l'audience du 13, Jeanne Bruneau, sœur du prévenu, comparoît. Ellelui ressemble beaucoup, paroît fort agitée, et n'ose le regarder. Elle déclare qu'elle est inarraine de Mathurin Bruneau, qu'elle tui a appris l'état de sabotier, et qu'ensuite elle lui a fait une pacotille, et l'a envoyé gagner sa vie. Il revint en 1815, et prétendit qu'il étoit Charles de Navarre. Jeanne, interrogée si elle le croit encore son frère, répond qu'elle ne croit ni ne décroit; qu'elle n'a pas ses titres de famille. Le président lui dit qu'il sait qu'on a cherché à la gagner, et l'exhorte à dire la vérité. - Elle persiste dans son récit. - La femine Plumel antre sœur de l'accusé, arrive en pleurant: Mathurin Bruneau est saisi d'un tremblement; tout le monde remarqué leur ressemblance. La femme Plumel dit qu'elle a un frère, mais qu'elle ne l'a pas vu depuis son enfance. En 1815 l'accusé vint chez elle; elle le prit pour son frère; mais il lui dit qu'il étou Charles de Navarre. - Le président rappelle à Bruneau que fors il dit à cette femme devant le juge instructeur: Ne pleurez pas; Mathurine Bruneau l'avone. Et bien, reprend le président, vous avez laissé échapper l'aveu le plus précieux pour la justice; car ce témoin n'est pas connu sous le nom de Mathurine, et ce n'étoit qu'un nom d'amitié qu'on lui donnoît dans son enfance. Le président demande à la femine Plumel, si elle n'a pas reçu en 1803 une lettre de l'accusé détenu à Saint-Denis, et qui lui demandoit de l'argent?-Elle répond qu'oui, et qu'elle a envoyé 12 fr. à son frère Mathurin Bruneau. - Bruneau dit qu'il les a reçus. - Cet aveu est encore plus précieux que l'autre, remarque M. le président; c'est comme si vous reconnoissiez que vous êtes Mathurin Bruneau,Quatre prisonniers, qui ont connu Bruneau à la maison d'arrêt de Rouen, sont successivement appelés. L'un donne quelques détails sur les personnes qui venoient voir Bruneau et qui lui procuroient de l'argent. L'accusé s'enivroit tous les jours. - Un cuirassier, nommé Sicot rappelle qu'il a été sollicité par Bruneau de l'aider à remonter sur le trone; il en rendit compte à ses chefs. Bruneau a l'air de ne pas le reconnoître. Vignerot, fabricant, avoue qu'il crut que Bruneau étoit le Dauphin, et qu'il lui donna de l'argent, par suite de l'intérêt qu'il porte à la famille de nos rois. - La veuve Morin reconnoît aussi qu'elle ssiqu a fait quelques voyages à Paris pour l'accusé, qu'elle se petsuadoit être Louis XVII. VII, quoique son langage el ses manières n'annoncassent point un rang distingué. La femme Jacquière, demeurant an Gros-Caillou, raconte, dans un style emphatique, qu'elle avoit des pressentimens fondes sur des motions secrètes, qu'elle adressa des prières pour con noître la vérité; qu'elle arriva à Rouen; qu'elle vit plusieurs personnes, et parvint jusqu'à l'accusé; qu'elle ne dit à personne ce qu'elle en pensoit, et que son secret mourra avec elle. AU RÉDACTEUR. , Monsieur, M. l'abbé Dillon, dans la réponse qu'il a faite à l'écrit que j'ai publié en dernier licu sous ce titre : Le Concordat justifié, ou Examen des réclamations, etc., mêle à des honnêtetés très-marquées, et surtout à une comparaison beaucoup trop flatteuse pour moi, ét qui lui a été dictée par une modestie à laquelle je suis loin de souscrire, des accusations très-graves, et qui me placent entre le soupcon de mauvaise foi et la honte attachée à un manque absolu d'attention ou de jugement. Il suppose que j'ai tronqué des textes, que je ne les ait point vus dans les originaux, que j'en dénature évidemment la signification. Ai'leurs, après avoir déclaré qu'il est parfaitement de mon avis sur tout ce que j'ai dit dans la partie de mon écrit où je réfute des écrits différens du sien, il m'avertit, cependant, que je prête le flanc à mes adversaires, que j'avance des choses matériellement fausses, mais qu'il ne les indique pas, pour ne pas préter des armes aux ennemis de la foi. Comme tout ce langage est propre à faire illusion je m'engage à démontrer dans la seconde édition du Concordat justifié, qui paroîtra incessamment, que j'ai cité les deux passages de Bossuet, dont M. Dillon fait tant de bruit, comme je devois les citer, relativement au but que je me proposois, et qu'il n'a pu lui-même donner quelque apparence à son inculpation, qu'en traduisant avec l'inexactitude la plus choquante, l'un de ces passages. Quant à la réticence qui tend à me faire