vadum, mais de l'allemand waten; c'est aussi ce que fait M. Diez. Quant à vulpecula, qui a donné goupille, ou, par transposition de genre, goupil, et dans lequel aucun mot allemand, ne s'interpose, on peut arguer que la syllabe vu, à l'oreille romane, a représenté un double w germanique. Mais il faut absolument renoncer à cette hypothèse et reconnaître que le v latin a pu se changer en g dans le français, le provençal et l'italien. Tel est gaîne, italien guaina, qui vient de vagina, et gui, qui vient de viscum. Il n'y a donc aucune raison pour ne pas rattacher directement à l'interjection latine væ l'interjection française gwai, italien et espagnol guai, sans passer par l'ancien haut-allemand we. Il me paraît certain, par ces faits, que l'oreille romane a été entraînée à une certaine confusion entre le v latin et le double w germanique. Suivant M. Diez, se vautrer est l'équivalent de l'italien voltolare, qui a la même signification, et il vient, comme lui, de volvere. Le met est très-ancien dans le français; on le trouve dans un poëme du douzième siècle, Raoul de Cambrai; le dextrier Trois fois se viutre, sor les piés se dressa, Nulle part on ne le trouve écrit sans r; puis la forme viutre semble moins désigner un radical en o qu'un radical en e. Or ce radical me paraît être l'ancien français vieutre, italien, veltro, chien; et, dans cette opinion, se vautrer voudrait dire se rouler comme un chien. Bélier est tiré, par Ménage, de vellarius, de vellus, toison, comme étant l'animal à toison par excellence; ce changement du v en b n'est pas un obstacle absolu; mais à cette étymologie il manque des mots où, de fait, vellus ait été employé, et qui la soutiennent. Puis, à côté de bélier, nous trouvons belin, qui est le nom du mouton dans le roman du Renart; Ducange a un texte du quinzième siècle où belin est employé comme adjectif pluseurs beufs, bestes belines et porcines; et l'article où il cite cet exemple est balens, mot expliqué dans un vieux lexique par brebis; rien de tout cela ne peut s'accorder avec vellarius. Aussi j'avais pensé avec d'autres que bélier et belin venaient de bêler. Mais M. Diez a singulièrement ébranlé ma confiance en cette dérivation. Il rappelle le mot belière, qui signifie l'anneau placé au dedans d'une cloche, pour tenir le battant suspendu, et qui est en bas-latin belleria. Belleria conduit à bella, qu'on trouve, en effet, dans un glossaire, avec le sens de cloche, et qui est l'anglais bell. On le voit, belier tient, pour la forme, de bien près à belière. A la vérité, on pourrait objecter que ce sont deux mots qui, bien que distincts, sont venus se confondre; c'est ainsi que cousin, parent, et cousin, insecte, quoique identiques en apparence, n'ont pourtant rien de commun; l'un vient de consobrinus, et l'autre de culicinus; de même louer, donner des louanges, et louer, donner à ferme, sont tout à fait étrangers l'un à l'autre, celui-là représentant laudare et celui-ci locare. Mais ici, dans notre cas, le sens intervient d'une manière frappante. On a l'habitude d'attacher des clochettes au cou de certains animaux; en hollandais, il y a bel-hamel, le mouton à la sonnette; en an glais, bell-wether, le bélier à la sonnette. Vu ces rapprochements, je suis tout disposé à suivre l'opinion de M. Diez. Il n'en est pas de même pour poêle, dais et drap qu'on étend sur la tête des mariés. M. Diez rejette pallium, qui est l'étymologie ordinaire, et indique, pour le premier sens, petalum, qui, dans le bas-latin, signifiait une feuille d'or que l'on étendait sur la tête du pape; et, pour le second sens, il n'indique rien. Je crois, comme Ménage, que c'est, dans les deux cas, le même mot dérivé de pallium. Sans doute, pallium a donné paile, et c'est la forme que l'on trouve dans les anciens textes; mais il ne faut pas se laisser tromper par l'orthographe moderne; poêle n'est pas autre chose que poile, et poile, à son tour, est seulement une autre prononciation de paile, comme je vois pour je vais, je fois