T'ancien Testament, paroît au journaliste une absurdite. Il trouve tout admirable dans la révolution; il approuve jusqu'à cette fureur insensée de guerroyer et de conquérir qui nous a coûté tant de sang et de larmes. Il laxe d'erreurs de tradition, de préjugés d'ignorance, et de défauts de raison, ces sentimens religieux, qui nous apprennent à découvrir la Providence dans ces catastrophes par lesquelles nous avons été châtiés. Il aime mieux croire sans doute que tout arrive par un instinct aveugle; et après avoir signalé les ennemis de la philosophie comme des gens qui font houte et pitié par leur ignorance, leur imperitie, leur fanatisme, leurs esprita faux et passionnés, il leur annonce hautement qu'ils seront vaincus, parce que le siècle est pour lui, et contre eux; et il finit par une petite dénonciation contre le livre où s'est trouvé la doctrine ci-dessus. Cette tirade est curieuse par sa véhémence, et surtout par le ton d'assurance avec lequel le rédacteur prédit ses succès. Il a parlé d'une manière plus claire encore dans sa feuille du 2 février, et il a prêché à la fois la liberté et la philosophie dans un article tel qu'en faisoient, il y a vingt-huit ans, Condorcet ou Gorsas, Brissot ou Carra. Nous ne cesserons jamais, dit-il, d'encourager, de soutenir et d'éclairer le zèle des peuples dans la carrière où le siècle les a conduit et les entraine. La grande pensée du monde aujourd'hui est la liberté, il Jaut en déduire toutes les conséquences par de sages applications. Il faut que les rois, convaincus eux-mêmes de l'excellence de la liberté, l'accueillent avec bonne foi, et deviennent les sujets de la loi pour régner avec sécurité en son nom. Il faut óter le despotisme aux hommes, et le donner à la loi..... Mœurs, administration," politique, religions même, tout doit subir d'heureuses modifications, et se mettre en harmonie avec les idées éternelles que la philosophie a remises en honneur en France et en Europe... Il en est de notre époque comme de la création; tout doit s'y faire avec prévoyance, aveš ordre, avec maturité, tout doit venir au jour marqué par les progrès de la raison humaine. Le succès du grand œuvre qui s'opère sous nos yeux est infaillible, aucune puissance humaine ne sauroit l'empécher....... Où tend tout ce pathos? Quoi! notre sort n'est-il donc pas fixé? Quel est ce grand œuvre qui s'opère, et dont aucune puissance humaine ne sauroit empécher le succès? Où veut-on nous mener avec ces grands mots de création et d'idées éternelles? Ce qui s'est fait n'est rien encore, puisque tout doit se faire, tout doit venir, dit-on. Il faut donc que la religion subisse des modifications; il faut, car ces messieurs ont le ton fort décidé; il faut déduire toutes les conséquences du systême de la liberté. Il est évident que nous n'en resterions pas où nous en sommes, si on laissoit faire ces réformateurs, et qu'ils tendent à un but qu'ils ne prennent pas la peine de dissimuler. Ils modifieront la religion, l'administration et la politique. Tant d'épreuves ne leur suffisent pas, tant de désastres ne corrigent pas leur incurable orgueil; leur succès est infaillible, si on les croit, et aucune puissance humaine ne sauroit l'empécher. Que faut-il admirer le plus ici, ou de l'audace de tels projets, ou de l'impudence qui s'en vante, ou de la folie qui s'efforce. de nous pousser encore dans de nouveaux abîmes? NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES. PARIS. Plusieurs évêques sont partis pour retourner dans leurs diocèses, où les appeloit l'approche des cérémonies de la semaine-sainte, et du temps des ordinations. - M. l'abbé le Gris-Duval a prononcé, le 23, à SaintGermain-l'Auxerrois, son sermon sur le zèle. S. A. R. MADAME y assistoit, ainsi que plusieurs personnes de sa maison. Un auditoire nombreux et choisi fait penser que la quête a dû être abondante. -Une retraite a été ouverte, le lundi 23, dans l'église Saint-Germain des Prés. Les exercices commencent le matin à six heures et demie, et finissent à sept heures. Il y a sermon le matin et le soir. Le lundi matin, le sermon, a été donné par M. l'abbé le Tourneur; le mardi, par M. l'abbé de Villèle. Le mercredi et le jeudi, les prédicateurs seront M. l'abbé Guillon et M. l'abbé Borderie. M. l'évêque de Samosate terminera la station, le vendredi. M. Ronsin, missionnaire, prêchera tous les soirs, à l'exception du jeudi, où M. l'abbé Barbier remplira cette fonction. Toutes les quêtes seront pour l'établissement d'une petite communauté de clercs; M. l'abbé le Gris-Duval prêchera le jour de l'installation, qui sera fixé plus tard. On espère que les fidèles contribueront, par leurs dons, à un établissement si utile, et que les circonstances actuelles rendent encore plus digne de leur protection. - M. l'évêque de Maxula s'est mis en route, le 22, pour le Havre, où il va s'embarquer pour les Indes. Ce vénérable prélat a reçu, avant son départ, des tomoignages d'intérêt et de respect, de la part de beaucoup de personnes, dont plusieurs d'un rang très-élevé. On