soupçonner d'avoir commis, dans une partie de mon écrit, autant de grossières hévues qu'on voudra l'imaginer, je crois devoir faire connoître qu'ayant été assez heureux pour rencontrer M. l'abbé Dillon chez un ami commun, et l'ayant prié de s'expliquer sur ces fautes si palpables qui m'étoient échappées, et dont il étoit si aisé aux ennemis de la foi de faire leur profit, il n'a pu m'indiquer qu'une seule phrase incidente où il prétend que je n'ai pas assez exactement suivi la vérité historique, et sur laquelle j'ose dire que je me justifierai avec la plus grande facilité. J'ai cru devoir vous prier, Monsieur, de publier ces détails, afin que des préventions élevées contre moi par un homme de beaucoup d'esprit, dont ont je suis loin d'accuser les intentions, ne suspendit pas les bons effets d'un écrit que vous avez jugé vousmême utile et concluant, et dont un autre écrivain périodique, peu suspect de partialité, a dit qu'on ne pouvoit trop en recommander la lecture aux personnes de bonne foi qui disirent de s'instruire (1). J'ai l'honneur d'être, etc. L'abbé CLAUSEL DE MONTALS. (1) Journal des Débats, du lundi 16 février.. (Samedi 21 février 1818.) (No. 36g). Ce journal paroît les mercredi et samedi de chaque semaine. Prix, 8 fr. pour trois mois, 15 fr. pour six mois, et 28 fr. pour 12 mois; chaque trimestre forwant un volume, on ne peut souscrire que des 12 février, 12 mai, 12 août et 13 novembre. (Les lettres upn-affianchjes ne sont pas reçues). Essai sur l'indifférence en matière de religion; avec cette épigraphe: Impius, cum in profundum venerit, contemnit Tome fer. (1). SECOND ARTICLE. Nous n'avons encore entrevu que les dehors d'un grand édifice; il est temps de pénétrer dans l'inté rieur, et de remarquer la solidité des constructions, et la richesse des ornemens. Le talent de l'architecte s'est également développé dans les uns et dans les autres. Les chapitres 11 et III sont consacrés aux considératious sur le premier degré d'indifférence, ou sur la doctrine de ceux qui, ne voyant dans la religion qu'une institution politique, ne la croient nécessaire que pour le peuple. Pour les confondre, l'auteur interroge d'abord l'histoire. On trouve, dit-il, la religion près du berceau de tous les peuples, comme on trouve la philosophie près de leur tombeau. Dans tous les temps on a senti que la religion étoit l'unique fondement des devoirs. Les législateurs de l'antiquité ne s'y méprirent point, et au lieu de raisonner follement con (1) 1 vol, in-8°.; prix, 6 fr. 50 c. et 8 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Tournachon-Molin et Séguin; et chez Adrien Le Clere, au bureau du Journal. Tome XF. L'Ami de la Religion et du Ror. C tre la religion, ils s'en servirent pour consolider l'édifice social, et la placèrent partout, dans la famille et dans l'Etat. Si le paganisme multiplia les, dieux à l'infini, c'est à cause du besoin infini que l'homme a de la Divinité. Quand le mépris des philosophes pour l'idolâtrie eut passé jusqu'à la multitude, alors l'empire chancela; la puissance absolue des Césars, ne suppléa que pour un moment au pouvoir de la religion, et tous les monumens de cette époque font une peinture effrayante de la servitude et de la dépravation générale. L'esprit humain ne savoit où se prendre, et dépouillé de ses croyances, il nageoit dans un Océan de doutes. On attestoit encore les dieux à la tribune, mais la société s'affoiblissoit à vue d'œil; car des phrases ne sont pas des croyances, et des sen tences pompeuses ne remplacent point les doctrines sociales. Ce fut dans cet état de défaillance morale que le christianisme trouva le monde, et il lui rendit la force et la vie, par uu miracle plus frappant peut-être que la résurrection d'un imort, et dont on s'étonve d'autant plus qu'on sait mieux à quel degré de corruption le genre humain étoit alors descendu. Le christianisme fit ployer la raison sous le poids de l'autorité, jusqu'au moment où la réforme, poussée par l'orgueil, voulut encore secouer le joug. Elle invoqua la liberté, et n'enfanta que la licence. On fit de la religion une institution politique entièrement soumise au chef de l'Etat. On avoit refusé de croire au christianisme sur l'autorité de Dieu; on en vint jusqu'à ne croire en Dieu que sur l'autorité du roi. Toute l'Europe est travaillée aujourd'hui par ce systéme. Partout l'indifférence pour la vérité, sous le nom d'idées libérales, |