pour je fais, raier et roier, où l'a se trouve égale ment dans le radical latin, et émoi, anciennement esmai, où l'a se trouve dans le radical germanique. C'est une remarque du même genre que me suggère le mot pieu. M. Diez, se demandant s'il vient d'espieu, observe qu'une telle aphérèse est fort rare, et qu'il ne faut y recourir que là où la langue se refuse à une étymologie directe. Puis, supposant qu'il y a un ancien mot français pieil, il le rattache à une forme non latine, piculus, et à piquet, pic. Je ne sais s'il y a une forme pieil, mais j'ai rencontré très-souvent peu, pau, pou, qui veut dire bâton, brin. Par exemple, à pex agus (Roncisvals, p. 156), et alloient les paux jusque à la rivière (Juvénal des Ursins, ch. vi, 1419). Peu ou pou vient du latin palus. Quant à pieu, ce n'est qu'une forme de la prononciation, forme qu'on trouve même dans des textes anciens : Cest cortil fu moult très bien clos Baron est un des plus anciens mots dans les langues romanes. On le trouve déjà dans la loi des Allemands et dans celle des Ripuaires. Bien entendu, il n'a pas le sens qu'on lui donne aujourd'hui. Il signifie homme, mari, et, par extension, guerrier courageux, et, fina lement, un noble qui porte les armes; d'où vient la signification actuelle. Il fait, dans l'ancien français, au sujet ber, au régime baron; dans le provençal, au sujet bar, au régime baro. Mais quelle en est l'origine? La latinité offre baro, qui signifie un homme stupide, et le scoliaste de Perse dit que baro est un mot gaulois et a le sens de goujat, serviteur de soldat. Quoiqu'il y ait loin entre le sens du mot latin et celui du mot roman, cependant M. Diez incline à les réunir : il y a, dans l'ancien haut-allemand, un verbe, beran, porter, en anglais, to bear, qui pourrait avoir fourni le substantif bero, porteur, ce qui conviendrait au sens indiqué par le scoliaste; de l'acception porteur, portefaix, on serait allé à celle de garçon vigoureux, et, finalement, à celle d'homme. Mais tout cela, comme il en convient lui-même, est une hypothèse, et, j'ajouterai, une hypothèse peu satisfaisante. D'abord la dérivation ne l'est pas; l'a est dans les mots romans, car le ber du vieux français n'est qu'une atténuation de l'a, qui re paraît au régime, et le verbe allemand d'où on vou drait le tirer a un e; dans l'incertitude générale qui plane sur ce mot, cela fait une vraie difficulté. Puis la signification n'a rien non plus qui se prête commodément à la déduction. Il y a bien loin de celle de goujat à celle de vir, de maritus, de vir fortis. Si l'on remarquait que vassal, varlet, valet, présentent quelque chose d'analogue, on répondrait que les racines celtiques, d'où ces mots proviennent, contiennent à la fois les sens de serviteur et de vaillant. Il faut ajouter que rien n'est plus incertain que la latinité de ce mot baro. L'orthographe n'en est pas sûre; et M. de Hildebrand, dans le Glossaire latin du neuvième siècle, qu'il a publié, at taque fortement la forme baro avec le sens de stupide et pense qu'il faut lire varo, ce qui ruinerait l'étymologie allemande de beran, porter pour le latin baro, si l'on pensait que c'est de ce baro que vient baron. M. Diez rejette absolument le gaélique bar, héros, et il le rejette comme ne s'accordant pas avec les règles de la flexion des langues française et provençale, attendu que les mots de ce genre, drac, dragon, fel, feIon, lerre, larron, etc., dérivent seulement d'un thème, latin ou allemand, qui permettait ce déplacement de l'accent, c'est-à-dire d'un thème qui s'allongeait au cas dérivé or les langues celtiques n'ont rien de pareil. Mais pourquoi un mot celtique n'aurait-il pas été assinilé? d'autant qu'une forme barus, bari, paraît avoir ¿té usitée, puisqu'on trouve dans la loi des Allemands: barum vel feminam; et barus n'aurait pu donner baron que par assimilation et métaplasme (le fait est que ces assimilations se rencontrent; le nom propre Petrus a un régime qui est Perron). J'avoue même que j'irais |