s'est empressé de recevoir la bénédiction de ce courageux apôtre, et mille vœux vont le suivre dans sa noble carrière. Une cérémonie touchante, qui a eu lieu la veille de son départ, a dû lui prouver que l'esprit de foi et le respect pour son ministère vivoient encore dans des ames privilégiées. Au moment même où il quittoit le Séminaire des Missions-Etrangères, des ecclésiastiques, de pieux laïques, et un assez grand nombre de jeunes Savoyards, conduits par leurs vertueux guides, se sont prosternés sur le passage du prélat, qui leur a adressé quelques mots d'édification. M. Thomassin, jeune missionuaire, est parti avec M. l'évêque. - L'établissement formé, à Nantes, en faveur des Frères des Ecoles chrétiennes, vient d'éprouver les effets de la libéralité de nos Princes. S. A. R. MONSIEUR, a donné 600 fr.; Mgr., duc d'Angoulême, 500 fr.; et MADAME, 1000 fr. NOUVELLES POLITIQUES. PARIS. Le 21 février, à midi, il a été tenu à l'hôtel du due de Wellington une conférence, à laquelle se sont trouvés les ministres des puissances étrangères auprès du Ror. Ce seigneur avoit dîné, le 20 février, chez le Roi avec la famille royale. - Le Roi a autorisé le don d'une somme de 5000 fr. faite aux hôpitaux par une personne qui n'a pas voulu se nommer. Cette somme doit être employée à donner des secours aux pauvres du cinquième arrondissement. L'intention du donateur est que chaque individu ne reçoive pas plus de 10 fr. - Le Roi a accordé des lettres de grâce à plusieurs condamués, parmi lesquels on remarquoit Descubes-Lascaux et Gorneau, qui ont figuré dans le procès des Patriotes de 1816. La chambre des députés, formée en comité secret, a rejeté, le 23 février, la proposition de M. Cassaignoles, qui a été vivement défendue par MM. Caumartin et Ponsard, et combattue par MM. Mestadier et Cardonnel. Le comité des souscripteurs pour la statue de Henri IV, annonce que la souscription a produit 25,000 fr. par-delà la somme qui reste à payer. Cet excédent sera employé utilement. On rendra un compte exact des recettes et dépenses. M. Lemot, voulant mettre à son travail toute la perfection désirable, ne peut fixer le jour auquel il l'aura terminé, et ne promet pas que ce soit pour la Saint-Louis. - Outre la dernière baisse dans le prix du pain, les boulangers font du pain d'une qualité inférieure, qui ne se vend que douze sous les quatre livres. - Le samedi 21, ont comparu devant le tribunal de police correctionnelle la veuve Desgravières et les sieurs Tandron, père et fils, accusés d'avoir distribué le Furet et la Pétition aux Chambres, dont les auteurs et imprimeurs sont inconnus. La veuve Desgravieres a déclaré que ces écrits avoient été apportés chez elle par un commissionnaire qu'elle ne connoît pas, et a rétracté ce qu'elle avoit pu dire précédemment à cet égard. Tandron père soutient qu'il n'a emporté les 74 exemplaires trouvés chez lui que pour les lire, et les jeter au feu si l'ouvrage étoit mauvais. Tandron fils a nié avoir distribué l'écrit. Les seuls témoins entendus ont été un portier et sa femme, qui ont déposé que le paquet avoit été apporté chez Mme. Desgravières, non par un commissionnaire, mais par un homme bien mis, qui étoit venu en voiture. La cause a été continuée à huitaine. - La cause du sieur Esneaux, auteur des Réflexions sur le procès du sieur Scheffer, a été ensuite appelée. Il a promis de se renfermer dans les bornes d'une légitime défense, et s'est excusé sur ce qui avoit pu lui échapper dans l'audience précédente. Il a cherché à atténuer les reproches faits à son écrit, et à expliquer plusieurs de ses phrases en l'honneur de l'usurpateur. M. l'avocat du Roi lui a fait observer qu'il en citoit peu franchement. Le jugement sera prononcé à huitaine. -Le même tribunal a prononcé son jugement sur Plancher, éditeur du Courier des Chambres. Il a déclaré que Plancher ne prouvoit pas ne point avoir eu connoissance de l'ouvrage, comme il l'avoit annoncé, et l'a condamné à trois mois d'emprisonnement, 1000 fr. d'amende, 500 fr. de cautionnement et aux frais. Le tribunal s'est réservé de statuer sur Gadois, auteur présumé, qui n'a pas été trouvé. Le vent violent qui a régné ces jours derniers a causé plusieurs malheurs sur la Seine. Plusieurs bateaux ont péri, et quelques-uns de ceux qui les montoient n'ont pu être sauvés. - Le mariage de la princesse Elisabeth d'Angleterre et du prince de Hesse-Hambourg, aura lieu après Pâque. - L'empereur de Russie est de retour à Pétersbourg du voyage qu'il a fait à Moscou. - Des lettres de Stockholm annoncent la mort du roi de Suède, Charles XIII, à l'âge de soixante-neuf ans et quatre mois. Il étoit monté sur le trône en 1809, à la place de son neveu. Il avoit déjà gouverné le royaume, comme régent, depuis 1792 jusqu'en 1798. - La peste continue à faire des ravages en Barbarie, et surtout dans l'Etat d'Alger. Il est mort plus de 10,000 personnes dans la capitale. - Les troupes des Etats-Unis se sont emparé de l'ile d'Amélie, qui étoit occupée par les insurgés de l'Amérique méridionale. |